AvaBlog 05 avril 2023

Enquête sur les niveaux de danger intermédiaires – premiers résultats

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Tout d’abord : un grand merci pour avoir rempli notre enquête et pour les nombreux éloges dans vos commentaires ! En l'espace de deux semaines, 3403 personnes ont participé au sondage. La grande majorité est satisfaite des prévisions d'avalanches, ce qui nous motive à continuer de vous fournir à l'avenir les meilleures informations possibles. Nous avons commencé l'évaluation des données reçues et vous présentons ici les premiers résultats.

Pourquoi des niveaux de danger intermédiaires?

La subdivision du degré de danger 3, «marqué», a souvent été souhaitée lors de notre dernier sondage il y a neuf ans. Un sixième niveau de danger n'est cependant pas possible conjointement avec les autres services de prévisions d'avalanches d'Europe. Afin de pouvoir tout de même répondre aux souhaits de différenciation, nous avons développé le concept des niveaux intermédiaires. Après les avoir testés en interne pendant des années, nous les avons introduits cet hiver.

Avantages

Les personnes qui n'ont guère vu les étapes intermédiaires jusqu'à présent sont généralement rapidement convaincues par le concept. C'est ce que montre un sondage réalisé en Autriche (sondage réalisé en direct lors de la présentation de la mise à jour consacrée aux avalanches avec plus de 2000 réponses), où le concept a été salué par 81% et rejeté par seulement 3% des participants. Mais, est-ce que cela fonctionne aussi dans la pratique? C'est précisément ce que nous avons voulu savoir avec notre enquête.

A la fin de ce premier hiver, la plupart d'entre vous sont également positifs à l'égard des nouveaux niveaux intermédiaires : 85% des participants y voient une valeur ajoutée (59% les jugent utiles et 26% partiellement utiles). Les 15% restants considèrent que les niveaux intermédiaires sont soit inutiles (4%), soit déroutants (5%), voire dangereux (5%) (figure 1). Nous estimons qu'il s'agit là d'une confirmation que nous sommes fondamentalement sur la bonne voie.

Les personnes qui les rejettent ont souvent indiqué leurs motivations dans le champ de commentaire:

  • Manque de clarté ou mauvaise compréhension,
  • Il y a un risque qu'un degré «3» soit minimisé en un degré «2».
  • Illusion d’une précision irréaliste.

Nous aborderons ces points plus en détail par la suite.

Compréhension

En posant deux questions, nous voulions vérifier si les niveaux intermédiaires étaient compris comme nous les concevons. L’interprétation correcte est la suivante:

  • «limité, 2+» est plus dangereux que «limité, 2=», et «limité, 2=» est plus dangereux que «limité, 2-»
  • «marqué, 3-» signifie que le danger se situe dans la partie inférieure du degré de danger 3

Parmi les adeptes des sports d'hiver, qui pratiquent leurs sports pour la plupart en Suisse et au Liechtenstein (n=2871), 94% ont répondu correctement aux deux questions (en vert foncé et vert clair dans la figure 2). Les niveaux intermédiaires sont donc généralement bien compris, et ce dès l'année de leur introduction.

Avec une question supplémentaire, nous voulions attirer l'attention sur la différence subtile qui existe entre l'indication d'un «2» et d'un «2=». Lors de nos évaluations, il s'était avéré que nous ne pouvions prédire les degrés intermédiaires avec une bonne précision que pour les avalanches de neige sèche. Pour les avalanches de neige mouillée, nous n'indiquons donc pas de degrés intermédiaires. «Limité, 2» signifie donc «quelque part à l'intérieur du degré de danger 2» (figure 3). Ce qui est correct est donc :

  • Il y a une différence entre 2= et 2 ; avec 2, le danger se situe quelque part à l'intérieur du degré de danger limité, avec 2= à peu près au milieu du degré de danger limité

La majorité (56%) des participants ont également répondu correctement à cette question (en vert foncé dans la figure 2). 38% (vert clair) d’entre eux n'ont pas compris la différence, ce qui n'est guère important dans la pratique.

Nos voisins autrichiens et allemands ont exprimé leur inquiétude quant à une mauvaise interprétation des niveaux intermédiaires, car dans leur système de notation scolaire, la note s'améliore comme suit : 3+, 2-, 2, 2+, ... . Heureusement, l'enquête montre une bonne compréhension des niveaux intermédiaires, même chez les personnes qui pratiquent les sports d’hiver principalement dans ces pays (n=296). Mais avec 88% de vert foncé ou clair, elle est effectivement un peu moins bonne qu'en Suisse (figure 4). Nous ne savons pas encore si cette différence est réellement due au système de notation scolaire ou simplement la conséquence d'une expérience encore plus faible avec les niveaux intermédiaires.

Les personnes qui comprennent bien les niveaux intermédiaires les considèrent comme utiles (colonnes de gauche dans la figure 5). On peut donc s'attendre à ce qu'une information accrue au cours des prochaines années améliore la compréhension et augmente ainsi encore l'utilité des niveaux intermédiaires.

Adaptation du choix des itinéraires empruntés

Près de la moitié (45%) d'entre vous ont indiqué qu'avec un «3+», ils ne feraient plus les randonnées qu'ils auraient faites au départ avec un degré de danger 3 (figure 6). Inversement, un quart (26%) a indiqué qu'avec un «3-», ils feraient maintenant des excursions qu'ils n'auraient pas faites auparavant avec un degré de danger 3.

Cette nette différence entre le choix d’itinéraire pour un «3+» et pour un «3-» est une bonne chose et tient compte de l'évolution du danger illustrée dans la figure 3: Le risque n'augmente pas seulement d'un facteur 4 d'un degré de danger au suivant, mais aussi au sein d'un même degré de danger. C'est donc une sage décision que d'adapter davantage ses randonnées aux conditions réelles.

Du point de vue de la sécurité, seule une modification unilatérale de l’itinéraire vers le bas (c’est-à-dire vers un danger moindre) pose problème : Cela concerne les 3% qui, d'une part, se permettent davantage au degré 3- qu'auparavant au degré 3, mais qui ne deviennent pas plus prudents avec un degré de danger 3+. Ces 3% ne représentent heureusement qu’un nombre beaucoup moins important parmi vous que les 12% qui deviennent plus prudents avec un 3+.

Les réponses « Non, pas d'adaptation » à cette question peuvent avoir plusieurs causes. D'une part, cela concerne les personnes parmi vous qui, par principe, n'adaptent pas leur comportement aux niveaux intermédiaires. D'autre part, cela concerne des personnes qui faisaient déjà auparavant une différence dans le degré de danger – et qui avaient à chaque fois déduit de la description du danger où se situait le danger au sein d’un même degré.

Fiabilité des niveaux intermédiaires

Les niveaux intermédiaires donnent-ils l'illusion d'une précision impossible? Oui et non.

Lors de l'élaboration du bulletin d'avalanches, chacun des trois prévisionnistes de service fait sa propre évaluation. On prend ensuite la moyenne de ces différentes évaluations et une discussion s’entame sur cette base. Dans la grande majorité des cas (91% selon une évaluation interne du SLF), ces trois estimations se distinguent au maximum d'un niveau intermédiaire. Nos estimations sont donc assez cohérentes.

Mais il est dans la nature des choses que les prévisions soient parfois fausses – même pour le bulletin d'avalanches. Plus l'échelle est fine, plus nous nous trompons souvent. Mais il est également clair que nous commettons une erreur moins importante lorsque nous nous trompons d'un niveau intermédiaire que lorsque nous nous trompons d'un degré entier. Les échelons «2+» et «3-» sont directement adjacents et donc plus proches l'un de l'autre que les échelons «2+» et «3+», mais aussi que les échelons «3-» et «3+» (figure 3).

Afin de déterminer notre taux de réussite, nous avons examiné la fréquence et l'ampleur des écarts entre les prévisions du bulletin et les retours du terrain. Il s'est avéré que les écarts diminuent de manière significative lorsque nous utilisons des niveaux intermédiaires. Une deuxième analyse montre que le risque augmente à chaque fois en passant d’un niveau intermédiaire au niveau supérieur. La conclusion est donc la suivante : Oui, globalement, nos prévisions sont précises; mais non, le niveau intermédiaire n'est malheureusement pas toujours correct.

Les conditions réelles sur le terrain peuvent être plus favorables que les prévisions, mais en même temps, une pente particulière peut être plus dangereuse que ses voisines. Le bulletin d'avalanches ne peut pas refléter de telles différences locales de danger, c'est à vous de les évaluer sur place comme auparavant. Mais nous mettons cependant tout en œuvre pour vous fournir les meilleures prévisions possibles. Et comme il est prouvé que les niveaux intermédiaires augmentent la précision, nous les indiquons désormais également.

Pourquoi il y a-t-il également des niveaux intermédiaires pour les degrés de danger «limité» et «fort»?

Votre souhait était de subdiviser le degré de danger 3, «marqué». Pourquoi faisons-nous de même pour le degré 2, «limité»? Tout simplement parce que nous avons constaté, lors de nos tests internes, que nous améliorons également notre précision par degré de danger 2 avec les niveaux intermédiaires. Pourquoi ne pas faire profiter les autres de cette optimisation?

Pour les amateurs de sports d'hiver, le niveau intermédiaire par degré de danger «fort» n'est plus guère pertinent, car les conditions en dehors des pistes sont trop dangereuses. Mais le bulletin d'avalanches est aussi une source d'information importante pour les services des avalanches locaux, qui sont responsables des voies de communication et des zones habitées. Pour ces utilisateurs, il n’est pas primordial de savoir si le degré de danger est 1, 2 ou 3, mais il est bien plus important de savoir où en est la situation avalancheuse à l'intérieur du degré 4.

Comment continuer?

Nous n'en sommes qu'au début de nos évaluations, mais nous vous transmettons déjà les principaux résultats dans cet AvaBlog – et vous remercions de votre participation à l'enquête.

Avec ce résultat très positif, nous allons certainement continuer à utiliser des niveaux intermédiaires. Nous publierons les résultats détaillés de l'enquête à une date ultérieure et les intégrerons bien sûr autant que possible dans le développement du bulletin.

Q&R

A notre dernière question : «As-tu des remarques ou un souhait pour le bulletin d'avalanches?», nous avons reçu au total 1016 réponses en texte libre. Il s'agissait surtout de remerciements et de compliments, mais aussi de questions et de souhaits. Nous souhaitons ici répondre plus précisément à certaines de vos questions :

  1. Que signifie : «Autres pentes: environ un degré en moins». (Indication sur les endroits dangereux dans le bulletin d'avalanches)? Est-ce que le danger passe de 3+ à 3= ou de 3 à 2?
    L'indication «environ un degré en moins» s'entend sans niveaux intermédiaires. Si le niveau 3+ s'applique aux expositions et altitudes indiquées (la zone principale), le degré de danger est approximativement du degré 2 (élevé) sur toutes les autres pentes.
    Il faut toutefois tenir compte du fait que les conditions sur le terrain changent continuellement et non par à-coups. Les zones périphériques des expositions concernées et l'altitude indiquée ne constituent pas des limites clairement définies. Elles décrivent plutôt une grande zone limite qui ne peut être attribuée ni à une zone favorable ni à une zone défavorable.
  2. Pourquoi la situation est-elle régulièrement (plus) dangereuse à partir de la limite de boisement?
    Plus de vent, des pentes ouvertes plus grandes, un temps plus froid – il y a de multiples raisons qui font que le danger augmente avec l’altitude. Sans pour autant connaître l'influence exacte des différents paramètres. Mais nous pouvons aujourd’hui clairement démontrer que «plus c’est haut, plus c’est dangereux», et cela a souvent été sous-estimé jusqu'à présent. Depuis 600 m en dessous jusqu’à 600 m au-dessus de l'altitude limite indiquée dans le bulletin d'avalanches, le risque d'avalanche augmente en moyenne d'environ deux degrés de danger, soit d'un facteur 16 (!).
  3. Existe-t-il un endroit où l'on peut consulter les retours d'information quotidiens sur les avalanches, les signes de danger et autres évaluations de personnes sur le terrain?
    Malheureusement, pas encore. Sur nos canaux des médias sociaux et sur l'AvaBlog, nous essayons de partager rapidement avec vous les réactions pertinentes reçues. Notre objectif est d'intégrer ces informations dans Whiterisk à l'avenir.
    Nous tenons à vous remercier pour tous les commentaires que nous recevons tout au long de l'année. Ils constituent une pièce importante du puzzle pour notre évaluation des dangers. Les retours d'information lorsque les conditions sont sûres (p. ex. pas de bruits sourds) sont également utiles à ce propos.
  4. Pourriez-vous svp commander de la neige?
    Bien sûr, nous l'avons fait ;) Une première livraison est déjà arrivée: 2,5 m depuis la fin de notre enquête le 15 mars, en tout cas à la station de mesure du glacier de Saleina dans la région du Trient (VS) à 2800 m.

Certaines réponses à vos questions peuvent être trouvées en ligne, comme par exemple : la journée portes ouvertes du SLF le 24.06.2023, les archives du bulletin d’avalanches, la terminologie relative au danger d’avalanche, des noms géographiques, la méthode de réduction graphique, l’interprétation des profils de neige, l’AvaBlog au lieu du rapport hebdomadaire, la nouvelle carte de neige, les explications de termes.

Ta question ou ton souhait n'ont pas été abordés dans ce blog? Ils ne sont pas perdus pour autant. Nous avons rassemblé tous les commentaires et nous les traiterons au sein de notre équipe.

Et pour finir : tu en veux encore ? - Nous avons déjà la prochaine enquête prête à être réalisée avec nos collègues d'Euregio et de l'Université Simon Fraser : Dans quelle mesure la description des dangers t'est-elle utile ?

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Evolution du danger

Bulletins d'avalanche de cette période.

 

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