Neige et avalanches dans les Alpes suisses. L'année hydrologique 2010/11

Résumé

Résumé hiver 2011 (octobre 2010 à mai 2011)

  • L’hiver 2010/11 était plus sec et plus chaud, et dans le nord également plus ensoleillé qu’un hiver normal. Par conséquent, les hauteurs de neige considérées sur l’ensemble de l’hiver étaient inférieures aux valeurs moyennes dans la plupart des régions. Dans le nord du Tessin, en Haute-Engadine et dans les vallées du sud des Grisons, elles correspondaient aux données moyennes.
  • Aux altitudes élevées, le temps était hivernal dès le mois d’octobre. Des quantités relativement importantes de neige sont tombées en octobre et novembre, surtout sur le versant sud des Alpes.
  • En décembre, il a neigé fréquemment sur une grande partie de territoire et temporairement jusqu’à basse altitude. La limite des chutes de neige oscillait entre les altitudes basses et les altitudes élevées. C’est la raison pour laquelle il y a eu plusieurs phases avec des avalanches de neige sèche, mais également de neige humide ou mouillée.
  • Au moment du passage à l’année 2011, les hauteurs de neige étaient encore normales à supérieures aux valeurs moyennes. Le manteau neigeux était bien consolidé surtout sur le versant sud des Alpes. Dans le sud du Valais, dans les régions intra-alpines des Grisons et sur certaines parties du versant nord des Alpes, des couches fragiles ayant subi une métamorphose constructive à grains anguleux se formaient sur de petits espaces entre les croûtes dues à la pluie. Au cours de cette période, les couches superficielles de neige fraîche et de neige soufflée étaient cependant plus particulièrement délicates pour le déclenchement d’avalanches donnant lieu dans la plupart des cas à des glissements et à de petites avalanches provoquées artificiellement.
  • En novembre et décembre, les assauts de l’hiver sur le Plateau central étaient relativement fréquents, mais dans cette partie du pays, il n’y a plus eu d’offensive hivernale à la fin de l’hiver.
  • Les fortes fluctuations de températures étaient accompagnées de pluie jusqu’aux altitudes élevées, y compris en janvier. Elles ont provoqué un cycle actif d’avalanches de neige mouillée le 13 janvier et ont donné lieu à des conditions neigeuses printanières aux altitudes moyennes.
  • Au cours d’une période très sèche, allant de la mi-janvier à la mi-février, le manteau neigeux a subi une métamorphose constructive, surtout sur les pentes exposées à l’ouest, au nord et à l’est. Sur les pentes exposées au sud, il y avait généralement une croûte durcie de regel jusqu’aux altitudes élevées. La situation avalancheuse au cours de cette période était exceptionnellement favorable avec temporairement un faible danger d’avalanche sur l’ensemble du territoire des Alpes suisses.
  • A la mi-février, il y a eu de nouvelles chutes de neige, d’abord dans le sud puis à la fin février également dans le nord et dans l’ouest. Au mois de mars, il a également neigé à différentes reprises. Ces précipitations étaient à chaque fois peu abondantes mais donnaient lieu de manière répétée à des situations avalancheuses critiques pour les adeptes des sports de neige en terrain de randonnée ou de hors-piste peu fréquenté. Sur le versant nord des Alpes et dans les régions intra-alpines des Grisons, mais tout particulièrement dans le sud du Valais, le manteau de neige ancienne demeurait constamment fragile. C’est pendant le mois de mars que la plupart des accidents d’avalanche ont eu lieu.
  • En plein hiver, les hauteurs de neige étaient inférieures aux valeurs moyennes sur une grande partie du territoire à toutes les altitudes.
  • En avril, les hauteurs de neige étaient ensuite nettement inférieures aux valeurs moyennes dans toutes les régions. Aux altitudes élevées, elles n’atteignaient que 50% des moyennes pluriannuelles et aux altitudes moyennes, à peine 25%. Un grand nombre de stations du SLF avec observateur effectuant des relevés depuis de nombreuses années (p. ex. Andermatt, Arosa, Fionnay, Grimsel, Hasliberg, Ulrichen, Weissfluhjoch) affichaient de nouveaux minima ou n’avaient encore jamais été aussi tôt sans neige qu’au cours de ce printemps 2011.
  • Les faibles quantités de neige jusque dans le voisinage des sommets étaient dues essentiellement aux déficits de précipitations à partir de janvier. La somme de neige fraîche de janvier à mars n’atteignait que 30% de la moyenne pluriannuelle et n’avait encore jamais été aussi faible depuis le début des relevés. Tout au long de l’hiver, il n’y a pas eu d’épisode de chutes de neige importantes atteignant 1 m de neige fraîche ou plus en l’espace de trois jours.
  • En mai, la neige disparaissait aux altitudes élevées surtout dans le nord. Sur le versant sud des Alpes, il y avait encore un manteau neigeux continu au-dessus de 2300 m sur les pentes exposées au nord.
  • L’hiver 2010/11 est le 6e hiver avec le moins de neige depuis le début des relevés il y a quelque 60 ans sur la base de la hauteur moyenne de neige de novembre àvril. En ce qui concerne la somme de neige fraîche, c’était le 5e hiver avec la quantité de neige fraîche la plus faible.
  • Le bulletin d’avalanches a été diffusé quotidiennement du 25.11.2010 au 25.04.2011. Le degré de danger 1 (faible) a été mentionné plus fréquemment et les degrés de danger 3 (marqué) et 4 (fort) ont été mentionnés moins fréquemment que dans la moyenne pluriannuelle.
  • On a signalé moins d’avalanches moyennes et grandes, mais en revanche davantage de glissements et de petites avalanches qu’au cours d’autres hivers.

Le nombre d’accidents mortels d’avalanche qui s’élève à 26 personnes au 31 mai est légèrement supérieur à la valeur moyenne (moyenne annuelle 25 victimes). La plupart des accidents se sont produits en mars où l’on a enregistré plusieurs accidents graves. Le plus grave grand accident d’avalanche de l’hiver 2010/11 a coûté la vie à 5 personnes. Les accidents se sont produits sur le versant nord des Alpes, en Valais et dans les Grisons.

Résumé été 2011 (juin à septembre 2011)

  • Au cours de la période de juin à septembre, on a pu observer sept incursions marquées d’air froid.
  • En raison des chutes de neige répétées, le manteau neigeux était généralement continu en haute montagne jusqu’en août sauf les 28 août et 19 septembre où il n’est tombé que peu de neige aux altitudes élevées et moyennes. L’activité avalancheuse était faible.
  • Au cours de l’été 2011, deux bulletins d’avalanches ont été diffusés (la moyenne est de deux à trois bulletins d’avalanches en été). Entre juin et septembre, neuf bulletins d’avalanches avaient été diffusés en 2010, contre un seul bulletin pour les années 2003 et 2005.
  • Pendant l’été 2011, aucun accident mortel d’avalanche n’a été à déplorer. La moyenne pluriannuelle pour le mois de juin à septembre est de deux victimes.

Évolution des hauteurs de neige

Hauteurs relatives de neige

Les graphiques suivants montrent les pourcentages d’écart des hauteurs mensuelles moyennes de neige de l’année 2011, à l’altitude de la station, par rapport à la moyenne pluriannuelle de la période 1971 à 2000. Les hauteurs de neige inférieures aux valeurs moyennes sont indiquées en rouge et les hauteurs supérieures aux valeurs moyennes en bleu. Les données proviennent des stations avec observateur et des stations automatiques du réseau IMIS (Système intercantonal de mesure et d’information) et de MétéoSuisse. Lors de l’interprétation, il y a lieu de tenir compte du fait que seuls les modèles à grande échelle sont intéressants. Il convient de ne pas donner une importance excessive aux échantillons de données à petite échelle ou aux grands écarts entre les valeurs. Dans la section „Sélection de stations avec observateur“ (cf. ci-après), l’évolution de la hauteur de neige dans le temps est indiquée pour différentes stations.


Début octobre, le temps était déjà hivernal aux altitudes élevées des Alpes suisses. En octobre, des quantités relativement importantes de neige sont tombées au cours de deux épisodes de barrage météorologique côté sud surtout sur le versant sud des Alpes; dans le nord, l’apport de neige était plus faible. Sur le versant sud des Alpes, les hauteurs de neige étaient supérieures aux valeurs moyennes dès le mois d’octobre.

En novembre, quatre autres situations de barrage météorologique côté sud ont apporté à diverses reprises et en abondance de la neige sur le versant sud des Alpes. Le 12 novembre, il pleuvait sur une grande partie du territoire jusqu’à 2600 m d’altitude. Fin novembre, il a neigé dans le nord jusqu’à basse altitude. Les hauteurs de neige en novembre (cf. figure 1) correspondaient aux valeurs moyennes sur une grande partie du territoire aux altitudes élevées, tandis que dans le sud, sur l’ouest du Plateau central et dans le Jura, elles étaient nettement supérieures aux valeurs moyennes. En décembre, le temps était le plus souvent couvert avec de fréquentes précipitations. Des chutes de neige répétées ont alors également touché le nord. Il a neigé temporairement jusque sur le Plateau central (p. ex. les 1, 12, 18 et 25 décembre,) et à diverses reprises le manteau neigeux y était continu en décembre. Il y a eu temporairement de fortes oscillations des températures. A diverses reprises, il a également plu jusqu’au-delà de 2000 m et la neige a fondu sur le Plateau central (p. ex. les 6 et 11 décembre). En décembre, les hauteurs de neige (cf. figure 2) correspondaient aux valeurs moyennes sur le versant nord des Alpes, en Valais et dans le nord du Tessin. Sur le reste du versant sud des Alpes, dans les Grisons, dans les Préalpes, sur le Plateau central et dans le Jura, les hauteurs de neige étaient supérieures à nettement supérieures aux valeurs moyennes. Ce bon départ de la saison hivernale était imputable à quatre situations de précipitations parfois abondantes avec des vents d’ouest et de nord au cours de la première moitié de décembre, et à une situation de précipitations abondantes avec des vents de secteur sud pendant la seconde moitié de décembre. La dernière période de précipitations du mois de décembre a commencé par de faibles chutes de neige le 24 décembre dans le sud et celles-ci se sont étendues au nord le 25 décembre apportant également un "Noël blanc" sur le Plateau central.

Le mois de janvier était relativement sec. Ce n’est qu’au cours de la deuxième semaine de janvier qu’il y a eu des chutes de neige abondantes bien que le 13 janvier, il pleuvait à nouveau jusqu’à environ 2400 m d’altitude. Pour le reste, les précipitations étaient faibles en janvier. Par conséquent, les hauteurs de neige (cf. figure 3) étaient inférieures aux valeurs moyennes sur le versant nord des Alpes, dans le sud du Tessin, en Valais et dans le nord des Grisons. Dans la vallée de Conches, dans le nord et le centre du Tessin et dans le reste des Grisons, elles correspondaient aux valeurs moyennes, et en Haute-Engadine ainsi que dans les régions grisonnes de la crête principale des Alpes, elles étaient supérieures aux données moyennes. Après les phases répétées de fonte et de pluie, les conditions d’enneigement étaient plutôt printanières aux altitudes moyennes. Aux altitudes élevées, l’enneigement était cependant suffisant pour les randonnées et la pratique du hors-piste comme c’était déjà le cas en décembre. Le mois de février était également relativement sec et par ailleurs de 5 degrés plus chaud que la valeur normale. Les hauteurs de neige (cf. figure 4) étaient inférieures aux données moyennes sur une grande partie du territoire et même parfois nettement inférieures à ces valeurs sur le versant nord des Alpes et sur le centre du versant sud des Alpes. Ce n’est qu’en Haute-Engadine qu’elles correspondaient aux données moyennes. Sur le Plateau central et dans le Jura, les hauteurs de neige en janvier et février étaient nettement inférieures aux données moyennes. Après trois semaines sans précipitations significatives, les hauteurs de neige atteignaient déjà des minima record à certaines stations dans le nord dès la mi-février. Depuis le milieu du mois jusqu’à fin février, il a ensuite neigé à diverses reprises au cours d’une phase de précipitations avec des vents de secteur sud et trois situations de précipitations peu abondantes avec des vents de secteur nord-ouest.

En mars, les hauteurs de neige (cf. figure 5) étaient inférieures aux valeurs moyennes sur une grande partie du territoire et nettement inférieures à ces valeurs sur le versant nord des Alpes. Ce n’est qu’en Haute-Engadine qu’elles correspondaient aux valeurs moyennes. Jusqu’à la mi-mars, il a neigé à diverses reprises avec des quantités de neige fraîche faibles à moyennes au cours de trois situations de précipitations avec des vents de secteur sud sur la crête principale des Alpes et au sud de celle-ci. Dans le nord, les premières précipitations sont intervenues dans la seconde moitié du mois de mars avec une limite des chutes de neige située au-dessus de 2000 m. La somme de neige fraîche tombée de janvier à mars n’atteignait cependant que tout juste 30% de la valeur moyenne et n’avait ainsi encore jamais été aussi faible depuis le début des relevés (il y a une soixantaine d’années). Le manteau neigeux était humidifié jusqu’aux altitudes élevées sur les pentes exposées au sud. Aux altitudes moyennes, la neige avait entièrement fondu sur la plupart des pentes exposées au sud. Sur les pentes orientées à l’ouest, au nord et à l’est, le manteau neigeux était encore sec aux altitudes élevées. Le mois d’avril était également relativement sec et chaud. Les hauteurs de neige (cf. figure 6) étaient nettement inférieures aux valeurs moyennes dans toutes les régions. Aux altitudes élevées, c’est-à-dire au-dessus de 2000 m, l’enneigement n’était que de 50%, et aux altitudes moyennes d’à peine 25% de la hauteur habituelle de neige. Beaucoup de stations du SLF avec observateur effectuant des relevés depuis de nombreuses années (p. ex. Andermatt, Arosa, Fionnay, Grimsel, Hasliberg, Ulrichen, Weissfluhjoch) affichaient de nouveaux minima ou n’avaient encore jamais été aussi tôt sans neige. En mai, le temps relativement chaud a persisté. Le mois de mai était plus sec que la normale surtout dans l’ouest. Aux altitudes élevées, la fonte totale de la neige aux altitudes élevées était exceptionnellement précoce. Fin mai, ce n’est plus qu’en haute montagne qu’il y avait encore un manteau neigeux continu sur les pentes exposées au sud. Sur les pentes orientées au nord, la limite d’enneigement était de 2300 m dans le sud et de 2800 m dans le nord.

Pour l’ensemble de l’hiver, c’est-à-dire de novembre 2010 à avril 2011, les hauteurs de neige étaient inférieures aux valeurs moyennes sur une grande partie du territoire. En Haute-Engadine et dans les régions directement avoisinantes, elles correspondaient aux valeurs moyennes, tandis que sur l’ouest du Plateau central, dans le Jura bâlois et dans le centre et le sud du Tessin, elles étaient supérieures aux données moyennes dans certaines régions en raison des précipitations abondantes du début de l’hiver (cf. figure 7). Sur la base des hauteurs moyennes d’enneigement de novembre à avril, l’hiver 2010/2011 peut être qualifié de sixième hiver avec le moins de neige. Au cours des hivers dont les dates suivent, il y avait encore moins de neige: 1964, 1990, 2007, 2002, 1996. Le résultat est très comparable en ce qui concerne la somme de neige fraîche tombée de novembre à avril. A cet égard, l’hiver passé se situait au 5e rang des hivers avec le moins de neige fraîche.

Sélection de stations avec observateur

Les graphiques suivants reprennent à chaque fois l’évolution des hauteurs de neige relevées manuellement comparées à la hauteur de neige la plus élevée mesurée à cette station chaque jour, au minimum absolu et à la moyenne pluriannuelle. Le nombre d’hivers (n) depuis le début des relevés jusqu’en 2011 est mentionné dans la légende. Les régions avec une évolution comparable des hauteurs de neige au cours de l’hiver 2011 sont regroupées et décrites sur la base de stations représentatives.

 

Régions sur le versant nord des Alpes:

L’évolution des hauteurs de neige sur le versant nord des Alpes peut être suivie à l’appui de la station comparative Hasliberg, 1825 m (cf. figure 8) qui effectue des relevés depuis de nombreuses années: Des offensives répétées de l’hiver au cours de la seconde moitié du mois d’octobre ont apporté à la station, le 26 octobre, une hauteur de neige de 66 cm. Sur les 33 années de relevés à cette date précoce, cette valeur est la troisième la plus élevée. La valeur la plus élevée a été mesurée au cours de l’hiver 1975 avec 106 cm. Les régions les plus touchées par ces précipitations étaient le versant nord des Alpes, le Bas-Valais et les Grisons avec une somme de neige fraîche de 25 à 50 cm, et localement jusqu’à 80 cm en six jours sur le versant nord des Alpes. La limite des chutes de neige était descendue à diverses reprises en dessous de 1000 m. En novembre, les chutes de neige étaient moins abondantes que la normale dans le nord, tandis que dans le sud, elles étaient plus abondantes. Au cours de la première moitié du mois de novembre, le temps était doux dans le nord avec plusieurs situations de barrage météorologique côté sud et du foehn. Dans la nuit du 11 au 12 novembre, une situation de précipitations avec des vents tempétueux de secteur ouest a apporté des chutes de pluie intensives jusqu’à haute altitude, et sur l’ouest du versant nord des Alpes jusqu’aux alentours de 2400 m. Du 5 au 7 novembre ainsi que le 15 novembre, la station était sans neige. Pendant la dernière semaine de novembre, le temps était froid avec à diverses reprises des chutes de neige dans le nord. La limite des chutes de neige était descendue jusqu’en plaine. En l’espace de 5 jours, de 30 à 50 cm de neige sont tombés sur le versant nord des Alpes, et jusqu’à 80 cm dans l’extrême ouest et l’est. En novembre, les hauteurs de neige étaient plutôt supérieures aux valeurs moyennes sur le versant nord des Alpes. En décembre, il a neigé fréquemment. En raison des fortes fluctuations de températures, il y a eu une alternance de pluie jusqu’aux altitudes élevées et de neige jusqu’en plaine. Sur le versant nord des Alpes, les hauteurs de neige en décembre avoisinaient les valeurs moyennes, tandis que dans l’ouest, elles étaient légèrement inférieures aux données moyennes vers la fin du mois. A partir de janvier, la hauteur de neige était ensuite nettement inférieure aux valeurs moyennes. Les sommes de neige fraîche étaient extrêmement faibles de janvier à avril. Pendant la deuxième semaine de janvier, il a plu à nouveau jusqu’à des altitudes d’environ 2400 m. Quelques périodes de chutes de neige abondantes avec des sommes de neige fraîche de l’ordre de 50 cm ont eu lieu sur le versant nord des Alpes au cours de la deuxième semaine de janvier, à la mi-février et à la mi-mars. Combinée au faible manteau de neige ancienne, la situation avalancheuse en mars était critique en dehors des pistes pour les adeptes des sports de neige, surtout sur l’ouest du versant nord des Alpes (cf. chapitre Activité avalancheuse). La hauteur de neige maximale de cette saison a été atteinte à la station Hasliberg avec 121 cm un mois plus tôt que la normale, à savoir le 28 février. En raison des températures exceptionnellement élevées à partir de février, la neige a fondu totalement sur les pentes exposées au sud aux altitudes élevées dès le mois de mars, et sur les pentes exposées au nord dès le mois d’avril. A la mi-avril, les hauteurs de neige étaient – comme dans toutes les régions des Alpes suisses – nettement inférieures aux valeurs moyennes (cf. ci-avant). La station Hasliberg (1825 m) était sans neige le 17 avril, ce qui n’avait encore jamais été le cas au cours des 52 années de relevés ! Pendant un hiver normal, il y a à cette date encore 161 cm de neige à cette station. La fonte totale la plus précoce de la neige enregistrée précédemment à cette station était le 24.04.2007. Le printemps d’une douceur record et un temps très sec (de mars à mai 2011) ont fait en sorte que le manteau neigeux avait totalement disparu à une date extrêmement précoce aux altitudes élevées, c’est-à-dire au-dessus de 2000 m environ.

Régions sur le versant sud des Alpes et Engadine:

Au cours de l’hiver 2010/11, la situation des hauteurs de neige était la plus favorable dans la plupart des régions du versant sud des Alpes et de l’Engadine. La station comparative San Bernardino, 1640 m, (cf. figure 9) qui effectue des relevés depuis de nombreuses années est représentative pour ces régions: Après deux situations de barrage météorologique côté sud en octobre et quatre situations de barrage météorologique côté sud en novembre, l’hiver a commencé tôt dans le sud et avec des quantités de neige supérieures aux valeurs moyennes. Bien que le manteau neigeux aux altitudes moyennes avait de nouveau entièrement disparu au cours de la première moitié du mois de novembre, surtout à cause de la pluie, il y avait des quantités de neige supérieures à la moyenne jusqu’à moyenne altitude dans la seconde moitié de novembre. En décembre également, les chutes de neige étaient fréquentes. Avec de fortes fluctuations de températures, il y a eu une alternance de phases avec de la pluie jusqu’à haute altitude et de phases avec de la neige jusqu’à basse altitude. En décembre, les hauteurs de neige étaient supérieures aux valeurs moyennes sur le versant sud des Alpes et en Engadine. Entre le 7 et le 11 janvier, une situation de précipitations avec des vents de secteur sud a apporté de 50 à 80 cm de neige sur la crête principale des Alpes depuis la région du Rheinwald jusqu’au col de la Bernina et au sud de ces régions. Depuis la mi-janvier jusqu’à la mi-février, il n’y a pas eu non plus de précipitations dans le sud et les hauteurs de neige étaient donc légèrement inférieures aux valeurs moyennes y compris dans le sud. Ce n’est qu’en Haute-Engadine qu’elles correspondaient encore aux valeurs moyennes. Les dernières chutes de neige abondantes de l’hiver, qui ont eu lieu entre le 15 et le 17 février, ont brièvement ramené les hauteurs de neige à des valeurs normales à supérieures aux données moyennes sur le versant sud des Alpes. Le maximum de hauteur de neige de cette saison a été atteint à la station San Bernardino le 18 février avec 111 cm, soit environ deux semaines plus tôt que la normale. A la mi-mars, de 40 à 60 cm de neige sont tombés au-dessus de 2400 m environ sur le versant sud des Alpes, et jusqu’à 80 cm dans l’ouest du Tessin et dans la région du Simplon. Par la suite, il n’y a plus eu de chutes de neige significatives et les hauteurs de neige ont rapidement diminué. Le 8 avril, la station de San Bernardino (1640 m) n’avait plus de neige. Cette situation était relativement précoce dans les 60 années de relevés, mais elle ne constitue pas un record. Au cours d’un hiver moyen, il y a à cette date encore 74 cm de neige au niveau de la station. En avril et en mai également, il a fait relativement chaud et sec. Au-dessus de 2700 m environ, de 20 à 40 cm de neige sont tombés le 27 mai dans la région de la Bernina et jusqu’à 20 cm dans les autres régions du sud. La neige disparaissait aux altitudes élevées, surtout sur les pentes exposées au sud. Sur les pentes orientées au nord, la limite d’enneigement se situait encore à la fin du mois de mai aux alentours de 2300 m et en haute montagne sur les pentes orientées au sud.

 

Valais sans la région du sud du Simplon:

A la station Fionnay à 1500 m (cf. figure 10) également, le manteau neigeux précoce du mois d’octobre avait fondu totalement à diverses reprises à cause de la chaleur et de la pluie de novembre, et il n’y avait plus de neige entre le 1er et le 7 novembre ainsi que du 13 au 15 novembre. A partir de la mi-novembre, la station était ensuite en permanence couverte de neige. Les hauteurs de neige correspondaient aux valeurs moyennes jusqu’à la fin de l’année 2010 et étaient ensuite inférieures aux valeurs moyennes. La caractéristique de l’évolution des hauteurs de neige est très similaire à celle des stations du versant nord des Alpes, sauf que dans le Bas-Valais, il n’y a pas eu pendant pratiquement deux mois (depuis début janvier jusqu’à fin février) d’augmentation significative des hauteurs de neige. Depuis la fin février jusqu’à la fin mars, il a neigé à diverses reprises aux altitudes élevées de la partie valaisanne de la crête principale des Alpes. Combinée au faible manteau de neige ancienne, la situation avalancheuse est restée au cours de cette période constamment critique pour les adeptes des sports de neige en dehors des pistes, surtout dans le sud du Valais (cf. chapitre Activité avalancheuse). Par la suite, il n’y a plus eu non plus en Valais de chutes de neige significatives et les hauteurs de neige ont rapidement diminué. Le 9 avril, la neige avait entièrement fondu à la station Fionnay (1500 m), une précocité qui n’a jamais été atteinte auparavant au cours des 51 années de relevés. Lors d’un hiver moyen, il y a à cette date encore 83 cm de neige au niveau de la station. Des situations similaires de disparition précoce de la neige à cette station ont été enregistrées précédemment le 10.04.1974 et le 10.04.1991. En avril et en mai 2011, il a fait tout comme au cours des mois précédents relativement chaud et sec. Aux altitudes élevées, le manteau neigeux disparaissait sur les pentes exposées au sud. Sur les pentes orientées au nord, les limites d’enneigement à la fin du mois de mai se situaient encore aux alentours de 2800 m.

 

 

Nord et centre des Grisons:

Lors de l’interprétation de l’évolution des hauteurs de neige dans la figure 11, il y a lieu de tenir compte du fait qu’à la différence de la situation aux autres stations, les données portent sur toute l’année et que la station à 2540 m d’altitude est située nettement plus haut. Dans l’évolution des hauteurs de neige à la station Weissfluhjoch, on reconnaît clairement l’enneigement complet habituel à la mi-octobre. Jusqu’à la mi-décembre, l’augmentation des hauteurs de neige dominait l’évolution. Les hauteurs de neige correspondaient aux valeurs moyennes ou étaient légèrement supérieures à ces valeurs. A partir de la mi-décembre, l’augmentation des hauteurs de neige s’est infléchie et les hauteurs de neige sont devenues de plus en plus souvent inférieures aux valeurs moyennes. A partir du printemps, les hauteurs de neige étaient ensuite nettement inférieures aux données moyennes aux altitudes élevées. Au cours d’un hiver normal, la hauteur de neige à cette station atteint son niveau maximal de 220 cm à la mi-avril. Cette saison, la hauteur de neige maximale de 177 cm a été atteinte pratiquement un mois plus tôt, à savoir le 19 mars. Sous l’effet du temps sec et chaud, les hauteurs de neige ont rapidement diminué au printemps, y compris dans cette région. Elles étaient proches du minimum pluriannuel. Certains jours, des minima record ont été atteints ou dépassés (p. ex. le 12 avril, le 27 mai et le 8 juin). A la station Weissfluhjoch à 2540 m, la neige avait également disparu extrêmement tôt. Le 09.06.2011, il n’y avait plus de neige, soit environ 6 semaines plus tôt que la normale ! Au cours d’un hiver moyen, il y a à cette date encore 127 cm de neige au niveau de la station. Ce n’est qu’une seule fois en 78 années de relevés que la neige avait disparu plus tôt à cette station. C’était le 03.06.1947.

Principales périodes de précipitations

Les paragraphes qui suivent commentent brièvement les périodes de précipitations ayant une importance toute particulière pour la situation neigeuse et avalancheuse au cours de l’hiver 2011. „Importance toute particulière“ signifie par exemple les périodes de chutes de neige avec une somme de neige fraîche supérieure à 50 cm en trois jours, des chutes de neige avec une limite très basse ou des chutes de neige qui ont entraîné une augmentation sensible du danger d’avalanche. Au cours de l’hiver 2010/11, il n’y a pas eu de chutes de neige avec une somme de neige fraîche de plus de 100 cm en trois jours. Entre les chutes de neige relativement importantes énumérées ci-après, il y a également de plus petits épisodes de chutes de neige.

  • Du 03.10 au 04.10.2010: Une situation de barrage météorologique côté sud a apporté en l’espace de 48 heures jusqu’à 75 mm de précipitations surtout dans les vallées de la Maggia et dans la région du Simplon. Au-dessus de 2800 m, ces précipitations sont tombées sous forme de neige. Dans le nord, le temps était essentiellement sec.

  • Du 30.10 au 01.11.2010: Une situation de barrage météorologique côté sud a apporté au-dessus de 2000 m environ de 40 à 70 cm de neige sur la crête principale des Alpes depuis la vallée de la Saas jusqu’à la région de la Bernina, et jusqu’à 90 cm dans le Tessin. La limite des chutes de neige était descendue brièvement à 1200 m. Le vent fort à tempétueux de secteur sud a transporté la neige intensivement au début. Fin octobre, il y avait à 2500 m de 30 à 50 cm de neige sur une grande partie du territoire et jusqu’à 90 cm dans le sud.

  • Du 07.11 au 09.11.2010: De 50 à 70 cm de neige sont tombés au-dessus de 1800 m dans le Misox, dans le Valle Bregaglia et en Haute-Engadine, et de 30 à 50 cm dans les régions avoisinantes. Dans le nord, l’apport de neige était de 10 à 25 cm.

  • Du 11.11 au 12.11.2010: Au cours d’une phase de précipitations avec des vents soufflant en tempête de secteur ouest, de 30 à 60 cm et localement jusqu’à 90 cm de neige sont tombés au-dessus de 2500 m environ sur le versant nord des Alpes et dans la partie la plus occidentale du Bas-Valais. Dans le reste du Valais et dans les Grisons, l’apport de neige était de 15 à 30 cm sur une grande partie du territoire tandis que l’extrême sud était resté sec. En dessous de 2400 m dans l’ouest ou en dessous de 2000 m dans les autres régions, les précipitations étaient tombées sous forme de pluie. Aux altitudes moyennes, la neige a totalement fondu surtout dans le nord-ouest.

  • Du 14.11 au 16.11.2010: Une nouvelle situation de barrage météorologique côté sud a apporté de 50 à 70 cm de neige au-dessus de 2500 m environ dans les régions allant du Monte Rosa jusqu’à la région de la Bernina ainsi qu’au sud de ces régions et de 30 à 50 cm dans les régions avoisinantes au nord. Dans les principales régions touchées par les précipitations, la neige était tombée sur un manteau continu de neige ancienne.

  • Du 20.11 au 21.11.2010: Un nouveau barrage météorologique côté sud a apporté de 30 à 50 cm de neige et localement même davantage sur la crête principale des Alpes depuis la région du Simplon jusqu’à la région de la Bernina et au sud de ces régions. La limite des chutes de neige se situait en dessous de 1000 m.

  • Du 23.11 au 26.11.2010: Chutes de neige répétées sur le versant nord des Alpes. L’apport de neige était le plus abondant sur le centre et l’est du versant nord des Alpes avec au total de 50 à 80 cm. La limite des chutes de neige est descendue jusque sur le Plateau central.

  • Du 05.12 au 07.12.2010: Des précipitations dans l’ouest et le nord avec une remontée sensible de la limite des chutes de neige ont donné lieu à une activité avalancheuse accrue. Aux altitudes supérieures à 2500 m environ, de 30 à 60 cm de neige et localement jusqu’à 80 cm sont tombés sur le versant nord des Alpes, dans le Bas-Valais, dans le nord du Valais ainsi que dans la vallée de Conches. Ailleurs, l’apport de neige était inférieur à 30 cm. Dans les régions intra-alpines des Grisons, il n’y a eu que peu de neige fraîche. La limite des chutes de neige était basse au début et est montée pour atteindre le 6 décembre 2400 m dans l’ouest et localement même plus. Dans l’est, elle est montée à 2200 m. Dans le sud, le temps était resté plus froid et il a neigé jusqu’à basse altitude. Au cours des précipitations, le manteau neigeux a été entièrement humidifié en dessous de 2000 à 2200 m dans l’ouest et dans le nord.

  • Du 08.12 au 13.12.2010: Des précipitations d’une intensité faible à modérée ont constamment apporté, surtout dans l’est des Alpes suisses, de la neige fraîche avec de brèves pauses. Sur le versant nord des Alpes à l’est de la Reuss, dans le Prättigau et à Davos, l’apport de neige était de 50 à 70 cm et atteignait localement jusqu’à 90 cm. Dans les autres régions du centre du versant nord des Alpes et dans le nord des Grisons ainsi qu’en Basse-Engadine au nord de l’Inn, on enregistrait de 30 à 50 cm de neige fraîche, et ailleurs de 10 à 30 cm sur une grande partie du territoire. Dans le nord-ouest des Préalpes et sur le versant sud des Alpes, l’apport de neige était inférieur à 10 cm. La limite des chutes de neige était descendue jusqu’à basse altitude.

  • Du 16.12 au 18.12.2010: De 20 à 50 cm de neige sont tombés sur le versant nord des Alpes, dans le Bas-Valais et dans la vallée de Conches et de 10 à 20 cm dans le reste du Valais ainsi qu’au nord du Rhin antérieur et dans le Prättigau. Dans le Tessin et dans le reste des Grisons, l’apport de neige était plus faible. Sur le Plateau central et dans le Jura, on enregistrait environ 20 cm de neige fraîche qui ont donné lieu à des problèmes considérables de circulation sur les routes et dans les aéroports.

  • Du 22.12 au 27.12.2010: Le 22 décembre, des précipitations temporairement intensives ont touché le centre du versant sud des Alpes apportant jusqu’au 24 décembre de 30 à 50 cm de neige sur une grande partie du territoire. Dans les principales régions touchées par les précipitations entre la région du Simplon et les vallées de la Maggia, on enregistrait jusqu’à 80 cm de neige fraîche. Le 24 décembre, les chutes de neige se sont étendues au nord. Le 26 décembre, l’apport de neige atteignait de 20 à 30 cm dans les régions situées entre les vallées du sud de la Viège et le Valle Bregaglia ainsi qu’en Suisse centrale, tandis qu’ailleurs l’apport de neige était plus faible. Dans le nord, la limite des chutes de neige était descendue jusque dans les bas-fonds le jour de Noël, un Noël blanc était donc également assuré sur le Plateau central. Parallèlement, les chutes de neige avaient à nouveau donné lieu à des problèmes de circulation routière. Par la suite, le temps était sec jusqu’après le nouvel an et généralement ensoleillé au-dessus du brouillard élevé.

  • Au cours d’une phase de précipitations avec des vents de secteur sud du 07.01 au 11.01.2011, de 50 à 80 cm de neige sont tombés sur la crête principale des Alpes depuis le Rheinwald jusqu’au col de la Bernina et dans les régions situées plus au sud. Par la suite, un front froid a traversé la façade nord des Alpes apportant les 10 et 11 janvier de 10 à 30 cm de neige dans la partie la plus occidentale du Bas-Valais, dans les Alpes vaudoises et fribourgeoises ainsi que dans le nord des Préalpes. La limite des chutes de neige se situait entre 1000 et 1400 m.

  • Du 11.01 au 13.01.2011: Avec une montée de la limite des chutes de neige, de 20 à 40 cm de neige sont tombés au-dessus de 2500 m environ au nord de l’axe Rhône-Rhin, dans le Bas-Valais, dans le nord des Grisons et en Basse-Engadine, jusqu’à 60 cm sur la crête nord des Alpes depuis la région de la Jungfrau jusqu'au Liechtenstein ainsi que dans les régions les plus septentrionales des Grisons. La limite des chutes de neige était montée rapidement à 2200 à 2400 m. Plus particulièrement le 13 janvier, l'activité d’avalanches de neige humide et de neige mixte était sensiblement accrue.

  • Du 19.01 au 21.01.2011: De 25 à 50 cm de neige généralement très meuble sont tombés sur une grande partie du territoire du versant nord des Alpes. Lors des chutes de neige, parfois sous forme d’averses, les quantités de neige fraîche étaient très variables d’un endroit à l’autre et atteignaient localement des valeurs nettement plus élevées. Dans l’Oberland bernois, on a enregistré localement jusqu’à 90 cm de neige fraîche.

  • Du 15.02 au 17.02.2011: Après une première moitié de février sèche et venteuse, il a commencé à neiger – après trois semaines de temps sec – seulement à la mi-février, au cours d’une situation de barrage météorologique côté sud. Sur le centre du versant sud des Alpes et dans le Valle Bregaglia, on enregistrait de 40 à 60 cm de neige fraîche sur une grande partie du territoire et de 20 à 40 cm sur la crête principale des Alpes depuis le Simplon jusqu’à la Bernina. La limite des chutes de neige se situait à 1000 m. Dans le nord, le temps était resté sec.

  • Du 20.02 au 23.02.2011: De 20 à 40 cm de neige sont tombés sur une grande partie du territoire du versant nord des Alpes, dans le nord du Bas-Valais et dans le Prättigau, et jusqu’à 50 cm dans les Alpes glaronnaises; localement, la quantité de neige fraîche était même plus importante. Dans le reste du Valais, dans la vallée d’Urseren et dans le reste du nord des Grisons, l’apport de neige était de 10 à 20 cm ; plus au sud, il était plus faible. Il a neigé jusqu’à basse altitude.

  • Du 26.02 au 28.02.2011: De 20 à 40 cm de neige sont tombés sur le versant nord des Alpes et dans le Bas-Valais et ailleurs de 10 à 20 cm sur une grande partie du territoire. Dans l’extrême sud, l’apport de neige n’était que de quelques centimètres. La limite des chutes de neige était descendue en dessous de 1000 m dans le nord. Les chutes de neige répétées même peu abondantes ont donné lieu, au cours de la seconde moitié du mois de février, à la persistance d’une situation avalancheuse délicate surtout pour les adeptes des sports de neige en terrain de randonnée.

  • Du 15.03 au 17.03.2011: Une situation de précipitations abondantes avec des vents de secteur sud a apporté au-dessus de 2400 m environ de 60 à 80 cm de neige dans les régions du sud du Haut-Valais à la frontière italienne et dans l’ouest du Tessin. Dans les régions avoisinantes du sud du Haut-Valais et dans le reste du Tessin, l’apport de neige était de 40 à 60 cm, et sur le reste de la crête principale des Alpes depuis le Grand-St-Bernard jusqu’à la région de la Bernina, il était de 20 à 40 cm. Plus au nord, on enregistrait de 10 à 20 cm de neige fraîche. La limite des chutes de neige était descendue de 2000 m environ à 1200 m. Sur le versant nord des Alpes, dans le nord des Grisons et en Basse-Engadine, ce n’est que le matin du 17 mars qu’il a commencé à neiger faiblement.

  • Du 17.03. au 20.03.2011: Au-dessus de 2200 m environ, de 20 à 40 cm de neige sont tombés sur le versant nord des Alpes et dans certaines parties du nord et du centre des Grisons, dans la Silvretta et dans la vallée de Samnaun. Dans les régions de l’est, l’apport de neige atteignait localement 50 cm. En Valais et dans le reste des Grisons, on enregistrait de 10 à 20 cm de neige fraîche sur une grande partie du territoire et seulement quelques centimètres sur le versant sud des Alpes. Un nombre accru d’avalanches spontanées de neige sèche et également de plus en plus d’avalanches de neige mouillée se sont déclenchées, surtout dans la seconde moitié du mois de mars. Pour les adeptes des sports de neige en terrain de randonnée, la situation est restée délicate jusqu’en avril, surtout sur les pentes exposées à l’ouest, au nord et à l’est. En mars, le manteau neigeux s’était de plus en plus humidifié jusqu’à haute altitude sur les pentes orientées au sud.

Teneurs en eau du manteau neigeux

Le stations du SLF avec observateur auxquelles la teneur en eau de tout le manteau neigeux est relevée toutes les deux semaines n’ont pas enregistré de nouveaux maxima au cours de l’hiver 2010/11. De nouveaux minima ont en revanche été mesurés sur le versant nord des Alpes à la station Grindel (1950 m, 12 années de relevés), en Valais aux stations Kühboden (2210 m, 22 années de relevés) et La Creusaz (1720 m, 12 années de relevés) ainsi que dans les Grisons aux stations Arosa (1818 m, 31 années de relevés) et Samnaun (1750 m, 23 années de relevés).

La comparaison des teneurs maximales en eau relevées au cours de l’hiver 2010/11 à la moyenne des teneurs maximales en eau de toutes les années donne pour chaque station les résultats suivants: En dessous de 1500 m, les teneurs maximales actuelles en eau s’élevaient à 40% (écart type 13%) (2010: 70% / 26%) de la valeur moyenne; entre 1500 et 1800 m, elles étaient de 58 % (écart type 14%) et au-dessus de 1800 m 66% (écart type 19%). Ces valeurs montrent que les hauteurs de neige augmentaient avec l’altitude mais qu’elles étaient à toutes les altitudes inférieures aux données moyennes. Une teneur en eau maximale supérieure à la moyenne n’a été enregistrée qu’à une seule station:

Cette station située à haute altitude a profité des fréquentes précipitations en provenance du sud au début de l’hiver.

  • Corvatsch (2690 m), 17 années de relevés, 108%


Par région, la comparaison des teneurs maximales actuelles en eau par rapport aux valeurs moyennes donne les résultats suivants:

  • ouest du versant nord des Alpes: 59% (13%)
  • centre du versant nord des Alpes: 42% (3%)
  • est du versant nord des Alpes: 28% (5%)
  • Valais: 64% (26%)
  • nord et centre des Grisons: 51% (16%)
  • Engadine et régions avoisinantes du sud des Grisons: 72% (18%)
  • centre du versant sud des Alpes: 69% (8%)

Ces valeurs reflètent bien la répartition moyenne des hauteurs de neige au cours de l’hiver 2010/11: Les hauteurs de neige étaient les plus importantes en Engadine et dans le sud, et les plus faibles sur l’est du versant nord des Alpes. Le moment où l’on a relevé les teneurs en eau les plus élevées intervient de plus en plus tard au cours de l’hiver à mesure que l’altitude augmente. La date la plus précoce correspond à Malbun (1610 m) dès la mi-décembre, et la date la plus tardive pour les stations Weissfluhjoch (2540 m), Kühboden (2210 m), Stillberg/Davos (2090 m), Büschalp/Davos (1960 m), Grindel (1950 m), Robiei (1890 m), Trübsee (1770 m) et Gantrisch (1510 m) correspond à la fin mars. Pour la plupart des stations en dessous de 1500 m, la date de teneur en eau la plus élevée se situe entre fin janvier et fin février, aux stations entre 1500 et 1800 m, entre fin février et la mi-mars, et aux stations au-dessus 1800 m, entre la mi-mars et la fin mars.


Évolution de la stabilité du manteau neigeux

Les cartes suivantes de stabilité du manteau neigeux présentent les résultats de nombreuses analyses de la couverture neigeuse dans les Alpes suisses. Ces profils d’enneigement ont été évalués selon des critères uniformes et classés en trois catégories représentées sur les cartes par des symboles de profils de couleur verte (bonne stabilité), jaune (stabilité moyenne) et rouge (faible stabilité). Pratiquement tous les profils d’enneigement avec test de bloc de glissement ont été relevés sur des pentes ayant une déclivité de 30 à 40°.

Outre ces profils, d’autres informations fournies par les observateurs concernant le manteau neigeux, les départs d’avalanches, etc. interviennent dans la détermination de la stabilité du manteau neigeux.

Deux cartes sont fournies et décrites pour chaque mois, une au début et une en milieu de mois.

Octobre

Aux altitudes élevées, il y avait déjà un peu de neige début octobre. La neige fraîche tombée au cours de deux situations de barrage météorologique côté sud au début et à la fin du mois d’octobre s’était déposée sur un manteau neigeux continu surtout dans les zones de glaciers de haute montagne. Les premières petites avalanches de la saison 2010/11 ont été observées sur le versant nord des Alpes, dans la vallée de la Saas et dans la région de la Bernina.

 

Novembre

Pendant la première moitié plutôt douce du mois de novembre, de fréquentes précipitations dans le sud et des situations de foehn dans le nord ont donné lieu à la formation de croûtes durcies de regel. Pendant la seconde moitié du mois plus fraîche, des accumulations instables de neige soufflée se sont formées. Fin novembre (cf. figure 12), il y avait par conséquent sur une grande partie du territoire des couches superficielles de neige soufflée qui s’étaient formées sous l’effet de vents très variables. Les crêtes et les sommets avaient souvent été balayés par le vent et débarrassés de la neige, surtout dans le nord. Sur les pentes abritées du vent, il y avait de la neige meuble. En dessous, la neige ancienne était en partie molle, mais dans le nord et dans l’ouest des Alpes suisses, elle était fréquemment croûtée (croûte due à la pluie du 12 novembre). Cette transition entre couches dans la neige ancienne était parfois fragile, tout particulièrement dans le nord du Bas-Valais. De premières avalanches impliquant des personnes et des blessés ont été signalées. L’activité d’avalanches de glissement était accrue, surtout dans les régions du sud où la neige était plus abondante.

 

Décembre

Tout comme novembre, décembre était un mois avec des précipitations abondantes surtout dans le sud. De fortes fluctuations de températures étaient accompagnées de pluie au cours de la première semaine de janvier jusqu’à 2200 m et dans l’ouest jusqu’à 2400 m d’altitude. Par la suite, un nombre accru d’avalanches de neige mouillée se sont déclenchées (cf. également le chapitre Activité avalancheuse). Une croûte durcie de regel s’était formée à la surface du manteau neigeux (le 7 décembre). Dans le nord, le manteau de neige ancienne était bien consolidé, tandis que dans le sud, il était plutôt meuble (cf. figure 13). Ce n’est que dans le nord du Bas-Valais que le manteau de neige ancienne renfermait des couches fragiles, et en Basse-Engadine ainsi que dans la vallée de Münster, c’était même l’ensemble du manteau neigeux qui avait subi une métamorphose constructive et était meuble. Dans les zones fortement influencées par le vent, les couches superficielles de neige étaient cassantes et susceptibles de se décrocher. Fin décembre, des couches superficielles de neige soufflée recouvraient, sur une grande partie du territoire, une partie centrale du manteau neigeux parfois molle et parfois croûtée. Les couches relativement récentes de neige soufflée étaient plus particulièrement fragiles. Dans la plupart des cas, des glissements et de petites avalanches ont été déclenchés. En Valais et parfois sur l’ouest du versant nord des Alpes, la partie centrale du manteau neigeux était la plus fragile à la fin du mois de décembre (cf. figure 14).

Janvier

Au cours de la première moitié de janvier, le manteau neigeux était marqué par l’action de précipitations avec de fortes fluctuations de températures. Le 13 janvier, il pleuvait sur une grande partie du territoire jusqu’à des altitudes de 2400 m déclenchant ainsi un nouveau cycle d’avalanches de neige mouillée. Ces avalanches entraînaient des couches plus profondes du manteau de neige ancienne surtout dans le sud du Valais, dans les régions intra-alpines des Grisons et parfois aussi sur le versant nord des Alpes. Le risque de décrochement d’avalanches dans les couches superficielles de neige soufflée a diminué lentement au cours de la première moitié du mois de janvier (cf. figure 15). Pendant la seconde moitié de janvier, il n’a pratiquement pas neigé. Les couches intermédiaires meubles étaient de moins en moins fragiles et il n’y a pratiquement plus eu de rupture dans la neige ancienne. La constitution du manteau neigeux était favorable sur une grande partie du territoire. Sur l’ouest du versant nord des Alpes et dans les régions intra-alpines du Valais et des Grisons, le manteau de neige ancienne était le moins consolidé (cf. figure 16). D’une manière générale, à la fin du mois de janvier, les accumulations de neige soufflée relativement récentes et peu étendues constituaient le danger principal. Localement, elles pouvaient se décrocher facilement.
Fin janvier, les conditions neigeuses aux altitudes moyennes correspondaient déjà dans certaines régions à celles qui prévalent habituellement au printemps. La neige avait disparu ou il y avait une croûte superficielle durcie de regel sur les pentes exposées au sud, surtout sur le versant nord des Alpes.

Février

Après trois semaines sans précipitations, le manteau de neige ancienne à la mi-février comportait toujours de multiples couches mais avait subi dans de nombreux secteurs une forte métamorphose constructive et renfermait des cristaux anguleux et des croûtes durcies de regel. La constitution du manteau neigeux était très variable dans le sud du Valais et dans les régions intra-alpines des Grisons et dans certains cas, la partie centrale du manteau neigeux y était particulièrement faiblement consolidée (cf. figure 17). Dans les régions faiblement enneigées ou aux endroits avec peu de neige, les couches proches du sol étaient meubles alors qu’aux autres endroits, elles étaient généralement bien consolidées. En revanche, aux endroits abrités du vent, la couche superficielle avait subi une métamorphose constructive et était meuble sur une grande partie du territoire. A la mi-février, le manteau de neige ancienne était peu propice à la propagation des ruptures. Sur une grande partie du territoire, le danger principal résidait dans les couches de neige soufflée relativement récentes et parfois susceptibles de se décrocher facilement.
Avec les précipitations et les vents de la dernière semaine de février, la situation a considérablement changé cédant la place à une situation marquée de neige fraîche et de neige soufflée sur le versant nord des Alpes, en Valais et dans les Grisons. Au niveau de la transition avec les couches de neige ancienne très meubles et parfois épaisses, les couches de neige relativement récentes demeuraient fragiles pendant longtemps (cf. figure 18). Fin février, l’activité d’avalanches petites et moyennes de neige sèche déclenchées spontanément ou artificiellement était accrue (cf. aussi chapitre Activité avalancheuse). En terrain de hors-piste, la surface neigeuse ayant subi une métamorphose constructive a été largement détruite pendant la phase de beau temps de la fin janvier à la mi-février. C’est la raison pour laquelle les déclenchements d’avalanches ont été plus rares par la suite. La situation était la plus délicate pour les adeptes des sports de neige aux endroits où la surface de neige ancienne persistait. C’était le cas plus particulièrement en terrain de randonnée peu fréquenté. La plupart des accidents mortels d’avalanche de l’hiver 2010/11 se sont produits entre la fin février et début avril. Sur le versant sud des Alpes, en revanche, la situation avalancheuse était plus favorable. Le manteau neigeux y était moyennement à bien consolidé. Etant donné que dans le sud, il n’y a eu que de faibles chutes de neige à la fin du mois de février, de petites accumulations de neige soufflée ne s’y sont généralement formées que localement.

Mars

Au cours de la seconde moitié du mois de mars, il a neigé surtout sur la crête principale des Alpes et au sud de celle-ci. Sur le versant nord des Alpes, le temps était souvent ensoleillé et doux avec du foehn. Le manteau de neige ancienne était encore fragile surtout dans le sud du Valais et dans les régions intra-alpines des Grisons (cf. figure 19). Le risque de déclenchement d’avalanches diminuait. Le manteau neigeux est cependant resté fragile pour les adeptes des sports de neige sur les pentes exposées à l’ouest, au nord et à l’est. A la mi-mars, jusqu’à 80 cm de neige sont tombés dans les régions avoisinantes de l’Italie dans le Haut-Valais et dans le nord-ouest du Tessin, et de 30 à 50 cm sur le reste du versant sud des Alpes et sur la crête principale des Alpes. Le danger d’avalanche a augmenté jusqu’au degré 4 ou "fort" dans les régions touchées par les précipitations les plus abondantes. Immédiatement après ces précipitations, des chutes de neige ont touché le nord avec au début une limite de chutes de neige au-dessus de 2000 m. Ces conditions ont donné lieu sur une grande partie du territoire à une situation avalancheuse délicate avec de nombreuses avalanches déclenchées spontanément et artificiellement. Plus particulièrement du vendredi 18 au dimanche 20 mars, une multitude d’accidents d’avalanche impliquant des personnes se sont produits principalement en terrain de randonnée. Sur les pentes exposées à l’ouest, au nord et à l’est, la situation est restée en permanence délicate pour les adeptes des sports de neige. Sur les pentes exposées au sud, le danger d’avalanche de neige sèche diminuait et le danger d’avalanche de neige mouillée était de plus en plus soumis à une augmentation en cours de journée. Dans certains cas, des avalanches de neige mouillée ont été déclenchées artificiellement. C’était généralement le cas lors d’opérations de sécurisation par minage, mais il y a eu aussi localement des déclenchements par des personnes. C’est en mars que ce sont produits la plupart des accidents mortels d’avalanche de l’hiver 2010/11, avec plus de la moitié d’entre eux dans le sud du Valais. Parmi ceux-ci, il y a eu également plusieurs accidents graves.
Fin mars, les pentes exposées au sud étaient humidifiées jusqu’à environ 2800 m, les pentes exposées au nord jusqu’à environ 2000 m, et les pentes exposées à l’est et à l’ouest jusqu’à environ 2500 m. Le manteau neigeux avait également commencé à s’humidifier en surface aux altitudes relativement élevées. D’une manière générale, l’humidification atteignait des altitudes un peu plus élevées dans l’ouest que dans l’est. Ce n’est que dans les régions allant du centre du versant sud des Alpes jusque dans la région de la Bernina en passant par le Valle Bregaglia que les pentes exposées au nord présentaient une constitution plutôt favorable du manteau neigeux. Ailleurs, elles étaient défavorables sur une grande partie du territoire. La constitution du manteau neigeux était la plus mauvaise dans le sud du Valais, dans les régions intra-alpines des Grisons et dans certaines parties du versant nord des Alpes (cf. figure 20). Des couches intermédiaires fragiles formées de neige ancienne ayant subi une métamorphose constructive à grains anguleux étaient recouvertes de couches consolidées datant des périodes de chutes de neige intervenues à la mi-février. Ces couches consolidées formaient en permanence au mois de mars une "plaque" critique pouvant se décrocher sur les couches fragiles. Dans la plupart des cas, ces couches étaient trop peu épaisses pour que leur consolidation puisse supporter la surcharge d’un skieur. C’est la raison pour laquelle la constitution du manteau neigeux est restée défavorable pendant longtemps.

Avril

La première moitié d’avril était exceptionnellement chaude et relativement sèche. Les pentes exposées au nord étaient de plus en plus humidifiées aux altitudes élevées. Le danger d’avalanches de neige mouillée augmentait à chaque fois nettement en cours de journée. Au cours de la première moitié d’avril, des avalanches de neige mouillée se sont déclenchées surtout sur les pentes exposées au nord au cours des deux derniers cycles marqués d’avalanches de l’hiver 2010/11. A la mi-avril, le temps s’est ensuite un peu refroidi, les couches superficielles de neige se sont consolidées et l’activité avalancheuse a diminué. Le manteau neigeux était humidifié jusqu’à environ 3000 m. Au-dessus de 2500 m environ, il y avait des couches fragiles sur les pentes exposées au nord, tout particulièrement dans le sud du Valais et dans les régions intra-alpines des Grisons (cf. figure 21). Dans le sud du Valais, des avalanches ont encore été déclenchées localement sur les pentes exposées au nord. La constitution du manteau neigeux était plus favorable en dessous de 2500 m environ, en haute montagne et d’une manière générale sur le versant sud des Alpes et en Haute-Engadine. Au cours de la seconde moitié du mois d’avril, le danger d’avalanche de neige mouillée a également diminué et n’était soumis qu’à une faible augmentation en cours de journée.

Mai

En raison des hauteurs de neige inférieures aux données moyennes tout au long de l’hiver (cf. également chapitre Évolution des hauteurs de neige) et des températures supérieures aux valeurs moyennes au mois de mai, la neige a rapidement disparu aux altitudes élevées en mai. Tout particulièrement sur les pentes exposées au sud, ce n’était plus qu’en haute montagne qu’il y avait encore un manteau neigeux continu à la fin du mois de mai. Sur les pentes exposées au nord, la limite d’enneigement se situait entre 2300 m dans le sud et 2700 m dans le nord. Après les précipitations de la mi-mai et de la fin du mois de mai, des glissements et de petites avalanches qui se propageaient parfois jusque dans la neige ancienne humidifiée se sont déclenchées. Les hauteurs de neige aux altitudes élevées étaient fortement inférieures aux valeurs moyennes du mois de mai et les écarts atteignaient même parfois des valeurs extrêmes. Aux altitudes élevées également, l’hiver s’est terminé exceptionnellement tôt.


Activité avalancheuse

Cycles d'avalanches remarquables

Les départs d’avalanches dépendent de différents facteurs: la stabilité du manteau neigeux qui varie au fil du temps, la neige fraîche, le vent, les fluctuations de températures, les surcharges sur le manteau neigeux provoquées par des personnes ou des opérations de minage, etc. Cela explique pourquoi l’activité avalancheuse varie d’un jour à l’autre comme le montre clairement la figure 22. Les périodes les plus remarquables de l’hiver 2010/11 ont été numérotées et décrites ci-après. Conformément à la situation neigeuse, on a signalé au cours de cet hiver moins de grandes avalanches mais en revanche davantage de petites avalanches qu’au cours des hivers antérieurs. Ceci est également confirmé par l’indice d’activité avalancheuse qui, pour l’hiver décrit, atteint comparativement des valeurs relativement basses, y compris pendant les phases assez actives. La plupart des avalanches se sont déclenchées entre le 12 et le 14 janvier ainsi qu’entre le 18 et le 20 mars (principalement des avalanches de neige mouillée mais aussi des avalanches de neige sèche) et entre le 1er et le 3 avril ainsi qu’entre le 7 et le 9 avril (avalanches de neige mouillée).


Octobre: En raison des précipitations de septembre, il y avait déjà début octobre sur le versant nord des Alpes et dans le nord des Grisons un mince manteau neigeux au-dessus de 2500 m environ. A la mi-octobre, il a neigé jusqu’à basse altitude sur le versant nord des Alpes et dans le nord des Grisons. Le vent a transporté la neige fraîche. Fin octobre, il y a eu d’abondantes chutes de neige aux altitudes élevées sur le versant sud des Alpes. De petites avalanches de neige sèche, spontanées ou déclenchées artificiellement, ont été observées au cours de la quatrième semaine du mois d’octobre, dans les régions de la vallée de la Saas et de la Bernina ainsi que sur le versant nord des Alpes. Mais personne n’avait été touché. Les 18, 19, 22, 25 et 29 octobre, des bulletins d’avalanches ont été diffusés.

Novembre: En novembre, il y a eu d’abondantes chutes de neige surtout sur le versant sud des Alpes. Sous l’effet des fortes fluctuations de températures, la pluie a alterné jusqu’aux altitudes élevées avec de la neige jusqu’à basse altitude. Le 12 novembre, il a neigé sur une grande partie du territoire jusqu’à 2600 m d’altitude. Par conséquent, le mince manteau neigeux a fondu jusqu’aux altitudes moyennes, tandis que des croûtes durcies de regel se formaient aux altitudes élevées. Fin novembre, il a neigé dans le nord jusqu’à basse altitude. Début et mi-novembre, des avalanches ont été déclenchées par des personnes dans la région de la vallée de la Saas. Vers la fin du mois, de petites avalanches de neige sèche ont été déclenchées par des personnes dans la neige soufflée fraîche dans certaines régions. La plupart de ces avalanches se sont produites le 27 novembre, et certaines personnes ont été ensevelies et blessées. En raison de l’enneigement précoce sur un sol encore chaud, de petites avalanches de glissement se sont produites tout au long du mois en dessous de 2300 m environ dans toutes les régions. Il est à noter que l’activité avalancheuse en octobre et novembre n’a été documentée que de manière très incomplète. Après la diffusion de 12 bulletins d’avalanches sporadiques en novembre, la diffusion quotidienne du bulletin d’avalanches a commencé le 25 novembre.

(1): Du 06.12 au 07.12: Au cours de cette phase, il y a eu des précipitations sur une grande partie du territoire. Elles étaient particulièrement abondantes sur le versant nord des Alpes ainsi que dans le nord et l’ouest du Valais. Avec la montée de la limite des chutes de neige, il a plu dans l’ouest jusqu’à plus de 2400 m, et dans l’est jusqu’à 2200 m d’altitude. Un fort danger d’avalanche (degré 4) prévalait dans certaines régions de l’ouest. Des avalanches spontanées de neige sèche et de plus en plus souvent des avalanches de neige humide ou mouillée, généralement d’ampleur moyenne se sont déclenchées. Dans le Bas-Valais, il y a eu également localement de grandes avalanches. De petites avalanches de neige mouillée se sont également déclenchées dans le Jura.

(2): Du 08.12 au 13.12: Au cours de ces cinq journées, il a constamment neigé dans le nord avec une intensité faible à moyenne. Les chutes de neige étaient accompagnées d’un vent fort. Dans toutes les régions, le danger principal résidait dans les accumulations de neige soufflée susceptibles de se décrocher facilement et qui se reformaient constamment.

(3): Du 17.12 au 18.12: De nouvelles chutes de neige accompagnées d’un vent fort et avec une limite des chutes de neige à basse altitude ont touché le nord et l’ouest. La neige soufflée pouvait tout particulièrement se décrocher facilement en présence d’une surcharge. Des avalanches se sont cependant aussi produites dans les couches molles de la partie centrale du manteau de neige ancienne.

(4): Du 23.12 au 27.12: Peu de temps avant Noël, il a neigé abondamment dans le sud. Dans le nord, le temps était relativement doux sous l’influence du foehn. Le 25 décembre, le vent s’est orienté au nord et le temps s’est rafraîchi. Il a neigé avec une faible intensité jusqu’à basse altitude. Aux altitudes élevées, un vent fort de secteur nord-est transportait la neige. Des avalanches spontanées se sont déclenchées surtout sur le versant sud des Alpes et dans la région du Gothard. Ces avalanches se décrochaient également dans les couches relativement anciennes de neige soufflée et atteignaient une ampleur moyenne. Dans les autres régions, les avalanches étaient généralement déclenchées artificiellement et étaient plutôt petites. Alors que sur le versant nord des Alpes, des avalanches de neige mouillée ainsi que des avalanches de glissement dominaient encore le jeudi 23 décembre, seules des avalanches de neige sèche se sont encore déclenchées après le refroidissement du 24 décembre.

(5) Du 12.01 au 14.01: Après une première semaine de janvier sèche avec une situation avalancheuse favorable, trois situations de précipitations avec des vents d’abord de secteur sud-ouest puis de secteur sud et enfin de secteur nord-ouest se sont succédées brièvement au cours de la deuxième semaine du janvier. En raison des fortes fluctuations de températures, la limite des chutes de neige est montée d’abord aux alentours de 2200 m, pour redescendre ensuite à 1000 m et remonter à nouveau le 13 janvier à 2400 m. La plupart des avalanches de cette phase étaient des coulées de neige humide ou mouillée ou de petites avalanches. Le fait qu’il n’y ait eu que peu d’avalanches moyennes ou grandes était imputable au faible enneigement dans le nord. Dans le cas des avalanches de neige sèche, la part des avalanches moyennes était plus grande que celle des avalanches de neige mouillée. La plupart des avalanches se sont déclenchées en dessous de 2400 m environ. Il y a eu cependant aussi des décrochements jusqu’à des altitudes de 3000 m. Avec un indice d’activité avalancheuse de 235, la journée du 13 janvier a atteint une des valeurs les plus élevées de l’hiver 2010/11. Comparé à d’autres hivers, cet indice n’est toutefois pas particulièrement élevé. Il se situait plutôt dans les „limites normales“ d’une activité accrue d’avalanches spontanées.

(6) Du 28.02 au 01.03: Pendant trois semaines, de fin janvier à mi-février, le temps était sec et la situation avalancheuse est devenue sans cesse plus favorable. Au cours de cette phase, le manteau neigeux a subi une forte métamorphose constructive sur les pentes exposées à l’ouest, au nord et à l’est et les couches superficielles étaient très meubles. En raison de l’ensoleillement et des températures relativement élevées du mois de février, le manteau neigeux était déjà mieux consolidé sur les pentes exposées au sud à la faveur de la métamorphose de fonte. D’une manière générale, il y avait relativement peu de neige sur ces pentes exposées au sud. La surface neigeuse meuble était perturbée par le passage des adeptes des sports de neige, surtout en terrain de hors-piste. En terrain de randonnée peu fréquenté, elle restait cependant largement intacte. Au cours du dernier tiers de février, il a neigé à diverses reprises dans le nord et dans l’ouest, et ces chutes de neige étaient accompagnées de vents temporairement forts à tempétueux de secteur nord. Plus particulièrement le 28 février et le 1er mars, l’activité d’avalanches de neige sèche était accrue. Davantage d’avalanches spontanées petites et moyennes se sont déclenchées. Les couches parfois épaisses de neige fraîche et de neige soufflée étaient fragiles surtout au niveau de la transition avec la surface très meuble de neige ancienne et pouvaient se décrocher très facilement. Sur le versant sud des Alpes, la situation était plus favorable grâce à une meilleure consolidation du manteau de neige ancienne et parce que les accumulations de neige soufflée étaient généralement petites et bien reconnaissables.

(7) Au cours de la première moitié de mars, il a neigé à diverses reprises sur la crête principale des Alpes et au sud de celle-ci. Au cours de cette phase, l’activité avalancheuse a diminué. La situation restait néanmoins délicate en terrain de randonnée après de faibles chutes de neige répétées et un vent fort combiné avec des couches fragiles parfois épaisses à l’intérieur du manteau de neige ancienne. Ces conditions prévalaient surtout en Valais et dans les Grisons ainsi que dans certaines régions du versant nord des Alpes. Une situation de précipitations avec des vents de secteur sud les 15 et 16 mars a apporté le plus de neige sur la partie de la crête principale des Alpes située dans le Haut-Valais. La limite des chutes de neige était descendue de 2000 m à 1200 m. Le danger d’avalanche avait augmenté dans certaines régions jusqu’au degré 4 ou "fort". Tout particulièrement le 16 mars, l’activité d’avalanches spontanées de neige humide et mouillée était accrue.

(8) Du 18.03 au 20.03: Après une période de temps sec d’une longueur inhabituelle, il a à nouveau neigé dans le nord avec tout d’abord une limite élevée des chutes de neige. Les 18 et 19 mars, le risque de déclenchement était élevé et de nombreuses avalanches petites et moyennes se sont déclenchées spontanément ou ont été provoquées artificiellement, surtout en Haute-Engadine, dans la vallée de Münster et dans le nord des Grisons, puis le 20 mars, surtout dans le sud du Valais. Pratiquement toutes les avalanches se sont décrochées dans les couches superficielles de neige. Des avalanches se décrochant dans les couches proches du sol ou directement au niveau du sol étaient plutôt rares. Avec un indice d’activité avalancheuse de 229, le 18 mars a enregistré l’activité avalancheuse la plus forte de l’hiver 2010/11. Pendant la deuxième moitié du mois de mars, l’évolution de la situation avalancheuse était également constamment délicate pour les adeptes des sports de neige. L’étendue des endroits dangereux et le risque de déclenchement d’avalanches à l’intérieur du manteau de neige ancienne n’ont diminué que lentement en particulier dans le sud du Valais et dans les régions intra-alpines des Grisons. De plus, l’activité d’avalanches de neige mouillée augmentait sur les pentes exposées au sud. La plupart des accidents mortels d’avalanche se sont produits en mars et plus de la moitié d’entre eux dans le sud du Valais.

(9) Du 01.04 au 04.04: Début avril, l’isotherme zéro degré était montée à 3500 m, ce qui constituait un nouveau maximum absolu pour cette saison. Aux altitudes élevées, la neige disparaissait rapidement sur les pentes exposées au sud. Les pentes exposées au nord s’humidifiaient de plus en plus et rapidement, et elles devenaient dès lors instables. Comme cela a été mesuré au Weissfluhjoch (2540 m, Davos, GR), l’intensité de l’écoulement d’eau de fonte du manteau neigeux correspondait à des valeurs que l’on enregistre normalement au mois de mai. Des avalanches de neige humide ou mouillée se sont produites surtout sur les pentes exposées au nord, mais parfois aussi encore sur des pentes non encore purgées exposées à l’ouest et à l’est. Les avalanches se déclenchaient pour la plupart spontanément en cours de journée ou ont été provoquées par des opérations de minage.

(10) Du 7.04 au 09.04: Après un bref refroidissement et des précipitations dans le nord le 4 avril, l’isotherme zéro degré était remontée à environ 3500 m. La chaleur de début du printemps a perduré jusqu’au 11 avril. L’humidification des pentes exposées au nord progressait toujours rapidement et des avalanches spontanées de neige humide se déclenchaient à chaque fois en cours de journée, surtout sur les pentes exposées au nord aux altitudes élevées. L’activité avalancheuse était élevée les 7 et 8 avril et atteignait le 8 avril avec 239 la valeur la plus élevée de l’hiver 2010/11. Par la suite, l’activité avalancheuse a diminué et était plutôt faible jusque fin avril. Localement, des déclenchements d’avalanches ont encore été signalés sur les pentes exposées au nord dans le sud du Valais. Le dernier bulletin d’avalanches quotidien a été diffusé le 25 avril. Entre le 27 et le 29 avril, trois bulletins d’avalanches sporadiques ont encore été diffusés.

Mai: Le mois de mai était également relativement doux et avec peu de précipitations tout particulièrement dans l’ouest. La fonte totale de la neige aux altitudes élevées était particulièrement précoce. Fin mai, il y avait de la neige sur les pentes exposées au sud seulement en haute montagne. Sur les pentes exposées au nord, la limite d’enneigement se situait entre 2800 m dans le nord et 2300 m dans le sud. Par conséquent, la situation avalancheuse était calme. Des incursions de froid avec des précipitations à la mi-mai et fin mai ont donné lieu à une augmentation du danger d’avalanche en haute montagne, surtout dans le nord et dans l’est. En mai, on ne disposait que de peu d’informations sur l’activité avalancheuse. Pendant les précipitations de la mi-mai, des avalanches de neige meuble mouillée se sont déclenchées localement et elles entraînaient parfois également des couches relativement profondes du manteau neigeux. Les 2, 5, 14 et 31 mai, un bulletin d’avalanches a été diffusé. Au cours de l’été et en automne, des bulletins en fonction de la situation sont à chaque fois diffusés en cas de chutes de neige importantes.

Degrés de danger

Comme le montre la figure 23, le danger d’avalanche a été évalué au degré 4 (fort) pendant quatre jours, les 06 et 07.12.2010 pour certaines parties du Bas-Valais et pour les Alpes vaudoises ainsi que les 16 et 17.03.2011 pour la partie de la crête principale des Alpes située dans le Vaut-Valais et le nord-ouest du Tessin. Pour le reste, aucune région n’était concernée. Conformément à la figure 24, le degré de danger 4 (fort) a été utilisé moins fréquemment que dans la moyenne pluriannuelle et le degré de danger 5 (très fort) n’a jamais été utilisé. Cela correspond grosso modo à la description reprise dans le chapitre Activité avalancheuse. Comparées aux hivers précédents, les coulées de neige et les petites avalanches étaient plus fréquentes, les avalanches moyennes et grandes étaient en revanche plus rares. Aucune très grande avalanche n’a été signalée. Pour la plupart des services des avalanches locaux, l’hiver 2010/11 était moins délicat et moins fastidieux à gérer que d’autres hivers.
La situation pour les adeptes des sports de neige était inhabituellement favorable, temporairement en janvier, et tout particulièrement en février. En revanche, elle était relativement délicate dans certaines régions au mois de mars. Pendant une phase assez longue de temps calme en plein hiver, un danger d’avalanche limité (degré 2) et un danger d’avalanche faible (degré 1) ont prévalu pendant une durée relativement longue. Les phases les plus favorables avec un faible danger d’avalanche dans certaines régions couvraient les périodes du 25 janvier au 15 février, avec un faible danger d’avalanche prévalant dans toutes les régions des Alpes suisses entre le 10 et le 14.02. Au printemps, depuis le 01.04 jusqu’à la fin du mois, le danger d’avalanche était faible le matin dans un nombre croissant de régions. Avec le réchauffement en cours de journée, le danger d’avalanche de neige mouillée augmentait cependant jusqu’au degré marqué (degré 3). En raison de l’humidification relativement précoce, de deux cycles d’avalanches de neige mouillée au cours de la première moitié du mois d’avril et de la fonte totale de la neige, le danger d’avalanche de neige mouillée augmentait en cours de journée pendant la seconde moitié d’avril jusqu’au degré limité (degré 2) (cf. graphique du bas de la figure 23). Une augmentation du danger d’avalanche d’un ou deux degrés en raison du réchauffement en cours de journée était déjà intervenue pendant les dernières journées du mois de mars.

Un danger limité d’avalanche (degré 2) a été annoncé dans 48% des cas, ce qui correspond à la moyenne pluriannuelle (cf. figure 24). Un danger marqué d’avalanche avec 27% des cas était moins fréquent et un faible danger d’avalanche avec 25% était plus fréquent que la normale. Le degré de danger 1 était ainsi relativement fréquent, tandis que les degrés de danger 3 et 4 étaient plus rares que la moyenne pluriannuelle. Des chutes de neige généralement peu abondantes et des périodes relativement longues avec un temps calme sont les facteurs essentiels à l’origine de cette répartition. Une situation délicate de neige ancienne prévalant dans certaines régions telle qu’elle est typique pour les hivers avec peu de neige associée à de la neige fraîche et de la neige soufflée s’est toutefois traduite depuis la fin février jusqu’au début avril par des conditions délicates persistantes dans certaines régions en terrain de randonnée avec un danger marqué d’avalanche.

Comme le montre la répartition des degrés de danger (cf. figures 24 et 25), l’hiver 2010/11 était un peu moins dangereux qu’un hiver correspondant à la moyenne pluriannuelle. L’hiver actuel est, du point de vue de la répartition des degrés de danger, comparable aux hivers 2001/02, 2002/03 (les deux en allemand) et 2006/07 (en français). Ces hivers étaient également relativement doux et avec peu de neige. Il y a eu cependant aussi d’autres hivers avec peu de neige et une répartition sensiblement différente des degrés de danger, comme par exemple l’hiver passé 2009/10 (en français).

Bulletins d'avalanches

Pendant l’année hydrologique 2011, 195 bulletins d’avalanches nationaux ont été diffusés (situation à fin septembre 2011). Parmi ceux-ci, 169 étaient des bulletins d’avalanches quotidiens diffusés entre le 25.11.2010 et le 25.04.2011. Les 26 autres bulletins d’avalanches ont été diffusés sporadiquement au cours du premier et du dernier mois de l’hiver ou en fonction de la situation au cours du mois de mai et en été 2011.
Pour sept régions, 136 bulletins d’avalanches régionaux ont été diffusés entre le 03.12.2010 et le 17.04.2011.

Tableau 1: Dates de diffusion des bulletins d’avalanches au cours de l’hiver 2010/11

Type de bulletins d'avalanches Date de diffusion
Bulletins d'avalanches en fonction de la situation – automne 2010 Aucun
Bulletins d'avalanches sporadiques en période préhivernale 2010/11 Du 18.10 au 22.11.2010
Premier bulletin d'avalanches quotidien 25.11.2010
Premier bulletin d'avalanches régional 03.12.2010
Dernier bulletin d'avalanches régional 17.04.2011
Dernier bulletin d'avalanches quotidien 25.04.2011
Bulletins d'avalanches sporadiques en fin de saison hivernale 2010/11
Du 27.04 au 05.05.2011
Bulletins d'avalanches en fonction de la situation – Été 2011 14.05., 31.05., 22.07., 17.09.2011

Été (juin à septembre 2011)

Les périodes remarquables et importantes pour la neige et les avalanches entre juin et septembre, telles qu’elles sont énumérées selon la figure 26, sont décrites brièvement ci-après:

1: Neige jusqu’aux altitudes moyennes surtout dans l’ouest

  • Après une saison de plein hiver avec peu de neige et un printemps très chaud, la fonte totale de la neige aux altitudes élevées était déjà très avancée dans le nord. Sur le versant sud des Alpes, un manteau continu de neige s’étendait encore au-dessus de 2300 m environ sur les pentes exposées au nord.
  • Du 31 mai au 2 juin, le temps s’est nettement refroidi et la limite des chutes de neige est descendue de 3000 m à 1300 m dans l’ouest et à 2100 m dans l’est. Le matin du 2 juin, on a enregistré de 50 à 100 mm de précipitations dans le sud du Valais et dans l’ouest du Tessin, et localement même davantage dans le sud du Valais. Dans le reste du Valais et sur l’ouest du versant nord des Alpes, les quantités variaient entre 30 et 50 mm, et ailleurs entre 15 et 30 mm sur une grande partie du territoire, tandis qu’elles étaient plus faibles dans le centre des Grisons et en Haute-Engadine. Ces quantités correspondaient à des centimètres de neige dans l’ouest au-dessus de 2500 m environ, et dans l’est, au-dessus de 3000 m environ. Le danger d’avalanche était accru surtout dans l’ouest et le sud, tout particulièrement en haute montagne.
  • Le 31 mai, un bulletin d’avalanches lié à la situation a été diffusé.


2: Précipitations répétées en juin, chutes de neige uniquement en haute montagne

  • Pour le reste, la météo du mois de juin était variable. Les quantités de précipitations variaient, elles aussi, mais la neige n'était tombée qu’en haute montagne où la situation neigeuse était même légèrement meilleure en juin qu'au cours du mois précédent. En revanche, la disparition totale de la neige en juin était particulièrement précoce aux altitudes élevées. C’est ainsi, par exemple, qu’il n’y avait plus de neige sur le champ de mesure du Weissfluhjoch (2540 m) le 09.06.2011, c’est-à-dire près d’un mois plus tôt que la normale.

3: Bref épisode de conditions hivernales aux altitudes élevées, surtout dans le nord

  • Du 29 au 30 juin, de 40 à 60 mm de précipitations sont tombés sur une grande partie du territoire du versant nord des Alpes depuis l’Oberland bernois jusqu’à l’Alpstein, et jusqu’à 100 mm sur le centre et l’est des Préalpes; ailleurs, les précipitations étaient plus faibles. Le 30 juin, le temps s’est nettement refroidi et la limite des chutes de neige est descendue à 2000 m le 1er juillet. Dans les principales régions touchées par les précipitations, on enregistrait de 20 à 40 cm de neige fraîche au-dessus de 3500 m sur le versant nord des Alpes. Aux altitudes élevées, on ne mesurait que quelques centimètres de neige.


4: Temps d’avril en juillet, chutes de neige répétées en haute montagne et un épisode de conditions hivernales aux altitudes élevées, surtout dans le nord et l’ouest

  • En juillet, le temps était instable avec parfois des précipitations intensives. Au cours de la seconde moitié de juillet, les températures ont baissé et il a neigé à diverses reprises en haute montagne.
  • Le 23 juillet, de l’air polaire froid a atteint les Alpes et la limite des chutes de neige est descendue à environ 1800 m. Sur le versant nord des Alpes, dans l’ouest du Bas-Valais et dans le nord des Grisons, on enregistrait de 10 à 20 cm au-dessus de 2000 m environ.
  • En raison des chutes de neige persistantes pendant une période relativement longue en haute montagne, un bulletin d’avalanches lié à la situation a été diffusé le vendredi 22 juillet.


5: Après un début de mois d’août estival, bref épisode de conditions hivernales aux altitudes élevées dans le nord

  • Du 5 au 8 août, des précipitations parfois orageuses ont apporté de 20 à 40 mm de pluie sur une grande partie du territoire à l’ouest de la Reuss, et de 40 à 80 mm à l’est de la Reuss. Dans une bande étroite allant de Locarno jusqu’au San Bernardino, on a mesuré plus de 120 mm de pluie. La limite des chutes de neige se situait juste au-dessus de 3000 m. Dans le nord, la limite des chutes de neige était descendue à environ 2300 m, de sorte que les altitudes élevées étaient légèrement saupoudrées de neige fraîche. Dans le voisinage des sommets de haute montagne, les conditions étaient parfois hivernales.
  • Par la suite, le mois d’août était très chaud, parfois avec des orages intensifs. L’isotherme zéro degré se situait entre 4500 et 5000 m.


6: Nouvelle incursion d’air froid avec des vents soufflant en tempête et de la neige jusqu’en dessous de la limite de la forêt dans le nord

  • Dans la nuit du 26 au 27 août, un front froid a traversé les Alpes suisses provoquant une chute des températures allant jusqu’à 20 degrés. La limite des chutes de neige était descendue très rapidement de plus de 4000 m à moins de 2000 m, de sorte que la plus grande partie des précipitations est tombée sous forme de neige dans le voisinage de la limite de la forêt. Dans le sud, la neige était tombée au-dessus de 2500 m. La plus grande abondance de neige a atteint de 40 à 60 cm au-dessus de 2500 à 3000 m depuis la Leventina jusque dans le pays de Glaris en passant par le Tavetsch. Dans les régions avoisinantes et dans la partie la plus occidentale, on enregistrait de 20 à 30 cm de neige aux altitudes élevées, tandis qu’ailleurs, l’apport de neige était nettement plus faible.
  • Divers cols alpins ont été brièvement fermés.


7: Episode le plus marqué de conditions hivernales de l’été 2011 avec des chutes de neige abondantes jusqu’aux altitudes moyennes

  • Le mois de septembre était généralement très ensoleillé et exceptionnellement chaud. Dans les hautes montagnes couvertes de glaciers, la couverture neigeuse a encore fortement diminué au cours des premières semaines de septembre.
  • Le 18 septembre, un front froid a apporté des précipitations abondantes sur une grande partie du territoire. La limite des chutes de neige est descendue parfois jusqu’aux altitudes moyennes, et même localement jusqu’à 1000 m dans les Grisons. Du 18 au 20 septembre, de 30 à 50 cm de neige sont tombés au-dessus de 2000 m dans les Grisons et dans le Tessin, et de 15 à 30 cm au-dessus de 2500 m sur le centre et l’est du versant nord des Alpes; ailleurs, l’apport de neige était plus faible.
  • Le 17 septembre, un bulletin d’avalanches a été diffusé.
  • Les quantités de neige fraîche aux altitudes moyennes étaient exceptionnelles pour un mois de septembre, mais pas extrêmes pour autant. Un nombre accru de petites coulées de neige humide et d’avalanches de glissement se sont produites surtout dans les Grisons. La pression de la neige a provoqué de nombreux dégâts forestiers.
  • Au cours de la dernière semaine de septembre, le temps était à nouveau ensoleillé avec une chaleur de plein été. Aux altitudes élevées, la neige avait largement disparu à la fin du mois. Dans les Grisons, la neige subsistait encore sur les pentes exposées au nord au-dessus de 2600 m environ.



Flash hiver (Edition 19 avril 2011)

L’hiver 2010/11 était marqué par la faible quantité de neige tombée en pleine saison hivernale et par de graves accidents d’avalanche à la fin de l’hiver. De plus, le temps était exceptionnellement chaud et ensoleillé avec des déficits extrêmes de précipitations à partir de janvier. Depuis le début des mesures il y a 60 ans, un grand nombre de stations avec observateur du SLF n’ont encore jamais enregistré si peu de neige à la mi-avril ou n’ont encore jamais été sans neige aussi tôt que cette année. Au début de l’hiver, d’abondantes chutes de neige ont donné lieu à un "Noël blanc" sur le Plateau central et à de grandes quantités de neige dans le sud. En plein hiver, il a fait extrêmement sec et la situation avalancheuse était plus favorable que la normale. La forte métamorphose du manteau neigeux avait cependant donné lieu à la formation de couches fragiles. Celles-ci ont été recouvertes de neige fraîche à la fin du mois de février et étaient par la suite responsables de la persistance d’une situation avalancheuse délicate. En moyenne 25 personnes perdent la vie chaque année dans des avalanches en Suisse. Cette année, on dénombrait déjà à la mi-avril 25 victimes d’avalanche.

Evolution de l'hiver

Début octobre, les conditions étaient déjà hivernales aux altitudes élevées dans les Alpes suisses. En octobre, des quantités relativement importantes de neige sont tombées principalement sur le versant sud des Alpes au cours de deux situations avec barrage météorologique côté sud. Dans le nord, les quantités de neige fraîche étaient plus faibles et il faisait plus doux en raison du vent de secteur sud. Les premières avalanches ont été observées vers la fin octobre sur le versant nord des Alpes et dans la région de la Bernina.

En novembre, il faisait un peu plus froid que la normale aux altitudes élevées. Quatre nouvelles situations de barrage météorologique côté sud ont apporté à diverses reprises de la neige en abondance sur le versant sud des Alpes. Le 12 novembre, il a plu sur une grande partie du territoire jusqu’à 2600 m d’altitude. A la fin du mois, il neigeait dans le nord jusqu’à basse altitude. En novembre, les hauteurs de neige aux altitudes élevées étaient inférieures aux valeurs moyennes sur le centre et l’est du versant nord des Alpes, tandis qu’ailleurs elles correspondaient aux données moyennes sur une grande partie du territoire. Ce n’est que dans le Tessin, dans le sud des Grisons et dans certaines régions du Plateau central ainsi que dans le Jura qu’elles étaient nettement inférieures aux valeurs moyennes. Aux altitudes élevées, les randonnées à skis étaient possibles dès le mois de novembre. La constitution du manteau neigeux était généralement favorable, grâce à des couches de base bien consolidées, surtout dans les régions du sud où la neige était abondante. A la fin du mois, le danger principal résidait dans les petites accumulations de neige soufflée. Les premiers accidents d’avalanche entraînant des blessés se sont produits en Valais et sur le versant nord des Alpes. Il s’agissait dans la plupart des cas de déclenchements de petites avalanches de plaque de neige.

En décembre, le temps était généralement couvert et aux altitudes élevées un peu plus froid que la normale. Avec de fréquentes précipitations, il a parfois neigé jusque sur le Plateau central. Les températures fluctuaient fortement. A diverses reprises, il a plu jusqu’à haute altitude (au-dessus de 2000 m). Les hauteurs de neige étaient légèrement supérieures aux données moyennes sur le versant nord des Alpes, et parfois nettement supérieures aux valeurs moyennes sur le Plateau central et dans le Jura (tout particulièrement à Bâle et à Genève). En Valais, les hauteurs de neige correspondaient aux données moyennes, tandis qu’elles étaient supérieures à ces valeurs sur le versant sud des Alpes et dans les Grisons. Le début de l’hiver était réussi !
Après des chutes de neige peu abondantes au début du mois, le temps est devenu froid. Du 5 au 7 décembre, il est tombé jusqu’à un demi-mètre de neige aux altitudes élevées surtout dans l’ouest et le nord avec une limite des chutes de neige montant progressivement. Dans ces régions, la liaison à la neige ancienne meuble était mauvaise. Aux altitudes moyennes, le manteau neigeux était complètement mouillé par la pluie. Ces conditions ont donné lieu les 6 et 7 décembre au premier cycle d’avalanches avec des avalanches spontanées de neige sèche ou mouillée généralement de moyenne ampleur. Dans certaines régions de l’ouest, le danger d’avalanche atteignait le degré 4 ou "fort". De grandes avalanches se sont même déclenchées localement. A mesure que l’on se rapprochait de la mi-décembre, le danger d’avalanche diminuait dans l’ouest. En revanche, il a persisté au degré 3 ou "marqué" dans l’est et dans certaines régions du sud à cause des chutes de neige répétées, du vent fort de secteur nord et de la baisse des températures. Les couches fraîches de neige soufflée constituaient le danger principal. Le week-end du 11/12 décembre, un nombre accru d’avalanches a été déclenché par des personnes. A la faveur du grand froid à la mi-décembre, le danger d’avalanche n’a diminué que lentement. Au cours de la troisième semaine de décembre, il a neigé à diverses reprises dans le nord et dans l’ouest jusque sur le Plateau central, perturbant fortement la circulation routière et le trafic aérien. Aux altitudes élevées, la neige fraîche a été transportée par le vent fort de secteur ouest. Les 17 et 18 décembre, davantage d’avalanches se sont déclenchées spontanément ou ont été déclenchées artificiellement, et les 19 et 20 décembre, l’activité avalancheuse a diminué. Peu avant les jours de Noël, de 50 à 80 cm de neige sont tombés dans le sud. Dans le nord, le temps était d’abord doux sous l’influence du foehn. Précisément le jour de Noël, le vent s’est orienté au nord-est et s’est intensifié. De 10 à 20 cm de neige sont tombés sur une grande partie du territoire jusque dans les bas-fonds apportant au Plateau central un "Noël blanc" et à nouveau des problèmes de circulation. En montagne, le vent fort de secteur nord-est transportait la neige. Du 23 au 27 décembre, des avalanches entraînant également des couches relativement anciennes de neige soufflée et atteignant une ampleur moyenne se sont déclenchées spontanément surtout sur le versant sud des Alpes et dans la région du Gothard. Dans les autres régions, les avalanches étaient généralement déclenchées artificiellement et étaient plutôt petites. Fin décembre, le danger d’avalanche a diminué. Lors du passage au Nouvel An, le manteau neigeux était bien consolidé sur une grande partie du territoire au niveau des couches proches du sol. Ce n’est qu’en Basse-Engadine et dans la vallée de Münster que l’ensemble du manteau neigeux avait subi une métamorphose constructive et était meuble. Sur une grande partie du territoire, des couches superficielles de neige soufflée recouvraient une partie centrale du manteau neigeux parfois molle et parfois croûtée. La neige soufflée relativement récente constituait le danger principal. C’est en Valais et partiellement sur l’ouest du versant nord des Alpes que la partie centrale du manteau neigeux était la plus fragile.

Contrairement au mois de décembre, janvier était relativement sec dans les Alpes suisses. Dans le nord, le temps était très ensoleillé et les températures supérieures à la normale. Sur le versant nord des Alpes mais aussi dans le Jura, sur le Plateau central et dans le Sottoceneri, les hauteurs de neige étaient nettement inférieures aux valeurs moyennes. En Valais ainsi que dans le nord et le centre des Grisons, elles étaient légèrement inférieures aux données moyennes, tandis que dans le nord et le centre du Tessin et en Engadine, elles correspondaient à ces valeurs. Ce n’est qu’en Haute-Engadine et au sud de cette région, qu’il y avait davantage de neige que la normale.
Au début de l’année, il faisait "bleu en haut et gris en bas". Avec un danger d’avalanche "limité" et, dans certaines régions, "faible" et un enneigement relativement bon, il y avait des conditions favorables pour les randonnées et la pratique du hors-piste. Du 7 au 11 janvier, une situation météorologique avec des vents de secteur sud a apporté de 50 à 80 cm de neige sur la crête principale des Alpes depuis le Rheinwald jusqu’au Col de la Bernina et au sud de ces régions, et de 10 à 30 cm dans l’extrême ouest et dans les Préalpes. Par la suite, le vent fort s’est orienté au nord-ouest et, les 12 et 13 janvier, de 20 à 40 cm de neige et localement jusqu’à 60 cm, sont tombés dans les régions au nord de l’axe Rhône-Rhin, dans le Bas-Valais, dans le nord des Grisons et en Basse-Engadine. La limite des chutes de neige était montée de 1000 m au début à 2400 m. Le danger d’avalanche augmentait. Le 13 janvier, l’activité avalancheuse était nettement accrue. De nombreuses petites et moyennes avalanches se sont déclenchées spontanément, surtout sur le versant nord des Alpes, dans le Bas-Valais, dans le nord des Grisons et en Basse-Engadine. La plupart des avalanches se sont décrochées en dessous de 2400 m dans la neige humide ou mouillée. Les avalanches de neige sèche étaient plus rares mais aussi plutôt grandes. Après la pluie, les conditions neigeuses étaient printanières aux altitudes moyennes. Aux altitudes élevées, le temps était hivernal. A la mi-janvier, il faisait ensoleillé et très doux. Le danger d’avalanche diminuait. Entre le 18 et le 21 janvier, des précipitations sous forme d’averses ont apporté de 20 à 30 cm de neige et localement jusqu’à 50 cm jusqu’à basse altitude sur une grande partie du versant nord des Alpes. Par la suite, le vent temporairement fort de secteur nord-est a transporté la neige fraîche. Dans l’ouest et dans le sud, le ciel s’est dégagé et le temps était généralement ensoleillé jusqu’à la fin janvier. Dans le nord-est, le ciel était d’abord encore couvert avec de faibles chutes de neige, surtout le 26 janvier. Fin Janvier, il faisait soleil dans le nord au-dessus du brouillard élevé, tandis que dans le sud, le ciel était généralement couvert. Le danger d’avalanche diminuait et la situation avalancheuse était favorable sur une grande partie du territoire. Sur l’ouest du versant nord des Alpes et dans les régions intra-alpines du Valais et des Grisons, le manteau de neige ancienne était le moins consolidé. Les couches intermédiaires meubles n’étaient cependant pratiquement plus fragiles. Fin janvier, le danger principal résidait surtout dans les couches fraîches de neige soufflée. En dépit des hauteurs de neige inférieures aux valeurs moyennes aux altitudes basses et moyennes, des conditions souvent favorables de randonnées et des pratiques du hors-piste prévalaient aux altitudes élevées comme déjà précédemment au début du mois.

Le mois de février était également relativement sec, doux et, dans le nord, très ensoleillé. Sur une grande partie du territoire, les hauteurs de neige étaient inférieures aux valeurs moyennes, tout particulièrement dans le nord. Ce n’est qu’en Haute-Engadine qu’elles correspondaient encore aux données moyennes.
Au cours de la première moitié de février, le temps était généralement ensoleillé dans les Alpes suisses et il faisait plus chaud de 4 à 6 degrés que la température normale. Début février, les hauteurs de neige étaient exceptionnellement faibles au niveau de certaines stations avec observateur du SLF dans le nord. La situation avalancheuse était assez favorable sur une grande partie du territoire. Il n’était guère possible de provoquer des ruptures dans le manteau de neige ancienne. Le danger principal résidait dans les accumulations peu étendues de neige soufflée. Après trois semaines sans précipitations significatives, le manteau de neige ancienne se composait encore à la mi-février de multiples couches renfermant des croûtes durcies de regel. Dans de nombreuses zones, il était cependant fortement métamorphosé. De grands cristaux anguleux se formaient dans la plupart des cas. Dans les régions avec peu de neige comme, par exemple, dans le sud du Valais ou aux endroits peu enneigés, les couches proches du sol étaient meubles, tandis qu’ailleurs elles étaient généralement bien consolidées. La couche superficielle de neige subissait également une métamorphose constructive et était très meuble et agréable à emprunter. En terrain de randonnées moins fréquenté, elle restait en partie intacte devenant plus tard une couche fragile critique. Entre le 15 et le 17 février, de 40 à 60 cm de neige sont tombés sur une grande partie du territoire du centre du versant sud des Alpes et du Valle Bregaglia, et de 20 à 40 cm sur une grande partie de la crête principale des Alpes depuis le Simplon jusqu’à la Bernina. Les températures diminuaient et la limite des chutes de neige se situait aux alentours de 1000 m. Dans le sud, le danger d’avalanche était monté au degré "marqué". Dans le nord, le danger d’avalanche était "faible" jusqu’au 20 février, ce qui est plutôt rare pour février, qui est normalement le mois le plus délicat de l’hiver. Ensuite, le danger d’avalanche y a cependant également augmenté sur une grande partie du territoire jusqu’au degré "marqué". Des chutes de neige modérées et répétées accompagnées de vents forts de secteur nord-ouest ont donné lieu à une situation avalancheuse délicate pour les adeptes des sports de neige en dehors des pistes au cours du dernier tiers de février sur le versant nord des Alpes, en Valais et dans les Grisons. Au niveau de la zone de transition avec la surface très meuble de neige ancienne, les couches relativement récentes de neige sont restées fragiles pendant une période prolongée. Une faible surcharge suffisait pour déclencher une avalanche. Au cours de la dernière semaine de février, l’activité d’avalanches de plaque de neige sèche était élevée tout particulièrement le 28 février et le 1er mars. Elle a donné lieu à un nombre accru de petites et ou moyennes avalanches déclenchées spontanément ou artificiellement. Dans la plupart des cas, il n’y avait pas suffisamment de neige pour donner lieu à de grandes avalanches. Les avalanches petites et moyennes constituaient toutefois la taille typique d’avalanches provoquées par des personnes. Dans le sud, la situation était plus favorable avec un manteau de neige ancienne mieux consolidé et des accumulations de neige soufflée généralement petites et bien reconnaissables.

En mars, le temps relativement sec et doux, et dans le nord très ensoleillé, s’est poursuivi. Sur une grande partie du territoire, les hauteurs de neige étaient inférieures aux valeurs moyennes, et sur le versant nord des Alpes, elles étaient nettement inférieures aux moyennes. Ce n’est qu’en Haute-Engadine que les hauteurs de neige correspondaient aux valeurs normales pour le mois de mars. Le manteau neigeux restait fragile tout particulièrement en terrain de randonnées peu fréquenté, car les couches de neige liées de fin février recouvraient parfois des couches épaisses fragiles dans la partie centrale du manteau neigeux.
Début mars, la situation avalancheuse était critique après les chutes de neige de fin février. De plus, le 1er mars, de 10 à 20 cm de neige sont tombés dans le sud du Haut-Valais, et localement jusqu’à 60 cm dans la vallée de la Saas. Le vent fort de secteur est soufflant les 4 et 6 mars avait donné lieu à la formation de nouvelles accumulations fragiles de neige soufflée. Dans le nord, le temps était généralement ensoleillé au-dessus du brouillard élevé jusqu’au 11 mars. Même si l’activité d’avalanches spontanées avait nettement diminué début mars, le danger d’avalanche ne diminuait toutefois que lentement jusqu’à la mi-mars. Le manteau neigeux était fragile surtout sur les pentes exposées à l’ouest, au nord et à l’est. A la mi-mars, deux situations marquées de foehn dont une avec des chutes de neige abondantes dans le sud entraînaient à nouveau des conditions avalancheuses critiques pour les adeptes des sports de neige. Entre le 15 et 16 mars, les chutes de neige étaient les plus abondantes dans les régions du sud du Haut-Valais et de l’ouest du Tessin voisines de l’Italie où elles atteignaient jusqu’à 80 cm. Dans les régions avoisinantes du sud du Haut-Valais et dans le reste du Tessin, on enregistrait environ 50 cm de neige fraîche, et sur le reste de la crête principale des Alpes depuis le Grand-St-Bernard jusqu’à la région de la Bernina plus ou moins 30 cm; plus au nord, l’apport de neige était plus faible jusqu’aux altitudes moyennes. Sur une grande partie du territoire, le danger d’avalanche augmentait sensiblement atteignant le degré 4 ou "fort" le 16 mars dans les principales régions touchées par les précipitations. Du 18 au 20 mars, des chutes de neige modérées dans le nord avec une limite des chutes de neige au-delà de 2000 m ont entraîné, surtout le 18 mars, une activité élevée d’avalanches de neige mouillée, spontanées ou déclenchées artificiellement. Pendant les précipitations, la limite des chutes de neige était descendue à 1000 m. Un vent fort de secteur nord transportait la neige fraîche. Entre le 21 et le 25 mars, le temps était ensoleillé et très doux sur une grande partie du territoire. La situation demeurait délicate pour les adeptes des sports de neige, surtout sur les pentes exposées au nord. Sur les pentes orientées au sud, le danger d’avalanche de neige sèche diminuait. Par conséquent, sur les pentes exposées au sud, le danger principal devenait de plus en plus en cours de journée un danger d’avalanche de neige mouillée. Pendant la dernière semaine de mars, le temps était variable. Le danger d’avalanche de neige sèche ne diminuait que lentement. Le danger d’avalanche de neige mouillée augmentait. Fin mars, les conditions étaient hivernales aux altitudes élevées sur les pentes exposées au nord et printanières sur les pentes exposées au sud. Fin mars également, le manteau de neige ancienne était encore susceptible de se décrocher sur les pentes exposées au nord, surtout dans le sud du Valais et dans les régions intra-alpines des Grisons. La plupart des accidents mortels d’avalanche, parmi lesquels plusieurs accidents particulièrement graves, se sont produits en mars; dont plus de la moitié dans le sud du Valais.

Au cours de la première moitié d’avril, le temps était ensoleillé avec une douceur printanière au début. Du 1er au 3 avril, l’isotherme zéro degré est montée à 3500 m et, par temps ensoleillé, les températures ont atteint des maxima pluriannuels sur une grande partie du territoire. Sous l’influence d’une incursion d’air froid, les températures ont diminué sensiblement et brièvement le 4 avril, et il a neigé faiblement au-dessus de 2500 m sur le versant nord des Alpes et dans l’ouest du Bas-Valais. Jusqu’au 11 avril, il a de nouveau fait soleil et extrêmement chaud. Aux altitudes élevées, la neige disparaissait progressivement sur les pentes exposées au sud et elle s’humidifiait sur les pentes exposées au nord. Par conséquent, l’activité d’avalanches de neige mouillée était élevée sur les pentes exposées au nord. Des avalanches de neige mouillée ou humide se sont déclenchées spontanément ou ont été provoquées lors d’opérations de sécurisation par minage. Le danger d’avalanche de neige mouillée augmentait sensiblement à chaque fois en cours de journée jusqu’au 9 avril. Du 12 au 15 avril, le temps s’est refroidi jusqu’à des températures habituelles en cette saison. Sur le centre et l’est du versant nord des Alpes ainsi que dans le nord des Grisons, de 20 à 40 cm de neige sont tombés entre le 12 et le 13 avril. A la mi-avril, le manteau de neige ancienne était humidifié en dessous de la neige fraîche tombée dans certaines régions sur les pentes exposées au sud jusqu’à plus de 3000 m, et sur les pentes exposées au nord jusqu’à environ 2800 m. Sous l’influence du refroidissement, le manteau neigeux humide se consolidait surtout dans les couches superficielles. Le manteau de neige ancienne était encore fragile par endroits et susceptible de se décrocher sur les pentes exposées au nord, surtout dans le sud du Valais et dans les régions intra-alpines des Grisons.

Classification climatique

Depuis 1994, il n’y a encore jamais eu si peu de neige à la mi-avril, aux stations ENET (altitude moyenne 2400 m) que cette année. Pour les 11 stations, la hauteur de neige moyenne était de 97 cm, ce qui ne représente que 56% de la valeur pluriannuelle de 172 cm. L’enneigement était un peu meilleur mais toujours nettement inférieur aux valeurs moyennes à cette altitude uniquement en Haute-Engadine et dans le nord du Tessin. La hauteur de neige aux stations avec observateur situées à plus basse altitude n’atteignait en moyenne que 22% de la moyenne pluriannuelle. Un grand nombre de stations avec observateur effectuant des relevés depuis de nombreuses années (p. ex. Arosa, Trübsee, Ulrichen, Andermatt, Zervreila, Hasliberg, Grimsel, Weissfluhjoch) affichaient des minima record d’enneigement ou n’avaient encore jamais été sans neige aussi tôt depuis le début des relevés il y a 60 ans. Les faibles quantités de neige jusque dans le voisinage des sommets étaient dues essentiellement aux déficits de précipitations depuis janvier. La somme de neige fraîche de janvier à la mi-avril de cette année correspondait en effet à un niveau si faible jamais atteint depuis le début des mesures il y a 60 ans (seulement 26% de la moyenne pluriannuelle). Si l’on y ajoute le mois de décembre, l’hiver 2010/11 arrive encore en 4e position parmi les hivers enregistrant le moins de neige. Si l’on considère les hauteurs moyennes de neige pour l’ensemble de la saison hivernale (de décembre à la mi-avril), les valeurs enregistrées correspondent moins à des minima record que les hauteurs actuelles à la mi-avril. Au cours de 6 hivers (1990, 1964, 2007, 2002, 1996, 1989), la hauteur moyenne de neige était en effet inférieure à celle de l’hiver 2011. Il est frappant de constater à cet égard qu’à l’exception de 1964, tous ces hivers se situent dans la dernière vingtaine d’années.

Danger d'avalanche – Stabilité du manteau neigeux et activité avalancheuse

Au cours de l’hiver 2010/11, le danger d’avalanche a été évalué (comme suit: moyenne des 14 dernières années, à chaque fois de décembre à avril – cf. figure 1): degré de danger 1 (faible): 18% (17%), degré de danger 2 (limité): 52% (48%), degré de danger 3 (marqué): 30% (33%), degré de danger 4 (fort): 0,2% (2%), degré de danger 5 (très fort): 0% (0,2%).

Sur la base de la répartition des degrés de danger, l’hiver 2010/11 était moins dangereux qu’un hiver correspondant aux moyennes pluriannuelles. Les degrés de danger 1 ou "faible" et 2 ou "limité" ont prévalu plus fréquemment et les degrés de danger 3 ou "marqué" et 4 ou "fort" plus rarement que la moyenne des 14 années. Le degré de danger "fort" (degré 4) n’a figuré que 4 jours dans quelques régions seulement. La situation avalancheuse favorable prévalant en janvier et février s’est répercutée sur les statistiques. D’autres caractéristiques typiques de cet hiver sont les suivantes:

  • Dans le nord, hauteur de neige inférieure aux valeurs moyennes; dans le sud, hauteurs de neige correspondant aux valeurs moyennes;
  • Chutes de pluie répétées jusqu’à haute altitude dans le nord, fréquentes avalanches de neige mouillée;
  • Précipitations relativement rares, et dans le nord et l’ouest généralement peu abondantes en janvier et février, d’où pratiquement pas de grandes avalanches;
  • Longue phase de beau temps en plein hiver avec formation de couche fragile à la surface du manteau neigeux ou métamorphose de l’ensemble du manteau neigeux, en plein hiver relativement peu d’accidents d’avalanche;
  • Persistance d’une situation avalancheuse délicate en terrain de randonnées à partir de la fin février en raison de couches relativement minces de neige fraîche recouvrant un manteau fragile de neige ancienne;
  • Humidification précoce aux altitudes élevées, disparition totale très précoce de la neige.

L’élément favorable était que pendant les cycles d’activité d’avalancheuse spontanée, il y avait sur une grande partie du territoire des volumes insuffisants de neige dans les zones à accumulation et dans les couloirs d’avalanche pour former de grandes avalanches. La base du manteau neigeux renfermait souvent des croûtes et était donc bien consolidée en de nombreux endroits. Aux altitudes moyennes, le manteau neigeux avait à diverses reprises été humidifié par la pluie et fondait totalement rapidement dès la mi-mars. Les phases relativement longues de temps calme en plein hiver donnaient lieu également à des phases relativement longues de faible danger d’avalanche (degré 1). Pour les adeptes des sports de neige, la situation était critique en dehors des pistes surtout en cas de neige fraîche et de neige soufflée. L’élément défavorable était qu’au courant du mois de février, le manteau neigeux avait subi une métamorphose constructive surtout sur les pentes exposées à l’ouest, au nord et à l’est et que des couches de neige meuble se formaient par ailleurs à la surface neigeuse. En terrain de randonnées et de hors-piste très fréquenté, ces couches étaient constamment détruites. En revanche, elles persistaient en terrain de randonnées peu fréquenté et ont été enneigées à la fin du mois de février. Les chutes de neige étaient souvent peu abondantes de sorte que seul un petit nombre de pentes se purgeaient spontanément. Pour les randonneurs, la situation avalancheuse était délicate à partir de la fin février, ces conditions persistant tout particulièrement dans le sud du Valais. Sous l’influence d’une forte chaleur et d’un ensoleillement important, le premier cycle d’avalanches de neige mouillée du printemps était intervenu relativement tôt et intensivement. Mais même à la fin de l’hiver, il y avait également trop peu de neige pour donner lieu à de grandes avalanches de neige mouillée.

Accidents d'avalanche

110 avalanches impliquant au total 179 personnes ont été signalées au SLF pour l'hiver 2010/2011. 25 personnes ont perdu la vie dans 15 accidents d’avalanches, 1 personne est encore portée disparue. 41 personnes ont été blessées dans des avalanches, et 6 avalanches ont fait l’objet d’opérations de recherche et d’évacuation. 10 personnes sont mortes par degré de danger d’avalanche 2 (limité), 15 personnes par degré 3 (marqué). Les victimes d’avalanche pratiquaient les activités suivantes: ski hors-piste: 2 personnes ; randonnées à skis: 17 personnes ; alpinisme: 1 personne ; héliski: 1 personne ; activité inconnue (randonnée à skis ou en raquettes): 4 personnes. 8 accidents ont coûté la vie à 9 personnes sur le versant nord des Alpes, 6 accidents ont entraîné la mort de 13 personnes en Valais et 1 accident a fait 3 victimes dans les Grisons. La répartition des accidents mortels selon les expositions est la suivante: 8 personnes sur des pentes exposées au nord, 8 personnes sur des pentes exposées à l’ouest, 4 personnes sur les pentes exposées à l’est et 5 personnes sur les pentes exposées au sud.
Le nombre total de victimes s’élève à la mi-avril à 25 et dépasse ainsi la valeur moyenne. Pour l’ensemble de l’année hydrologique qui se termine le 30 septembre 2011, la moyenne pluriannuelle est de 25 victimes d’avalanche. L’accident d’avalanche le plus grave de cet hiver s’est produit le 25 mars 2011 au Valsorey, Bourg-Saint-Pierre (VS). Il a coûté la vie à quatre personnes et une personne est encore portée disparue. Deux autres accidents d’avalanche faisant à chaque fois trois victimes ont eu lieu le 19 mars 2011 au Jörihorn, Davos (GR) et le 1er avril 2011 à la Crête de Barneuza, Ayer (VS).

Bulletins d'avalanches

La diffusion du bulletin d’avalanches national quotidien a commencé le 25 novembre 2010. La diffusion des sept bulletins d’avalanche régionaux couvrait la période du 3 décembre 2010 au 17 avril 2011. Pour le Jura, une mise en garde contre un danger "marqué" d’avalanche (degré 3) a été diffusée au cours de quatre jours.
Le bulletin d’avalanches national avec la prévision du danger d’avalanche et des informations générales sur la situation neigeuse dans les Alpes suisses est diffusé jusqu’à nouvel ordre quotidiennement. Il peut être consulté via www.slf.ch, par téléphone au numéro 187 (Fr. 0,50 par appel/min) ou par télétexte à la page 782. Il est également possible de s’abonner au bulletin d’avalanches national par RSS ou a un service SMS pour être averti tout au long de l’été de la diffusion d’un bulletin d’avalanches (activation par envoi d’un SMS avec comme texte START SLF SOMMER au numéro 9234; désactivation par envoi d'un SMS avec comme texte STOP SLF SOMMER au numéro 9234; coût Fr. 0,20 par SMS). Nous renvoyons par ailleurs au bulletin spécifique pour les Alpes de MétéoSuisse (www.meteosuisse.ch, fax 0900 162 368 ou téléphone 0900 162 168, Fr. 1,20/min).