Rapport hebdomadaire 14-20 décembre 2018

Temporairement danger marqué d’avalanche, la neige soufflée constituant le danger principal

Après deux journées ensoleillées, il a neigé le dimanche et le lundi principalement dans l’ouest et le nord. Le danger d’avalanche a alors grimpé temporairement jusqu’au degré ‚marqué‘. Le danger principal résidait plutôt dans les petites accumulations de neige soufflée (cf. série de photos et photo 4). Parallèlement, le risque de déclenchements d’avalanches dans la neige ancienne a encore diminué tout au long de cette période examinée par le rapport hebdomadaire. Ce n’est plus que localement que l’on a encore signalé des indices d’instabilité dans les couches profondes du manteau neigeux.

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Cette avalanche fraîche de plaque de neige s’est décrochée dans les accumulations de neige soufflée de ces derniers jours sur l’Alpe di Pro da Lei (Faido, TI). Sur le bord droit de la photo, on peut également voir l’influence du vent sur le manteau neigeux avec des traces d’érosion typiques en forme de nervures (photo: D. Kälin, 15.12.2018).
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Le vent fort de secteur nord-ouest n’a pas seulement influencé le danger d’avalanche: Le jeudi, la station de mesure IMIS Bortelsee (2517 m, Ried-Brig, VS) a dû être débarrassée du givre par des spécialistes (photo: W. Jäger, 13.12.2018).
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Dans le Val Torta (Bedretto, TI) également, une avalanche de plaque de neige s’est déclenchée dans la neige soufflée lors de la montée vers la cabane Cristallina au cours des journées qui ont suivi les fortes chutes de neige de la semaine dernière. A droite, on devine l’arête de rupture (photo: F. Vanza, 14.12.2018).
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Le Liechtenstein s’est également réjoui de voir la neige tomber jusqu’à des altitudes relativement basses. Vue depuis la montée vers le Nospitz (Vaduz, FL) qui culmine à 2090 m en direction du Gamsgrat et de l’Ochsenkopf (2285 m). Malbun se trouve dans la vallée (photo: T. Wälti, 14.12.2018).
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Au cours du week-end, on pouvait encore nettement voir des traces du vent au col de la Bernina (2328 m, Poschiavo, GR). Les structures nervurées dans la partie inférieure de la photo montrent que le vent (dans ce cas de secteur nord-ouest) balayait la neige de la gauche vers la droite. Cette neige était déposée à un autre endroit sous forme d’accumulation de neige soufflée (photo: J.A. Bisaz, 15.12.2018).
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Un profil de neige du Sasso della Boggia au-dessus d’Airolo. La couche brun foncé dans la moitié inférieure du profil provient de la poussière du Sahara acheminée fin octobre jusqu’en Suisse par les vents forts de secteur sud (photo: G. Valenti, 18.12.2018).
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Vue par-delà la vallée de Vals en direction de Fuorcla da Puozas (2738m) lors de la montée vers l’Ampervreilahorn qui culmine à 2802 m. Deux grandes avalanches de plaque de neige sont visibles sur les versants sud-est. Elles se sont vraisemblablement déclenchées spontanément après les fortes chutes de neige de la semaine dernière (photo: U. Berni, 15.12.2018).
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Un profil de neige du Sasso della Boggia au-dessus d’Airolo. La couche brun foncé dans la moitié inférieure du profil provient de la poussière du Sahara acheminée fin octobre jusqu’en Suisse par les vents forts de secteur sud (photo: G. Valenti, 18.12.2018).
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Le mardi, des ascensions raides ont été entreprises en Suisse romande, comme ici vers la Dent de Fenestral (Salvan, VS) dont le sommet est situé à 2578 m. La vue traverse le passage nord-est jusque loin dans la vallée du Rhône où l’on devine Sion en passant par la commune cachée de Martigny. Plus loin encore à l’arrière, le Bietschhorn qui culmine à 3934 m et les sommets voisins pointent à l’horizon (photo: S. Lugon-Moulin, 18.12.2018).
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Des itinéraires assez raides ont été empruntés également le mardi dans le Sarganserland. Cette petite plaque de neige de l’ultime ascension vers les Schwarzen Hörnern (2541 m, Vilters-Wangs, SG) montre toutefois que la prudence doit toujours être de rigueur. Elle s‘est décrochée à 2450 m et couvre une partie des traces de montée (photo: T. Good, 18.12.2018).
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Glaçons horizontaux à Villars. Lorsque la neige se déplace lentement, elle se comporte de manière très créative et peut donner naissance à des formes très étranges. Les glaçons sont d’abord verticaux, mais avec la déformation de la neige du toit, ils semblent maintenant défier les lois de la pesanteur (photo: SLF/M. Phillips, 20.12.2018).

Météo

Vendredi 14 et samedi 15 décembre: Beaucoup de soleil

Ces deux journées étaient généralement ensoleillées avec des températures à la mi-journée à 2000 m entre -3 °C et – 7 °C. Le vendredi, le vent était généralement faible de secteur sud-ouest; le samedi, il était temporairement modéré de secteur nord.

Du dimanche 16 au mardi 18 décembre: Neige fraîche dans l’ouest et le nord, puis soleil

Dans la nuit du samedi au dimanche, il y a eu des chutes de neige à partir de l’ouest. Sur le versant nord des Alpes, la limite des chutes de neige est toutefois montée rapidement jusqu’à 1500 à 2000 m, tandis que dans les vallées intra-alpines, il neigeait encore jusqu’à basse altitude. L’est a bénéficié de quelques éclaircies en cours de journée, mais ailleurs, le ciel est resté couvert. Dans la nuit du dimanche au lundi, il est tombé un peu de neige dans l’ouest. Les sommes de neige tombée du samedi soir au lundi matin sont indiquées dans la figure 1. Certaines régions enregistraient jusqu’à 30 cm de neige fraîche (cf. photo 2).

 

La journée du lundi était généralement nuageuse mais sèche. Pendant la première phase de précipitations, le vent de secteur ouest à sud-ouest était temporairement fort dans l’ouest et le nord. Il s’est ensuite orienté au nord-ouest et était faible à modéré.

Le mardi était ensoleillé. Un foehn faible à modéré de secteur sud-ouest soufflait dans les vallées alpines. Les températures à la mi-journée à 2000 m étaient de 0 °C.

 

Mercredi 19 et jeudi 20 décembre: Temps variable avec un peu de neige fraîche

Le mercredi était généralement nuageux. Dans l’ouest du Jura, depuis le Chablais jusque dans la vallée de la Simme et dans le nord du Bas-Valais, il était tombé de 10 à 20 cm de neige. Ailleurs, l’apport de neige était de 5 à 10 cm dans une grande partie de l’ouest et du sud, mais il était plus faible dans les autres régions. La limite des chutes de neige était située à 1200 m dans le nord et à basse altitude dans le sud. Le vent de secteur sud-ouest était temporairement fort dans le nord et faible à modéré ailleurs. Le jeudi, la nébulosité était variable.

Situation avalancheuse

Pour l’évaluation du manteau neigeux, il est utile de jeter un rapide coup d’œil sur la période couverte par le dernier rapport hebdomadaire. D’importantes chutes de neige ont donné lieu à une situation avalancheuse critique avec, dans certaines régions, un fort danger d’avalanche entre le 8 et le 11 décembre. Cette situation a été décrite en détail dans le dernier rapport hebdomadaire. Certains signes de cette situation critique n’ont toutefois été observés qu’a posteriori (cf. photo 3).

Les épaisses couches de neige fraîche de la semaine dernière se sont par la suite tassées et stabilisées. Les couches fragiles de neige ancienne, que l’on avait surtout observées sur les pentes exposées au nord au-dessus de 2400 m environ, étaient en conséquence souvent recouvertes de beaucoup de neige et ne pouvaient plus se décrocher aussi facilement. Il y avait encore des endroits dangereux pouvant donner lieu à des déclenchements d’avalanches dans la neige ancienne, surtout dans les zones plutôt faiblement enneigées. A part une avalanche impliquant des personnes à Verbier (cf. photo 6) et quelques bruits sourds sur de grandes superficies dans les régions de Davos et de Vals, le service des avalanches n’a pas été informé de signes d’instabilité dans la neige ancienne.

En revanche, les accumulations fraîches de neige soufflée pouvaient, quant à elles, se décrocher nettement plus facilement. Les vents de secteur ouest à nord temporairement modérés à forts ont donné lieu à la formation accumulations de neige soufflée de taille petite à moyenne, qui pouvaient parfois se décrocher très facilement (cf. série de photos et photo 4).

Au cours de la période examinée, il y a également eu quelques avalanches de glissement généralement petites. De grandes avalanches ont cependant aussi été observées localement (cf. photo 5).

Accidents d’avalanche

 

Au cours de la période analysée, un accident d’avalanche a été signalé au service des avalanches. Cette grande avalanche a été déclenchée en dehors des pistes sécurisées du domaine skiable de Verbier, VS, sur une descente connue de freeride. La rupture se situait sur une pente très raide à extrêmement raide exposée au nord à environ 2950 m d’altitude (cf. photo 6). Elle a emporté trois personnes. Deux d’entre elles ont déclenché leur airbag. Elles n’ont pas été ensevelies et étaient indemnes. La troisième personne n’est pas parvenue à déclencher son airbag. Elle a été partiellement ensevelie et était blessée. Etant donné la taille de l‘avalanche et l’aspect rocheux de la pente, cette avalanche aurait également pu avoir des conséquences nettement plus graves.

 

 

Cet accident d’avalanche montre, d’une part, qu’à certains endroits des avalanches peuvent encore être déclenchées dans les couches relativement profondes du manteau neigeux. Comme le service des avalanches n’a pas été informé d’autres ruptures dans la neige ancienne, on peut supposer que les endroits dangereux similaires étaient rares. Ils se situaient surtout sur les pentes exposées au nord au-dessus de 2400 m environ. D’autre part, l’accident illustre également que les descentes connues et en général souvent empruntées peuvent présenter davantage de dangers en début de saison. Le passage fréquent d’adeptes des sports de neige a un effet positif sur la constitution du manteau neigeux. Ce ‚bonus dû à la pratique du hors-piste‘ ne s’applique toutefois pas au début de la saison. Les descentes connues et très prisées par les amateurs des sports d’hiver doivent dès lors aussi être considérées en début de saison de la même manière que les zones de randonnées rarement empruntées.

 

Utilisation des problèmes typiques liés aux avalanches dans le bulletin

Lors de la description du danger dans le bulletin d’avalanches, on indique à chaque fois le problème typique lié aux avalanches (cf. figure 7). Une analyse interne a montré que par le passé le service des avalanches n’a pas utilisé ces problèmes de manière très spécifique. Ainsi, l’hiver dernier, le problème lié à la neige soufflée a été utilisé dans 80 % des descriptions du danger. Par ailleurs, dans près de 20 % des descriptions du danger, 4 ou 5 problèmes étaient cités. De même, le problème de la neige ancienne a été utilisé très fréquemment puisqu’il était cité dans 46 % des descriptions du danger. La raison en est que le problème lié à la neige ancienne était utilisé à la fois pour les situations avec des couches fragiles à longue durée de vie et pour des situations dans lesquelles aucun autre problème n’était présent.

Afin de se concentrer davantage sur l’essentiel dans l’utilisation des problèmes typiques liés aux avalanches, il a été décidé d’apporter les modifications suivantes dans les descriptions du danger.

  • Dorénavant, seuls les problèmes qui contribuent de manière prépondérante au danger seront cités (en général 1 à 2 problèmes typiques).
  • Le problème de la neige ancienne ne sera plus utilisé que pour des situations avec des couches fragiles à longue durée de vie.
  • Si le danger n’est pas clairement imputable à un problème typique, soit on ne mentionnera aucun problème lié aux avalanches, soit on utilisera la notion ‚avalanches de neige sèche‘. Ceci sera le cas lorsque dans la même description du danger, on mentionne comme danger supplémentaire des avalanches de neige mouillée ou des avalanches de glissement. La notion ‚avalanches de neige sèche‘ permet de distinguer clairement les deux dangers. On renoncera à indiquer un problème spécifique surtout lorsqu’il est question des degrés de danger 1 et 2.

 

A la fin de l‘hiver 2018/19, les nouvelles dispositions adoptées seront évaluées et l’on décidera de leur application future.

Cartes du terrain avalancheux dans White Risk

 

Les caractéristiques du terrain, en particulier la déclivité et la forme, jouent un rôle déterminant dans l’évaluation du danger d’avalanche et des risques. L’interprétation du terrain à partir de la carte topographique ne va cependant pas de soi, même pour les experts. Le SLF a développé une méthode visant à élaborer de nouvelles cartes qui classent les terrains concernés par les avalanches et prennent en compte les zones de rupture ainsi que les zones de dépôts, mais aussi les déclenchements à distance et les conséquences possibles d’avalanches. Ces travaux ont permis de réaliser deux cartes différentes disponibles dans l’application White Risk (cf. photo 8) sur la plateforme Internet Whiterisk et sur le portail Swisstopo. Des informations complémentaires et les liens vers ces cartes sont proposés ici.

Evolution du danger

Bulletins d'avalanche de cette période.

 

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