AvaBlog 02 - 06 février 2023

Situation avalancheuse critique dans l’est

Plus de deux semaines se sont écoulées depuis le dernier AvaBlog. Au cours de cette période, la métamorphose constructive du manteau neigeux s'est poursuivie sur une grande partie du territoire donnant lieu dans l’est à la formation d’une des conditions préalables à une situation avalancheuse critique: la présence de neige ancienne meuble et très fragile. Cette neige ancienne ayant été recouverte de neige fraîche et de neige soufflée qui ont été intensivement transportées par le vent fort à tempétueux de secteur nord-ouest, de nombreuses avalanches ont été déclenchées par des personnes, surtout le samedi 4 et le dimanche 5 février dans l'est des Alpes suisses.

 

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La neige fraîche et la neige soufflée sur le manteau de neige ancienne métamorphosée ont entraîné en de nombreux endroits une propagation des ruptures sur de grandes superficies. La personne qui a déclenché cette avalanche en dessous du Pischagrat (2630 m, Davos, GR) a eu beaucoup de chance de ne pas avoir été touchée (photo: C. Marty, 05.02.2023).
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Les hauteurs de neige sont légèrement inférieures aux valeurs moyennes. Dans le centre des Grisons, par exemple, il y a vraiment peu de neige. Les crêtes presque sans neige témoignent de la forte influence du vent les jours précédents (Sur Carungas, 2828 m, Rheinwald, GR, photo: Frank Techel, 01.02.2023).
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Dans l'ouest, le temps ensoleillé a donné lieu à quelques avalanches de neige mouillée, surtout du côté sud (Pas de Chavanette, 1980 m, Champéry, VS, photo: S. Poelzl, 02.02.2023).
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Dès les premières chutes de neige, les premières avalanches spontanées ont pu être observées le vendredi matin (03.02.2023), dans ce cas sans réel effort, depuis la fenêtre du bureau au SLF (Gross Schiahorn, 2700 m, Davos, GR, photo: S. Grüter).
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Les vents forts en montagne ont donné lieu à la formation de grandes accumulations de neige soufflée et à des signes impressionnants de vent à la surface de la neige, comme ici au Foggenhorn (2580 m, Naters, VS, photo : P. Schwitter, 04.02.2023).
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Samedi, nous avons reçu de nombreux messages signalant des fissures et des bruits de tassement. Ils constituent une indication claire de l'instabilité du manteau neigeux sur une grande partie du territoire (Gemsstock, 2430 m, Andermatt, UR, photo: M. Passardi, 04.02.2023).
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Même à des altitudes relativement basses moins influencées par le vent, le manteau neigeux est instable, comme le montrent clairement ces fissures (Davos Frauenkirch, 1530 m, GR, photo: M. Altenbach, 04.02.2023).
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Le dimanche également, le vent a fait tout son travail et a fortement transporté le peu de neige fraîche (Forcella, 2500 m, Bedretto, TI, photo: A. Furrer, 05.02.2023).
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De nombreuses avalanches ont été observées au cours de la journée. Dans la plupart des cas, l'arête de rupture était assez importante ( ?), comme ici dans le Val Tuoi (2180 m, Scuol, GR, photo: F. Büchler, 05.02.2023).
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Des avalanches ont cependant aussi été déclenchées localement dans des endroits où la hauteur de neige était très faible. Peu de personnes se seraient probablement attendus à cette avalanche de plaque de neige (Margelchopf, 1700 m, Grabs, SG, photo: P. Diener, 05.02.2023).
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Impression trompeuse de stabilité: Cette avalanche de plaque de neige ne s’est déclenchée qu’au passage du 5e skieur du groupe (Piz Davo Sassè, 2800 m, Scuol, GR, photo: B. Reuter, 05.02.2023).

Evolution depuis le dernier blog

Les jours suivant immédiatement le dernier AvaBlog du 19 janvier étaient plus particulièrement caractérisés par un temps froid de plein hiver, mais par la suite également, il y a eu une alternance de phases plus chaudes et plus froides. De plus, en montagne, des nuits souvent claires ont entraîné un refroidissement marqué de la surface neigeuse. Pendant les phases de brouillard élevé (du 24 au 29 janvier) dans le nord, du givre de surface s'est souvent formé dans les zones périphériques du brouillard. Il a neigé certains jours et souvent jusqu'à basse altitude, mais à chaque fois seulement en petite quantité: Sur le versant nord des Alpes, dans le nord et le centre des Grisons, le cumul de neige fraîche atteignait parfois 20 cm, tandis qu’ailleurs il n'était que de quelques centimètres voire nul car le temps était resté sec.

Ces conditions météorologiques ont accentué la métamorphose constructive des couches proches de la surface et souvent de tout le manteau neigeux. De plus, la neige fraîche, à chaque fois peu abondante, restait meuble. Avec cette forte métamorphose constructive de la neige, les couches de neige proches de la surface, auparavant consolidées, devenaient plus molles et ne constituaient plus une plaque de neige. De plus en plus, on s'enfonçait avec les skis à travers tout le manteau neigeux jusqu'au sol. C'était surtout le cas depuis le sud du Valais jusqu'aux Grisons en passant par la région du Gothard (cf. figure 1).

Sur le versant nord des Alpes, la partie inférieure du manteau neigeux était souvent bien consolidée, mais au-dessus, le manteau neigeux renfermait plusieurs couches métamorphosées à grains anguleux. Dans l'extrême ouest et le nord du Bas-Valais, la constitution du manteau neigeux était la meilleure et il n'y avait pratiquement pas de couches fragiles marquées.

Après avoir soufflé constamment et fortement de secteur ouest jusqu'au dernier AvaBlog, le vent s’est orienté au secteur nord-est jusqu'à fin janvier. La bise, parfois forte, a grignoté la surface neigeuse, surtout sur l'ouest du versant nord des Alpes et en altitude, formant sans cesse de nouvelles accumulations de neige soufflée aux endroits abrités du vent. Le décrochement des accumulations de neige soufflée pouvait facilement être provoqué par des personnes, surtout aux endroits où la neige s’était déposée sur une surface neigeuse meuble et métamorphosée ou sur un manteau de neige ancienne généralement fragile (photo 2).

Des avalanches ont été signalées presque quotidiennement. Dans la plupart des cas, elles étaient petites ou moyennes. La plupart des avalanches se sont décrochées dans la neige ancienne ou au niveau du passage vers celle-ci, mais certaines se sont également produites à l'intérieur de couches de neige fraîche ou de neige soufflée (cf. photo 3). Le 24 janvier, un accident mortel d'avalanche s'est malheureusement produit près de Fully, faisant deux victimes.

 

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Figure 3a: Avalanches déclenchées par des personnes du 20 janvier au 3 février. La taille des avalanches est indiquée par un chiffre et une couleur (1: petite, 2: moyenne, 3: grande, 4: très grande, 5: extrêmement grande).
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Figure 3b: Cette carte montre toutes les avalanches qui se sont produites entre le vendredi 20 janvier et le vendredi 3 février. Les avalanches avec des indications sur la couche fragile sont indiquées en couleur selon la couche fragile. Les chiffres correspondent à la taille de l'avalanche (1 = petite avalanche, 2 = avalanche moyenne, 3 = grande avalanche). Les points gris représentent les avalanches de cette période pour lesquelles aucune information sur la couche fragile n'était disponible. La plupart des avalanches se sont produites au niveau du passage vers la neige ancienne.

Focus sur l'est: La neige fraîche et la neige soufflée sur la neige ancienne très fragile entraînent une situation avalancheuse critique à partir du samedi 4 février

Il était prévisible que les couches de neige fragiles proches de la surface ou le manteau neigeux entièrement métamorphosé deviendraient une couche fragile marquée dès qu'une quantité suffisante de neige fraîche et de neige soufflée les recouvrirait. A partir du jeudi 2 février, c’était de plus en plus souvent le cas sur le centre et l'est du versant nord des Alpes ainsi que dans les parties septentrionales des Grisons.

Du jeudi 2 au samedi 4 février, de 30 à 40 cm de neige sont tombés depuis le Prättigau jusque dans la vallée de Samnaun. Ailleurs, dans les régions avoisinantes du nord des Grisons et en Basse-Engadine, l'apport de neige était de 20 à 30 cm; sur la crête nord des Alpes depuis la vallée du Hasli jusque dans l'Alpstein, il atteignait jusqu'à 20 cm (cf. figure 4).

Dans la nuit du dimanche au lundi 6 février, de 10 à 20 cm supplémentaires de neige sont tombés sur une grande partie du versant nord des Alpes.

Bien que les quantités de précipitations aient été relativement faibles, il est apparu dès le vendredi que le manteau neigeux allait réagir de manière très sensible à la neige fraîche et à la neige soufflée. Au cours de cette période, un vent de nord-ouest soufflant parfois en tempête a intensément transporté la neige fraîche. Dans ces conditions, un degré de danger 4 (fort) a été annoncé pour le samedi 4 février pour les régions avec les précipitations les plus abondantes depuis le Prättigau jusque dans la vallée de Samnaun, en raison de la situation très fragile du manteau neigeux et de la forte probabilité de déclenchement d'avalanches. Le danger concernait surtout les zones alpines de sports de neige au-dessus de 1800 m avec des endroits dangereux à toutes les expositions - sur les pentes exposées au sud, la constitution du manteau neigeux n'était pas meilleure qu’aux autres orientations.

Diverses avalanches, spontanées, provoquées au moyen d’explosifs ou déclenchées par des personnes ont été observées, surtout le samedi 4 et le dimanche 5 février, plus particulièrement dans ces régions et dans les régions directement avoisinantes (cf. photo 5).
 

Les avalanches étaient souvent déclenchées à distance. De nombreuses fissures et de nombreux bruits sourds intenses sur de grandes superficies ont été signalés. La plupart des avalanches étaient classées avec une taille 2 (moyenne) ou 1 (petite), et seulement rarement avec une taille 3 (grande) en raison de la persistance d'un faible enneigement (cf. figure 9). La majorité des avalanches se sont décrochées au niveau du passage de la neige fraîche ou la neige soufflée vers la neige ancienne ou à l’intérieur de la neige ancienne (cf. figure 6 et photo 7).

 

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Figure 6a: Avalanches déclenchées par des personnes du 3 au 5 février. La taille des avalanches est indiquée par un chiffre et une couleur (1: petite, 2: moyenne, 3: grande, 4: très grande, 5: extrêmement grande).
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Figure 6b: Cette carte montre toutes les avalanches qui se sont produites du 3 au 5 février. Les avalanches avec des indications sur la couche fragile sont indiquées en couleur selon la couche fragile. Les chiffres correspondent à la taille de l'avalanche (1 = petite avalanche, 2 = avalanche moyenne, 3 = grande avalanche). Les points gris représentent les avalanches de cette période pour lesquelles aucune information sur la couche fragile n'était disponible. La plupart des avalanches se sont produites au niveau du passage vers la neige ancienne.

Toute l'activité avalancheuse signalée au cours des journées décrites ici est représentée dans la figure 8.

 

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Figure 8: Activité avalancheuse résumée pour chaque jour du 2 au 5 février: Plus les cercles sont grands, plus l'activité avalancheuse est élevée (bleu: avalanches de neige sèche, rouge foncé: avalanches de neige mouillée, rouge clair: avalanches de neige sèche et de neige mouillée réunies).
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Figure 8: Activité avalancheuse résumée pour chaque jour du 2 au 5 février: Plus les cercles sont grands, plus l'activité avalancheuse est élevée (bleu: avalanches de neige sèche, rouge foncé: avalanches de neige mouillée, rouge clair: avalanches de neige sèche et de neige mouillée réunies).
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Figure 8: Activité avalancheuse résumée pour chaque jour du 2 au 5 février: Plus les cercles sont grands, plus l'activité avalancheuse est élevée (bleu: avalanches de neige sèche, rouge foncé: avalanches de neige mouillée, rouge clair: avalanches de neige sèche et de neige mouillée réunies).
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Figure 8: Activité avalancheuse résumée pour chaque jour du 2 au 5 février: Plus les cercles sont grands, plus l'activité avalancheuse est élevée (bleu: avalanches de neige sèche, rouge foncé: avalanches de neige mouillée, rouge clair: avalanches de neige sèche et de neige mouillée réunies).

La plupart des déclenchements d'avalanches par des personnes étaient sans gravité. A Disentis, deux personnes sont malheureusement décédées dans une avalanche.
La patience est de mise pour les prochains jours - la situation dans l'est des Alpes suisses ne devrait s'améliorer que très lentement.

La situation avalancheuse est similaire dans les pays voisins côté est, à savoir le Vorarlberg et le Tyrol (en anglais).

Une situation comparable s'est produite il y a exactement un an, an, mais elle avait alors touché davantage de régions des Alpes suisses. De plus, la proportion de grandes avalanches (taille 3) était nettement plus élevée, car il y avait globalement plus de neige.

Situation neigeuse

Il y a toujours (nettement) moins de neige que la normale en cette période de l'année dans toutes les régions des Alpes suisses (cf. figure 9).

 

Evolution du danger

Bulletins d'avalanche de cette période.

 

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