Rapport hebdomadaire 15 - 21 janvier 2021

Beaucoup de neige fraîche sur de la neige ancienne fragile: grand cycle d’avalanches et beaucoup d’accidents d’avalanche

Le samedi a pris fin un épisode de fortes chutes de neige qui a apporté à certaines stations du Rheintal des cumuls records de neige fraîche en 3 jours. L’abondante neige fraîche recouvrait une surface de neige ancienne vraiment fragile, ce qui s’est traduit au début par un fort danger d’avalanche (degré 4) sur de grandes superficies. Avec la constitution fragile du manteau neigeux, un nouvel épisode de chutes de neige et ensuite un foehn tempétueux, le danger d’avalanche est resté élevé même après. Il y a eu un nombre exceptionnel d‘accidents d’avalanche dans lesquels au total 8 freeriders ont perdu la vie.

 

 

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Avalanche impressionnante, descendue loin en terrain plat contournant les bâtiments de l’Auerenalp (Glaris, GL). Heureusement, sans provoquer de dégâts (photo: P. Köpfli, 16.1.2021).
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En Valais, beaucoup d’avalanches se sont décrochées jusque dans les couches fragiles proches du sol, comme ici au Chamossaire (1616 m, Ayent, VS) (photo: E. Morard, 15.1.2021) …
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… ou dans la région du Six du Doe – Tête Séri (Saillon, VS) (photo : J.-M. Cheseaux, 16.1.2021).
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Au Folluhorn (2656 m, Termen, VS), toute une pente s’est décrochée sous la forme d’une impressionnante avalanche de plaque de neige à proximité immédiate d’un domaine skiable (photo: F. Baumann, 16.1.2021).
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Dans la région de Seewjiweng en face du Folluhorn (2656 m, Termen, VS), d’impressionnantes avalanches de plaque de neige se sont également décrochées (photo: F. Baumann, 16.1.2021).
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Imposante fissure de plus de 100 m de longueur à Braunwald (Glaris Sud, GL), un signe évident d’un manteau neigeux instable. La déclivité de la pente y était toutefois trop faible pour donner lieu à une avalanche de plaque de neige (photo: J. Apolloni, 16.1.2021).
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Au Bella Lui (2548 m, Crans-Montana, VS), on pouvait également observer de tels signaux d’alarme, ce qui n’est pas étonnant compte tenu de la mauvaise constitution du manteau neigeux dans cette région (photo: V. Bettler, 16.1.2021).
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A basse altitude, comme ici à Wildhaus - Alt St. Johann (SG), on a aussi observé des avalanches de glissement. Pour la faune sauvage, comme pour cette harde de cerfs, les masses de neige compliquent la recherche de nourriture et les déplacements. Ils pourront par la suite se nourrir dans les zones libérées par des avalanches de glissement (photo: P. Diener, 18.1.2021).
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Ces avalanches de glissement ont été photographiées en dessous de l‘Auerenalp dans la région de Gletti (Glaris, GL). A l’avant-plan, on peut également voir des avalanches. Les cabanes d’alpage se trouvent dans une petite zone à l’abri du danger (photo: P. Köpfli, 16.1.2021).
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Dans le val Müstair, une imposante avalanche a dévalé la pente dans le val Prasürabun (val Müstair, GR). Elle a pu être immortalisée par notre observateur R. Salvett le 17.01.2021.
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Dans l’Oberland grison au Pazolastock (2739 m, Tujetsch, GR), cette avalanche de plaque de neige s’est décrochée et a traversé les traces de montée laissées par des randonneurs à ski (photo: R. Meister, 19.1.2021).
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La petite cabane au Grüenihorn (2373 m, Davos, GR) est construite sur la pente. Elle est régulièrement franchie par des avalanches, dans la plupart des cas sans dommages (photo: J. Bischoff, 20.1.2021).
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Cette avalanche de plaque de neige déclenchée à distance à la Fuorcla digl Leget (Surses, GR) avait des dimensions étonnamment grandes compte tenu de la déclivité de la pente de près de 30° et une grande épaisseur de rupture (photo: M. Albrecht, 20.1.2021).
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L’avalanche de Minachri à Oberried au lac de Brienz (BE) a laissé des traces impressionnantes et s’est arrêtée peu avant le pont du chemin de fer (photo: N. Hildebrand, 20.1.2021).

Météo

Vendredi 15 janvier: Fin d’un épisode de fortes chutes de neige avec des records de neige fraîche

De la neige, encore et toujours de la neige. Comme c’était déjà le cas les jours précédents, il a encore neigé sans arrêt et intensément le vendredi. Au nord de l’axe Rhône-Rhin, dans le nord des Grisons et en Basse-Engadine, il était encore tombé de 30 à 50 cm de neige, et sur le centre et l’est du versant nord des Alpes jusqu’à 80 cm. Le vent de secteur nord-ouest parfois tempétueux les jours précédents a diminué le vendredi. La limite des chutes de neige était montée auparavant aux alentours de 1200 m dans le nord et l’ouest, mais elle est redescendue le vendredi. Dans l’est, les précipitations jusqu’à basse altitude étaient tombées intégralement sous forme de neige. Ce n’était que dans l’extrême sud, protégé par les Alpes, que le temps était partiellement ensoleillé et sec.

Du mardi 12 au vendredi 15 janvier, les cumuls de neige fraîche atteignaient les valeurs suivantes (cf. figure 1 et photo 2):

  • Parties de l’est de l’Oberland bernois, centre et est du versant nord des Alpes, nord de la vallée de Conches, nord des Grisons: de 130 à 200 cm
  • Autres régions du versant nord des Alpes, du nord du Haut-Valais et de la région du Gothard, nord du centre des Grisons, Basse-Engadine: de 100 à 130 cm
  • Ailleurs: souvent de 50 à 100 cm; dans le Tessin sans la région du Gothard, dans le Moesano et en Haute-Engadine y compris les vallées avoisinantes côté sud, moins de neige fraîche.
  •  
  • sonst verbreitet 50 bis 100 cm; im Tessin ohne Gotthardgebiet, im Moesano und im Oberengadin inkl. angrenzende Südtäler weniger.

Les chutes de neige décrites ci-dessus constituaient un phénomène très rare. Les sommes de neige fraîche de 3 jours du mercredi 13 au vendredi 15 janvier à basse et moyenne altitude étaient exceptionnelles. Les valeurs les plus élevées de l’ordre de 150 cm ont été enregistrées dans la partie supérieure du Prättigau, dans l’arrière-pays de Glaris et dans la haute vallée de Conches. Mais c’était dans la région de Coire et de la partie inférieure de la Surselva que le phénomène était le plus extrême avec des périodes de récurrence de plus de 100 ans. Cela signifie que statistiquement un tel événement s’y produit moins d’une fois tous les 100 ans. A Coire-Ems, par exemple, à seulement tout juste 560 m d’altitude, on a mesuré en trois jours 82 cm de neige fraîche – une valeur jamais atteinte pour trois jours consécutifs – et cela sur une période de mesure de pas moins de 134 ans (cf. tableau 1). À 15 autres stations, on a également calculé des périodes de récurrence de 20 années ou plus. Toutes ces stations se situent dans le nord et le centre des Grisons, au Liechtenstein et à St-Gall, et une en Valais (Ulrichen dans la vallée de Conches). Plusieurs stations IMIS ont également enregistré des hauteurs records de neige tombée en trois jours, principalement sur le versant nord des Alpes.

Station

Altitude

Somme de neige fraîche en 3 jours

Rang

Nombre d’années de mesure

Récurrence

Coire-Ems (GR)

560 m

82 cm

1

134

> 100

Obersaxen (GR)

1420 m

125 cm

1

70

> 100

Siat (GR)

1270 m

146 cm

1

69

> 100

Malbun (FL)

1610 m

110 cm

1

50

90

Valzeina (GR)

1090 m

139 cm

1

36

75

Küblis (GR)

839 m

137 cm

1

76

50

Pusserein (GR)

940 m

136 cm

1

52

50

St. Antönien (GR)

1510 m

157 cm

2

76

35

Flumserberg (SG)

1310 m

122 cm

2

69

35

Ulrichen (VS)

1345 m

129 cm

3

79

35

Tableau 1: Sommes de neige tombée en 3 jours relevées le vendredi matin 15 janvier 2021. Le tableau reprend tous les champs de mesure manuelle avec des valeurs maximales de neige fraîche en 3 jours (Rang 1), ainsi que les champs de mesure des rangs 2 ou 3, lorsque la période de récurrence dépasse 30 ans.

 

Depuis ces chutes de neige, les hauteurs de neige n’étaient plus que légèrement inférieures aux données moyennes dans de grandes parties du Valais, et pratiquement partout, elles étaient supérieures, dans le nord et l’est de la Suisse ainsi que dans le Jura même nettement supérieures à ces valeurs. Plusieurs stations ont même atteint pendant quelques jours les hauteurs de neige maximales pour les journées calendrier concernées.

 

Du samedi 16 au lundi 18 janvier: Crête anticyclonique, puis à nouveau de la neige fraîche jusqu’à basse altitude

Après un samedi ensoleillé, il est tombé jusqu’au lundi matin dans le nord de 30 à 60 cm supplémentaires de neige jusqu’à basse altitude (cf. figure 3). Pendant la nuit du samedi au dimanche, le vent était fort de secteur ouest, puis ensuite généralement modéré de secteur nord. Seul l’extrême sud bénéficiait encore d’un temps partiellement ensoleillé et sec.

 

Du mardi 19 au jeudi 21 janvier: Arrivée d’une tempête de foehn

Avec une intensification du vent de secteur ouest, le mardi était généralement ensoleillé et de plus en plus doux. Le mercredi, le vent s’est orienté au sud et est devenu fort à tempétueux. Dans le nord, le temps était partiellement ensoleillé, et dans les vallées avec du foehn, il faisait très doux. Dans le sud, le ciel était très nuageux, et jusqu’au jeudi midi, il est tombé quelque 10 cm de neige jusqu’à basse altitude.

 

Manteau neigeux et situation avalancheuse

La seule constante pendant cette période agitée couverte par le rapport hebdomadaire était la persistance d’un danger d’avalanche élevé.

 

Beaucoup de neige fraîche sur de la neige ancienne fragile, cela se traduit par un grand cycle d’avalanches

Du mercredi 13 au samedi 16 janvier, la Suisse a connu le premier grand cycle d’avalanches de cet hiver (cf. figure 5). Pendant trois journées consécutives, on a à chaque fois enregistré plus d’avalanches que le jour le plus avalancheux de l’hiver dernier (cf. le rapport de l’hiver 2019/20). La cause en était l’abondance de neige fraîche, qui s’était souvent déposée sur une surface fragile de neige ancienne (cf. le rapport hebdomadaire du 14 janvier). Dans le centre du Valais, la situation initiale était encore plus mauvaise, car tout le manteau de neige ancienne y était vraiment fragile.

Pour le vendredi, un fort danger d’avalanche (degré 4) était encore annoncé sur une grande partie du territoire. Rétrospectivement, c’était la journée avec la plus grande activité avalancheuse de cet hiver. Dans le nord-est, les chutes de neige constamment intenses avaient également touché des voies de communication (cf. photo 6), tandis que dans l’ouest et dans le centre des Grisons c’était surtout la pratique des sports d’hiver en terrain non sécurisé qui présentait un risque grave (cf. figure 7).

À moyenne altitude également, la surface de neige ancienne se composait sur une grande superficie de cristaux anguleux métamorphosés, avec souvent du givre de surface. À peine perturbée par le vent qui n’y était pas si fort, elle a en grande partie été enneigée rendant la situation très défavorable (cf. figure 8). Par conséquent, un fort danger (degré 4) était annoncé parfois déjà à partir de 1600 m, et un danger marqué (degré 3) dans le nord des Préalpes et dans le Jura même à partir de 1200 m.

 

Diminution du danger d’avalanche – à moins que?

Après un épisode de fortes chutes de neige, le danger d’avalanche diminue normalement rapidement. Des avalanches peuvent certes toujours atteindre une (très) grande ampleur, mais les départs spontanés sont de plus en plus rares.

Le danger d’avalanche pour le samedi 16 janvier a dès lors été ramené au degré 3 (marqué) dans une partie des régions. Immédiatement après la diffusion du bulletin d‘avalanches du vendredi soir, les réactions négatives des freeriders qui n’étaient pas d’accord avec la rétrogradation du danger se sont accumulées en provenance du nord des Grisons. Avec ces nouvelles informations, un bulletin d’avalanches supplémentaire a été diffusé à 19h00 rétablissant le degré de danger 4 (fort) pour ces régions. Afin d’éviter de telles corrections désagréables, nous vous prions de nous communiquer vos observations sur le terrain, dans toute la mesure du possible avant 15h00. Merci d’avance!

Dans la définition du degré de danger européen, il n’est pas clairement indiqué que pour le degré 4  des avalanches spontanées sont nécessaires. Selon l’Aide à l’interprétation rédigée par le SLF, en revanche, il faut pour un degré de danger 4 soit de très grandes avalanches, soit de nombreuses avalanches spontanées de tailles moyenne et grande. Considérés a posteriori, ces deux éléments ne prévalaient pas, mais il y avait un risque très élevé de déclenchement y compris de grandes avalanches et donc un danger grave pour les adeptes des sports d’hiver en terrain non sécurisé. Par conséquent, le degré 4 semble rétrospectivement justifié, même s’il n’était peut-être pas impératif. Il en était de même dans certaines régions du Bas-Valais.

Du problème lié à la neige fraîche au problème de la neige ancienne

Le dimanche 17 janvier également, le danger d’avalanche était toujours critique, mais dans un premier temps, le degré de danger 4 (fort) ne semblait plus justifié nulle part. En raison de nouvelles chutes de neige (cf. figure 3), une augmentation du danger jusqu’au deuxième degré le plus élevé était à nouveau annoncée pour l’après-midi et indiquée également sur la carte de danger du bulletin du dimanche soir.

 

À partir du mardi 19 janvier, le danger n’était plus évalué qu’au degré 3 (marqué), mais il se situait encore souvent au niveau supérieur de ce degré. Etant donné que la couche fragile en dessous de la neige fraîche se composait de cristaux anguleux métamorphosés ou de givre, sa consolidation ne s’opérait que très lentement. La propagation de ruptures sur de longues distances était toujours possible, et avec les épaisses couches de neige (slab) recouvrant la couche fragile, les avalanches atteignaient une taille dangereuse (cf. photo 9). En raison de la grande épaisseur de neige recouvrant la couche fragile et avec la consolidation progressive de la plaque de neige (slab), le déclenchement d’une rupture par des adeptes des sports d’hiver devenait de moins en moins probable dans les régions avec les précipitations les plus abondantes. Le déclenchement d’avalanches dans les régions limitrophes du Valais et des Grisons était plus facile. Des ruptures à partir de la neige ancienne y ont dès lors constamment été signalées.

 

Une plaque dans la plaque: Depuis le déclenchement jusqu’à la propagation de la rupture

Pour déclencher une avalanche de plaque, il faut tout d’abord une rupture (initiale), qui se propage ensuite. Notre observateur et guide de montagne Franz Baumgartner a pu documenter à ce sujet un cas intéressant à Adelboden (BE) (cf. photo 10):

"A notre arrivée, la plaque légèrement enneigée de la dernière période de chutes de neige de la veille (ligne jaune = début de rupture de l’ancienne plaque de neige) était bien visible. Elle s’était décrochée dans une couche à environ 40 cm en dessous de la surface neigeuse. En cherchant un endroit approprié pour relever un profil de neige, en terrain plat 50 m au-dessus de la rupture, un bruit sourd était clairement perceptible. Ce n’est que lorsque j’ai vu le nuage de poudreuse dans le Glögglital que je me suis rendu compte qu’à l’intérieur de la zone de rupture de la première plaque (jaune) une deuxième plaque s’était décrochée (ligne rouge = début de rupture de la seconde plaque de neige).  Celle-ci s’était décrochée dans les couches inférieures à proximité du sol et avait un volume nettement plus grand que la première plaque."

Comment cela a-t-il pu se produire?

  • La première avalanche de plaque de neige s’était vraisemblablement décrochée spontanément. Même s’il n’y a pas de grains anguleux dans le profil, les couches fragiles dans la neige fraîche peuvent néanmoins se décrocher très facilement en peu de temps.
  • Plus bas dans le manteau neigeux, il devait auparavant déjà y avoir une deuxième couche fragile. La charge due à la première plaque de neige ne suffisait cependant pas visiblement pour provoquer une rupture dans la seconde couche située plus bas. Sinon la propagation de la rupture aurait eu lieu, comme elle s’est produite le lendemain.
  • En cherchant un emplacement pour un profil de neige, l’observateur est manifestement passé par un endroit très défavorable. Il s’agit peut-être d’un endroit peu enneigé où la couche fragile profonde était si proche de la surface que son poids était suffisant pour initier une rupture dans cette couche. Cette seconde rupture s’est propagée sur une grande superficie (voir également les fissures). La neige ne s’est cependant décrochée que dans la partie la plus escarpée de la pente qui se trouvait dans la surface de glissement de l’ancienne avalanche.
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Photo 10/1 : La ligne jaune marque le première avalanche du 17 janvier, et la ligne rouge la seconde avalanche en dessous déclenchée par la suite le 18 janvier. Pente exposée à l’est à 2100 m à Adelboden, BE (photo: F. Baumgartner, 18.01.2021).
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Photo 10/2: Les fissures montrent la grande superficie couverte par la propagation de la seconde rupture. Elles s’étendent même quelque 50 m plus loin que ce qui est visible sur la photo. Seule la partie la plus raide a fait l’objet d’un glissement (photo: F. Baumgartner, 18.01.2021).
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Figure 10/3: Profil de neige avec deux surfaces de rupture. La seconde avalanche s’est même vraisemblablement étendue jusque dans la couche la plus basse composée de cristaux en gobelets.

Neige soufflée et neige glissante

Les mercredi 20 et jeudi 21 janvier, le foehn a transporté la neige ancienne meuble (cf. photo 4) surtout dans les régions intra-alpines et dans le nord. Il a donné lieu à la formation d’accumulations de neige soufflée susceptibles de se décrocher.

De plus en plus d’avalanches de glissement ont eu lieu à moyenne et basse altitude. Dans les régions avec les précipitations les plus abondantes, ces avalanches atteignaient parfois une grande ampleur (cf. photo 11).

Accidents d’avalanche

C’est surtout au début de cette période couverte par le rapport hebdomadaire que certaines voies de communication ont été fermées et que des avalanches ont provoqué des dégâts matériels mineurs. Avec la persistance d’une situation avalancheuse critique, il y a surtout eu de nombreux accidents touchant des personnes. Les 141 (!) avalanches déclenchées par des personnes qui ont été signalées au Service des avalanches pendant la période examinée ne constituent en réalité que la pointe de l’iceberg. Pour les déclenchements d’avalanches ne touchant pas de personnes, il n’y a pas de données chiffrées précises. Les avalanches déclenchées étaient souvent grandes (cf. figure 12). L’accumulation de déclenchements d’avalanches en Valais et en zone de hors-piste de certains domaines skiables est en outre surprenante.

Le premier jour de beau temps après une période de chutes de neige est plus particulièrement marqué par de nombreux accidents. D’autant plus que cette fois-ci, c’était un samedi. De nombreux adeptes des sports d’hiver étaient dès lors de sortie, alors que les conditions étaient très critiques. La conséquence en est que 74 (!) déclenchements d’avalanches par des personnes ont été signalés le 16 janvier.

Au cours de la période examinée, 8 déclenchements d’avalanches ont entraîné la mort de 8 freeriders, 4 le vendredi et 4 le samedi dans des régions avec degré de danger 4 (fort).

  • 15 janvier           Niderbauen, Emmetten (NW)
  • 16 janvier           Chlingenstock, Morschach (SZ)
  • 16 janvier           Drostobel, Klosters-Serneus (GR)
  • 16 janvier           Laub, Engelberg (OW)
  • 17 janvier           Rochers de Naye, Veytaux (VD)
  • 17 janvier           Gstaad, Saanen (BE)
  • 18 janvier           Tête des Vaux, Val de Bagnes (VS)
  • 18 janvier           Col des Gentianes, Val de Bagnes (VS)

A la fin de cette période analysée par le rapport hebdomadaire, le bilan intermédiaire de l’hiver était particulièrement sombre. Les chiffres provisoires des accidents étaient à tous égards deux fois plus élevés que les valeurs normales pour un 21 janvier (entre parenthèses: moyenne des hivers de 2001 à 2020 à cette date):

  • Accidents: 90 (38)
  • Personnes touchées: 129 (60)
  • Personnes entièrement ensevelies: 30 (13)
  • Décès: 15 (7)

Auparavant déjà, le risque potentiel d’un grand nombre d’accidents d’avalanche au cours de cet hiver avait été mis en évidence. En raison du coronavirus, des skieurs et raquetteurs inexpérimentés pouvaient se retrouver en masse en montagne et provoquer des accidents par manque de connaissances et d’expérience. Aujourd’hui, les nombreux accidents constituent une triste réalité, et pourtant cette prophétie ne s’est vérifiée que de manière limitée. Si l’on considère les accidents mortels pendant cette période, la tendance qui prévaut depuis de nombreuses années, selon laquelle en cas de grave danger d’avalanche ce sont surtout les freeriders qui sont victimes d’accidents, cette tendance s’est confirmée. Il s’agit donc de skieurs et de snowboarders qui montent en montagne avec les remontées mécaniques et redescendent en dehors des pistes sécurisées. Malgré le coronavirus, les randonneurs avaient manifestement fait preuve de plus de retenue par les conditions critiques actuelles et, sans doute aussi eu, une fois ou l’autre, de la chance.

 

Evolution du danger

Bulletins d'avalanche de cette période.

 

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