AvaBlog 28 avril - 5 mai 2025

Chaleur estivale, puis pluie et neige : avalanches de neige mouillée en altitude

A partir du 24 avril, il a fait de plus en plus chaud jusqu'à ce que l'isotherme zéro degré franchisse la barre des 4000 mètres le 3 mai. Ensuite, le temps s'est progressivement refroidi et des précipitations parfois importantes sont tombées. Chaleur, pluie et neige fraîche sur un manteau neigeux complètement détrempé - les raisons étaient nombreuses pour un résultat toujours identique : des avalanches de neige mouillée !

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Des précipitations sur un manteau neigeux déjà complètement détrempé ont provoqué de nombreuses avalanches de neige mouillée au col de l'Albula (2311 m, GR). Ici, une grande avalanche avec des débris et des pierres provenant du Piz da las Blais. Le col est encore fermé. (Photo : J.-A. Bisaz, 05.05.2025)
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La neige fraîche sur un manteau neigeux déjà mouillé peut également augmenter l'activité d'avalanches de glissement. Ici, près du Trockener Steg au-dessus de Zermatt (VS) à env. 2900 m, le 5 mai (Photo : M. Sterren, 06.05.2025)
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Manteau neigeux détrempé, peu de rayonnement nocturne ainsi que quelques avalanches de neige mouillée près de la Chamanna Jenatsch (2650 m, Bever, GR). Les nuages annoncent une perturbation en provenance du sud-ouest. (Photo : SLF/S. Flückiger, 04.05.2025)
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Avalanche superficielle de neige mouillée déclenchée par un skieur dans la région de Verbier (env. 2300 m, Val de Bagnes, VS). (Photo : B. Dubuis, 04.05.2025)
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Cette avalanche de plaque de neige mouillée a été déclenchée à distance par une personne sur une pente exposée à l'est du Mont Dolent, à environ 2800 m (Orsières, VS). La hauteur de rupture est relativement faible (10-40 cm), mais la propagation est étonnamment grande ! (Photo : SLF/M. Schupbach, 02.05.2025)
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Dans le Val Müstair (GR), cette avalanche de plaque de neige mouillée a été déclenchée par minage. Elle s'est déclenchée sur la pente est du Piz Umbrail à 2800 m jusque dans la neige ancienne. (Photo : L. Caviezel, 29.04.2025)
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Avalanches spontanées de plaque de neige mouillée qui se sont déclenchées sur les pentes est du Gälmjinihörner à près de 3100 m (vallée de Conches, VS). Ici aussi, la première humidification a probablement réactivé la couche de neige ancienne. (Photo : SLF/S. Flückiger, 29.04.2025)

Ce qui s'est passé avant

Après les importantes chutes de neige du 15 au 18 avril(dernier blog), la situation avalancheuse s'est rapidement calmée. Une très grosse avalanche a cependant été signalée 4 jours plus tard (figure 1). Elle a peut-être été déclenchée par des personnes et a donné lieu à une importante opération de recherche. Heureusement, il s'est avéré que personne n'avait été emporté. Cette avalanche montre de manière exemplaire qu'après une grosse chute de neige, le nombre d'endroits où une avalanche peut être déclenchée diminue, mais pas la taille de l'avalanche.

Du 28 avril au 2 mai : chaud, plus chaud, et toujours plus d'avalanches de neige mouillée

A partir du samedi 26 avril, le temps est devenu de plus en plus chaud (figure 2). Le soleil et la chaleur ont apporté au manteau neigeux nettement plus d'énergie que ce qu'il pouvait émettre pendant les nuits partiellement claires. Le manteau neigeux s'est donc humidifié de plus en plus haut. Lorsque l'eau qui s'infiltre atteint pour la première fois une couche fragile, celle-ci est momentanément fortement affaiblie et des avalanches de plaque de neige mouillée peuvent se produire spontanément ou parfois être déclenchées par des personnes.

Pour déterminer à quelles expositions et à quelle altitude a lieu la première humidification, le service des avalanches utilise des modèles ML qui se basent également sur les résultats de modélisations du manteau neigeux.

Sur les pentes exposées au sud, la neige s'était déjà humidifiée plus tôt aux altitudes des stations IMIS (généralement en dessous de 2900 m). Il n'y avait donc plus de première humidification possible et le modèle ne prévoyait pas d'activité avalancheuse importante malgré la poursuite de la fonte de la neige (figure 3).

Sur les pentes exposées au nord, en revanche, le modèle montre que chaque jour, des pentes de plus en plus élevées ont été humidifiées (figure 4). Alors que l'activité avalancheuse a diminué à 2000 m à partir du jeudi 1er mai (ligne violette claire), elle a continué à augmenter à 2750 m jusqu'au samedi 3 mai.

Les départs d'avalanches signalés sont un autre indice du lieu de la première humidification. Au cours de cette période, ceux-ci ont eu lieu sur les pentes exposées à l'est, au sud et à l'ouest entre 2800 et 3400 m environ (figure 5 et 6), ainsi que sur les pentes exposées au nord jusqu'à 2800 m au maximum (vidéo 1).

Du 3 au 6 mai : Précipitations sur le manteau neigeux mouillé et nouvelles avalanches de neige mouillée

Du samedi 3 au mardi 6 mai, des précipitations sont tombées. Elles ont été le plus intense entre le dimanche matin et le lundi matin, avec environ 100 mm de pluie dans le Sotto Ceneri. La cause en était une situation de contre-courant, dans laquelle de l'air chaud et humide en provenance du sud a rencontré de l'air plus frais affluant du nord-est et s'est ainsi élevé. La limite des chutes de neige est descendue de 2900 m au début à environ 1500 m dans le nord, et seulement lentement à environ 2000 m dans le sud.

Au total, jusqu'au mardi matin, environ 130 mm de pluie sont tombés en 3 jours dans le sud du Tessin, généralement sur un sol nu et donc sans importance en termes d'avalanches. En haute montagne, les quantités totales de neige fraîche étaient les suivantes (figure 7) :

  • de l'est du Tessin jusqu'à la Bernina en passant par le Rhin postérieur : 60 à 90 cm
  • ailleurs, de 30 à 60 cm sur une grande partie du territoire ; depuis le sud du Valais jusqu'à Altdorf en passant par les vallées du Hasli, la quantité de neige est plus faible.

Le service de prévision d'avalanche craignait que des avalanches déclenchées dans la neige fraîche (sèche ou mouillée) puissent entraîner avec elles le manteau neigeux détrempé, même jusqu'à l'herbe. C'est pourquoi un fort danger d'avalanche (degré 4) a été annoncé pour la nuit du dimanche au lundi 5 mai, période de précipitations les plus intensives, depuis l'est du Tessin jusqu'à la Bernina. Avec la diminution de l'intensité des précipitations, le danger a ensuite été rétrogradé au degré 3+ le lundi matin.

Le service de prévision d'avalanche du col de l'Albula, encore fermé, a signalé pendant la journée une activité avalancheuse très élevée pendant environ une heure, avec des avalanches de taille moyenne et localement de grande taille (vidéo 2 et galerie de photos)

A la clôture de la rédaction, il n'y avait pratiquement pas eu de retours du terrain, ce qui est typique pour cette période de l'année (figure 8).

Evolution du danger

Bulletins d'avalanche de cette période.

 

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