Rapport hebdomadaire 18 - 24 février 2022

Temporairement fort danger d’avalanches, persistance d’une situation avalancheuse «neige ancienne»

Après un début doux, l’hiver a pleinement repris vigueur dans le nord, en Valais et dans les Grisons. Combiné à la tempête, le début de la semaine a connu une situation avalancheuse critique avec un fort danger d’avalanches dans certaines régions. Elle s’est ensuite détendue vers la fin de la période couverte par le présent rapport.

En plus des avalanches de glissement et des avalanches à partir de la neige fraîche et de la neige soufflée pendant et immédiatement après la période de tempête, il y a encore eu constamment des avalanches se décrochant dans la neige ancienne. Leur nombre avait tendance à augmenter à nouveau un peu après les chutes de neige du début de la semaine.

Image 1 of 13
Avalanche de plaque de neige déclenchée à distance sur le flanc sud-est du Piz Belvair (Zuoz, GR). Des adeptes des sports de neige remontaient la pente avec une attitude défensive en suivant un itinéraire sur le bord gauche de la photo. Provoquant une forte déflagration, l’avalanche s’est décrochée à environ 2700 m dans une couche profonde de neige ancienne et est descendue jusque dans le val Bos-chetta (photo: S. Burg, 23.02.2022).
Image 2 of 13
A la manière d’un ostensoir, les panaches de neige mettent en évidence l’éperon rocheux à la Fuorcla d'Emmat (2755 m, Surses, GR) (photo: A. Raez, 18.02.2022).
Image 3 of 13
Les panages de neige et le ciel bleu créent un coucher de soleil magique au Pischahorn (2980 m, Klosters, GR) (photo: L. Brouet, 18.02.2022).
Image 4 of 13
Pour entrer dans cette cabane (2273 m) à l’Erber Bärg (2324 m, Davos, GR), il faut d’abord retrousser ses manches et se mettre à pelleter: Plus d’un mètre de neige soufflée empêche l’accès (photo: E. Hafner, 23.02.2022).
Image 5 of 13
Le vent et l’humidité ont transformé le sol herbeux en une carapace de hérisson sur la Horneralp (Rheinwald, GR) (photo: F. Vanza, 19.02.2022).
Image 6 of 13
La face sans neige du sommet du Piz Titschal (2549 m, Obersaxen Mundaun, GR) témoigne de la force du vent. La neige a été balayée jusqu’au sol (photo: P. Degonda, 21.02.2022).
Image 7 of 13
La problématique de la neige ancienne n’est pas encore surmontée: Une charge explosive a ainsi déclenché cette avalanche en dessous du Mont Rogneux (2695 m, Riddes, VS) dans la neige ancienne (photo: Secu Ruinettes, 18.02.2022).
Image 8 of 13
Cette grande avalanche de plaque s’est déclenchée le mercredi 23 février, sans doute spontanément, sur le versant est du Mont Gond (Nendaz, VS) à environ 2650 m et s’est arrêtée à environ 2250 m (photo: Y. Vouillamoz, 23.02.2022).
Image 9 of 13
Sur certains terrains (comme ici: dans les zones rocheuses en dessous des Schwösteren, 1948 m, Glaris Sud, GL), les avalanches de glissement peuvent aussi devenir partiellement poudreuses (photo: R. Stüssi, 20.02.2022).
Image 10 of 13
Les avalanches de glissement impliquent rarement des personnes, mais cela arrive quand même de temps à autre. Ce groupe de randonneurs à ski a eu de la chance, personne n’a été enseveli ni blessé (en dessous du Chli Aubrig, 1642 m, Vorderthal, SZ). Cette avalanche nous rappelle néanmoins qu’il ne faut pas s’attarder inutilement en dessous de gueules de baleine (photo: O. Skopek, 19.02.2022).
Image 11 of 13
Contrairement aux fissures de glissement, qui s’étendent sur toute l’épaisseur du manteau neigeux jusqu’au sol herbeux et annoncent une possible avalanche de glissement, la formation soudaine d’une fissure au moment de s’engager sur le manteau neigeux indique clairement le risque de déclenchement d’une avalanche de plaque. Cette fissure qui traverse la masse de neige a été observée en dessous du Döss da las Plattas (2296 m, val Müstair, GR) (photo: P. Waldner, 18.02.2022).
Image 12 of 13
Le grésil est souvent un phénomène de précipitations très local. Ces magnifiques grains de grésil ont été observés dans la région du barrage d’Emosson (photo: M. Rouillard, 20.02.2022).
Image 13 of 13
En altitude, beaucoup de neige soufflée, dans le forêt en dessous du Walighürli (2049 m, Gsteig, BE) de la poudreuse la plus fine. En choisissant soigneusement son itinéraire, il est possible de réduire fortement le risque d’avalanches (photo: L. Hofer, 22.02.2022).

Météo, neige et situation avalancheuse

Du vendredi 18 au dimanche 20 février: Temps très doux avec des avalanches mouillées, puis un peu de neige fraîche

Après la fin pluvieuse de la dernière période couverte par le rapport hebdomadaire, l’isotherme zéro degré a grimpé jusqu’à une altitude très élevée de 3200 m le vendredi. Avec un vent fort de secteur sud-ouest, le temps était assez ensoleillé dans le sud et nuageux ailleurs. Sous l’influence de la douceur du temps et de la pluie des jours précédents, de nombreuses avalanches de neige mouillée et de glissement se sont produites à basse et moyenne altitude, surtout sur le versant nord des Alpes (cf. photo 1).

Entre vendredi soir et samedi midi, il a neigé dans le nord (cf. figure 2). La limite des chutes de neige est descendue rapidement jusqu’à basse altitude. La journée était assez ensoleillée dans le sud et nuageuse ailleurs. La température est descendue nettement et était à la mi-journée à 2000 m encore de -6 °C dans le nord et de -1 °C dans le sud. Ce refroidissement sensible a eu un effet stabilisateur surtout à basse et moyenne altitude sur le manteau neigeux partiellement mouillé.

Le dimanche était souvent nuageux mais sec dans le nord. Ailleurs, le temps était assez ensoleillé. Le vent de secteur ouest s’était à nouveau intensifié, soufflant à nouveau temporairement en tempête dans le nord.

Les lundi 21 et mardi 22 février: Neige fraîche, vent tempétueux et temporairement fort danger d’avalanches

Avec un vent tempétueux de secteur ouest, il a neigé jusqu’à basse altitude dans le nord. Le lundi, les régions intra-alpines ont encore bénéficié d’éclaircies relativement longues et, dans le sud, le temps était assez ensoleillé. Après une phase de chutes de neige intenses pendant la nuit du lundi au mardi, la neige a cessé de tomber mardi avant midi. Le temps est devenu de plus en plus ensoleillé. Le vent a diminué sur une grande partie du territoire et ce n’était plus que dans les Grisons et sur le versant sud des Alpes qu’il était modéré à fort. Dans certaines régions, il était tombé plus d’un demi-mètre de neige en l’espace de deux jours (cf. figure 3). Sur le versant sud des Alpes, il n’avait pratiquement pas neigé et le déficit exceptionnel de neige persistait (cf. photo 4).

Alors que le danger d’avalanches ne changeait guère dans le sud, il augmentait sensiblement dans le nord en raison des chutes de neige et du vent tempétueux. Pour le mardi, un fort danger d’avalanches était annoncé depuis le nord du Valais jusqu’en Suisse centrale en passant par l’est de l’Oberland bernois ainsi que dans le sud du Bas-Valais. L’apport de neige fraîche demeurait toutefois légèrement inférieur aux attentes, de sorte que le mardi matin la zone avec un fort danger d’avalanches (degré 4) a été quelque peu réduite. Le danger concernait surtout les régions alpines des sports de neige. Les manifestations de ce degré de danger 4 sont également décrites sous le concept «Fort - skieurs» dans l’aide à l’interprétation du bulletin d’avalanches. Le mardi, près de 400 avalanches ont été signalées par les observateurs du SLF et par le public à l’aide du formulaire de feed-back de l’appli White Risk. Environ la moitié de ces avalanches étaient d’ampleur moyenne (taille 2), quelque 80 avalanches ont été classées comme grandes avalanches (taille 3) et 4 comme très grandes avalanches (taille 4). La plupart des avalanches avaient été déclenchées artificiellement pour des domaines skiables dans le cadre d’opérations de sécurisation (cf. photos 5 et 6). Mais il y avait également des avalanches spontanées et des déclenchements par des personnes. Sur la base des avalanches signalées, le degré de danger 4 était justifié dans le nord du Bas-Valais, tout au moins pendant la nuit du lundi au mardi, et il aurait également pu être étendu pendant cette période à la région avoisinante du Trient. Dans les autres régions, le danger aurait rétrospectivement dû être évalué au degré 3 (marqué).

Vidéo 5: Déclenchement d’avalanches au moyen d’explosifs sur le versant sud-est à 3100 m au Hostock (Naters, VS). Ce déclenchement artificiel faisait partie d’une opération de sécurisation pour le domaine skiable de Blatten-Belalp (photo: M. Salzgeber, 22.02.2022).

Vidéo 6: Avalanches déclenchées artificiellement sur le flanc sud-est de la Chamossaire (2616 m, Arbaz, VS). Le risque élevé de décrochement et la propagation spatiale des ruptures confirment le bien-fondé du degré de danger 4 (photo: E. Morard, 22.02.2022).

Mercredi 23 et jeudi 24 février: Temps assez ensoleillé, avalanches dans la neige ancienne

Le mercredi était généralement ensoleillé dans l’ouest et le sud, et de plus en plus ensoleillé dans l’est. Le jeudi, des nuages ont envahi le ciel à partir de l’ouest. Un bref épisode de foehn avec du vent du sud temporairement fort a transporté un peu de neige ancienne meuble. Dans le sud du Bas-Valais, dans le centre des Grisons et en Engadine, le nombre de déclenchements d’avalanches dans la neige ancienne a à nouveau augmenté légèrement.

La neige ancienne, une problématique persistante

Les titres des derniers rapports hebdomadaires se ressemblent – la problématique de la neige ancienne nous accompagne depuis début février, lorsque le mince manteau neigeux de janvier renfermant des couches fragiles a été recouvert de neige fraîche. Alors que sur le centre et l’est du versant nord des Alpes ainsi que sur la crête nord des Alpes, les couches fragiles dans la neige ancienne étaient abondamment recouvertes de neige fraîche et n’étaient guère plus susceptibles de se décrocher, dans le sud du Valais et dans les Grisons, des avalanches se déclenchaient parfois encore dans la neige ancienne au début de la période couverte par le présent rapport (cf. photo 7).

La situation avalancheuse «neige ancienne» était visiblement encore présente, mais elle n’était plus aussi aigüe. Au même moment que ces avalanches sporadiques, des pentes même raides étaient empruntées par des skieurs et les endroits dangereux n’étaient plus aussi nombreux.

Divers facteurs entrent en jeu dans la diminution du nombre d’avalanches dans la neige ancienne:

  • Dans certaines régions du sud du Valais et des Grisons également, le recouvrement des couches fragiles dans la neige ancienne était si épais que le poids d’un skieur ne pouvait plus partout se répercuter jusque dans la couche fragile. Des ruptures dans la neige ancienne pouvaient surtout encore être provoquées aux endroits faiblement enneigés.
  • Même si l’on considère que les couches fragiles dans la neige ancienne persistent longtemps, elles changent aussi avec le temps et se stabilisent quelque peu.
  • De même, les propriétés de la plaque de neige évoluent elles aussi avec le temps, de sorte que les ruptures ne peuvent plus se propager sur d’aussi grandes distances.

Outre les propriétés du manteau neigeux, le comportement des adeptes des sports de neige joue également un rôle. Plus il y a de pentes raides avec une situation avalancheuse potentielle «neige ancienne» qui sont ‘testées’ par des adeptes des sports de neige, plus grand sera aussi le nombre de déclenchements possibles. Et inversement, la très grande fréquentation d’une pente aura un effet stabilisateur sur le manteau neigeux.

Après la neige fraîche et le vent tempétueux au début de cette semaine, davantage d’avalanches ont à nouveau été déclenchées dans la neige ancienne le mercredi 23 février dans le sud du Bas-Valais, dans le centre des Grisons et en Engadine (cf. photos 8 et 9). La couche supplémentaire de neige fraîche devrait avoir modifié les propriétés de la plaque de neige avec comme conséquence une nouvelle légère aggravation de la problématique de la neige ancienne. Les avalanches dans la neige ancienne se sont surtout produites au-dessus de 2200 m environ sur des pentes aux expositions ouest, nord et est.

Accidents d’avalanche

Au cours de la période couverte par le présent rapport, 46 avalanches déclenchées par des personnes ont été signalées au service des avalanches. Beaucoup de ces avalanches se sont produites en Valais et dans les Grisons (cf. figure 10). Ces 46 avalanches ont touché au total 16 personnes, dont 5 ont été entièrement ensevelies. Deux personnes ont perdu la vie dans une avalanche au Piz Zuort (3118 m, Scuol, GR).

Evolution du danger

Bulletins d'avalanche de cette période.

 

ouvrir le prochain AvaBlog