Neige soufflée, puis pluie ¶
Le vent fort d'ouest a transporté samedi 6 décembre la neige ancienne sans cohésion et formé des accumulations fragiles. Il en a résulté plusieurs déclenchements d'avalanches par des amateurs de sports d'hiver. Le dimanche 7 décembre, la pluie s'est mise à tomber jusqu’au sommet des Préalpes, et ailleurs jusqu'à 2200 m d'altitude. Lorsque le temps s'est éclairci le lundi 8 décembre, on a pu constater que malgré des précipitations plutôt modestes, de nombreuses avalanches s'étaient déclenchées spontanément.
Ce qu’il s'est passé jusqu'à présent ¶
Après les importantes chutes de neige du 24 au 27 novembre, la situation avalancheuse s'était rapidement améliorée, malgré la présence de couches fragiles en profondeur dans le manteau neigeux. Seules quelques avalanches isolées ont été déclenchées par des personnes au début du mois de décembre. Des phases ensoleillées ont alterné avec de faibles chutes de neige. Au total, 5 à 15 cm de neige sont tombés sur une grande partie du territoire jusqu'au samedi 6 décembre. Dans certaines régions, du givre de surface s'est formé lorsque le ciel était clair (fig. 1). Là où le givre a été recouvert de neige, il a constitué une couche fragile pour la neige soufflée et la neige fraîche tombées par la suite.
6 décembre : déclenchements par des personnes dans la neige soufflée ¶
Le samedi 6 décembre, un fort vent d'ouest a déplacé cette neige ancienne sans cohésion. La neige soufflée qui s'était déposée à l'abri du vent sur les couches superficielles meubles s'est avérée instable et plusieurs avalanches ont été déclenchées par des amateurs de sports d'hiver. Huit personnes ont été emportées par cinq avalanches de plaque de neige signalées (vidéo) ; une personne a été grièvement blessée.
7 décembre : tempête, pluie et avalanches spontanées ¶
Avec 10 à 20 mm de pluie en moyenne, localement 30 mm, et autant de neige sèche au-dessus de 2600 m environ, les précipitations sont restées légèrement en deçà des prévisions. Ces faibles précipitations, associées à un vent fort de secteur ouest et à une élévation de la limite des chutes de neige à 2200 m, ont-elles néanmoins suffi à déclencher des avalanches spontanées ?
Pendant les précipitations, les nuages et l'obscurité ont rendu difficile, voire impossible, l'observation des avalanches, d'autant plus que celles-ci ne se sont pas descendues jusque dans les vallées. Les seules indications de cette situation assez délicate provenaient des détections automatiques d'avalanches, qui fonctionnent indépendamment des conditions météorologiques et de la luminosité grâce à la technologie radar. Le dimanche 7 décembre, une telle installation a enregistré 19 avalanches au-dessus de Loèche-les-Bains (fig. 2) et 10 près de Zinal (VS). La plupart des avalanches détectées étaient de taille moyenne.
Le lundi 8 décembre, le ciel s'est dégagé. On a alors pu constater que de nombreuses avalanches de neige sans cohésion s'étaient déclenchées spontanément avec la pluie (fig. 3) ou au cours de la journée de lundi sous l'effet du rayonnement solaire (fig. 4). De nombreuses avalanches de plaque de neige ont également été observées (fig. 5).
Dans l'ensemble, le week-end a montré de manière impressionnante à quelle vitesse une situation avalancheuse délicate peut se développer, même avec de faibles précipitations, lorsque le vent et la pluie se combinent. La neige fraîche et la neige soufflée se lient rapidement sous l'effet de la chaleur, mais les couches fragiles sous-jacentes restent instables. Il n'est donc pas surprenant que le danger d'avalanche soit resté au niveau 3 (marqué) mardi dans le Valais et pour une grande partie de la crête nord des Alpes.