Météo, manteau neigeux et danger d'avalanche dans les Alpes suisses. L'année hydrologique 2015/16

Résumé

Résumé de l'hiver (d'octobre 2015 à mai 2016)

  • Jusqu’à la fin de l’année, pratiquement pas de neige et faible danger d’avalanche
    En raison de températures très douces et d’une grande sécheresse, l’hiver a débuté avec généralement un faible danger d’avalanche. Etant donné qu’il n’y avait que très peu de neige, les randonnées et les descentes en hors-piste n’étaient guère possibles. Sur les pentes à l’ombre de haute altitude, le mince manteau neigeux s’était transformé en une couche fragile de neige ancienne qui allait jouer un rôle important par la suite.
  • Situation avalancheuse délicate pour les adeptes des sports de neige en raison d’abondantes chutes de neige et d’un manteau neigeux temporairement fragile
    En janvier dans l’ouest et le nord, puis à partir de février également dans l’est et le sud, une succession de chutes de neige et de phases de foehn soufflant en tempête ont donné lieu à des situations avalancheuses critiques. Le danger résidait surtout dans les couches de neige fraîche et de neige soufflée ainsi que dans la neige ancienne fragile à la base du manteau neigeux (cf. photo 1). Dans le nord et l’ouest, le fondement fragile a rapidement été recouvert d’une bonne couche de neige et ne pouvait plus donner lieu à des décrochements provoqués par des personnes. Plus particulièrement dans le sud du Haut-Valais, dans le nord du Tessin, dans les régions intra-alpines des Grisons, en Engadine et dans les vallées du sud des Grisons, les couches fragiles à la base du manteau neigeux demeuraient dangereuses jusqu’en mars en raison du mince recouvrement. Cet hiver, c’était la seule couche fragile qui a persisté pendant une période relativement longue.
  • Deux incursions de temps doux en plein hiver avec de la pluie jusqu’à haute altitude
    Au moment du passage de janvier à février, de fortes précipitations avec une limite des chutes de neige entre 2400 m et 3000 m ont donné lieu à un début d’humidification du manteau neigeux jusqu’à haute altitude. Ces conditions ont entraîné une phase de forte activité d’avalanches spontanées de neige humide ou mouillée. Une situation très semblable s’est répétée le 21 février, lorsque la température a à nouveau atteint des valeurs printanières et qu’il a plu pour la deuxième fois en plein hiver jusqu’à environ 2400 m
  • D’abord une situation printanière favorable, puis à nouveau des conditions plutôt hivernales
    Le mois de mars était relativement frais. À partir de la deuxième semaine de mars, le danger d’avalanche a diminué partout. En raison d’avalanches de neige mouillée et d’avalanches de glissement, le danger d’avalanche était accru, tout particulièrement pendant la première semaine d’avril. Au cours de la seconde moitié du mois d’avril, on a assisté à un nouveau retour de l’hiver avec d’abondantes chutes de neige et une aggravation de la situation avalancheuse. En mai également, le temps était souvent hivernal en altitude avec des situations avalancheuses délicates tout particulièrement en haute montagne.
  • Dans l’ouest, plutôt beaucoup de neige et, dans le sud, peu de neige. Sinon, l’enneigement était normal en altitude, mais en dessous de 1400 m, il était partout nettement inférieur aux valeurs moyennes
    Sur une grande partie du territoire, le début de l’hiver était peu enneigé avec des hauteurs de neige nettement inférieures aux valeurs moyennes jusqu’au début de janvier. Dans l’ouest, le manque de neige a été compensé par les abondantes chutes de neige qui ont eu lieu dans le courant du mois de janvier, tandis qu’en Suisse centrale et orientale, ce n’est qu’en mars qu’il a neigé abondamment. Le sud n’a bénéficié d’abondantes chutes de neige que fin février. Dans le Tessin, le déficit de neige a persisté tout au long de l’hiver.
    L’hiver était sensiblement plus doux que la normale, le mois de décembre ayant même atteint un record de douceur. En conséquence, le nombre de jours avec des chutes de neige était nettement inférieur à la moyenne sur le Plateau central et dans le Jura.
  • Moins de victimes d’avalanches que la moyenne pluriannuelle
    Le nombre total de victimes à fin mai 2016 était, avec 20 tués – tous en zone de hors-piste – légèrement inférieur à la moyenne pluriannuelle. Pour l’ensemble de l’année hydrologique, qui se termine le 30 septembre, la valeur moyenne des 20 dernières années est de 23 tués.
    Au cours de l’hiver 2015/16, la météo était dominée par des situations avec des vents de secteur ouest et sud-ouest. Elles étaient particulièrement marquées en plein hiver (c’est-à-dire de décembre à février) par rapport à la moyenne des dix dernières années, comme le montre la comparaison des relevés effectués aux stations automatiques de mesure du vent avec les valeurs des dix dernières années reprises dans la figure 2 (graphique du centre).

L’hiver 2015/16 était donc sensiblement plus doux que la normale, comme le montre l’évolution de l’isotherme zéro degré en comparaison avec la moyenne des 15 années précédentes dans la figure 3. Selon les mesures de MétéoSuisse, la Suisse a connu le deuxième hiver le plus doux (de novembre à avril) après l’hiver 2006/07 depuis le début des mesures en 1864.

Abstraction faite des chutes de neige de fin novembre dans l’ouest et le nord, l'hiver était particulièrement sec avec peu de neige jusqu’au Nouvel An. La figure 4 montre qu’il a neigé abondamment de janvier jusqu’à début mars, surtout dans certaines régions de l’ouest et du nord. A partir de la mi-avril, on a assisté à un nouveau retour de l’hiver et, avec des chutes de neige à diverses reprises, le temps était souvent plutôt hivernal que printanier dans les Alpes suisses jusqu’en mai.

Au cours de l’hiver 2015/16, les hauteurs de neige indiquées dans la figure 5 correspondaient aux valeurs moyennes dans l’ouest des Alpes suisses, mais elles étaient inférieures dans l’est et le sud, et nettement inférieures à ces valeurs dans l’extrême sud.

Pendant l’hiver 2015/16, le danger d’avalanche était en moyenne plus faible qu’au cours des dix hivers précédents (cf. la section „Bulletins d’avalanches et degrés de danger“, figure 34). Comme le montre la figure 6, la principale phase d’activité avalancheuse couvrait la période de janvier à mi-mars. A partir de la mi-mars, on a surtout encore signalé des avalanches de neige mouillée, mais il n’y a pas eu de période marquée d’avalanches de neige mouillée. Des avalanches de neige mouillée ou humide ont également été déclenchées à diverses reprises en plein hiver et souvent à cause de la pluie jusqu’à haute altitude.

Résumé de l’été 2016 (juin à septembre 2016)

  • Eté plus chaud et d’abord souvent plus humide, puis par la suite plutôt sec
    La periode de juin à septembre était parmi les cinq étés les plus chauds depuis le début des mesures en 1864. Sur tout le territoire de la Suisse, la température était en moyenne de 1.2 degré supérieure à la normale (de la période de 1981-2010). En Valais, elle dépassait de 0.9 à 1.2 degré la valeur moyenne. En Engadine, en revanche, le dépassement était moins important et se chiffrait à 0.4 à 0.7 degré. Pour l’ensemble du pays, les précipitations s’élevaient à environ 90% de la moyenne de 1981 à 2010. En Valais et sur le versant sud des Alpes, elles n’atteignaient souvent que 50 à 85 % de la valeur normale. En Engadine, les quantités de précipitations s’élevaient à 85 à 114% des valeurs moyennes. Dans la plupart des régions, le nombre d’heures d’ensoleillement était légèrement supérieur à la moyenne de 1981-2010. (Source: MétéoSuisse)
  • Généralement de bonnes conditions neigeuses en haute montagne
    A haute altitude, la couverture neigeuse de l’hiver a entièrement fondu début juillet. Le champ de mesure du Weissfluhjoch à 2540 m était sans neige le 8 juillet, soit un jour avant la date moyenne de fonte totale de la neige pour les 83 dernières années. Au cours de l’été, les altitudes moyennes et élevées n’ont été couvertes que pendant quelques jours d’une mince couche de neige. En revanche, en raison de chutes de neige répétées, les zones de glaciation de haute montagne ont le plus souvent bénéficié d’un manteau neigeux continu au-dessus de 3200 à 3600 m.
  • Cinq bulletins d’avalanches, une victime d’avalanche
    Cet été, un danger d’avalanche accru a prévalu brièvement à diverses reprises, tout particulièrement en haute montagne. Cinq bulletins d’avalanches de l’été ont été diffusés (les 16 et 18 juin, le 4 août ainsi que les 16 et 19 septembre). Ce nombre correspond à la moyenne des 10 dernières années. Le 4 juillet, il y a eu un accident d’avalanche entraînant la mort d’une personne. La moyenne pluriannuelle pour les mois de juin à septembre est de deux tués.

Hauteurs de neige

Hauteurs de neige relatives

Les graphiques suivants montrent les pourcentages d’écart des hauteurs mensuelles moyennes de neige de l’hiver 2015/16, à l’altitude de la station, par rapport à la moyenne pluriannuelle de la période de 1971 à 2000. Les hauteurs de neige inférieures aux valeurs moyennes sont indiquées en rouge et les hauteurs supérieures aux valeurs moyennes en bleu. Les données proviennent des stations avec observateur du SLF, des stations de MétéoSuisse ainsi que des stations automatiques du réseau IMIS (Système intercantonal de mesure et d’information). Lors de l’interprétation, il y a lieu de tenir compte du fait que seuls les modèles à grande échelle sont intéressants. Il convient de ne pas donner une importance excessive aux échantillons de données à petite échelle ou aux grands écarts entre les valeurs. Dans la section "Sélection de stations avec observateur" (cf. ci-après), l’évolution de la hauteur de neige dans le temps est indiquée pour différentes stations.

Après un été chaud en 2015, le début de l’automne était plutôt frais. En octobre, la limite des chutes de neige est descendue à diverses reprises jusqu’à moyenne altitude. Les précipitations étaient les plus abondantes sur la crête principale des Alpes, dans le sud et dans l’est. La neige a persisté surtout en haute montagne formant un mince manteau neigeux continu, tout particulièrement sur les glaciers. À haute altitude, on observait fin octobre une fine couverture neigeuse, surtout sur les pentes exposées au nord. Les pentes orientées au sud étaient sans neige jusqu’en haute montagne.

Les trois premières semaines de novembre étaient ensoleillées et extrêmement douces. L’isotherme zéro degré se situait généralement entre 3000 m et 4000 m. En dépit du refroidissement sensible intervenu le 21 novembre, l’excédent thermique à la fin du mois était de 2.6 degrés. Par conséquent, ce mois de novembre était le troisième mois le plus chaud depuis le début des mesures en 1864. Ce n’est qu’en 2015 et en 1994 que novembre était encore plus doux (source: MétéoSuisse). Deux offensives hivernales au cours de la quatrième semaine de novembre ont marqué le début de l’hiver, tout au moins dans le nord et l’ouest. Du 20 au 22 novembre, il est tombé de 80 à 100 cm de neige au-dessus de 2500 m environ dans le nord et l’ouest. Dans le sud, le temps était resté sec. Peu de temps après, du 25 au 26 novembre, il est à nouveau tombé de 40 à 60 cm et localement jusqu’à 90 cm de neige dans le nord. Dans l’extrême sud, il n’y a pas eu de précipitations. Considérées sur l’ensemble du mois, les hauteurs de neige étaient légèrement inférieures aux données moyennes dans le nord et l’ouest. Dans le sud et dans les Grisons, il n’y avait pas de neige à moyenne altitude, et plus haut également, il y avait nettement moins de neige que la normale (cf. figure 7, en haut). Ce n’était que sur les pentes exposées au nord au-dessus de 2400 m environ qu’il y avait un manteau neigeux continu.

En décembre, la neige s’est fait attendre. Le mois de décembre était par ailleurs très ensoleillé avec une douceur record. Selon MétéoSuisse, des températures supérieures de 4 à 6 °C aux données moyennes (1981-2010) ont été relevées dans les régions de montagne. Le manque de neige en début d’hiver était même plus marqué qu’au cours de l’hiver précédent (2014/15). Aux endroits où il y avait un mince manteau neigeux, la neige avait souvent fondu. Ce n’est qu’aux altitudes relativement élevées de Suisse occidentale que les chutes de neige de novembre avaient été suffisamment abondantes pour qu’un mince manteau neigeux ait persisté pendant tout le mois décembre très doux (cf. figure 7, en bas). En Suisse orientale en revanche, Noël était pratiquement sans neige en de nombreux endroits. Il n’y avait pratiquement pas de neige jusqu’à la fin de l’année en Engadine et sur le versant sud des Alpes, puisqu’il n’y a eu aucun épisode de précipitations significatives dans ces régions avant début janvier (cf. photo 8). Une telle situation sans neige jusqu’aux alentours de 2000 m au Nouvel An ne s’est encore jamais produite aux stations de mesure de la façade sud des Alpes qui effectuent des relevés depuis de nombreuses années. Selon les mesures de MétéoSuisse, c’était la période de novembre-décembre la plus douce depuis le début des mesures en 1864.

La combinaison de sécheresse et de douceur extrême des deux côtés des Alpes était également unique. Sur le versant sud des Alpes et en Engadine, la sécheresse record est la cause principale de l’important déficit de neige. La situation était différente dans les régions situées plus au nord: L’exemple des relevés effectués à Davos montre clairement que c’est principalement la douceur du temps qui a entraîné le manque record de neige à fin décembre. Selon les mesures de précipitations effectuées par MétéoSuisse, la période de novembre à décembre à Davos était encore plus sèche au cours de certaines années antérieures (1920, 1924, 1948, 1953, 1978), mais en dépit de cela, il y avait ces années-là à chaque fois davantage de neige à fin décembre. La raison en est qu’il faisait précédemment plus froid et qu’en conséquence, premièrement il y est tombé plus fréquemment de la neige que de la pluie et, deuxièmement, parce que la neige tombée ne fondait pas aussi rapidement.

En janvier, il a neigé à diverses reprises et abondamment dans l’ouest et le nord parallèlement à une fluctuation des températures. Du 3 au 5 janvier, il est tombé dans l’ouest et le nord jusqu’à 50 cm de neige et, dans l’extrême ouest à la frontière française, jusqu’à 100 cm. La limite des chutes de neige se situait à 1600 m.
Après une courte pause, il a neigé sur une grande partie du territoire du 7 au 11 janvier, et principalement dans le nord du Valais et dans le Bas-Valais avec jusqu’à 100 cm de neige fraîche. La limite des chutes de neige était montée temporairement jusqu’à 2200 m.
Du 11 au 14 janvier, il a nouveau neigé dans l’ouest et le nord parallèlement à une baisse des températures. Avec jusqu’à 120 cm de neige fraîche, l’apport de neige était à nouveau le plus abondant dans la partie la plus occidentale et dans le nord du Bas-Valais. La mi-janvier était la période la plus froide de cet hiver (cf. figure 3). Les températures étaient nettement inférieures aux données moyennes. Du 14 au 17 janvier, il est tombé de 60 à 80 cm de neige sur une grande partie du nord et jusqu’à 100 cm dans les Alpes uranaises et glaronnaises. Par la suite, l’isotherme zéro degré est à nouveau montée jusqu’aux alentours de 3000 m et, après trois semaines hivernales en janvier, la fin du mois était caractérisée par une douceur printanière.
En janvier, ce n’est que dans l’ouest que la situation neigeuse correspondait aux données moyennes; ailleurs, l’enneigement était souvent inférieur à la moyenne et, dans le sud, il était nettement inférieur à la normale (cf. figure 9, en haut).
Dans la nuit du 31 janvier au 1er février, il a plu dans l’ouest jusqu’aux alentours de 3000 m, et dans l’est jusqu’à environ 2500 m. Cette situation a entraîné l’activité avalancheuse la plus importante de l’hiver au moment du passage de janvier à février avec de nombreuses avalanches de neige mouillée et de neige humide (cf. section „Activité avalancheuse“).

Après un début printanier, le mois de février était enneigé à haute altitude et d’abord hivernal. Tout comme en janvier, c’est surtout dans l’ouest et le nord, et pour la première fois cet hiver également dans le sud qu’il est tombé des quantités abondantes de neige. Du 3 au 5 février, il est tombé de 40 à 60 cm de neige sur le versant nord des Alpes, en Valais ainsi que dans certaines régions des Grisons; et jusqu’à 80 cm au-dessus de 1200 m environ sur le versant nord des Alpes depuis le Wildstrubel jusque dans les Alpes glaronnaises. Du 6 au 8 février, quelque 50 cm de neige sont tombés au-dessus de 1200 m environ sur le centre du versant sud des Alpes. Du 11 au 14 février, il est à nouveau tombé 50 cm de neige dans l’ouest et jusqu’à 100 cm dans le nord du Bas-Valais au-dessus de 1200 m environ. Du 21 au 25 février également, il a neigé à diverses reprises dans l’ouest et le nord, mais au cours de la nuit du 20 au 21 février, la limite des chutes de neige est montée temporairement jusqu’aux alentours de 2400 m. Pour la deuxième fois en plein hiver, la pluie avait provoqué une recrudescence d’avalanches de neige mouillée et de neige humide. Pour les adeptes des sports de neige également, la situation était particulièrement dangereuse en dehors des pistes (cf. section „Activité avalancheuse“).
Du 27 au 29 février, il est tombé de 60 à 120 cm de neige au-dessus de 1400 m environ depuis Zermatt jusque dans la région du Simplon ainsi que dans les vallées de la Maggia. Pendant la nuit du 27 au 28 février, les chutes de neige étaient très intenses, puisqu’en l’espace de seulement six heures on enregistrait de 35 à 40 cm de neige fraîche dans les principales régions touchées par les précipitations.
En raison des fréquentes chutes de neige en février, l’enneigement au-dessus de 1400 m environ n’était plus, à la fin du mois, que légèrement inférieur aux données moyennes en Suisse centrale et orientale, tandis qu’il correspondait aux moyennes ou était légèrement supérieur à ces valeurs en Suisse occidentale. Dans l’extrême sud, le déficit de neige n’avait pas été compensé en dépit des chutes de neige à la fin du mois (cf. figure 9, en bas).

Le mois de mars était relativement froid et a commencé, surtout dans le sud, par une offensive hivernale exceptionnellement forte jusqu’à basse altitude. Du 4 au 6 mars, il est tombé de 50 à 70 cm de neige jusqu’à basse altitude sur le versant sud des Alpes et dans les Grisons depuis Zervreila jusqu’en Haute-Engadine. Selon les relevés de MétéoSuisse, les chutes de neige du 5 mars constituaient le deuxième épisode de plus intense de chutes de neige en mars dans le sud du Tessin depuis les débuts des mesures (après les chutes de neige du 17 mars 1975). Cette situation a entraîné à basse altitude dans le Tessin le chaos sur les routes le 5 mars et, dans la ville de Lugano (335 m, TI), on était même temporairement obligé de monter les chaînes.
Après une deuxième semaine de mars calme, il est tombé du 15 au 17 mars quelque 50 cm de neige jusqu’à basse altitude dans le sud. Par la suite, le temps était souvent ensoleillé mais plutôt frais. Au cours de la dernière semaine de mars, il a neigé faiblement, d’abord dans l’est puis plus tard dans l’ouest. Pour le reste, le temps était généralement ensoleillé et l’isotherme zéro degré est montée très progressivement jusqu’à 2500 m. En raison des chutes de neige jusqu’à basse altitude au début de mars et à la mi-mars dans le sud, l’enneigement était nettement supérieur aux données moyennes dans le centre et le sud du Tessin en mars (cf. figure 10, en haut). Dans l’ouest, l’enneigement était supérieur à la moyenne, tandis que dans l’est, il était légèrement inférieur aux données moyennes.

En avril, le temps était variable et globalement plus doux que la normale. Du 30 mars au 1er avril et du 3 au 6 avril, il est tombé à chaque fois de 20 à 40 cm de neige au-dessus de 2200 m dans le sud. Du 7 au 9 avril, il est encore tombé 50 cm de neige au-dessus de 2400 m dans le sud, mais aux altitudes moyennes et élevées, le manteau neigeux fondait à cause de la pluie. Dans le nord également, la neige fondait en raison du temps doux, disparaissant totalement en de nombreux endroits au cours de la première semaine d’avril.
Mais l’hiver n’était pas encore terminé. Il a fait un nouveau retour à la mi-avril: Du 16 au 19 avril, il est tombé de 50 à 80 cm de neige au-dessus de 2200 m dans les Grisons, et jusqu’à 100 cm sur le centre de la crête principale des Alpes et en Haute-Engadine. Dans le nord, il a neigé au-dessus de 2500 m du 22 au 26 avril, avec un apport de 30 à 50 cm de neige, et jusqu’à 80 cm sur le centre et l’est du versant nord des Alpes. En dépit de ces offensives hivernales tardives, l’enneigement en avril était généralement inférieur aux données moyennes et ce n’était qu’en Bas-Valais qu’il correspondait encore aux données moyennes (cf. figure 10, en bas).

Le mois de mai était plus froid que la normale et, en raison de chutes de neige répétées jusqu’à moyenne altitude, il était temporairement hivernal. Au début du mois, il a neigé sur une grande partie du territoire jusqu’à moyenne altitude avec un apport de 50 à 70 cm dans l’ouest. Du 9 au 12 mai, il est tombé au-dessus de 2800 m dans le sud et sur la partie de la crête principale des Alpes située dans le Haut-Valais de 50 à 80 cm de neige, et même jusqu’à 120 cm dans le nord du Tessin. Du 12 au 15 mai dans le nord et du 23 au 24 mai surtout dans l’ouest et en Haute-Engadine, il est tombé à chaque fois jusqu’à 50 cm de neige au-dessus de 2500 m. Le 24 mai, la limite des chutes de neige est descendue à 1200 m et, à moyenne altitude, le paysage est redevenu blanc sur une grande partie du territoire. Du 29 au 31 mai, il est tombé jusqu’à 50 cm de neige dans les hautes montagnes de la crête principale des Alpes.
En mai, les hauteurs de neige en dessous de 2500 m environ ont nettement diminué. Au-dessus de 2500 m, elles étaient restées plutôt stables, ce qui est assez inhabituel en mai (cf. figure 13).

Tout au long de l’hiver, les hauteurs moyennes de neige (cf. figure 5) étaient comparables à la situation de décembre à février: Ce n’est qu’en Bas-Valais et sur l’ouest du versant nord des Alpes que les hauteurs de neige au-dessus de 1400 m environ étaient comparables à la moyenne pluriannuelle. Dans les autres régions, elles étaient inférieures aux données moyennes et, dans l’extrême sud, elles étaient nettement inférieures à ces valeurs. Pour la période de novembre à avril, il s’agissait selon MétéoSuisse de la deuxième période la plus douce depuis le début des mesures. Seul l’hiver 2006/07 était plus doux. Par conséquent, les hauteurs de neige aux altitudes relativement basses étaient nettement inférieures aux moyennes pluriannuelles, tout particulièrement dans les vallées alpines. Le nombre de jours de neige sur le Plateau central et dans le Jura était nettement inférieur à la moyenne.

Le manque de neige au début de cet hiver (2015/16) était encore plus prononcé qu’au cours de l’hiver précédent (2014/15). A l’exception du mois de mars, tous les autres mois (de novembre 2015 à avril 2016) étaient trop doux. Le mois de décembre, tout particulièrement, a connu un record de douceur: Selon MétéoSuisse, les températures dans les régions de montagne étaient de 4 à 6 °C au-dessus de la moyenne (de 1981-2010). Par ailleurs, au cours des mois de novembre et décembre, il y a eu très peu de précipitations, alors que pour les deux mois suivants, on enregistrait un léger excédent de précipitations.

Si l’on considère l’ensemble de l’hiver, l’ouest des Alpes suisses était clairement avantagé pour ce qui concerne les quantités de neige, parce que cette région a bénéficié de davantage de précipitations que le reste de la Suisse, surtout en novembre et janvier. Les premières chutes de neige jusqu’en plaine (entre le 21 et le 24 novembre) étaient si abondantes aux altitudes relativement élevées de Suisse occidentale qu’elles ont parfois persisté au-delà du mois doux et sec de décembre. L’est des Alpes suisses, en revanche, a connu des jours de Noël pratiquement sans neige, même dans les régions plus élevées, parce que les nombreuses heures d’ensoleillement ont fortement fait fondre le peu de neige. L’Engadine et le versant sud des Alpes étaient pratiquement sans neige au début de l’hiver, parce qu’il n’y a eu aucune période de précipitations significatives jusque début janvier dans ces régions. Une telle situation sans neige jusqu’aux alentours de 2000 m d’altitude au Nouvel An ne s’est encore jamais produite aux stations du versant sud des Alpes effectuant des relevés depuis de nombreuses années. Même les abondantes chutes de neige de février n’ont pas pu y compenser le déficit, de sorte que les hauteurs de neige étaient constamment inférieures aux valeurs moyennes jusqu’à la mi-avril, y compris aux stations les plus hautes. Début mars, les hauteurs de neige dans les Alpes centrales et orientales ont néanmoins atteint, pendant une brève période, des valeurs moyennes en raison des fréquentes chutes de neige de janvier et février. En Suisse occidentale, les chutes de neige étaient plus intenses, de sorte que les hauteurs de neige y affichaient des valeurs supérieures aux données moyennes à partir de janvier. En raison des conditions météorologiques douces, ceci ne concernait toutefois que les altitudes supérieures à 1400 m. Dans le nord et l’est, les hauteurs de neige avaient à nouveau rattrapé le retard à partir de la seconde moitié du mois d’avril jusqu’en mai, et elles atteignaient des valeurs moyennes, tout particulièrement à haute altitude.

Ce n’est que mi-janvier que le Plateau central a connu quelques journées avec des températures hivernales négatives et un sol enneigé pendant plusieurs jours, ce qui est nettement en dessous de la norme.

Evolution des hauteurs de neige à une sélection de stations d’observation

Les graphiques suivants reprennent à chaque fois l’évolution des hauteurs de neige relevées quotidiennement et comparées aux hauteurs de neige minimale, moyenne et maximale mesurées le même jour à cette station. Le nombre d’hivers depuis le début des relevés jusqu’en 2016 (n) est mentionné dans la légende. Les observateurs effectuent en général des mesures depuis le 1er novembre et au moins jusqu’au 30 avril. Les régions avec une évolution comparable des hauteurs de neige au cours de l’hiver 2015/16 sont regroupées et décrites sur la base de stations représentatives.

Versant nord des Alpes:

L’évolution des hauteurs de neige sur le versant nord des Alpes peut être suivie à l’appui de la station comparative Hasliberg, 1825 m (figure 11).

L’hiver a commencé par des chutes de neige fin novembre. A partir du 21 novembre, le manteau neigeux était continu. La hauteur de neige fraîche de 44 cm relevée le 26 novembre est restée la valeur la plus importante de chutes de neige de l’hiver. Par la suite, la hauteur de neige en décembre a nettement diminué en raison des hautes températures. Les hauteurs de neige étaient généralement légèrement inférieures aux moyennes, mais aucun nouveau minimum n’a été atteint. Des valeurs significatives de neige fraîche en dehors des chutes de neige de novembre ont été enregistrées le 4 février avec 36 cm, lors de deux épisodes de chutes de neige avec 33 cm le 17 janvier et le 8 mars, puis le 23 mai avec un apport de 31 cm de neige. Tous les autres épisodes de chutes de neige étaient inférieurs à 30 cm (cf. tableau 1). Les mesures ont parfois dû être interpolées, parce qu’il n’y avait personne sur le terrain pour effectuer les relevés (cf. figure 11). Le nombre de jours avec de la neige fraîche était de 46% sur un total de 192 jours d’enneigement permanent. La hauteur de neige maximale a été atteinte le 8 mars avec 189 cm.

L’équivalent en eau maximal de 538 mm était nettement inférieur à la moyenne de 751 mm (pour une période de relevés de 46 ans).

Bas-Valais:

L’évolution des hauteurs de neige en Bas-Valais peut être suivie à l’appui de la station comparative Fionnay, 1500 m (figure 12).

Dans l’ouest des Alpes suisses, comme à cette station, les abondantes chutes de neige de fin novembre ont survécu au mois de décembre exceptionnellement doux, de sorte qu’à Noël, il y avait un mince manteau neigeux. Pour ce qui concerne les quantités de neige, la Suisse occidentale a été clairement avantagée cet hiver, puisque cette région a bénéficié, surtout en novembre et en janvier, de davantage de précipitations que le reste de la Suisse. Par conséquent, les hauteurs de neige à cette station de mesure correspondaient aux valeurs moyennes ou étaient légèrement supérieures à ces valeurs de janvier à mars. En avril, elles ont ensuite rapidement diminué. La neige avait entièrement fondu à cette station le 28 avril, mais il y a eu de nouvelles chutes de neige en mai. Ici aussi, on n’a guère enregistré de hauteurs de neige fraîche relativement importantes. Pour 39% sur un total de 160 jours avec un manteau neigeux permanent, on a relevé de la neige fraîche. Et pour sept de ces jours, des hauteurs de neige fraîche comprises entre 21 et 30 cm (cf. tableau 2). Pour tous les autres épisodes de chutes de neige, la hauteur de neige fraîche était inférieure à 21 cm. Le 4 février, la station a enregistré la valeur de neige fraîche en un jour la plus importante avec 27 cm. La hauteur de neige maximale a été atteinte le 9 mars avec 145 cm. Le 28 avril, le champ de mesure était totalement sans neige (cf. tableau 2).

L’équivalent en eau maximal de 428 mm était supérieur à la moyenne de 378 mm (pour une période de relevés de 43 ans).

Nord et centre des Grisons, Basse-Engadine:

L’évolution des hauteurs de neige à haute altitude dans le nord et le centre des Grisons ainsi qu’en Basse-Engadine peut être suivie à l’appui de la station comparative Weissfluhjoch, 2540 m (cf. figure 13).

Comme sur une grande partie du territoire des Alpes suisses, les hauteurs de neige au Weissfluhjoch étaient généralement inférieures aux données moyennes, tout particulièrement au début de l’hiver (cf. figure 13). A deux reprises, le 20 novembre et le 30 décembre, on a pratiquement atteint la hauteur minimale de neige. Certaines stations de mesure du nord et du centre des Grisons situées aux alentours de 1500 m et effectuant des relevés depuis de nombreuses années ont connu pour la première fois un Noël vert ou seulement à peine blanc. Le champ de mesure de haute altitude sur le Weissfluhjoch (2540 m) a été couvert de neige pour la première fois le 14 octobre (la date moyenne d’enneigement est le 18 octobre). La hauteur maximale de neige a été atteinte le 6 mars avec 220 cm. A la mi-avril, les hauteurs de neige ont diminué à tel point que l’on a pratiquement atteint le minimum absolu de hauteur de neige pour cette période de l’année. Par la suite, les hauteurs de neige sont cependant restées stables jusqu’à fin mai, en raison de chutes de neige répétées à haute altitude. La diminution de la hauteur de neige a par conséquent été ralentie en mai. Fin mai, il y avait encore 162 cm de neige sur le champ de mesure de Weissfluhjoch. Le 8 juillet, la neige avait totalement fondu, soit un jour avant la date moyenne de fonte totale de la neige, à savoir le 9 juillet.
Le nombre de jours avec de la neige fraîche était de 42% sur un total de 269 jours d’enneigement permanent. L’apport de neige fraîche le plus important a été relevé le 13 janvier et était de 40 cm. La plupart des hauteurs de neige fraîche (34% des jours) étaient de 10 cm ou moins. Pour 5% des jours, l’apport de neige était compris entre 11 et 20 cm, pour 3% entre 21 à 30 cm et pour 2% entre 31 et 50 cm (cf. tableau 3).

L’équivalent en eau maximal de 797 mm était inférieur à la moyenne de 848 mm (pour une période de relevés de 80 ans).

Crête principale des Alpes depuis la région du Simplon jusqu’en Haute-Engadine et régions situées plus au sud:

L’évolution des hauteurs de neige sur la crête principale des Alpes depuis la région du Simplon jusque dans le Valle Bregaglia et dans les régions situées plus au sud peut être suivie à l’appui de la station comparative San Bernardino, 1640 m (cf. figure 14).

Dans le sud, le début de l’hiver était exceptionnellement peu enneigé et, dans le Tessin, il n’y avait jamais eu aussi peu de neige au dessus de 1500m auparavant en fin d’année. Le champ de mesure de la station comparative San Bernardino à 1640 m a été enneigé pour la première fois le 3 janvier. La date la plus tardive d’enneigement depuis le début des mesures était le 23.02.1989. Mais jusque début février 2016, il y avait seulement très peu de neige (hauteur de neige le 4 février: 12 cm). Le 8 février, il est tombé 51 cm de neige et, le 6 mars, 61 cm de neige, ce qui constitue de loin l’épisode avec les chutes de neige les plus importantes de l’hiver. A partir du 6 mars, les hauteurs de neige ont été, pendant une brève période, supérieures aux données moyennes; mais, pour le reste, elles étaient généralement nettement inférieures à ces valeurs. La fonte de la neige a rapidement progressé en avril, et le champ de mesure était sans neige le 20 avril, soit quatre jours avant la date moyenne du 24 avril. Le jour de fonte totale le plus précoce sur le champ de mesure était le 22 mars 1993. La hauteur maximale de neige de l’hiver 2015/16 a été atteinte le 8 mars avec 138 cm. Ce n’est que pour 35% sur 109 jours d’enneigement permanent que l’on a relevé de la neige fraîche. A part les deux valeurs d’importantes de 61 et 51 cm, il n’y a pas eu d’autre apport de neige fraîche supérieur à 30 cm (cf. tableau 4). L’équivalent en eau maximal se situait avec 286 mm en dessous de la moyenne de 326 mm (pour une période de relevés de 44 ans).

 

Constitution du manteau neigeux

Après un commencement de l’hiver très peu enneigé, le mince manteau neigeux du début de l’hiver était constitué de couches de plus en plus meubles ayant subi une métamorphose constructive. Les pentes ensoleillées étaient souvent sans neige jusqu’à haute altitude. En janvier, dans l’ouest et le nord, il y a eu ensuite pour la première fois d’abondantes chutes de neige accompagnées d’un vent fort. Dans l’est et le sud, l’apport de neige était d’abord faible. Mais en février, il y a eu d’abondantes chutes de neige accompagnées d’un vent fort surtout de secteur sud-ouest à ouest et de tempêtes de foehn. A partir de février, les différences régionales dans la constitution du manteau neigeux étaient marquées. En Bas-Valais, dans le nord du Valais et sur le versant nord des Alpes, le manteau fragile de neige ancienne était de plus en plus recouvert de neige fraîche et c’étaient plus particulièrement les couches de neige fraîche et de neige soufflée qui étaient instables pendant une brève période. D’autre part, surtout dans le sud du Haut-Valais, dans le nord du Tessin et dans les régions intra-alpines des Grisons, en Engadine et dans les vallées du sud des Grisons, les couches de base du manteau neigeux constituaient, jusque pendant la première semaine de mars, une zone fragile dans laquelle se décrochaient des avalanches. C’était cet hiver la seule couche fragile qui a persisté pendant relativement longtemps. En comparaison avec la moyenne des dix hivers précédents (cf. figure 15), la constitution du manteau neigeux était généralement plus défavorable en décembre 2015 et janvier 2016, et la stabilité du manteau neigeux était dès lors plus faible. Les principaux développements dans le temps et en fonction des régions sont décrits ci-après.

Jusqu’à la fin de l’année, pratiquement pas de neige et faible danger d’avalanche

En raison des températures très douces et d’une grande sécheresse, l’hiver a commencé avec très peu voire pas du tout de neige (cf. photo 16). Les randonnées et les descentes en hors-piste n’étaient dès lors possibles que de manière très limitée. Sur les pentes à l’ombre de haute altitude, le mince manteau neigeux a souvent donné lieu à la formation d’une couche de neige ancienne fragile ayant subi une métamorphose constructive à grains anguleux et qui allait jouer un rôle important par la suite. A Noël 2015, il y avait un mince manteau neigeux à moyenne altitude en Bas-Valais et sur l’ouest du versant nord des Alpes (cf. photo 17), et ailleurs généralement seulement à haute altitude sur les pentes à l’ombre. Dans le sud, l’enneigement était exceptionnellement faible (cf. section „Evolution des hauteurs de neige“, figure 14). La neige ancienne avait subi une métamorphose constructive, surtout sur les pentes à l’ombre de haute altitude (cf. figure 18).

Situations avalancheuses délicates pour les adeptes des sports de neige en raison de chutes de neige abondantes et d’un manteau neigeux temporairement fragile

Tout d’abord dans l’ouest et le nord, puis à partir de février également dans l’est et le sud, des chutes de neige répétées et des tempêtes de foehn ont donné lieu à des situations avalancheuses critiques. Les couches de neige fraîche et de neige soufflée étaient susceptibles de se décrocher au niveau du passage à la neige ancienne métamorphosée, et qui était parfois recouverte de croûtes durcies de regel (cf. figure 18).

Dans le nord et l’ouest, les couches parfois épaisses de neige fraîche et de neige soufflée (cf. photos 19 et 21) recouvraient progressivement la couche fragile proche du sol, de sorte qu’en février celle-ci ne pouvait plus guère donner lieu à des déclenchements d’avalanches. Dans le sud du Haut-Valais, dans le nord du Tessin, dans les régions intra-alpines des Grisons, en Engadine et dans les vallées du sud des Grisons, en revanche, les couches de base fragiles du manteau neigeux sont restées dangereuses jusqu’au cours de la première semaine de mars (cf. photo 20 et figure 21). La neige ancienne ayant subi une métamorphose constructive à grains anguleux était cet hiver la seule couche fragile importante ayant persisté pendant une période prolongée.

Deux incursions du temps doux en plein hiver avec un début d’humidification du manteau neigeux jusqu’à haute altitude en raison de la pluie

Au moment du passage de janvier à février, de fortes précipitations avec une limite des chutes de neige entre 2400 m et 3000 m ont donné lieu à un début d’humidification du manteau neigeux jusqu’à haute altitude (cf. photo 22). Le début d’humidification du manteau neigeux ont fragilisé celui-ci sur une grande superficie entraînant un risque élevé de déclenchement d’avalanches. Une situation similaire s’était produite le 21 février, lorsque les températures étaient à nouveau montées à des valeurs printanières et qu’il avait plu jusqu’aux alentours de 2400 m pour la deuxième fois en plein hiver. En raison de la pluie, des croûtes durcies de regel se sont formées à diverses reprises à la surface neigeuse en plein hiver avant d’être recouvertes de neige ultérieurement (cf. figure 23).

Jusqu’à la mi-avril, situation printanière souvent favorable, puis à nouveau des conditions hivernales

Le mois de mars était relativement frais. Début mars, il a beaucoup neigé tout particulièrement dans le sud, paralysant la circulation routière et entraînant des avalanches ayant provoqué des dégâts (cf. section „Activité avalancheuse“). A partir de la deuxième semaine de mars, il n’a pratiquement plus neigé et le manteau neigeux s’est stabilisé sur une grande partie du territoire. Cette consolidation est intervenue en dernier lieu également dans les régions avec un manteau fragile persistant de neige ancienne (cf. figure 23).

Sous l’effet des températures plus élevées et du rayonnement diurne, le manteau neigeux était de plus en plus humidifié, tout particulièrement en avril, avec comme conséquence des avalanches de neige mouillée et des avalanches de glissement. Depuis la seconde moitié d’avril jusqu’en mai, il faisait trop froid pour la saison et, en raison d’une succession de chutes de neige, la situation est demeurée hivernale avec un ralentissement de la fonte du manteau neigeux tout particulièrement à haute altitude et en haute montagne. En dessous de 2500 environ, le manteau neigeux était largement humidifié. Au-dessus de cette altitude, il était encore sec en surface sur les pentes exposées au nord parfois jusqu’en mai. Les couches de neige fraîche et de neige soufflée étaient temporairement susceptibles de se décrocher facilement. Sous l’effet du réchauffement à la fin du mois de mai, ce sont alors surtout les couches relativement récentes de neige qui ont également été humidifiées et fragilisées.

Aperçu de la constitution du manteau neigeux dans trois grandes zones

Pour avoir un aperçu des couches fragiles potentielles à l’intérieur du manteau neigeux, on a calculé la part qu’elles représentent à partir de stimulations du manteau neigeux aux stations de mesure automatiques (sur plans horizontaux) à l’aide du modèle Snowpack en prenant à chaque fois comme référence le matin comme le montre la figure 24. A cet effet, les Alpes suisses ont été divisées du nord au sud en trois grandes zones: les régions du nord, les régions intra-alpines et les régions du sud.
Les couches fragiles proches de la surface étaient présentes à diverses reprises dans toutes les régions des Alpes suisses (cf. figure 24, graphique du haut) et elles ont été recouvertes de neige (cf. figure 24, graphique du bas). Au début de l’hiver, il s’agissait du manteau de neige ancienne métamorphosée qui a été largement recouvert de neige en janvier. Au fil de l’hiver, cela concernait généralement des surfaces neigeuses ayant subi une métamorphose constructive à grains anguleux; plus rarement cet hiver, du givre de surface a été enneigé. Les trois grandes zones se distinguent peu pour ce qui est de l’évolution des couches fragiles proches de la surface (cf. figure 24, graphique du haut).
La part des couches fragiles potentielles dans le mètre supérieur du manteau neigeux (sans la surface neigeuse) est reprise dans la figure 24 (graphique du bas). Les trois grandes zones des Alpes suisses se distinguent nettement à cet égard. Au début de l’hiver, la part des couches fragiles potentielles était la plus grande dans les régions intra-alpines. En plein hiver, elles étaient très présentes surtout dans les régions intra-alpines et dans les régions du sud. Dans les régions du nord, leur part était en revanche nettement plus petite.

Aperçu de la teneur en eau du manteau neigeux sur les plans horizontaux

Le degré d’humidification a été déterminé à partir de la simulation de la teneur en eau du manteau neigeux à l’aide du modèle SNOWPACK. La représentation de la teneur en eau du manteau neigeux (cf. figure 25) est subdivisée en quatre catégories: sec, partiellement humide, humide ou pas de neige. Le manteau neigeux est considéré comme humidifié lorsqu’il y a suffisamment d’eau dans la simulation du manteau neigeux pour qu’une teneur volumétrique d’eau de 3% soit atteinte ou dépassée (à chaque fois l’après-midi).
La figure 25 montre l’humidification du manteau neigeux sur les plans horizontaux dans son évolution depuis décembre 2015 jusqu’à avril 2016 (les pentes exposées au nord et au sud ne sont pas représentées). Au début de l’hiver et en plein hiver 2015/16, seulement une petite partie des pentes exposées au sud, des plans horizontaux et des pentes exposées au nord a été plus particulièrement humidifiée. L’humidification complète du manteau neigeux est intervenue à partir d’avril sur les plans horizontaux et les pentes exposées au nord et, dès le mois de mars, sur les pentes orientées au sud.

Activité avalancheuse

L’indice d’activité avalancheuse (cf. figure 26) montre la phase principale d’activité avalancheuse au cours de l’hiver 2015/16 depuis janvier jusqu’à la mi-mars. A partir de la mi-mars, ce sont surtout encore des avalanches de neige mouillée qui ont été signalées. Il n’y a toutefois pas eu de période marquée d’avalanches de neige mouillée. Des avalanches de neige humide ou de neige mouillée ont également été déclenchées en plein hiver, souvent à cause de la pluie jusqu’à haute altitude. L’indice d’activité avalancheuse a atteint au cours de l’hiver 2015/16, les valeurs les plus élevées le 13 janvier (n° 2 dans la figure 26), le 1er février (n° 4, valeur la plus élevée), le 21 février (n° 6) et le 6 mars (n° 8). Les principales journées avec des accidents étaient le 21 février (n° 6), le 27 février (n° 7) et le 6 mars 2016 (n° 8).

Périodes avalancheuses remarquables

Les départs d’avalanches dépendent de différents facteurs: la stabilité du manteau neigeux qui varie au fil du temps, la neige fraîche, le vent, les fluctuations des températures, les surcharges sur le manteau neigeux provoquées par des personnes ou par des opérations de minage, etc. Cela explique pourquoi l’activité avalancheuse varie d’un jour à l’autre comme le montre clairement la figure 26. Les périodes les plus remarquables de l’hiver 2016/16 sont numérotées (cf. figure 26) et décrites ci-après.

Octobre

Du 1er au 4 octobre, il est tombé de 60 à 80 cm de neige en haute montagne au-dessus de 3500 m dans la région du Simplon et dans le nord-ouest du Tessin, et de 40 à 60 cm dans les régions directement avoisinantes. Un vent modéré à fort de secteur sud transportait la neige fraîche en haute montagne. Quelques avalanches généralement petites ont été signalées dans la vallée de la Saas, VS. Une première offensive hivernale marquée a eu lieu du 13 au 16 octobre. La limite des chutes de neige est descendue jusqu’à moyenne altitude. Au-dessus de 2000 m, on enregistrait jusqu’à 50 cm de neige fraîche sur la crête principale des Alpes et en Engadine. De la neige soufflée s’était formée surtout dans le voisinage des crêtes et en haute montagne. Dans la région Saas et de Zermatt, quelques opérations de minage de sécurisation ont été menées avec succès et de petites avalanches ont également été déclenchées par des personnes. Le 24 octobre, un accident mortel d’avalanche a eu lieu au Piz Palü (Pontresina, GR). Etant donné qu’il n’y avait pratiquement pas de manteau de neige ancienne sauf en haute montagne, l’activité avalancheuse était globalement faible.

Novembre

Après trois semaines de novembre très douces et ensoleillées, la neige du mois d’octobre avait de nouveau fondu en altitude, sauf sur les pentes exposées au nord. Du 20 au 22 novembre, il est tombé sur le versant nord des Alpes et dans le nord du Valais au-dessus de 2500 m de 80 à 100 cm de neige, les quantités de neige fraîche diminuant fortement à mesure que l’on se dirigeait vers le sud. Peu après, du 25 au 27 novembre, il est tombé de 40 à 60 cm de neige dans le nord, et localement jusqu’à 90 cm, la limite des chutes de neige descendant jusqu’à basse altitude. Dans le sud, le mois de novembre est resté largement sec. Quelques avalanches déclenchées au moyen d’explosifs ou par des personnes ont été signalées, surtout le versant nord des Alpes. Le 26 novembre, l’avalanche du Sättelital a enseveli la route menant au Grosstal (Isenthal, UR). Les avalanches se décrochaient au niveau du passage vers la neige ancienne ou en tant qu’avalanches de glissement au niveau du sol. Fin novembre, la situation avalancheuse était délicate avec peu de neige fraîche et un vent soufflant en tempête. Des avalanches spontanées se sont déclenchées en haute montagne et des personnes ont provoqué des avalanches sur le versant nord des Alpes, mais aussi dans le voisinage de la limite de la forêt. Fin novembre, les hauteurs de neige étaient légèrement supérieures aux données moyennes dans le nord et en Bas-Valais, tandis que dans les autres régions, il n’y avait que très peu ou pas de neige.

Décembre

Le mois de décembre était généralement sec et extrêmement doux. Le manteau neigeux fondait à nouveau sur les pentes exposées au sud. Sur les pentes raides à l’ombre, il subissait une métamorphose constructive et se composait de plus en plus de couches métamorphosées à grains anguleux. Il renfermait souvent de minces couches durcies de regel. Sur le versant nord des Alpes et en Bas-Valais, les couches proches du sol étaient mieux consolidées que dans les autres régions. Au cours de la seconde moitié de décembre, il n’y avait pratiquement plus de neige en de nombreux endroits et les conditions étaient plutôt propices aux promenades. Les randonnées à ski étaient possibles à haute altitude, surtout sur le versant nord des Alpes et en Bas-Valais ainsi qu’en général à partir des routes de haute altitude menant vers les cols. Des départs d’avalanches ont toutefois été observés localement. Même avec peu de neige soufflée, le risque de décrochement était localement nettement accru (cf. photo 27). Globalement, l’activité avalancheuse était faible en décembre et tout particulièrement pendant les fêtes de Noël (cf. figure 26). Cette situation était due au fait que l’activité de randonnées à ski et la pratique du hors-piste étaient généralement faibles en raison du manque de neige.

Janvier

(1) 05.01.2016: Du 3 au 5 janvier sont survenues les premières précipitations relativement importantes depuis fin novembre 2015. Dans l’extrême ouest, l’apport de neige atteignait parfois 100 cm et était d’environ 50 cm en Bas-Valais et sur le versant nord des Alpes. La neige fraîche se déposait sur de la neige ancienne meuble métamorphosée. Les avalanches se produisaient à haute altitude surtout sur les pentes exposées an nord et à l’est ou ont été déclenchées par des personnes. Le risque de déclenchement d’avalanches petites ou moyennes était élevé dans les régions avec de la neige fraîche. Outre des avalanches, des bruits sourds et des fissures étaient fréquemment provoqués dans le manteau neigeux; ceux-ci constituaient des signaux d’alarme évidents indiquant une constitution fragile du manteau neigeux. Dans la région de Trient (VS), on a signalé une grande avalanche spontanée qui est descendue jusqu’à 1400 m.

(2) 13.01.2016: Du 7 au 13 janvier, il a neigé sans discontinuer et tout particulièrement de façon abondante dans l’ouest, parallèlement à une baisse de la limite des chutes de neige. Accompagné de vent tempétueux de secteur ouest, l’apport de neige atteignait jusqu’à 180 cm dans l’ouest, et souvent près de 50 cm dans les autres régions, à l’exception du sud. Les intensités élevées de précipitations et la neige ancienne fragile de l‘année antérieure ont entraîné un risque élevé de déclenchement d’avalanches du 8 au 14 janvier, avec l’activité la plus importante le 13 janvier. Ce sont d’abord des avalanches spontanées de neige humide, surtout de taille petite à moyenne, qui se sont déclenchées sous l’effet de la pluie, puis également des avalanches de neige sèche parfois de grande ampleur. Cela concernait le Valais, le versant nord des Alpes et les Grisons. De grandes avalanches se sont produites tout particulièrement en Valais. Il y a eu en outre plusieurs accidents d’avalanche dont un mortel le 9 janvier au Mäderhorn (Ried-Brig, VS). Plus particulièrement le 13 janvier, un nombre accru d’avalanches ont été déclenchées lors d’opérations de minage de sécurisation (cf. photo 28). Le 14 janvier, l’activité d’avalanches spontanées s’est ensuite déplacée vers l’est.

(3) 18.01.2016: L’épisode suivant de fortes chutes de neige du 15 au 17 janvier concernait surtout le versant nord des Alpes, où il est tombé jusqu’à 100 cm de neige, ainsi que le nord du Valais et le nord des Grisons qui enregistraient environ 50 cm de neige fraîche avec une limite des chutes de neige à basse altitude. Le vent de secteur ouest soufflait à nouveau temporairement en tempête. Alors que dans l’ouest le risque de déclenchement n’était plus si élevé, les avalanches se sont déclenchées spontanément au cours de cette phase – surtout sur le centre et l’est du versant nord des Alpes ainsi que dans le nord et le centre des Grisons – ou ont été déclenchées artificiellement. Il y a eu plusieurs accidents d’avalanche dont un faisant un tué le 16 janvier à la Combe de Saxon (Saxon, VS). Dans les régions faiblement enneigées des Grisons, les couches fragiles n’étaient que peu recouvertes de neige et s’affaissaient souvent même sous le poids d’un seul adepte des sports de neige provoquant de nombreux bruits sourds. Les avalanches étaient toutefois plutôt petites.

Le 18 janvier, une grande avalanche poudreuse a pu être déclenchée artificiellement et mesurée à des fins de recherche sur le terrain de test du SLF dans la vallée de la Sionne (Arbaz, VS) (cf. photo 29).

Février

(4) 01.02.2016: Du 31 janvier au 1er février, de fortes précipitations avec une limite des chutes de neige comprise entre 2400 m et 3000 m ont humidifié le manteau neigeux à toutes les expositions jusqu’à haute altitude. La pluie a fragilisé la couverture neigeuse et des chutes de neige intenses et un vent soufflant en tempête ont donné lieu en haute montagne à la formation d’importantes accumulations de neige soufflée constituant une forte surcharge pour la neige ancienne fragile. Ces conditions ont entraîné sur une grande partie du territoire – sauf dans le sud – une phase brève mais très active d’avalanches spontanées de neige humide ou mouillée au moment du passage de janvier à février. L’activité avalancheuse la plus élevée de l’hiver 2015/16 a été atteinte le 1er février. Le 30 janvier, deux accidents d’avalanche entraînant chacun la mort d’une personne au Büelenhorn (Davos Monstein, GR) se sont produits dans les Grisons.

(5) 10.02.2016: Pendant la première moitié de février, il y a eu – sauf dans l’extrême sud – une succession d’apports de neige qui ont été transportés intensivement par le vent fort de secteur ouest ou le foehn soufflant en tempête. Dans l’ouest, la neige ancienne fragile était de plus en plus recouverte et n’était plus guère susceptible de se décrocher. Dans cette région, c’étaient surtout les couches de neige fraîche et de neige soufflée qui étaient critiques. Dans l’est, en revanche, la neige ancienne était moins recouverte et le risque de décrochement persistait. Il y a eu de nombreux accidents d’avalanche impliquant des personnes, mais heureusement aucune n’a perdu la vie.

(6) 21.02.2016: Tout comme au début du mois de février, une nouvelle incursion de temps doux avec de la pluie jusqu’à 2400 m d’altitude a donné lieu à un risque élevé de déclenchement d’avalanche ainsi qu’à une forte activité d’avalanches de neige mouillée ou humide (cf. photo 30). Les 20 et 21 février, il y a eu de nombreux accidents d’avalanche. Au Allalinhorn (Saas Fee, VS), une personne a été tuée par une avalanche le 21 février.

(7) 28.02.2016: Du 27 au 29 février, il a neigé pour la première fois abondamment sur une grande partie du sud avec jusqu’à 120 cm de neige fraîche sur la partie de la crête principale des Alpes située dans le Haut-Valais. Alors que dans les régions du sud touchées par les précipitations les plus abondantes le vent était trop faible pour donner lieu à d’importants transports de neige, le foehn soufflait en tempête dans le nord et déplaçait la neige ancienne meuble. La neige soufflée fraîche était susceptible de se décrocher facilement et il y a eu de nombreux départs d’avalanches provoqués par des personnes, surtout le 27 février, lorsqu’au Blüemberg (Muotathal, SZ) une personne a perdu la vie dans un accident d’avalanche à seulement 1600 m d’altitude. Etant donné que la densité des observations sur le versant sud des Alpes est nettement plus faible que dans les autres régions, il est possible que l’activité avalancheuse réelle au cours de cette phase ait été supérieure à celle indiquée par l’indice.

Mars

(8) 06.03.2016: Du 4 au 6 mars, il a neigé jusqu’à basse altitude sur une grande partie du territoire, l’apport de neige de 50 à 70 cm étant le plus important sur le versant sud des Alpes, dans le centre des Grisons et en Haute-Engadine. Les chutes de neige étaient temporairement très intenses. Dans le Tessin et dans les Grisons, des avalanches spontanées se sont décrochées dans la neige ancienne. Plus particulièrement en Haute-Engadine, les avalanches ont atteint une grande ampleur. L’indice d’activité avalancheuse a atteint le 6 mars la valeur la plus élevée en ce qui concerne les avalanches de neige sèche au cours de l’hiver 2015/16. Un accident mortel faisant deux tués s’est produit le 5 mars dans le Höllgraben (Safiental, GR).

(9) 21.03.2016: Le réchauffement au cours de la troisième semaine de mars a mené progressivement à la première situation printanière. Avec l’humidification du manteau neigeux sur les pentes raides ensoleillées, des avalanches de neige mouillée se sont déclenchées en cours de journée, surtout sur le versant nord des Alpes et en Valais. L’activité d’avalanches de glissement s’est elle aussi accrue et était davantage soumise à une augmentation en cours de journée. Globalement, cette activité était cependant plutôt faible, car, d’une part, les températures étaient relativement fraîches pour un mois de mars, et, d’autre part, parce que de nombreuses pentes avaient déjà été purgées au cours de la phase du 21 février (6) en raison de la pluie jusqu’à haute altitude.

Avril

(10) 01.04.2016: Sous l’effet de la hausse des températures, l’humidification du manteau neigeux s’est poursuivie début avril sur les pentes exposées au sud jusqu’en haute montagne, et sur les pentes exposées au nord jusqu’à haute altitude (cf. figure 25). Les avalanches de neige mouillée se décrochaient également de plus en plus souvent sur les pentes orientées au nord et, plus particulièrement dans les Grisons, également dans la neige ancienne fragile. Le 3 avril, il y a eu un accident mortel d’avalanche à l’Aroser Alp (Arosa, GR).

Pendant la seconde moitié d’avril, l’hiver est revenu et l’activité d’avalanches de neige mouillée a diminué. La neige fraîche et la neige soufflée se déposaient sur une couverture de neige ancienne largement humidifiée. Le risque de déclenchement d’avalanche de neige sèche était à nouveau temporairement accru. Dans les hautes montagnes du Valais, il y a eu trois accidents mortels d’avalanche: le 17 avril à la Galmilicke (Fieschertal), le 19 avril près du Portalet (Orsières) et le 29 avril au Sattelhorn (Naters). Le 20 avril, un accident mortel d’avalanche s’est produit au Piz Fora (Sils, GR).
Etant donné qu’en avril la densité des observations est déjà fortement réduite par rapport à la période de plein hiver, il est possible que l’activité avalancheuse au cours de cette phase ait été plus élevée que ce qu’indique l’indice.

Mai

Après les chutes de neige d’avril, les conditions de randonnées étaient encore souvent bonnes en mai. Plusieurs offensives de l’hiver avec beaucoup de neige fraîche ont donné lieu en haute montagne à la persistance de conditions hivernales. Le 5 mai, une personne a perdu la vie au Surenjoch (Flims, GR).

Ce n’est qu’avec le réchauffement vers la fin du mois de mai que la neige relativement récente a été humidifiée et fragilisée. Les avalanches de neige mouillée se décrochaient dans la neige fraîche. Elles atteignaient parfois une grande ampleur et descendaient jusque dans les zones de verdure (cf. photo 31).

Accidents d’avalanche (octobre 2015 à mai 2016)

Accidents d’avalanche impliquant des personnes (situation au 31 mai 2016)

Pour l’hiver 2016/16, 158 avalanches impliquant 204 personnes ont été signalées au SLF. 57 personnes ont été blessées dans des avalanches et 20 personnes ont perdu la vie dans 17 accidents d’avalanche. Trois accidents d’avalanche (09.01.2015 Bodmertälli/VS, 16.01.2015 Combe de Saxon/VS, 05.03.2015 Höllgraben/GR) ont chacun entraîné le décès de 2 personnes; les autres accidents ont tous causé la mort d’une personne. Avec 20 tués, le nombre total de victimes est légèrement inférieur à la moyenne pluriannuelle. Pour l’ensemble de l’année hydrologique qui se termine le 30 septembre 2016, la moyenne des 20 dernières années est de 23 tués dans des avalanches. 1 personne a perdu la vie par degré de danger 1 (faible), 7 personnes par degré de danger 2 (limité), 11 personnes par degré 3 (marqué) et 1 personne est décédée en octobre lorsqu’il n’y avait pas encore de prévision de danger d’avalanche. Les victimes d’avalanches pratiquaient les activités suivantes: randonnées: 15 personnes, hors-piste: 5 personnes. 7 accidents avec au total 9 tués se sont produits en Valais; 6 accidents avec au total 7 tués ont eu lieu dans les Grisons; 2 accidents avec au total 2 victimes concernent le canton de Berne. Un accident avec un tué a eu lieu dans le canton de Schwytz et un autre dans le canton de Glaris (cf. figure 32).

Avalanches ayant provoqué des dégâts matériels

33 avalanches ont occasionné des dégâts matériels (aux bâtiments, aux infrastructures ou à la forêt) ou ont donné lieu à des opérations de recherche et de dégagement.

Le rapport détaillé relatif aux avalanches ayant provoqué des dommages corporels et des dégâts matériels paraît après saisie et exploitation de toutes les données dans la publication "Neige et avalanches dans les Alpes suisses 2015/16" au début de 2017.

Bulletins d'avalanches et degrés de danger

Pour l’ensemble de l’année hydrologique 2015/16, 191 bulletins d’avalanches ont été diffusés. Parmi ceux-ci, 132 étaient des bulletins d’avalanches quotidiens diffusés entre le 24.12.2015 et le 03.05.2016. Les 59 autres bulletins d’avalanches ont été diffusés en fonction de la situation pendant les mois d’octobre 2015 et de mai 2016 ou en été. Du 03.01.2016 au 10.04.2016 ainsi que les 25 et 27 avril, des bulletins d’avalanches ont également été diffusés le matin pour 101 jours (cf. tableau 5).

Tableau 5: Dates de diffusion des bulletins d’avalanches dans l'année hydrologique 2015/16 (du 1er octobre 2015 au 30 septembre 2016).

Type Dates de diffusion
Bulletins d’avalanches à l’automne et au début de l’hiver (36) Octobre: 14, 16, 27, 30, novembre: du 19 au 30 (quotidiennement), décembre: du 1 au 6 (quotidiennement), 8, 9, du 11 au 22 (quotidiennement)

Bulletins d’avalanches pendant la période hivernale principale (132)

Du 24.12.2015 au 03.05.2016 (quotidiennement)
Évaluations matinales (101) Du 03.01.2016 à 10.04.2016 (quotidiennement), 25 et 27 avril
Bulletins d’avalanches au printemps
et été (23)
Mai: 4, 6, 8, 9, du 11 au 15 (quotidiennement), 17, 18, 20, 22, 23, 25, 27, 28, 30; Juin: 16., 18.; Août: 4.; Septembre: 16., 19.


Comme le montre la figure 33 (graphique du haut), le degré de danger 4 (fort) a été annoncé pour 13 jours dans l’évaluation de la soirée et encore à 2 reprises dans l’évaluation matinale, les 5 et 13 février 2016. La période interrompue avec un danger marqué d’avalanche (degré 3) sur une grande partie du territoire se situait entre début janvier et début mars. Dans les régions où la neige était abondante (p. ex. dans le Bas-Valais ou sur le versant nord des Alpes), des chutes de neige intenses, de la pluie et un vent soufflant en tempête ont donné lieu à des situations avalancheuses critiques. Dans les régions peu enneigées (p. ex. dans le sud du Haut-Valais, dans le nord du Tessin ou dans les Grisons), le danger d’avalanche était essentiellement dû à la constitution fragile du manteau neigeux. A partir de la deuxième semaine de mars, le danger d’avalanche a diminué partout. Avec les avalanches de neige mouillée (cf. figure 33, graphique du bas), la situation est redevenue critique début avril, et à cause de la neige fraîche également à partir de la mi-avril. Globalement, l’hiver 2015/16 était cependant moins dangereux que la moyenne des dix dernières années.

Du 4 au 5 janvier 2016, le danger d’avalanche a atteint pour la première fois au cours de l’hiver 2015/16, le degré de danger 4 (fort). Cela concernait les régions de l’ouest du Bas-Valais. Le 8 janvier, le danger d’avalanche a à nouveau atteint le degré 4 (fort) dans les parties les plus occidentales du Bas-Valais. Du 11 au 13 janvier, le degré de danger 4 (fort) a été atteint sur une grande partie de la crête nord des Alpes et dans certaines régions du Valais. Le danger a alors augmenté le 13 janvier, jusqu’au degré 4 (fort) également dans le nord des Grisons et dans les régions les plus septentrionales de la Basse-Engadine. C’était la plus longue période avalancheuse avec un degré 4 (fort) de l’hiver 2015/16. Le 15 janvier, le degré de danger 4 (fort) a été annoncé pour certaines régions du nord des Grisons et pour la Basse-Engadine, ce qui ne s’est pas confirmé le matin du 16 janvier, mais ce degré avait été atteint les jours suivants, les 17 et 18 janvier.

En février et début mars, la situation avalancheuse est également redevenue critique, mais pour une zone nettement moins étendue que ce n’était le cas temporairement en janvier. Le 5 février, le degré de danger "fort" (degré 4) a été atteint le matin dans certaines régions du centre des Grisons ainsi que du nord de la Haute-Engadine. Dans l’évaluation du soir du 04. février, le degré 4 (fort) n’était pas encore annoncé. Le soir du 12 février ainsi que le matin du 13 février, le bulletin d’avalanches mettait en garde contre un "fort" danger d’avalanche (degré 4) dans certaines régions du Bas-Valais. Fin février, du 28 au 29 février, le danger d’avalanche a ensuite augmenté jusqu’au degré 4 (fort) sur grande partie de la crête principale des Alpes située dans le Haut-Valais. Le 5 mars, le danger d’avalanche atteignait pour la première fois au cours de l’hiver 2015/16 le degré de danger 4 (fort) sur une grande partie du versant sud des Alpes et en Haute-Engadine.

Si l’on effectue une comparaison sur de nombreuses années, le degré 4 (fort) a été utilisé moins fréquemment (0,9%) que la moyenne des dix derniers hivers (1,2%). Les degrés de danger "marqué" (degré 3) et "limité" (degré 2) ont également été annoncés moins fréquemment que la moyenne (degré 3: 36%, degré 2: 46%). En revanche le degré "faible" (degré 1) a été annoncé pratiquement deux fois plus souvent (30%) que la moyenne des dix dernières années (17%). Le degré de danger 5 (très fort) n’a jamais été utilisé au cours de l’hiver 2015/16 (cf. figure 34).

Tout comme l’hiver précédent, l’hiver 2015/16, a commencé relativement tard avec les premières chutes de neige abondantes en janvier. La constitution du manteau neigeux était d’abord fragile sur une grande partie du territoire et en raison des chutes de neige intenses, la situation avalancheuse était souvent délicate en janvier et février, avec fréquemment un degré de danger "marqué" d’avalanche et, dans certaines régions, également un "fort" danger d’avalanche. Au cours du mois de janvier dans l’ouest et au cours de février également dans le nord, la neige ancienne fragile a été fortement recouverte de neige fraîche et des avalanches ne pouvaient plus guère s’y décrocher plus profondément dans le manteau neigeux. La constitution du manteau neigeux était nettement meilleure dans le sud du Bas-Valais qu’au cours des hivers antérieurs. Mais en revanche, dans les régions plus faiblement enneigées du sud du Haut-Valais, du nord du Tessin, des régions intra-alpines des Grisons, en Engadine et dans les vallées du sud des Grisons, des avalanches pouvaient parfois encore se former au niveau des couches profondes du manteau de neige ancienne jusqu’à la première moitié de mars, et le danger d’avalanche était en permamence marqué. Après une succession de tempêtes de foehn et de débuts d’humidification du manteau neigeux jusqu’à haute altitude, la situation avalancheuse à partir de la mi-mars était généralement favorable avec un danger d’avalanche "faible" et "limité" également dans les régions moins enneigées. Le danger principal résidait souvent dans les couches relativement récentes proches de la surface. Avec généralement seulement une faible augmentation en cours de journée du danger d’avalanche de neige mouillée et d’avalanche de glissement, les conditions de randonnées étaient souvent bonnes pendant la seconde moitié de mars. Sous l’effet du réchauffement au cours de la première semaine d’avril, davantage d’avalanches de neige mouillée se dont décrochées dans les couches de neige proches du sol. Pendant la seconde moitié d’avril, le danger d’avalanche a une fois de plus augmenté sensiblement à cause de la neige fraîche.

Si l’on compare la répartition de degrés de danger de l’hiver 2015/16, (cf. figures 34 et 35) à la valeur moyenne des dix dernières années, on constate, d’une part, que les degrés de danger 2 (limité), 3 (marqué) et 4 (fort) ont été utilisés moins souvent que la normale. Ceci s’explique sans doute principalement par le début tardif de l’hiver et par le bon recouvrement de la neige ancienne fragile tout au long de l’hiver dans de grandes zones du Bas-Valais et du versant nord des Alpes. D’autre part, on constate que le degré de danger 1 (faible) a été utilisé plus souvent que la moyenne, ce qui s’explique surtout par les situations favorables couvrant de grandes régions au début de l’hiver (manque de neige en décembre) ainsi que depuis la mi-mars jusqu’à mi-avril.

Situations typiques de danger

Au cours de l’hiver 2015/16 (1er décembre 2015 au 30 avril 2016) les situations typiques suivantes ont été utilisées dans le bulletin d’avalanches (situation typique du danger principal; énumération de toutes les régions concernées): neige fraîche 10%, neige soufflée 46%, neige ancienne 27%, neige mouillée 10%, neige glissante 2% et situation favorable 5%.

La répartition des situations typiques de danger au cours de l’hiver 2015/16 varie d’une région à l’autre: pour le degré de danger 3 (marqué) sur le versant nord des Alpes et dans le Bas-Valais, la situation de neige ancienne a été utilisée plus rarement dans le bulletin d’avalanches, tandis que la situation de neige soufflée était utilisée plus fréquemment. Dans le sud du Haut-Valais, dans la région du Gothard et dans les Grisons, le problème lié à la neige ancienne était plus marqué et a été utilisé largement dans 30 à 40%, et parfois même dans plus de 40% des bulletins d’avalanches (cf. les zones bleu foncé dans la figure 36).

 

Été (juin à septembre 2016)

1: En juin, temps souvent hivernal et à la mi-juin, de la neige à partir de 1000 m

Le mois de juin – tout comme le mois de mai – était souvent hivernal avec de fréquents orages ainsi que de fortes précipitations. Au début du mois, il y avait constamment de la neige à haute altitude sauf sur les pentes ensoleillées. Du 15 au 17 juin, il est tombé de 20 à 50 mm de précipitations sur une grande partie de l’est du versant nord des Alpes, jusqu’à 80 mm dans les Grisons et jusqu’à 170 mm dans le Tessin. Au cours des précipitations, la limite des chutes de neige est passée de 3000 m à 1000 m. Mais ce n’était qu’au-dessus de 3500 m que l’ensemble des précipitations est tombé sous forme de neige. Le danger d’avalanche de neige sèche était accru en haute montagne et le danger d’avalanche de neige mouillé avait augmenté à haute altitude. Un bulletin d’avalanches a été diffusé les 16 et 19 juin. Pendant la seconde moitié de juin, le temps est devenu plus estival et l’isotherme zéro degré a dépassé la moyenne pluriannuelle (cf. figure 37). Vers la fin du mois, la neige a ensuite entièrement disparu sur les plans horizontaux ainsi que sur les pentes de haute altitude exposées au nord, ce qui correspondait à une évolution normale dans une comparaison pluriannuelle. En haute montagne également, le danger d’avalanche de neige sèche a diminué fin juin, mais on a néanmoins observé quelques avalanches de neige mouillée.

2: Offensive hivernale à la mi-juillet avec de la neige jusqu’à moyenne altitude; sinon un mois de juillet souvent de plein été avec des coulées de neige mouillée surtout en haute montagne; un accident mortel d’avalanche 

En raison d’un nette chute des températures à la mi-juillet, il a neigé brièvement jusqu’à moyenne altitude. Du 13 au 15 juillet, il a neigé au-dessus de 2500 m sur le versant nord des Alpes et dans les Grisons avec un apport de 15 à 30 cm de neige et jusqu’à 60 cm sur les hautes montagnes depuis l’est de l’Oberland bernois jusque dans les Alpes glaronnaises. Sous l’action du vent de secteur est et des basses températures, la neige a persisté quelques jours à haute altitude. A l’exception de cette chute des températures, le mois de juillet était toutefois estival avec parfois de violents orages. L’humidification du manteau neigeux progressait en haute montagne et il y a eu des avalanches et des coulées de neige mouillée (cf. photo 38). Fin juillet, il y avait sur les glaciers un manteau neigeux continu, tout particulièrement sur la crête nord des Alpes et dans les Grisons où la limite de la neige se situait à 3200 m. Trois accidents dus à des coulées de neige mouillée et touchant des personnes ont été signalés au SLF. Le 4 juillet, une personne a perdu la vie dans un accident d’avalanche au Bietschhorn (VS) à environ 3400 m, lorsqu’elle a été entraînée par une avalanche de neige mouillée meuble. Le 9 juillet, une coulée de neige au Säntis (SG) à environ 2300 m a touché deux groupes de randonneurs blessant plusieurs personnes. Le 10 juillet, une cordée a été emportée par une coulée de neige mouillée au-dessus de la Fuorcla Boval (GR) à environ 3300 m et une personne a été blessée.

3: Début d’août variable avec une succession de précipitations; de la neige le plus souvent uniquement en haute montagne

En août, le temps était d’abord frais et variable. Entre le 4 et le 6 août, il est tombé de 30 à 60 cm de neige sur les hautes montagnes du versant nord des Alpes et des Grisons. Plus particulièrement sur les glaciers, cette neige s’est déposée sur un manteau neigeux continu entraînant une augmentation du danger d’avalanche. Le 4 août, un bulletin d’avalanches a été diffusé. Jusqu’à la mi-août, le temps est resté variable avec des précipitations surtout dans le nord et l’est. Dans ces régions, il est tombé quelque 40 cm de neige dans le voisinage des sommets de haute montagne. Le 10 août, la limite des chutes de neige est descendue brièvement jusqu’à 2000 m; ailleurs, elle se situait généralement en haute montagne. En raison de la succession des précipitations, le manteau neigeux a persisté tout particulièrement sur les glaciers de haute montagne. Il s’est tassé et consolidé de sorte que les conditions pour les randonnées en altitude étaient généralement assez bonnes. En Valais et dans le Tessin, il n’y avait que peu de précipitations au cours de cette période. Aucune avalanche n’a été signalée au service des avalanches.

4: Canicule pour débuter une fin d’été chaude

A partir du 21 août, nous avons connu une période de plein été avec un temps vraiment très chaud. Selon les mesures de MétéoSuisse, de nouveaux records de température pour une fin d’août ont été enregistrés le 27 août à Bâle avec 33.8 degrés et à Genève avec 33.5 degrés (sur une période de 154 années de relevés). L’isotherme zéro degré, qui aux altitudes élevées est mesurée à l’aide de sondes radio, a atteint des altitudes inhabituelles et se situait le 25 août à 4895 m (cf. figure 37). Cette valeur est rare, mais elle ne constitue pas un record. Le jour avec l’isotherme zéro degré la plus élevée jamais relevée en Suisse était le 20 juillet 1995 avec 5127 m. Jusqu’à mi-septembre, nous avons ensuite connu encore un temps généralement ensoleillé de fin d’été avec une isotherme zéro degré entre 3000 et 4000 m. A la mi-septembre, il y avait – surtout sur les glaciers au-dessus de 3200 à 3600 m – généralement un mince manteau neigeux.

5: Incursion d’air froid à la mi-septembre avec de la neige à partir de 2400 m

Avec une météo déterminée par une zone de basse pression, il y a eu des précipitations du 16 au 19 septembre, principalement dans le sud du Valais. La limite des chutes de neige se situait entre 2400 et 2800 m. Au-dessus de 3200 m, il est tombé de 40 à 60 cm de neige dans le sud du Valais depuis la région de Trient jusque dans la région du Mont Rose, de 30 à 50 cm sur la crête nord des Alpes et de 10 à 30 cm ailleurs. En dessous de 2500 m, il n’y avait pratiquement plus de neige. En haute montagne, le danger d’avalanche était accru. Un bulletin d’avalanches a été diffusé les 16 et 19 septembre. Quelques avalanches relativement grandes dans la région du Mont Rose ont été signalées au SLF. Vers la fin septembre, le temps était souvent ensoleillé et les températures ont à nouveau augmenté. L’isotherme zéro degré se situait entre 3000 et 3500 m. Fin septembre, il y avait souvent encore de la neige au-dessus de 3000 à 3200 m, tout particulièrement sur les pentes exposées au nord et sur les glaciers.

Flash hiver: un bref aperçu de l'hiver 2015/16 (Edition 2 mai 2016)

Résumé

L’hiver 2015/16 était exceptionnellement doux. Selon les mesures de MétéoSuisse, les mois de novembre à avril constituaient même la deuxième période la plus chaude après 2006/07 depuis le début des relevés en 1864. Le début de l’hiver était caractérisé par de très faibles quantités de neige avec des hauteurs de neige largement inférieures aux données moyennes jusqu'à début janvier. Dans l’ouest, le déficit de neige a été compensé par les abondantes chutes de neige de janvier, mais en Suisse centrale et orientale, il a fallu attendre le mois de mars. Dans le sud, ce n’est qu’en février qu’il a neigé abondamment. Dans le Tessin, le déficit de neige a persisté tout au long de l’hiver. L’hiver était nettement plus doux que la normale, et le mois de décembre a même atteint des records de douceur. Par conséquent, cet hiver, le nombre de jours avec de la neige était nettement inférieur à la moyenne sur le Plateau.

En janvier, la constitution du manteau neigeux était fragile dans beaucoup de régions. Plus tard dans l’hiver, cette fragilité concernait surtout encore le sud du Haut-Valais, le nord du Tessin ainsi qu’une grande partie des Grisons. De janvier à début mars, des chutes de neige intensives, des incursions de temps doux et des tempêtes de foehn ont donné lieu à des situations avalancheuses délicates. A partir de la deuxième semaine de mars, le danger d’avalanche a diminué partout et la situation avalancheuse était généralement assez favorable en mars. Début avril, elle est à nouveau devenue un peu plus délicate avec des avalanches de neige mouillée et des avalanches de glissement, puis dès la mi-avril avec de la neige fraîche.

En moyenne, au cours de l’hiver 2015/16, le danger d’avalanche était plus faible que pendant les 10 hivers précédents. Le degré de danger 1 (faible) était pratiquement deux fois plus fréquent, le degré de danger 2 (limité) était moins fréquent et les degrés de danger 3 (marqué) et 4 (fort) étaient annoncés un peu moins fréquemment que pendant les 10 dernières années. Le nombre de victimes d’avalanche était légèrement en dessous de la moyenne. A la date du 30 avril, 18 personnes avaient perdu la vie dans des avalanches dans les Alpes suisses.

Aspects typiques de l’hiver 2015/16

Jusqu’à la fin de l’année, pratiquement pas de neige et faible danger d’avalanche

En raison de températures très douces et d’une grande sécheresse, l’hiver a débuté avec généralement un faible danger d’avalanche. Etant donné qu’il n’y avait que très peu de neige, les randonnées et les descentes en hors-piste n’étaient toutefois guère possibles. Sur les pentes à l’ombre de haute altitude, le mince manteau neigeux s’était transformé en une couche fragile de neige ancienne.

Situations avalancheuses délicates pour les adeptes des sports de neige en raison d’abondantes chutes de neige et d’un manteau neigeux temporairement fragile

D’abord dans l’ouest et le nord, puis à partir de février également dans l’est et le sud, une succession de chutes de neige et de phases de foehn soufflant en tempête ont donné lieu à des situations avalancheuses critiques. Le danger résidait surtout dans les couches de neige fraîche et de neige soufflée ainsi que dans la neige ancienne ayant subi une métamorphose constructive à la base du manteau neigeux. Dans le nord et l’ouest, les nouvelles chutes de neige se sont successivement déposées sur cette couche, de sorte qu’en février il n’était plus possible de provoquer leur décrochement sous forme d’avalanche. Dans le sud du Haut-Valais, dans le nord du Tessin, dans les régions intra-alpines des Grisons, en Engadine et dans les vallées du sud des Grisons, en revanche, les couches fragiles à la base du manteau neigeux demeuraient dangereuses jusque pendant la première semaine de mars. Cet hiver, c’était la seule couche fragile qui a persisté pendant une période relativement longue.

Deux incursions de temps doux en plein hiver avec de la pluie jusqu’à haute altitude

Au passage de janvier à février, de fortes précipitations avec une limite des chutes de neige entre 2400 m et 3000 m ont donné lieu à un début d’humidification du manteau neigeux jusqu’à haute altitude. Ces conditions ont entraîné une phase très active d’avalanches spontanées de neige humide ou mouillée. Une situation très semblable s’est répétée le 21 février, lorsque la température a à nouveau atteint des valeurs printanières et qu’il a plu pour la deuxième fois en plein hiver jusqu’à environ 2400 m.

Jusqu'à mi-avril, situation printanière souvent favorable, puis retour de conditions hivernales

Le mois de mars était relativement frais et, à partir de la deuxième semaine de mars, le danger d’avalanche a diminué partout. Avec des avalanches de neige mouillée et des avalanches de glissement, le danger d’avalanche était accru, tout particulièrement pendant la première semaine d’avril. L'hiver est revenu avec des chutes de neige importantes et une aggravation de la situation avalancheuse durant la deuxième quinzaine d'avril.

Classification climatique

Le manque de neige au début de cet hiver (2015/16) était même encore plus marqué qu’au cours de l’hiver précédent (2014/15). C’est ainsi par exemple que plusieurs stations de mesure effectuant des relevés depuis de nombreuses années dans le nord et le centre des Grisons à environ 1500 m d’altitude ont connu pour la première fois un Noël vert ou seulement faiblement enneigé. A l’exception de mars, tous les autres mois (de novembre 2015 à avril 2016) étaient trop doux. Le mois de décembre tout particulièrement a enregistré des records de douceur - selon MétéoSuisse, certaines régions de montagne ont relevé des températures de 4 à 6 °C plus élevées que les valeurs moyennes (1981-2010). De plus, pendant les mois de novembre et décembre, il y a eu très peu de précipitations, tandis que les deux mois suivants présentaient un léger excédent de précipitations.

Pour ce qui concerne les quantités de neige, la Suisse romande était clairement avantagée cet hiver, puisque cette région a bénéficié de davantage de précipitations que le reste de la Suisse, surtout en novembre et janvier. Les premières chutes de neige jusqu’en plaine (entre les 21 et 24 novembre) étaient si abondantes aux altitudes relativement élevées de Suisse romande qu’elles ont parfois survécu au temps doux et sec de décembre. La Suisse orientale, en revanche, a également connu en de nombreux endroits, y compris dans les régions plus élevées, des jours de Noël pratiquement sans neige, parce que les nombreuses heures d’ensoleillement s’en prenaient ardemment au peu de neige présente. Au début de l’hiver, l’Engadine et le versant sud des Alpes sont restés pratiquement sans neige, parce qu’il n’y a pas eu le moindre épisode de précipitations significatives dans ces régions jusque début janvier. Une telle situation sans neige jusqu’à environ 2000 m d’altitude au moment du passage au Nouvel An ne s’était encore jamais produite jusqu’à présent dans les stations de mesure du versant sud des Alpes avec de nombreuses années de relevés. Même les abondantes chutes de neige de février n’ont plus pu y compenser le déficit de neige, de sorte que les hauteurs de neige sont restées inférieures aux valeurs moyennes jusqu’à la mi-avril, y compris dans les stations les plus élevées. En Suisse centrale et orientale, les hauteurs de neige ont toutefois atteint des valeurs moyennes pendant une brève période au début de mars en raison des fréquentes chutes de neige de janvier et février. En Suisse romande, ces chutes de neige étaient plus intensives, de sorte que les hauteurs de neige affichaient des valeurs supérieures aux données moyennes à partir de janvier. En raison du temps doux, cela ne concernait cependant que les altitudes supérieures à 1400 m. Dans le Nord et l'Est, les hauteurs de neige ont à nouveau augmenté et atteint les valeurs moyennes durant la deuxième quinzaine d'avril.

C’est seulement à la mi-janvier que le Plateau a connu quelques journées avec des températures hivernales négatives et un sol recouvert de neige pendant plusieurs jours, ce qui est nettement en dessous de la normale.

Danger d’avalanche

Au cours de l’hiver 2015/16, le danger d’avalanche a été évalué comme suit (valeurs entre parenthèses): moyenne des 10 dernières années, à chaque fois de décembre à avril, cf. figure 1): degré de danger 1 (faible): 30% (17%), degré de danger 2 (limité): 37% (46%), degré de danger 3 (marqué): 31% (35%), degré de danger 4 (fort): 0.9% (1,2%), degré de danger 5 (très fort): 0% (0,003%).

La répartition des prévisions de degré de danger au cours de l'hiver 2015/16 se distingue de la moyenne pluriannuelle surtout pour les degrés de danger 1 (faible) et 2 (limité): Le degré de danger 2 (limité) a été utilisé moins fréquemment dans une proportion de 20% et le degré de danger 1 (faible) était près de deux fois plus fréquent que la moyenne des 10 dernières années. Le degré de danger 4 (fort) a été utilisé pour 15 jours dans quelques régions.

Comme c’était déjà le cas pour l’hiver précédent, l’hiver 2015/16 a commencé assez tard avec les premières chutes de neige abondantes en janvier. La constitution du manteau neigeux était d’abord fragile sur une grande partie du territoire et, en raison des chutes de neige intensives, la situation avalancheuse était souvent délicate en janvier et février, avec fréquemment un danger marqué d’avalanche et, dans certaines régions, également un fort danger d’avalanche. Dans le courant de février, la neige ancienne fragile a été fortement recouverte de neige fraîche dans l’ouest et dans le nord, de sorte que des avalanches n’étaient pratiquement plus susceptibles de se décrocher dans ces régions. Plus particulièrement dans le sud du Bas-Valais, la constitution du manteau neigeux était nettement meilleure qu’au cours des hivers précédents. En revanche, dans les régions avec moins de neige du sud du Haut-Valais, du nord du Tessin, des régions intra-alpines des Grisons, d’Engadine et des vallées du sud des Grisons, des avalanches pouvaient encore se déclencher au niveau des couches profondes du manteau de neige ancienne jusqu’à la première moitié de mars et le danger d’avalanche était constamment marqué. Après une succession de tempêtes de foehn et les débuts d’humidification du manteau neigeux jusqu’à haute altitude, la situation avalancheuse à partir de la mi-mars était également généralement favorable dans les régions moins enneigées, avec un danger d’avalanche faible ou limité. Sur une grande partie du territoire, le danger résidait principalement dans les couches superficielles relativement récentes. Avec, dans la plupart des cas, seulement une légère augmentation en cours de journée du danger d’avalanche de neige mouillée et du danger d’avalanche de glissement, de bonnes conditions de randonnées prévalaient souvent pendant la seconde moitié de mars. Sous l’effet du réchauffement pendant la première semaine d’avril, davantage d’avalanches de neige mouillée se sont décrochées dans les couches de neige proches du sol. A la deuxième quinzaine d'avril, le danger d’avalanche a encore une fois augmenté sensiblement à cause de la neige fraîche.

Accidents d’avalanche et dégâts matériels

Jusqu’au 30 avril, environ vingt pour cent d’accidents d’avalanche en moins avaient été signalés par rapport à la moyenne des 10 dernières années à la même date. Le nombre de tués dans des avalanches à la date du 30 avril est avec 18 victimes légèrement en dessous de la moyenne. Pour les 20 dernières années, la moyenne jusqu'à fin avril est de 21 décès. Pour l’ensemble de l’année hydrologique qui se termine le 30 septembre 2016, la moyenne des 20 dernières années est de 23 personnes tuées dans des avalanches.

À la date du 30 avril, un total de 125 avalanches impliquant 191 personnes ont été signalées au SLF pour l’hiver 2015/16. 46 personnes ont été blessées dans des avalanches et 18 personnes ont perdu la vie dans 15 accidents d’avalanche. Les accidents mortels d’avalanche ont eu lieu par les degrés de danger suivants: 2 personne est morte par degré de danger 1 (faible), 6 personnes par degré de danger 2 (limité), 9 personnes par degré de danger 3 (marqué) et une personne est décédée en octobre alors qu’il n’y avait pas encore de prévision de danger d’avalanche.

A la différence des deux derniers hivers, il n’y a pas eu cette année d’accident mortel d’avalanche avec plus de 2 victimes. 12 accidents ont entraîné la mort de 1 personne et 3 accidents d’avalanche ont fait 2 victimes (09.01.2016 Bodmertälli au Mäderhorn, VS; 16.01.2016 Combe de Saxon, VS; 05.03.2016 Höllgraben dans le Safiental, GR), cf. figure 2.

Les victimes d’avalanche ont trouvé la mort dans les activités suivantes: randonnées: 13 personnes, pratique du hors-piste: 5 personnes.

7 accidents faisant au total 9 tués ont eu lieu en Valais, 4 accidents ont coûté la vie à 5 personnes dans les Grisons, 2 accidents avec au total 2 tués sont survenus dans le canton de Berne. Les cantons de Schwyz et de Glaris ont enregistré chacun un accident faisant un mort. 20 avalanches ont provoqué des dégâts matériels (touchant des bâtiments, des infrastructures ou la forêt) ou ont donné lieu à des opérations de recherche et de dégagement.

Bulletins d’avalanches

La diffusion du bulletin d'avalanches quotidien a commencé le 24 décembre 2015. Une évaluation matinale du danger a été diffusée du 3 janvier 2016 au 10 avril 2016, le 25 et le 27 avril 2016.

Le bulletin d’avalanches avec la prévision de danger d'avalanche et des informations générales sur la situation neigeuse dans les Alpes suisses est diffusé jusqu’à nouvel ordre quotidiennement. Il peut être consulté sur le site www.slf.ch et l'application „White Risk“ du SLF. Il est en outre possible de s’abonner à un service de flux RSS et à un service SMS pour être averti de la diffusion d’un bulletin d'avalanches pendant les périodes de début et de fin de la saison hivernale ainsi que pendant l’été (activation par envoi d’un SMS avec comme texte „START SLF SOMMER“ au 9234; désactivation par envoi d’un SMS avec comme texte „STOP SLF SOMMER“ au 9234. Le coût est de 0,20 CHF/SMS).

Nous renvoyons par ailleurs au bulletin météorologique spécifique pour les Alpes de MétéoSuisse sous www.meteoschweiz.ch, tél. 0900 162 1380900 162 138 (1,20 CHF/Min.) ainsi qu’à l’App de MétéoSuisse.