Météo, manteau neigeux et danger d'avalanche dans les Alpes suisses. L'année hydrologique 2011/12

Résumé

Résumé hiver 2012 (octobre 2011 à mai 2012)

  • L’hiver 2011/12, était très enneigé aux altitudes moyennes et élevées surtout en décembre et janvier. A basse altitude et dans le sud, il y avait relativement peu de neige. Etant donné qu’il n’a neigé que faiblement en février et mars, et pratiquement pas du tout en novembre, la somme de neige fraîche pour l’ensemble de l’hiver est légèrement inférieure aux données moyennes.
  • Considérées sur toute la période hivernale, les hauteurs de neige étaient
    - supérieures aux valeurs moyennes sur une grande partie du territoire du Valais, sur le versant nord des Alpes, dans le nord et le centre des Grisons ainsi qu’en Basse-Engadine;
    - équivalentes aux données moyennes dans la vallée de Conches, dans la région du Gothard et dans la vallée de Münster;
    - inférieures aux données moyennes sur le versant sud des Alpes et en Haute-Engadine.
  • L’automne était faiblement enneigé et très doux avec de la neige uniquement dans le sud aux altitudes élevées.
  • A l’exclusion des régions du sud, l’enneigement n’est intervenu qu’en décembre.
  • Les chutes de neige étaient exceptionnellement abondantes en décembre et janvier sur le versant nord des Alpes, en Valais et dans les Grisons. Ces conditions ont donné lieu dans certaines régions à des records de hauteur de neige, à des situations répétées de fort danger d'avalanche, à des accidents d'avalanche et à des dégâts matériels. Les voies de communication ont fréquemment dû être fermées en raison de travaux d’entretien ou pour des raisons de sécurité. Il y a eu de nombreuses grandes avalanches qui pour la plupart sont restées dans les couloirs connus. Elles entraînaient surtout les couches de neige fraîche et de neige soufflée; les ruptures dans la neige ancienne étaient plutôt rares.
  • Le manteau neigeux était généralement bien consolidé, très compact et épais. Dès avant l’enneigement total, on observait déjà une forte reptation de la neige, avec comme conséquence une activité élevée d’avalanches de glissement à partir de décembre. Cela s'est également traduit par des dégâts matériels importants et de fréquentes fermetures de voies de communication.
  • Pendant la vague de froid de février, des couches superficielles fragiles se sont formées donnant lieu à une situation délicate pour les adeptes des sports de neige et à de nombreux accidents d'avalanche.
  • La première humidification du manteau neigeux est intervenue fin février. Au cours de deux phases, de nombreuses avalanches de neige mouillée et avalanches de glissement occasionnant parfois des dégâts matériels se sont produites. La fonte de la neige avait commencé.
  • En mars, la situation avalancheuse était le plus souvent favorable.
  • En avril, les conditions étaient en partie hivernales. Des personnes ont déclenché des avalanches, surtout dans les couches superficielles de neige. Dans les régions intra-alpines, les ruptures dans le manteau de neige ancienne étaient plus fréquentes. Il y a eu de nombreux accidents d'avalanche. La fonte de la neige était réduite.
  • Dans le nord, il y avait encore – même au printemps – des quantités de neige supérieures aux valeurs moyennes. Aux altitudes moyennes, la fonte totale de la neige est intervenue en mai, et dans le sud dès le mois d’avril. Aux altitudes élevées, elle a eu lieu en juin ou juillet.
  • Le bulletin d'avalanches a été diffusé quotidiennement du 07.12.2011 au 07.05.2012. Le degré de danger 1 (faible) était moins fréquent et le degré de danger 3 (marqué) légèrement plus fréquent que dans la moyenne pluriannuelle.

Sur le versant nord des Alpes, en Valais et dans les Grisons, des accidents d'avalanche ont coûté la vie à 19 personnes (situation au 31.05.2012, la moyenne annuelle étant de 25 victimes). Deux de ces accidents mortels ont été provoqués par des avalanches de glissement. Il y a eu moins de dommages corporels, mais plus de dégâts matériels que la normale.

Résumé été 2012 (juin à septembre 2012)

  • Au cours de la période de juin à septembre, il y a eu huit incursions d'air froid. En plein été, il n’a neigé généralement qu’en haute montagne. En revanche, en juin et en septembre, il y avait de la neige également jusqu’à moyenne altitude.
  • En raison de la chaleur et des fréquentes chutes de pluie, il n’y avait pratiquement plus de neige en haute montagne au mois d’août.
  • En septembre, une couche neigeuse s’est à nouveau formée en haute montagne. Fin septembre, la neige avait généralement disparu aux altitudes élevées.
  • Au cours de l’été 2012, cinq bulletins d'avalanches ont été publiés (la moyenne étant de deux à trois bulletins d’avalanches).
  • Au cours de l’été 2012, l’activité avalancheuse était faible et il n’y a pas eu d’accidents mortels d'avalanche. La moyenne pluriannuelle pour les mois de juin à septembre est de deux tués.

Évolution des hauteurs de neige

Hauteurs realtives de neige

Les graphiques suivants montrent les pourcentages d’écart des hauteurs mensuelles moyennes de neige de l’hiver 2012, à l’altitude de la station, par rapport à la moyenne pluriannuelle de la période de 1971 à 2000. Les hauteurs de neige inférieures aux valeurs moyennes sont indiquées en rouge et les hauteurs supérieures aux valeurs moyennes en bleu. Les données proviennent des stations avec observateur du SLF, de MétéoSuisse et des stations automatiques du réseau IMIS (Système intercantonal de mesure et d’information). Lors de l’interprétation, il y a lieu de tenir compte du fait que seuls les modèles à grande échelle sont intéressants. Il convient de ne pas donner une importance excessive aux échantillons de données à petite échelle ou aux grands écarts entre les valeurs. Dans la section "Sélection de stations avec observateur" (cf. ci-après), l’évolution de la hauteur de neige dans le temps est indiquée pour différentes stations.

Le mois d’octobre était relativement doux et ensoleillé. Dans le nord et dans l’est, il y a eu davantage de précipitations que la normale et il a neigé à deux reprises jusqu’à basse altitude. Entre ces deux épisodes, il a plu presque jusqu’en haute montagne avec une isotherme zéro degré élevée. Vers la fin du mois, une forte situation de barrage météorologique côté sud a apporté de la neige sur le versant sud des Alpes. Ainsi, à la fin d’octobre, avec une hauteur de 20 à 30 cm dans les zones à l’ombre au-dessus de 2500 m environ, il y avait deux fois plus de neige dans le sud que dans le nord.

Début novembre, une forte situation de barrage météorologique côté sud a donné lieu à des précipitations abondantes sur le versant sud des Alpes. La limite des chutes de neige se situait au début à 2200 m et montait par la suite à environ 2500 m. Le temps était ensuite déterminé par une zone stable de haute pression jusqu’à la fin du mois. En montagne, il faisait soleil et 3 à 6 degrés plus doux que la normale. L’automne 2011 a été le deuxième automne le plus chaud depuis le début des relevés il y a environ 150 ans. Fin novembre, les hauteurs de neige (figure 1, en haut) étaient nettement inférieures aux données moyennes dans le nord et correspondaient plus ou moins à ces données aux altitudes élevées du Haut-Valais.
Début décembre, les Alpes suisses étaient donc sans neige jusque bien au-dessus de 2000 m. Une telle situation ne se reproduit qu’une fois tous les 30 ans environ et a eu lieu pour la dernière fois en 1953. L’enneigement en décembre en était d’autant plus marqué. Au total, quatre épisodes de fortes chutes de neige (du 3 au 09.12.2011, du 13 au 18.12.2011, du 20 au 23.12.2011 et du 29.12.2011 au 01.01.2012) ont apporté à chaque fois 100 cm de neige fraîche ou même plus en 3 jours. Les chutes de neige étaient les plus intensives au cours de la première moitié du mois, surtout dans l'ouest, mais par la suite, le cœur des précipitations s’est déplacé vers le nord. La dépression cyclonale "Joachim" était responsable du deuxième épisode de fortes chutes de neige qui a marqué le début de la première offensive hivernale jusque sur le Plateau central. Peu avant Noël, la troisième période de fortes chutes de neige avec de la pluie à basse altitude a cependant fait disparaître à nouveau le mince manteau neigeux sur le Plateau central. A la fin du mois, il a à nouveau neigé intensivement. Au cours de la nuit de la Saint-Sylvestre, il a plu brièvement jusqu’aux altitudes moyennes. Tout au long du mois, les températures ont ainsi fortement oscillé. Pendant le mois de décembre, les hauteurs de neige (figure 1, en bas) étaient nettement supérieures aux valeurs moyennes en Valais sans la vallée de Conches, sur l’ouest ainsi que sur certaines parties du centre et de l’est du versant nord des Alpes. Dans la vallée de Conches, dans la partie la plus occidentale du Tessin, dans le nord des Grisons ainsi que dans certaines parties de la Basse-Engadine, les hauteurs de neige correspondaient aux valeurs moyennes, et en Haute-Engadine ainsi que sur le versant sud des Alpes, elles étaient nettement inférieures à ces valeurs. Le passage d’un faible enneigement à un enneigement important est intervenu dans un intervalle exceptionnellement court. Les données statistiques ne font état d’aucun mois de décembre présentant à la fois si peu de neige au début et tant de neige à la fin que décembre 2011.

Début janvier, la dépression cyclonale "Andrea" a atteint les Alpes suisses. Entre le 4 et le 9 janvier, des chutes de neige accompagnées de vents tempétueux de secteur nord soufflant parfois avec la force d’un ouragan ont apporté à nouveau plus de 100 cm de neige dans les régions du nord et de l’est. Le temps est ensuite devenu relativement doux et ensoleillé avec une isotherme zéro degré aux alentours de 2300 m. Il a à nouveau commencé à neiger et le 25 janvier, l’apport de neige fraîche dépassait une fois de plus 100 cm sur le versant nord des Alpes, dans le Bas-Valais et dans les Grisons. Les températures ont ensuite augmenté avant les faibles chutes de neige du 27 janvier sur le versant sud des Alpes. Vers la fin du mois, de plus en plus d’air froid sibérien a été acheminé sur les Alpes et les températures ont nettement diminué. Fin janvier (figure 2, en haut), les hauteurs de neige à 2000 m étaient – avec plus de 200 cm – nettement supérieures aux données moyennes, sauf sur le centre du versant sud des Alpes, en Haute-Engadine, dans la vallée de Poschiavo et dans le Valle Bregaglia. Entre début décembre et fin janvier, on relevait deux à trois fois autant de neige fraîche que la moyenne pluriannuelle de ces deux mois à plus de la moitié des stations. La somme de neige fraîche la plus élevée a été enregistré dans le domaine skiable d'Elm où elle atteignait 824 cm ! Certaines stations disposant de nombreuses années de relevés (Ulrichen, Obersaxen, Davos, Samedan, Samnaun) n’avaient même encore jamais enregistré autant de neige fraîche en l’espace de 60 jours. Rétrospectivement, on peut comparer la période de chutes de neige de 35 jours – à partir du 5 décembre 2011 – à la période de 30 jours de chutes de neige intensives du 27 janvier au 25 février 1999. Il s’est avéré que pendant la période de précipitations de 2011/12, les vents étaient très similaires, mais il a fait environ 3 à 4 degrés plus chaud qu’en février 1999. Ceci a eu la conséquence suivante : une partie des précipitations sont tombées sous forme de pluie jusqu’à environ 2000 m d’altitude.
Le mois de février a commencé sous le soleil, mais il était exceptionnellement froid. La température à la mi-journée à 2000 m était descendue aux alentours de moins 18 degrés. Sous ces conditions, les couches superficielles de neige ont subi une métamorphose constructive à grains anguleux sur une grande partie du territoire et sont devenues très meubles. Une bise soufflant parfois en tempête a transporté la neige ancienne. Vers la mi-février, un vent soufflant en tempête de secteur nord-ouest a apporté de la neige fraîche, surtout dans le nord. Ensuite, le temps est redevenu ensoleillé et nettement plus doux. L'isotherme zéro degré est montée à 2800 m, et à la fin du mois jusqu’ à 3300 m. Ces deux phases de temps doux ont entraîné la fonte de la neige et la progression de l’humidification du manteau neigeux et par conséquent, deux périodes marquées d’avalanches de neige mouillée au cours de l’hiver 2011/12. A la fin du mois de février (figure 2, en bas), les hauteurs de neige étaient nettement supérieures aux valeurs moyennes dans l'ouest et le nord, et correspondaient aux données moyennes dans le sud. Sur le versant nord des Alpes, on mesurait à 2000 m de 300 à 400 cm de neige dans certaines régions.

La première moitié de mars était douce; elle a été interrompue par une poussée d’air froid qui a apporté un peu de précipitations dans le sud. Au cours de la seconde moitié du mois, il a neigé à partir de 1000 m d’altitude, surtout dans le sud. A la fin du mois, un temps à nouveau plus ensoleillé et plus doux s’est imposé. Le mois de mars, trop chaud de 3 à 4 degrés, a fait fondre les grandes quantités de neige en de nombreux endroits jusqu’à un niveau normal. Fin mars, les hauteurs de neige (figure 3, en haut) étaient encore supérieures aux données moyennes, surtout dans le nord-est, tandis qu’elles correspondaient aux valeurs moyennes sur une grande partie de l'ouest et du nord et étaient parfois nettement inférieures aux valeurs moyennes sur le centre du versant sud des Alpes, en Haute-Engadine, dans la vallée de Poschiavo et dans le Valle Bregaglia. Le manteau neigeux était humidifié sur les pentes raides exposées au sud jusqu’à 3000 m environ, et en surface, sur les pentes orientées à l’est et l’ouest. Les pentes exposées au nord étaient encore sèches au-dessus de 2000 m environ.
En avril, le temps était variable. Il a neigé à diverses reprises jusqu’à altitude moyenne. Les hauteurs de neige (figure 3, en bas) correspondaient aux valeurs moyennes en Valais, sur le versant nord des Alpes, dans le nord et le centre des Grisons, en Basse-Engadine ainsi que dans la vallée de Münster, tandis qu’elles étaient inférieures aux valeurs moyennes dans la vallée de Conches, sur le versant sud des Alpes ainsi qu'en Haute-Engadine. En mai également, il a neigé à diverses reprises et, à la mi-mai, même jusqu’à basse altitude. Par la suite, il a fait de plus en plus chaud et la météo s’est stabilisée. Fin mai, la limite d'enneigement sur les pentes exposées au nord se situait aux alentours de 2000 m dans le nord, et à environ 2200 à 2400 m dans le sud et dans les régions intra-alpines. Sur les pentes exposées au sud, la limite d'enneigement était nettement plus élevée.

Les grandes quantités de neige fraîche tombées en décembre et janvier avaient donné lieu, dès le début de l’hiver, à des hauteurs de neige très importantes frisant parfois les valeurs record de la saison. Etant donné qu’en février et en mars, il n'a neigé que faiblement et parce qu’il n’y a pratiquement pas eu de chutes de neige en novembre, la somme de neige fraîche pour l’ensemble de l’hiver (de novembre 2011 à avril 2012) est légèrement inférieure aux valeurs moyennes (83 % de la moyenne de 1971 à 2000). Depuis la mi-décembre jusqu’à la fin mars, les hauteurs de neige étaient dans de nombreux endroits nettement supérieures aux valeurs moyennes, ce qui place l’hiver actuel (de novembre 2011 à avril 2012) en 6e position des 60 dernières années en ce qui concerne la hauteur de neige moyenne. L’analyse se présente différemment pour le Plateau central. En dépit d’un mois de février très froid, l’hiver était globalement trop chaud de 1 degré entre novembre et la mi-avril. Une fois de plus, cela se traduit en dessous de 700 m environ par des quantités de neige fraîche et des hauteurs de neige inférieures aux valeurs moyennes.
Si l’on considère les hauteurs de neige moyennes pour l’ensemble de l’hiver, on observe des valeurs supérieures aux données moyennes (figure 4) pour le Valais sans la vallée de Conches, pour le versant nord des Alpes, le nord et le centre des Grisons ainsi que la Basse-Engadine. Dans la vallée de Conches, dans la région du Gothard et dans la vallée de Münster, les hauteurs de neige correspondaient aux valeurs moyennes, tandis que sur le versant sud des Alpes et en Haute-Engadine, elles étaient inférieures à ces valeurs.

Sélection de stations d'observation

Les graphiques suivants reprennent à chaque fois l’évolution des hauteurs de neige relevées manuellement comparées à la hauteur de neige la plus élevée mesurée à cette station chaque jour, au minimum absolu et à la moyenne pluriannuelle. Le nombre d’hivers (n) depuis le début des relevés jusqu’en 2012 est mentionné dans la légende. Les régions avec une évolution comparable des hauteurs de neige au cours de l’hiver 2012 sont regroupées et décrites sur la base de stations représentatives.

Régions sur le versant nord des Alpes:

L’évolution des hauteurs de neige sur le versant nord des Alpes peut être suivie à l’appui de la station comparative Hasliberg, 1825 m (figure 5) qui effectue des relevés depuis de nombreuses années: Deux offensives hivernales ont fait en sorte que la hauteur de neige atteignait pendant une brève période quelques centimètres dès le mois d’octobre. Par la suite, il n’y avait plus de neige sur le champ de mesure jusqu’au 3 décembre. Cette situation était la conséquence du temps anticyclonique stable de novembre. Selon la moyenne pluriannuelle des années 1960 à 2012, il y a déjà sur le champ de mesure début décembre 50 cm de neige environ. Les quatre épisodes de fortes chutes de neige de décembre ont ensuite donné lieu à une augmentation sensible de la hauteur de neige jusqu'à la fin du mois de décembre. Le 10 décembre, la moyenne pluriannuelle était dépassée et la hauteur de neige n’est plus redescendue en dessous de la valeur moyenne avant le 25 mai 2012. Les fortes chutes de neige ont compensé les taux de tassement, de sorte que la hauteur de neige a augmenté pratiquement sans discontinuer jusqu’au 25 décembre. Du 25 au 29 décembre, la hauteur de neige a diminué pour la première fois en décembre avant de nouvelles chutes de neige. Avec une isotherme zéro degré aux alentours de 2000 m, il y a eu des précipitations sous forme de neige à Hasliberg à 1825 m, de telle sorte qu'au moment du passage au nouvel an, il y avait déjà 171 cm de neige sur le champ de mesure. Après la dépression cyclonale "Andrea", la hauteur totale de neige atteignait le 9 janvier 241 cm, ce qui constitue la troisième valeur la plus élevée de la série de relevés de 1960 à 2012 pour un 9 janvier. Ce n’est qu’en 1981 et 1982, que l’on a relevé une valeur plus élevée à cette date. Avant le prochain épisode de fortes chutes de neige le 19 janvier, l’épaisseur du manteau neigeux a diminué de 35 cm en 10 jours, en grande partie en raison de la situation élevée de l’isotherme zéro degré (2300 m). Le dernier épisode de fortes chutes de neige de janvier a fait augmenter la hauteur de neige pour atteindre 268 cm le 25 janvier. Il convient à cet égard de relever l’apport important de neige de 48 cm entre le 20 janvier au soir et le 21 janvier au matin à 08h00. La période de froid qui a suivi jusqu’à la mi-février a empêché une diminution importante des hauteurs de neige. Une situation de barrage météorologique avec des vents de secteur nord-ouest a ensuite apporté de nouvelles chutes de neige intensives, de sorte que le 16 février, la valeur la plus élevée relevée précédemment sur le champ de mesure un 16 février était dépassée de 1 cm (maximum précédent : 270 cm en 1968). A part deux épisodes de chutes de neige, le mois de mars était sec de sorte que la hauteur totale de neige s’est à nouveau rapprochée de la valeur moyenne. Le 30 mai, la neige avait entièrement fondu à la station. Sur le versant nord, l’hiver a ainsi commencé avec très peu de neige. A partir du 10 décembre et jusqu’à la mi-mai, les hauteurs de neige étaient supérieures aux valeurs moyennes. Le 16 février, la valeur maximale antérieure a été dépassée. La hauteur de neige maximale de l’hiver 2011/12 a été atteinte le 20 février, soit nettement plus tôt que la normale.

Valais sans le sud de la région du Simplon:

L’évolution des hauteurs de neige en Valais sans le sud de la région du Simplon peut être suivie à l’appui de la station comparative Fionnay, 1500 m (figure 6) qui effectue des relevés depuis de nombreuses années. Le champ de mesure était sans neige jusqu’au 3 décembre. Quatre épisodes de fortes chutes de neige en décembre ont ensuite donné lieu à une augmentation très marquée de la hauteur de neige. Au moment du passage au nouvel an, il y avait 143 cm de neige sur le champ de mesure. C’était la valeur la plus élevée jamais relevée un 31 décembre. Par la suite, il convient de relever tout particulièrement l’apport de neige fraîche du 20 janvier au soir jusqu’au 21 janvier au matin à 07h30. Il s'élevait à 68 cm. Simultanément, la hauteur maximale de neige de l’hiver 2011/12, à savoir 190 cm, était atteinte le 21 janvier, soit nettement plus tôt que la moyenne pluriannuelle. Après les dernières chutes de neige du 20 mars, la hauteur de neige a nettement diminué avec une fonte de 73 cm en 16 jours. Le temps variable d'avril avec des chutes de neige répétées a permis de maintenir la hauteur de neige à un niveau quasi constant jusqu’au 24 avril. La hauteur de neige a ensuite diminué rapidement et la disparition totale de la neige sur le champ de mesure est intervenue le 5 mai. Un niveau inférieur à la moyenne pluriannuelle a ainsi été atteint le 1er mai, pour la première fois depuis le 10 décembre. La caractéristique de l’évolution des hauteurs de neige est donc très semblable à celle des stations du versant nord des Alpes au cours de l’hiver 2011/12.

Nord et centre des Grisons ainsi que Basse-Engadine:

L’évolution des hauteurs de neige dans le nord et le centre des Grisons ainsi qu'en Basse-Engadine peut être suivie à l’appui de la station comparative Weissfluhjoch, 2540 m (figure 7) qui effectue des relevés depuis de nombreuses années: Lors de l’interprétation de l’évolution des hauteurs de neige, il y a lieu de tenir compte du fait qu’à la différence de la situation aux autres stations, les données portent sur toute l’année et que la station à 2540 m d’altitude est située nettement plus haut que les stations Hasliberg, Fionnay et San Bernardino. L’évolution des hauteurs de neige à la station Weissfluhjoch montre clairement l’enneigement précoce intervenu le 7 octobre. A partir de début novembre, le manteau neigeux était inférieur aux données moyennes jusqu’au début décembre, y compris aux altitudes élevées du nord. Tout comme pour les stations Hasliberg et Fionnay, les hauteurs de neige augmentaient sensiblement en décembre également au Weissfluhjoch. Le 09.01.2012, la valeur maximale de hauteur de neige à la date du 9 janvier relevée en 1982 a été dépassée. Vers la fin du mois de janvier, entre le 24 et le 26 janvier, de nouvelles valeurs maximales de hauteurs de neige ont encore été enregistrées. Le maximum antérieur pour ces dates remonte à l’année 1951. Le maximum de hauteur de neige de l’hiver 2011/12 a été mesuré le 24 avril, avec 273 cm, ce qui est légèrement plus tard que la moyenne pluriannuelle. Fin mai, il y avait au Weissfluhjoch encore 149 cm de neige, une valeur légèrement inférieure à la moyenne pluriannuelle relevée depuis 1934. Comparée aux stations de plus basse altitude Hasliberg et Fionnay, qui ont également enregistré cet hiver des valeurs supérieures aux données moyennes, le maximum de hauteur de neige de l’hiver 2011/12, aux altitudes élevées est intervenu un peu plus tard et le dépassement était un peu moins prononcé. Pour le reste, l’évolution des hauteurs de neige était très comparable. Fin mai, la hauteur de neige correspondait à la valeur moyenne pluriannuelle. La station était sans neige le 2 juillet, soit une semaine plus tôt que la normale.

Versant sud des Alpes:

L’évolution des hauteurs de neige sur le versant sud des Alpes peut être suivie à l’appui de la station comparative San Bernardino, 1640 m (figure 8): Contrairement aux stations du nord, la hauteur de neige aux altitudes moyennes du versant sud des Alpes était inférieure aux valeurs moyennes tout au long de l’hiver 2011/12. Etant donné que la limite des chutes de neige pendant la forte situation de barrage météorologique côté sud du 3 au 7 novembre se situait à 2000 m ou au-dessus de cette altitude, les seules précipitations significatives de l’automne dans le sud à cette altitude ont eu lieu sous forme de pluie. La station San Bernardino a profité essentiellement des fortes situations de barrage météorologique côté nord (p. ex. les dépressions cyclonales "Joachim" ou "Andrea"), au cours desquelles les précipitations se sont étendues jusqu’au sud à la faveur de courants intensifs. La hauteur de neige maximale sur le champ de mesure de San Bernardino a été atteinte le 31 janvier avec 78 cm, c’est-à-dire environ quatre semaines plus tôt que la normale. Le 27 mars, la neige avait pour la première fois totalement fondu sur le champ de mesure, avant que la météo variable d'avril avec des chutes de neige répétées jusqu’à basse altitude n'apporte à nouveau un peu de neige également sur le versant sud des Alpes.

Haute-Engadine:

L’évolution des hauteurs de neige aux altitudes élevées de Haute-Engadine peut être suivie à l’appui de la station comparative Corvatsch, 2690 m (figure 9). Lors de l’interprétation de l’évolution des hauteurs de neige, il y a lieu de tenir compte du fait que la station à 2690 m d’altitude est située nettement plus haut que les stations Hasliberg, Fionnay et San Bernardino. A la différence de la station San Bernardino, les précipitations associées à la forte situation de barrage météorologique côté sud du 3 au 7 novembre sont tombées à la station Corvatsch sous forme de neige, de sorte que début novembre, il y avait un manteau neigeux continu sur le champ de mesure. Les quatre épisodes de fortes chutes de neige du mois de décembre ont fait augmenter la hauteur de neige à la station Corvatsch, même si c’était dans une moindre mesure qu’aux stations du nord. Du 23 décembre 2011 au 19 mars 2012, la hauteur de neige oscillait autour de la moyenne pluriannuelle de la période de 1994 à 2012. Une situation de barrage météorologique côté sud du 19 au 20 mars a apporté 65 cm de neige fraîche. La moyenne pluriannuelle a alors été dépassée nettement pour la première fois cet hiver. Les chutes de neige répétées du mois d'avril ont encore fait augmenter la hauteur de neige. Du 24 au 26 avril, les maxima antérieurs de hauteur de neige ont été dépassés à ces dates. Parallèlement, c'est le 25 avril avec 264 cm que l'on a enregistré la hauteur de neige maximale de l’hiver 2011/12, ce qui correspond plus ou moins à la date moyenne pluriannuelle. Fin mai, la hauteur de neige était encore nettement supérieure à la moyenne pluriannuelle. En comparaison avec les stations du nord situées à plus basse altitude, la moyenne pluriannuelle à la station Corvatsch n’a ainsi été dépassée qu’au printemps, à un moment où, aux stations du nord, les hauteurs de neige se rapprochaient à nouveau des valeurs moyennes. Si l'on compare les stations San Bernardino et St-Moritz avec Corvatsch, on constate que les épaisseurs de neige aux stations du sud dépendaient clairement de l’altitude au cours de l’hiver 2011/12. Les stations situées à des altitudes moyennes enregistraient en majorité des hauteurs de neige inférieures aux valeurs moyennes, alors que les stations de haute altitude affichaient des hauteurs de neige correspondant aux valeurs moyennes ou qui leur étaient même supérieures au printemps.


Principales périodes de précipitations

Les paragraphes qui suivent commentent brièvement les périodes de précipitations ayant une importance toute particulière pour la situation neigeuse et avalancheuse au cours de l’hiver 2011/12. „Importance toute particulière“ signifie, par exemple, les périodes de chutes de neige avec une somme de neige fraîche supérieure à 50 cm en trois jours, des chutes de neige avec une limite très basse ou des chutes de neige qui ont entraîné une augmentation sensible du danger d’avalanche. Entre les chutes de neige relativement importantes énumérées ci-après, il y a également de plus petits épisodes de chutes de neige.

  • Du 07.10 au 09.10.2011: Une situation de barrage météorologique côté nord-ouest a apporté de la neige à partir de 1200 m sur une grande partie du territoire. Dans le nord, la somme de neige fraîche de trois jours était de 50 à 80 cm, tandis que dans les Alpes glaronnaises on enregistrait jusqu’à 110 cm de neige fraîche. Les quantités de neige fraîche diminuaient à mesure que l'on se dirigeait vers le sud.
  • Du 09.10 au 10.10.2011: Avec une isotherme zéro degré élevée, il a plu jusqu’à environ 2700 m d’altitude. Au-dessus de 3000 m environ, on enregistrait de 40 à 60 cm de neige fraîche sur le versant nord des Alpes et dans le Prättigau, de 20 à 40 cm dans le Bas-Valais et jusqu’à 20 cm dans les autres régions.
  • Du 24.10 au 26.10.2011: Une forte situation de barrage météorologique côté sud a apporté au-dessus de 2000 m de 20 à 40 cm de neige fraîche sur le versant sud des Alpes et dans le sud de la Haute-Engadine, et jusqu’à 60 cm dans la région du Simplon ainsi que dans l’ouest et le sud du Tessin. Sur le versant sud des Alpes, la limite des chutes de neige est montée de 1400 m au début à 2200 m.
  • Du 03.11 au 07.11.2011: Une forte situation de barrage météorologique côté sud a donné lieu à des précipitations abondantes, d’abord sur le versant sud des Alpes, puis plus tard également sur la partie valaisanne de la crête principale des Alpes. La limite des chutes de neige se situait entre 2000 et 2500 m. Au-dessus de 2700 m, on enregistrait de 150 à 200 cm de neige fraîche dans les vallées supérieures de la Maggia, de 100 à 150 cm depuis la région du Monte Rosa jusque dans le nord du Tessin en passant par la région du Simplon, et de 40 à 60 cm sur le reste de la crête principale des Alpes depuis le Grand-St-Bernard jusque dans la région de la Bernina. Les quantités de neige fraîche diminuaient nettement à mesure que l’on se dirigeait vers le nord.
  • Du 03.12 au 09.12.2011: Une situation de vent fort de secteur ouest a apporté de 50 à 100 cm de neige fraîche sur une grande partie du territoire, et jusqu’à 140 cm dans certaines parties du Bas-Valais ainsi que dans les Alpes vaudoises et glaronnaises. Les hauteurs de neige avaient augmenté de quelque 50 à 150 cm depuis le début des précipitations le 3 décembre. L’apport de neige fraîche le plus faible concernait les régions centrales et méridionales du Tessin et des Grisons. Les chutes de neige ont donné lieu à une situation avalancheuse délicate, tout particulièrement dans le sud du Haut-Valais et dans les Grisons, car dans ces régions, il y avait déjà un manteau continu de neige ancienne dans les zones à l’ombre au-dessus de 2400 m environ. De plus, après les chutes de neige, de nombreuses avalanches de glissement généralement petites se sont déclenchées, car la neige s’était largement déposée sur un sol chaud.
  • Du 13.12 au 18.12.2011: La dépression cyclonale "Joachim" a marqué le début de la première offensive hivernale jusqu’à basse altitude. Au cours de cette période de précipitations, on a enregistré au total quelque 200 cm de neige fraîche dans l'ouest, de 100 à 150 cm sur une grande partie du versant nord des Alpes et du sud du Bas-Valais, de 50 à 100 cm dans le Haut-Valais, dans le nord du Tessin et dans le nord des Grisons; ailleurs, l’apport de neige était plus faible. L’activité d’avalanches spontanées était élevée.
  • Du 20.12 au 23.12.2011: Associée à des courants de secteur nord, une situation marquée de barrage météorologique s’est installée sur le versant nord des Alpes. Sur la crête nord des Alpes depuis Gstaad jusque dans le Liechtenstein, dans la région du Gothard ainsi que dans le nord des Grisons, on enregistrait de 60 à 100 cm, et localement jusqu’à 140 cm de neige. Sur le reste du versant nord des Alpes, en Valais sans la vallée de la Saas et dans la région du Simplon, dans le nord du Tessin, dans le centre des Grisons et en Basse-Engadine, l’apport de neige était de 30 à 60 cm; ailleurs, il était plus faible. La limite des chutes de neige se situait d’abord dans le Plateau central et elle est montée par la suite dans l'ouest à 1900 m, et dans l'est à 1000 m. De nombreuses avalanches déclenchées par des personnes ont été signalées, mais également quelques avalanches ayant provoqué des dégâts. Le réchauffement qui a suivi a contribué à une activité accrue d’avalanches de glissement.
  • Du 29.12 au 01.01.2012: Avec de brèves interruptions, de 60 à 100 cm de neige sont tombés au cours de cette période de précipitations sur la crête nord des Alpes, en Valais sans la vallée de la Saas et sans la région du Simplon, dans la région du Gothard et depuis le nord des Grisons en direction de Samnaun. La neige fraîche était la plus abondante – avec 80 à 100 cm – sur la crête nord des Alpes depuis la région d’Ovronnaz, VS, jusque dans les Alpes glaronnaises. Dans les autres régions, on enregistrait de 30 à 60 cm de neige fraîche, tandis que dans le Tessin sans la région du Gothard, en Haute-Engadine et dans les vallées du sud des Grisons, l’apport de neige était plus faible. Au moment du passage au nouvel an, l'isotherme zéro degré est montée à environ 2000 m, de sorte que la pluie a pénétré dans le manteau neigeux aux altitudes moyennes et basses. En raison de cette pluie, le manteau neigeux s’est humidifié et fragilisé en dessous de 2000 m environ. De nombreuses avalanches – surtout de neige mouillée – se sont déclenchées.
  • Du 04.01 au 09.01.2012: La dépression cyclonale "Andrea" a apporté des vents tempétueux de secteur nord soufflant même temporairement avec la force l’un ouragan et beaucoup de neige fraîche. Dans une grande partie des régions septentrionales et orientales, on enregistrait plus de 100 cm de neige fraîche. Dans les autres régions, l’apport de neige était de 60 à 80 cm sur une grande partie du territoire; dans le sud, il était plus faible. L'activité avalancheuse était élevée. La limite des chutes de neige se situait entre 500 et 1400 m. Sous l’influence de courants forts de secteur nord en altitude, les précipitations ont pénétré profondément dans le centre des Grisons et dépassé la crête principale des Alpes. Il y a même eu quelques millimètres de précipitations dans le sud du Tessin. Après la dépression cyclonale "Andrea", de nombreuses avalanches de glissement ont à nouveau été signalées.
  • Du 19.01 au 25.01.2012: Plus de 100 cm de neige sont tombés sur le versant nord des Alpes, dans le Bas-Valais et dans les Grisons et quelque 50 cm dans les régions situés plus au sud. Les précipitations étaient les plus intensives du vendredi 20 janvier en fin de soirée au samedi 21 janvier au cours de la matinée avec jusqu’à 50 cm de neige fraîche. La limite des chutes de neige se situait d’abord aux alentours de 1000 m, puis elle est montée temporairement à environ 1600 m, avant de redescendre à nouveau aux alentours de 1000 m à la fin des précipitations. Dans les régions touchées par les précipitations les plus abondantes, il y a eu de nombreuses avalanches spontanées de taille moyenne et parfois aussi grande taille, mais on a également encore enregistré des avalanches de glissement.
  • Du 15.02 au 16.02.2012: Un vent parfois tempétueux de secteur nord-ouest a apporté de 30 à 50 cm de neige sur une grande partie de versant nord des Alpes et jusqu’à 80 cm dans les Alpes glaronnaises et dans le nord du Prättigau. Les quantités de neige fraîche diminuaient nettement à mesure que l’on se dirigeait vers le sud. Le risque élevé de décrochement a donné lieu à une situation très dangereuse pour les adeptes des sports de neige en dehors des pistes sécurisées.
  • Du 05.03 au 06.03.2012: Alors que dans le nord de l’air froid avançait vers les Alpes, en altitude, des courants de secteur sud-ouest acheminaient de l’air doux et humide sur les Alpes. Cet air passait au-dessus de l’air froid déclenchant des précipitations ayant parfois un caractère d’averses. Par conséquent, on a observé localement de grandes différences dans la répartition des quantités de neige fraîche. La limite des chutes de neige était descendue sensiblement de 1600 m à environ 600 m. Au-dessus de 2000 m environ, on enregistrait de 30 à 50 cm de neige fraîche sur la crête principale des Alpes depuis le Cervin jusqu’au col de Maloja ainsi qu’au sud de ces régions. Dans les Alpes uranaises et glaronnaises, dans le centre des Grisons et dans le nord de l’Engadine, l’apport de neige était de 20 à 30 cm; ailleurs, il était plus faible.
  • Du 17.03 au 20.03.2012: Au cours d’une situation de barrage météorologique côté sud, la limite des chutes de neige était descendue à environ 1000 m. Dans les vallées supérieures de la Maggia, dans la Leventina supérieure et dans le Tavetsch, on enregistrait de 50 à 90 cm de neige fraîche, et sur le reste de la crête principale des Alpes depuis la région du Simplon jusque dans la Bernina et dans les autres régions situées plus au sud, l'apport de neige était de 50 à 70 cm. Dans la partie la plus occidentale du Bas-Valais, sur la crête principale des Alpes depuis le Grand-St-Bernard en direction de Saas Fee, sur le versant nord des Alpes depuis l’Oberland bernois jusque dans les Alpes glaronnaises sans la région du Gothard, dans le centre des Grisons et dans le reste de l’Engadine, la hauteur de neige fraîche était de 30 à 50 cm; ailleurs, elle était plus faible. Cette neige fraîche a donné lieu à une situation critique aux endroits faiblement enneigés, tout particulièrement dans le sud du Valais et dans les Grisons, car à ces endroits, des ruptures dans la partie supérieure du manteau de neige ancienne étaient possibles.
  • Du 03.04 au 09.04.2012: Au cours de cette période de précipitations, il a neigé tout d’abord dans le sud. L’apport de neige était le plus important, avec 30 à 50 cm, dans l’ouest du Tessin. La limite des chutes de neige se situait généralement au-dessus de 1800 m. Le 7 avril, les courants se sont orientés au nord-ouest et la limite des chutes de neige est descendue de 1800 m au début jusqu’à basse altitude. De 20 à 40 cm de neige sont tombés au-dessus de 1800 m environ, tout particulièrement sur le versant nord des Alpes, et cette quantité augmentait parfois nettement avec l’altitude. Dans certaines régions, la neige fraîche pouvait se décrocher facilement sous la forme d’avalanches au niveau du manteau de neige ancienne humidifiée.
  • Du 11.04 au 19.04.2012: Cette période de précipitations était marquée par des chutes de neige répétées mais le plus souvent faibles au-dessus de 1000 m. Pendant cette période de huit jours, la neige fraîche était la plus abondante dans le sud du Haut-Valais, dans l’ouest du Tessin, dans le Valle Bregaglia et dans la région de la Bernina avec un apport de 60 à 100 cm.
  • Du 23.04 au 25.04.2012: Il a neigé au-dessus de 1000 à 1500 m, tout d’abord dans le sud et dans l'ouest, et vers la fin également dans le nord. Sur la crête principale des Alpes depuis la région du Gothard jusqu’au col de la Bernina et dans les régions situées plus au sud, en Haute-Engadine ainsi que dans la partie la plus occidentale du Bas-Valais, on enregistrait de 30 à 60 cm de neige fraîche; ailleurs, l’apport de neige était plus faible. En raison de ces chutes de neige, une activité avalancheuse élevée était enregistrée. Dans les principales régions touchées par les précipitations de l’extrême ouest et du sud-est, des avalanches spontanées de taille moyenne mais parfois aussi de grande taille ont été signalées.
  • Du 29.04 au 02.05.2012: Dans le sud, il a neigé parfois abondamment et la limite des chutes de neige était descendue à 2000 m. En haute montagne, on enregistrait de 30 à 50 cm de neige fraîche sur la crête principale des Alpes et au sud de celle-ci, et jusqu’ à 100 cm dans la région du Simplon et dans l’ouest du Tessin.

Teneurs en eau du manteau neigeux

Les stations du SLF avec observateur auxquelles la teneur en eau de tout le manteau neigeux est relevée toutes les deux semaines n’ont pas enregistré de nouveaux minima au cours de l’hiver 2011/12. De nouveaux maxima ont en revanche été mesurés sur le versant nord des Alpes à la station Grindel (1950 m, 785 mm, 13 années de relevés) et à la station Elm (1690 m, 870 mm, 12 années de relevés) ainsi que dans les Grisons à la station Davos (1560 m, 66 années de relevés).

La comparaison des teneurs maximales en eau relevées au cours de l’hiver 2011/12 avec la moyenne des teneurs maximales en eau de toutes les années donne pour chaque station les résultats suivants: En dessous de 1500 m, les teneurs maximales actuelles en eau s’élevaient à 128% (écart type 34%) de la valeur moyenne (en comparaison avec l'hiver précédent faiblement enneigé de 2010/11: 40% / 13%), entre 1500 et 1800 m, elles étaient de 125 % (écart type 41%) (2010/11: 58% / 14%) et au-dessus de 1800 m de 123% (écart type 26%) (2010/11: 66% / 19%). Ces valeurs indiquent que les hauteurs de neige à toutes les altitudes citées étaient partout supérieures aux données moyennes au cours de l’hiver 2011/12. Les valeurs maximales de teneur en eau inférieures aux données moyennes ont été enregistrées aux stations suivantes:

  • Kühboden, VS (2210 m), 23 années de relevés, 98%
  • Zuoz, GR (1710 m), 58 années de relevés, 97%
  • Saas Fee, VS (1790 m), 31 années de relevés, 93 %
  • Nante, TI (1412 m), 29 années de relevés, 82%
  • Robiei, TI (1890 m), 39 années de relevés, 62%
  • San Bernardino, GR (1640 m), 40 années de relevés, 55%
  • Sta. Maria, GR (1418 m), 44 années de relevés, 53%
  • Maloja, GR (1800 m), 59 années de relevés, 44%

Aux altitudes moyennes, ce sont surtout les stations du versant sud des Alpes qui ont enregistré des valeurs maximales de teneur en eau nettement inférieures aux données moyennes.

Par région, la comparaison des teneurs maximales actuelles en eau par rapport aux valeurs moyennes donne les résultats suivants:

  • ouest du versant nord des Alpes: 140% (21%)
  • centre du versant nord des Alpes: 113% (37%)
  • est du versant nord des Alpes: 150% (29%)
  • Valais: 126% (26%)
  • nord et centre des Grisons: 136% (22%)
  • Engadine et régions avoisinantes du sud des Grisons: 95% (56%)
  • centre du versant sud des Alpes: 66% (11%)

Ces valeurs reflètent bien la répartition moyenne des hauteurs de neige au cours de l’hiver 2011/12: Les hauteurs de neige étaient les plus importantes sur le versant nord des Alpes, en Valais, dans le nord et le centre des Grisons et en Basse-Engadine, et les plus faibles sur le centre du versant sud des Alpes, en Haute-Engadine et dans les vallées du sud des Grisons.

A mesure que l’altitude augmente, le moment où l’on a relevé les teneurs en eau les plus élevées intervient normalement de plus en plus tard au cours de l’hiver. Etant donné que pendant l’hiver 2011/12, il a neigé relativement abondamment en décembre et janvier, dans le nord, puis relativement faiblement en fin d’hiver, la valeur maximale de teneur en eau y a été enregistrée relativement tôt à certaines stations. Dans le sud, l’enneigement est intervenu normalement et au cours de la suite de cet hiver, il y a eu relativement peu de neige dans le sud. C’est la raison pour laquelle la date la plus précoce de fin janvier a été enregistrée aux stations Maloja, GR (1800 m), Saas Fee, VS (1790 m) et San Bernardino, GR (1640 m). La date la plus tardive, à savoir fin avril, a été atteinte dans les stations grisonnaises de Corvatsch (2690 m), Weissfluhjoch (2540 m), Stillberg Davos (2090 m) ainsi que dans la station Tessinoise de Robiei (1890 m). Pour la plupart des stations situées en dessous de 1500 m, la date de la teneur en eau la plus élevée a été atteinte entre la mi-février et la mi-mars, de même que pour les stations entre 1500 et 1800 m. Pour les stations au-dessus de 1800 m, cette date se situe entre fin février et fin avril.

Évolution de la stabilité du manteau neigeux

Au cours des 14 derniers hivers (figure 10), la constitution du manteau neigeux n’a jamais été aussi favorable en plein hiver que cette année dans les périodes de plein hiver des 14 dernières années. En décembre 2011, la constitution du manteau neigeux était relativement fragile dans le petit nombre de régions présentant déjà un manteau continu de neige ancienne au début du mois de décembre. Après l’enneigement étendu et abondant, un manteau neigeux épais et bien consolidé sans couches fragiles importantes dans la neige ancienne s’est formé sur le versant nord des Alpes, dans le nord du Valais, dans le Bas-Valais, dans le nord et le centre des Grisons et en Basse-Engadine. En février, il faisait très froid et des couches fragiles superficielles se sont formées sur une grande partie du territoire. Globalement, la constitution du manteau neigeux était cependant restée favorable jusqu’au printemps si on la compare à d’autres hivers. Etant donné que la neige ancienne était si bien consolidée, ce ne sont généralement „que“ les couches de neige fraîche qui ont fait l’objet de rupture à cause d’une surcharge pendant les périodes de fortes chutes de neige. Profitant du sol chaud qui a été recouvert de neige en décembre et du manteau neigeux compact, l’hiver 2011/12 était un hiver typique de neige glissante avec une reptation persistante de la neige ainsi qu'une activité élevée d’avalanches de glissement.

En plus de la consolidation et la formation de couches fragiles dans la neige ancienne, la stabilité du manteau neigeux dépend également de la présence de couches fragiles de neige fraîche et de neige soufflée. Les cartes suivantes de stabilité du manteau neigeux présentent les résultats des nombreuses analyses de la couverture neigeuse dans les Alpes suisses. Ces profils d’enneigement ont été évalués selon des critères uniformes et classés en trois catégories représentées sur les cartes par des symboles de profils de couleur verte (bonne stabilité), jaune (stabilité moyenne) et rouge (faible stabilité). Pratiquement tous les profils d’enneigement avec test du bloc de glissement ont été relevés sur des pentes ayant une déclivité de 30 à 40°.
Outre ces profils, d’autres informations fournies par les observateurs concernant le manteau neigeux, les départs d’avalanches, etc. interviennent dans la détermination de la stabilité du manteau neigeux.
Deux cartes sont fournies et décrites pour chaque mois, une au début et une en milieu de mois.

Octobre

Après une fin d’été 2011 très chaude, à la fin du mois d’octobre, il n’y avait de neige que sur les pentes raides exposées au nord au-dessus de 2800 m environ et dans les zones de glaciers de haute montagne. Il s’agissait souvent d’une neige à grains anguleux, meuble et légèrement croûtée en surface. Au cours de la deuxième semaine d’octobre, ce sont d'abord jusqu’à 100 cm de neige qui sont tombés dans le nord avec une limite des chutes de neige à moyenne altitude. Le temps est ensuite redevenu plus doux et il a plu intensivement jusqu’à 2700 m environ. Par conséquent, la neige – surtout celle tombée en dernier – a perdu de sa résistance et a glissé spontanément. Par la suite, le temps d’octobre ensoleillé et doux a à chaque fois été interrompu par une situation de barrage météorologique côté nord et côté sud avec des précipitations peu abondantes. Des accumulations de neige soufflée temporairement fragiles se sont alors formées localement aux altitudes élevées.

Novembre

Le mois de novembre était généralement sec et extrêmement doux. A l’exception d’une situation de barrage météorologique côté sud avec des précipitations abondantes au cours de la première semaine du mois, de 100 à 150 cm et localement jusqu’à 200 cm de neige sont tombés au-dessus de 2500 m environ depuis la région du Monte Rosa jusque dans le nord du Tessin. La neige a ensuite fondu aux altitudes élevées, de sorte que fin novembre, ce n’est plus que dans les zones à l’ombre au-dessus de 2500 m environ qu’il y avait encore de la neige, avec des hauteurs allant jusqu’à 50 cm sur la crête principale des Alpes, mais beaucoup moins ailleurs et parfois même plus de neige du tout. Seules les altitudes élevées du Haut-Valais disposaient d’un enneigement correspondant plus ou moins aux valeurs moyennes. Dans toutes les régions, le manteau neigeux était bien consolidé et la surface était croûtée. Sur les pentes à l'ombre, les couches superficielles de neige avaient subi une métamorphose constructive à grains anguleux et étaient meubles, surtout dans les régions avec des précipitations du mois de novembre.

Décembre

Début décembre 2011, il y avait aussi peu de neige qu’en 1953, une situation qui ne s'est plus reproduite depuis lors. Fin décembre, la situation était totalement inversée, ce qui était imprévisible. Au cours de la première semaine de décembre, les altitudes supérieures à 1500 m ont été enneigées et à la mi-décembre, il a neigé jusqu’à basse altitude. Chaque semaine de décembre, il y a eu un épisode de fortes chutes de neige. Dans la plupart des régions de l’ouest et du nord, une constitution favorable du manteau neigeux s’est ainsi développée (figure 11). Des ruptures et des avalanches étaient déclenchées surtout dans les couches superficielles parfois épaisses de neige soufflée et de neige fraîche. Là où il y avait déjà un manteau de neige ancienne avant les chutes de neige de décembre (sur les pentes exposées au nord de la crête principale des Alpes et au sud de celles-ci ainsi qu’en Engadine au-dessus de 2400 m), la constitution du manteau neigeux était nettement plus fragile. Les couches proches du sol avaient subi une métamorphose constructive à grains anguleux. Elles étaient généralement molles et renfermaient des croûtes. De plus, dans ces régions, la neige ancienne était recouverte de minces couches de neige fraîche et de neige soufflée, de sorte que le manteau neigeux était resté constamment fragile pour les adeptes des sports de neige au cours de la quatrième semaine de décembre. Etant donné que début décembre, un sol chaud avait été recouvert de neige, le manteau neigeux s’est rapidement mis à glisser. Cela concernait surtout les pentes raides ensoleillées aux altitudes moyennes. De nombreuses avalanches et coulées de glissement se sont déclenchées spontanément dans le manteau de neige sèche. Fin décembre, ces avalanches et coulées atteignaient parfois une taille moyenne et se produisaient également aux altitudes élevées. La reptation de la neige est un phénomène typique pour les hivers avec des manteaux neigeux compacts et stables.

Janvier

La pluie tombée au cours de la nuit du nouvel an a humidifié et fragilisé le manteau neigeux aux altitudes moyennes. Par la suite, il a neigé abondamment en janvier, de sorte que les sommes de neige fraîche cumulées de décembre et janvier atteignaient des valeurs record. D'une part, les fortes chutes de neige accompagnées de vents soufflant en tempête ont donné lieu à diverses reprises à une activité élevée d’avalanches spontanées caractérisées essentiellement par l’instabilité des couches de neige fraîche et de neige soufflée. D'autre part, le manteau neigeux s’est à chaque fois consolidé rapidement sous le poids des épaisses couches de neige fraîche. Dans l'ouest et le nord, le manteau neigeux était très épais et compact (figure 12). Dans les régions de la crête principale des Alpes et au sud de celle-ci ainsi qu’en Engadine, la neige ancienne renfermait des couches de neige ayant subi une métamorphose constructive à grains anguleux contenant parfois des croûtes, surtout sur les pentes exposées au nord au-dessus de 2500 m. Des ruptures au sein du manteau neigeux se produisaient cependant ici aussi, principalement dans les couches superficielles de neige fraîche et de neige soufflée. De plus, de nombreuses avalanches de glissement de neige sèche ont eu lieu en dessous de 2500 m environ sur les pentes aux expositions est, sud et ouest, tout particulièrement au cours de la seconde moitié de janvier.

Février

Pendant la première moitié très froide du mois de février, les 30 à 50 cm supérieurs du manteau neigeux ont subi une métamorphose constructive à grains anguleux sur une grande partie du territoire. Ces couches étaient meubles et dès lors facilement transportables tout particulièrement dans les zones abritées du vent telles que le voisinage de la limite de la forêt, mais d’une manière générale également dans les régions intra-alpines. Un vent persistant de secteur nord-est transportait la neige ancienne donnant lieu à la formation d’accumulations cassantes de neige soufflée susceptibles de se décrocher facilement. A l’exclusion des couches superficielles et des endroits peu enneigés, le manteau neigeux était généralement compact et stable. Aux endroits faiblement enneigés, l’ensemble du manteau neigeux a subi une métamorphose constructive et est devenu fragile au mois de février (figure 13, en haut). Ces couches fragiles ont été recouvertes de couches de neige fraîche peu épaisses pendant la troisième semaine de février. Etant donné que les couches fragiles étaient relativement épaisses et que les couches de neige qui les recouvraient étaient relativement minces, le risque de décrochement sous une faible surcharge était élevé. C’est en février que se sont produits la plupart des accidents d'avalanche impliquant des personnes. Deux épisodes de réchauffement marqué au cours de la dernière semaine de février ont donné lieu à une humidification et à une fragilisation du manteau neigeux sur les pentes exposées à l'est, au sud et à l’ouest (figure 13, en bas). Pendant cette première humidification aux altitudes basses et moyennes, de nombreuses avalanches spontanées de neige mouillée se sont déclenchées dans les couches superficielles et parfois au niveau du sol. L’activité d’avalanches de glissement était à nouveau nettement accrue. A cette période, les avalanches de glissement aux altitudes citées étaient déjà humides ou mouillées.

Mars

En raison des températures élevées de fin février et début mars, les pentes raides exposées au sud étaient humidifiées en dessous de 2400 m environ et la fonte de la neige avait commencé dès le début de mars 2012. Les couches superficielles de neige étaient humides jusqu’à 3000 m sur les pentes aux orientations est, sud et ouest. Les pentes à l'ombre étaient encore largement sèches au-dessus de la limite de la forêt. La stabilité du manteau neigeux était généralement moyenne à bonne (figure 14, en haut) et il y avait souvent des conditions favorables pour les randonnées et la pratique du hors-piste. Pendant la troisième semaine de mars, il a neigé, les chutes de neige étant plus importantes dans le sud. La neige fraîche et la neige soufflée pouvaient se décrocher facilement. Aux endroits faiblement enneigés dans le sud du Valais et dans les Grisons, la partie supérieure du manteau de neige ancienne renfermait en outre des couches fragiles (figure 14, en bas). Cela concernait surtout le manteau neigeux encore sec aux expositions ouest à est en passant par le nord au-dessus de 2200 m environ. Sur les pentes fortement ensoleillées, la situation était printanière.

Avril

Il a neigé à diverses reprises en avril et à Pâques jusqu’à basse altitude. En raison des températures fraîches, la situation était généralement hivernale en avril avec en permanence un danger accru d’avalanche de neige sèche. Aux altitudes élevées, les couches superficielles de neige fraîche et de neige soufflée pouvaient parfois se décrocher facilement. De plus, dans le sud du Valais et dans les Grisons, le manteau de neige ancienne était à nouveau plus fragile (figure 15, en haut). La fonte de la neige était réduite. Ce n’est que sous l’effet du réchauffement au cours de la dernière semaine d’avril qu’elle s’est intensifiée aux altitudes élevées. Les pentes exposées au nord se sont alors de plus en plus humidifiées aux altitudes élevées. Plus particulièrement dans les régions intra-alpines et sur les parties valaisanne et grisonnaise de la crête principale des Alpes, le manteau neigeux s’est fragilisé sur les pentes exposées au nord (figure 15, en bas). Ces conditions ont entrainé plusieurs avalanches de surface qui se sont déclenchées spontanément et étaient composées de neige mouillée ainsi que localement également des avalanches de fond.

Mai

Aux altitudes moyennes, le manteau neigeux a entièrement fondu au cours du mois de mai. Aux altitudes élevées, en revanche, les hauteurs de neige étaient encore légèrement supérieures aux valeurs moyennes en raison des fortes chutes de neige de décembre et janvier, mais aussi à cause des précipitations répétées d’avril et de mai. Pendant la première moitié du mois de mai, les précipitations sont tombées sous forme de neige au-dessus de 2500 m, et par la suite, ce n’était généralement plus le cas qu’en haute montagne. Pendant les précipitations, les couches de neige fraîche et de neige soufflée étaient à chaque fois fragiles. Dans les régions intra-alpines, les avalanches superficielles entraînaient localement encore des couches plus profondes du manteau de neige ancienne. A la fin du mois de mai, les limites d'enneigement se situaient aux alentours de 2000 à 2400 m sur les pentes exposées au nord, et nettement au-dessus de cette altitude aux autres orientations. Le manteau neigeux était largement humidifié. Ce n’est plus que sur les pentes de haute montagne exposées au nord qu’il était encore sec. Il y avait encore beaucoup de neige en haute montagne.

Activité avalancheuse

Comparées à l'hiver précédent, les grandes avalanches étaient plus fréquentes, conformément à la situation neigeuse. Comme le manteau de neige ancienne était généralement bien consolidé, ce sont dans la plupart des cas seulement les couches de neige fraîche et de neige soufflée des différents épisodes de précipitations qui se décrochaient. C’est la raison pour laquelle les avalanches n'atteignaient pas une grande taille et restaient généralement dans les couloirs connus. Il y a néanmoins eu davantage de dégâts matériels aux bâtiments et aux voies de communication provoqués par des avalanches de neige sèche. Au cours de cet hiver, les avalanches de glissement étaient plus importantes du point de vue de leur taille et de leur fréquence. Elles atteignaient souvent une ampleur moyenne et leur épaisseur de rupture était parfois énorme à cause des grandes hauteurs de neige. L’activité d’avalanches de glissement a perduré de décembre à début mars, ce qui représentait en plus des épisodes de fortes chutes de neige un très grand défi pour les services de sécurité. Selon une évaluation qualitative, la reptation du manteau de neige sèche en plein hiver 2011/12 correspond à un phénomène qui se produit environ tous les 30 ans. Les avalanches de glissement ont également donné lieu à de nombreux dégâts matériels. L’indice d’activité avalancheuse (figure 16) a atteint des valeurs relativement élevées au cours des phases plus actives. La plupart des avalanches de neige sèche se sont déclenchées entre la mi-décembre 2011 et fin janvier 2012, et étaient liées aux phases répétées de fortes chutes de neige. Au cours de cette période, il y a eu également de nombreuses avalanches de glissement, principalement de neige sèche. Avec des températures exceptionnellement élevées, la première humidification du manteau neigeux a commencé fin février. Elle a entrainé deux phases d’activité élevée d’avalanches de neige mouillée et essentiellement d’avalanches mouillées de glissement. La plupart des pentes étaient ensuite purgées. Le bon enneigement, des températures fraîches et des chutes de neige ont ensuite fréquemment donné lieu à des conditions avalancheuses délicates pour les adeptes des sports de neige aux altitudes élevées jusqu’à une date avancée du printemps.

Cycles d'avalanches remarquables

Les départs d’avalanches dépendent de différents facteurs: la stabilité du manteau neigeux qui varie au fil du temps, la neige fraîche, le vent, les fluctuations de températures, les surcharges sur le manteau neigeux provoquées par des personnes ou des opérations de minage, etc. Cela explique pourquoi l’activité avalancheuse varie d’un jour à l’autre comme le montre clairement la figure 16. Les périodes les plus remarquables de l’hiver 2011/12 sont numérotées dans la figure 16 et décrites ci-après.

Octobre: Après la fin d’été très chaude, il y avait début octobre un mince manteau neigeux uniquement sur les pentes raides exposées au nord au-dessus de 2800 m environ et dans les zones de glacier de haute montagne. En octobre, il a fait globalement relativement doux et ensoleillé. Ce n’est que dans l'est et dans le nord, qu’il y a eu davantage de précipitations que la normale. Après une incursion d’air froid avec deux journées de fortes chutes de neige jusqu’à moyenne altitude, le temps s’est rapidement adouci au cours de la deuxième semaine d’octobre et il y a plu intensivement jusqu’à environ 3000 m d’altitude. Comme cette pluie pénétrait dans la neige fraîche, de nombreux glissement et avalanches de neige mouillée se sont déclenchés au niveau du sol le 10 octobre. Sur le versant nord des Alpes, les avalanches de neige mouillée sont parfois descendues jusque dans les couloirs d’avalanche où elles se sont arrêtées. Simultanément, la montée rapide des cours d’eau en raison des précipitations et des eaux de fonte a provoqué dans l'Oberland bernois et dans le Lötschental, VS, des dégâts considérables dus aux crues et aux laves torrentielles. Après une nouvelle incursion d’air froid avec des chutes de neige sur le versant sud des Alpes, les températures ont augmenté sensiblement le 26 octobre provoquant quelques coulées de neige humide. Des bulletins d’avalanches ont été diffusés les 6, 8, 11, 18 et 24 octobre 2011.

Novembre: Le temps automnal extrêmement doux et sec s’est poursuivi également en novembre. Ce n’est qu’au cours de la première semaine de novembre que d’importantes précipitations sont survenues. En haute montagne, de 100 à 200 cm de neige sont tombés depuis la région du Monte Rosa jusque dans le nord du Tessin en passant par la région du Simplon, tandis que plus au nord, l’apport de neige était nettement plus faible. Des avalanches ont été observées surtout sur la partie de la crête principale des Alpes du Haut-Valais. En raison de la situation intensive de barrage météorologique côté sud, des bulletins d'avalanches ont été diffusés les 3, 5, 7 et 8 novembre 2011. Jusqu’à la fin du mois, la situation avalancheuse était calme grâce à un anticyclone stable.


Décembre:
Début décembre, ce n’était plus que sur la crête principale des Alpes, sur les pentes exposées au nord au-dessus de 2500 m, qu’il y avait encore de la neige qui avait généralement subi une métamorphose constructive. Les premières chutes de neige abondantes du début de l’hiver – du 3 au 9 décembre – ont donné lieu à une situation avalancheuse délicate sur la crête principale des Alpes. Cela concernait surtout les pentes exposées au nord avec de la neige ancienne. Les 7 et 11 décembre, deux accidents mortels d'avalanche ont eu lieu dans la région de Saas Fee, VS. Les premières chutes de neige de début décembre marquaient le début de la reptation de la neige et l’on observait les premières avalanches de glissement. Des bulletins d'avalanches ont été diffusés les 2, 3 et 6 décembre. La diffusion du bulletin d'avalanches quotidien a commencé le 7 décembre et la diffusion des sept bulletins d'avalanches régionaux quotidiens le 14 décembre. Des épisodes répétés de fortes chutes de neige ont donné lieu en décembre à trois phases d’activité avalancheuse élevée (1, 2, 3):

(1) Du 16 au 18 décembre: La dépression cyclonale „Joachim“ a donné lieu à des chutes de neige intensives et abondantes à la mi-décembre. D’importantes accumulations de neige soufflée se sont formées et le danger d'avalanche a augmenté pour la première fois cet hiver jusqu’au degré 4 (fort) dans certaines régions. Il y a eu davantage d’avalanches spontanées de neige sèche, surtout dans les régions occidentales des Alpes suisses.

(2) Du 21 au 23 décembre: Après une brève accalmie, il a à nouveau commencé à neiger abondamment le 20 décembre. Dans certaines régions, le danger d'avalanche est monté au degré 4 (fort). Davantage d’avalanches spontanées et de nombreuses avalanches déclenchées artificiellement (par des personnes ou au moyen d’explosifs) ont été signalées. Cela concernait surtout le versant nord des Alpes. Des avalanches de vallée ont été observées tout particulièrement dans les Alpes uranaises. Des voies de communication ont dû être fermées par mesure de précaution. Plusieurs avalanches ont provoqué des dégâts matériels. Le 20 décembre, un accident mortel d’avalanche s’est produit dans la région de Fully, VS, et un autre le 23 décembre dans la région de Bever, GR. Un réchauffement sensible du temps est intervenu le 23 décembre. Il a entrainé une activité élevée d’avalanches de glissement avec le décrochement du manteau neigeux au niveau du sol non gelé (photo 19).

(3) Du 30 décembre au 1er janvier: L’épisode suivant de fortes chutes de neige a commencé fin décembre, avec de la pluie jusqu’à moyenne altitude. Dans certaines régions, le danger d'avalanche est monté au degré 4 (fort). De nombreuses avalanches, principalement de neige mixte et de neige mouillée, se sont produites au cours de cet épisode. Cela concernait tout particulièrement le versant nord des Alpes et le Valais. Le 29 décembre, un accident mortel d'avalanche a eu lieu dans la région de Celerina, GR, et un autre le 3 janvier dans la région d’Avers, GR, avec dans ce cas deux personnes tuées, ce qui en fait l’accident le plus grave de l’hiver 2011/12.


Janvier:
En janvier également, de fortes chutes de neige ont eu lieu à diverses reprises entraînant quatre phases avec une activité avalancheuse élevée (4, 5, 6, 7).

(4) Du 5 au 9 janvier: Sous l’influence de la dépression cyclonale „Andrea“, il a à nouveau neigé intensivement et avec persistance au cours de la première semaine de janvier, tout particulièrement sur le versant nord des Alpes et dans les Grisons. Le vent tempétueux soufflant même temporairement avec la force d’un ouragan a donné lieu à la formation d’accumulations de neige soufflée étendues et épaisses. Sur une grande partie du territoire, le danger d'avalanche est monté au degré 4 (fort). C’est au cours de cette phase que l’activité avalancheuse la plus élevée de l’hiver 2011/12 a été enregistrée. De nombreuses d'avalanches spontanées ont été signalées. La plupart des grandes avalanches sont restées dans des couloirs connus. Localement, des remontées mécaniques ainsi que des bâtiments ont toutefois été endommagés. En raison de la menace d’avalanches, des routes et des lignes ferroviaires ont été fermées dans de nombreuses régions. Dans certains cas, les barrages ont dû être maintenus pendant plusieurs jours occasionnant d’importantes restrictions de la circulation. Pendant les précipitations et tout particulièrement après la fin de celles-ci, de nombreuses avalanches ont été provoquées par minage par les responsables des services de sécurité des communes, des cantons et des domaines skiables. De plus, de nombreuses avalanches ont été déclenchées par des personnes. A diverses reprises, des opérations de recherche ont dû être entreprises, car on ne savait pas si des personnes avaient ou non été ensevelies. Heureusement, il n’y a pas eu d’accidents mortels d'avalanche au cours de cette phase.

(5) Les 10 et 11 janvier: Après les fortes chutes de neige, un réchauffement sensible a commencé le 10 janvier. Au cours de cette phase, l’activité d’avalanches de glissement était particulièrement élevée. Tout le manteau neigeux, qui avait entre-temps atteint plusieurs mètres d’épaisseur, glissait sur le sol non gelé. De nombreuses avalanches de glissement souvent de taille moyenne en étaient la conséquence. A cause des avalanches de glissement, mais aussi rien qu’en raison du long mouvement de reptation du manteau neigeux, des bâtiments, des remontées mécaniques et des voies de communication ainsi que des surfaces agricoles et forestières ont été endommagés. Le danger accru d’avalanches de glissement a en outre entravé les travaux de déblaiement sur les routes et les lignes ferroviaires perturbant davantage encore le trafic.

(6) Du 20 au 22 janvier: Après une semaine avec un danger limité d'avalanche (degré 2) sur une grande partie du territoire, la phase suivante de fortes chutes de neige a commencé le 19 janvier sur le versant nord des Alpes, dans le Bas-Valais et dans les Grisons. Le danger d'avalanche a augmenté jusqu’au degré 4 (fort) dans certaines régions. De nombreuses avalanches spontanées de taille moyenne et parfois également de grande taille se sont déclenchées. De plus, l’activité d’avalanches de glissement était à nouveau accrue.

(7) Du 25 au 30 janvier: Après les fortes chutes de neige de janvier, l’activité d’avalanches de glissement est restée accrue. Même si elle a diminué vers la fin du mois, des avalanches de glissement étaient signalées quotidiennement, parfois avec des dégâts matériels. Il s’agissait souvent d’avalanches de taille moyenne avec des hauteurs de rupture énormes (de 4 m et plus). Le 27 janvier, un accident mortel d'avalanche a eu lieu dans la région d’Andermatt, UR, à cause d’une avalanche de glissement en zone de hors-piste. Le 29 janvier, le pylône d’un télésiège du domaine skiable de Lungern-Schönbühl, OW, a été fortement endommagé par une avalanche de glissement. En raison de la menace d'avalanches de glissement, la fermeture de pistes et de routes a dû être maintenue.


Février:
La première moitié de février était largement sèche et exceptionnellement froide. De la neige ancienne meuble était transportée par le vent. La neige soufflée a donné lieu à la persistance d’une situation avalancheuse délicate pour les adeptes des sports de neige en dehors des pistes. Pratiquement tous les jours, des avalanches déclenchées par des personnes ont été signalées. Entre le 8 et le 12 février, quatre personnes ont perdu la vie dans des accidents d'avalanche en terrain de randonnées et de hors-piste. Pendant la seconde moitié de février, des chutes de neige dans le nord (8) et un réchauffement sensible fin février ont donné lieu, sur une grande partie du territoire, à des phases avec une activité avalancheuse élevée (9, 10).

(8) Du 15 au 17 février: Des chutes de neige accompagnées de vents de secteur nord-ouest soufflant en tempête ont touché surtout le nord. Le danger d'avalanche y a augmenté dans certaines régions jusqu’au degré 4 (fort). Cette fois, ce n’étaient pas les grandes quantités de neige fraîche, mais la surface défavorable de neige ancienne qui était responsable de l’augmentation du danger d'avalanche. Le risque de déclenchement était très élevé et de nombreuses avalanches se sont produites. Dans certains cas, les avalanches se sont déclenchées spontanément, mais parfois une très faible surcharge suffisait pour provoquer un déclenchement, et dans d’autres cas des avalanches ont été déclenchées à distance. Une fois de plus, des routes ont été ensevelies, mais il s’agissait dans la plupart des cas d’avalanches plutôt petites à partir de zones de rupture situées à des altitudes relativement basses. De nombreux départs d’avalanches impliquant des personnes ont été signalés. Le 17 février, un accident mortel d'avalanche s’est produit dans la région de Davos, GR (photo 18).

(9) Du 23 au 25 février: A partir du 20 février, les températures ont augmenté sensiblement. Aux altitudes basses et moyennes, le manteau neigeux s’est humidifié et a commencé à fondre. Ces conditions ont donné lieu à une phase marquée d’activité élevée d’avalanches spontanées de neige humide ou mouillée aux altitudes moyennes. Une fois de plus, l’activité d’avalanches de glissement était fortement accrue. Cette fois, les avalanches de glissement étaient non plus sèches, mais humides ou mouillées. Le 24 février, une personne est décédée lors de travaux d’entretien au Stanserhorn, NW, à cause d’une avalanche de glissement.

(10) Du 29 février au 4 mars: Suite à une nouvelle augmentation des températures, le manteau neigeux s’est également humidifié aux altitudes élevées sur les pentes exposées à l’est, au sud et à l’ouest. Ces conditions ont donné lieu – y compris au-dessus de 2000 m – à une première humidification du manteau neigeux avec une activité élevée d’avalanches spontanées de neige humide et mouillée. L’activité d’avalanches de glissement de plus en plus humides était également nettement accrue. Elle était soumise à une augmentation en cours de journée.


Mars:
Pendant la phase de temps chaud de fin février et de début mars, la plupart des pentes ont été purgées, à l’exception des pentes exposées au nord. Par la suite, l’activité d’avalanches de neige mouillée et d’avalanches de glissement a diminué. En mars, la situation avalancheuse était souvent printanière avec temporairement un faible danger d'avalanche le matin et une légère augmentation du danger d’avalanche de neige mouillée et d’avalanche de glissement en cours de journée. Il n’y a pas eu d’accidents mortels d'avalanche.

(11) Du 19 au 21 mars: Parallèlement à la baisse des températures, il a neigé sur une grande partie du territoire du 18 au 20 mars, les chutes de neige étant les plus abondantes dans le sud. Les accumulations fraîches de neige soufflée pouvaient se décrocher facilement. De plus, des personnes ont déclenché des avalanches aux endroits faiblement enneigés, y compris dans la neige ancienne, tout particulièrement dans le sud du Valais et dans les Grisons. Ces endroits dangereux se situaient principalement sur les pentes exposées au nord, où le manteau neigeux était encore largement sec.


Avril:
Le temps d’avril était variable et frais, ce qui a plutôt ralenti quelque peu la fonte de la neige et l’activité d’avalanches de neige mouillée, qui avait déjà commencé tôt en mars aux altitudes élevées. A Pâques, il a même neigé jusqu’à basse altitude. En haute montagne, la situation était restée hivernale. A cause des chutes de neige répétées, le danger d’avalanche de neige sèche a augmenté jusqu’au degré 3 (marqué). Plusieurs déclenchements d’avalanches par des personnes ont été signalés. Un accident mortel d'avalanche s’est produit le 9 avril dans la région de Bourg-Saint-Pierre, VS. Le 17 avril, deux personnes ont perdu la vie dans les accidents dans la région d'Anniviers, VS, et dans la région de Lavin, GR. Au cours de la dernière semaine d’avril, l’activité avalancheuse a encore augmenté en raison de la neige fraîche (12). Le 15 avril, la diffusion des bulletins d'avalanches régionaux a pris fin.

(12) Du 22 au 27 avril: Les 22 et 24 avril, on a enregistré une activité élevée d’avalanches spontanées, généralement de taille moyenne, liées aux chutes de neige sur une grande partie du territoire. Dans les Grisons et en Valais, un nombre accru d’avalanches se sont décrochées dans la neige ancienne et ont dès lors atteint une grande ampleur. Vers la fin du mois d’avril, les pentes exposées au nord sont devenues de plus en plus humides aux altitudes élevées. Des avalanches se sont déclenchées en partie spontanément ou pouvaient se décrocher facilement. Au cours de la dernière semaine d’avril, de nombreux déclenchements d'avalanches par des personnes ont été signalés. Deux accidents mortels d'avalanche ont à cet égard été signalés, le 23 avril dans la région de Plaffeien, FR, et le 25 avril dans la région de Nendaz, VS.


Mai:
Pendant la première semaine de mai, le danger d'avalanche était accru à cause des chutes de neige aux altitudes élevées, surtout sur la crête principale des Alpes. De grandes avalanches ont été observées localement. Cela concernait tout particulièrement les pentes exposées au nord au-dessus de 2800 m environ. A la mi-mai, l'isotherme zéro degré est montée à plus de 4000 m et il a plu jusqu’en haute montagne. Les quelques observateurs qui se trouvaient encore aux altitudes élevées ont signalé une importante activité d’avalanches de neige humide ou mouillée d’ampleur moyenne et localement de grande ampleur.
Parallèlement à une chute des températures, il a neigé les 16 et 17 mai, surtout sur le versant nord des Alpes et dans le nord des Grisons. Des accumulations fraîches de neige soufflée se sont formées. Au-dessus de 2500 m, les conditions étaient hivernales. La neige soufflée fraîche pouvait se décrocher facilement et restait fragile, surtout en haute montagne. Pendant la dernière semaine de mai, les conditions avalancheuses étaient favorables dans la plupart des cas. Le 7 mai, la diffusion quotidienne du bulletin d'avalanches a pris fin. Six bulletins d'avalanches sporadiques ont encore été diffusés jusqu’à fin mai (les 10, 12, 15, 18, 20 et 25 mai).

Accidents d'avalanche (d’octobre 2011 à mai 2012)

Avec 19 personnes au 31.05.2012, le nombre d’accidents mortels d'avalanche était inférieur à la moyenne (la moyenne annuelle étant de 25 victimes). Les accidents se répartissent sur les mois de décembre (5), janvier (2), février (6) et avril (5). Un accident d'avalanche survenu le 03.01.2012 au Juferhorn, GR, a coûté la vie à deux personnes; tous les autres accidents ont fait une victime. Les accidents se sont produits sur le versant nord des Alpes, en Valais et dans les Grisons (figure 17).

Le rapport détaillé relatif aux avalanches ayant provoqué des dommages corporels et des dégâts matériels est généralement publié l’année suivante, après la saisie et l’exploitation de toutes les données.

 

Accidents d'avalanche impliquant des personnes

A la fin du mois de mai, 95 avalanches impliquant 137 personnes avaient été signalés au SLF pour l’hiver 2011/2012 (figure 18). 26 personnes ont ainsi été blessées par des avalanches et 18 accidents d'avalanche ont coûté la vie à 19 personnes. 5 personnes sont décédées par degré de danger 2 (limité), 1 personne par degré 2 (limité) avec augmentation du danger d'avalanche de neige mouillée en cours de journée jusqu'au degré 3 (marqué), 12 personnes par degré 3 (marqué). 1 personne a perdu la vie dans une avalanche avant le début de la diffusion des degrés de danger. Les victimes d’avalanche se répartissent comme suit: skieurs en hors-piste: 3 personnes; randonneurs à skis: 12 personnes; piétons en terrain non sécurisé: 2 personnes; sur les voies de communication: 2 personnes. 4 accidents avec 4 victimes se sont produits sur le versant nord des Alpes, 7 accidents avec 7 victimes en Valais et 7 accidents avec 8 victimes dans les Grisons. Selon les expositions, les accidents mortels d'avalanche se répartissent comme suit: 13 accidents sur les pentes exposées au nord et à l’est, 5 accidents sur les pentes exposées à l’ouest et au sud.

Avalanches avec dégâts matériels

98 avalanches ont occasionné des dégâts matériels (aux bâtiments, aux infrastructures ou à la forêt) ou ont donné lieu à des opérations de recherche et de dégagement (photo 19). Le nombre d’avalanches signalées avec des dégâts matériels est relativement élevé. Ce sont surtout des avalanches spontanées de neige sèche ainsi que des avalanches de glissement, mais également la pression et la reptation de la neige qui ont endommagé des voies de communication et des bâtiments ainsi que les surfaces agricoles et forestières, tout particulièrement dans les régions du nord fortement enneigées. Pratiquement une avalanche sur cinq parmi toutes les avalanches signalées impliquant des personnes ou ayant occasionné des dégâts matériels est une avalanche de glissement. Un inventaire de toutes les avalanches ayant provoqué des dommages et une évaluation des dégâts matériels ne peuvent toutefois être réalisés qu’en cours d’année.

Degrés de danger

Comme le montre la figure 20 (en haut), le degré de danger 4 (fort) a été annoncé pour 12 journées: Les 16 et 17.12.2011 sur une grande partie du Valais ainsi que dans certaines régions de l’ouest du versant nord des Alpes, du 21 au 23.12.2011 dans certaines régions du versant nord des Alpes et dans le nord des Grisons, les 31.12.2011 et 01.01.2012 sur une grande partie du versant nord des Alpes et dans certaines parties de la région du Gothard et des Grisons, les 06 et 07.01.2012 sur la crête nord des Alpes en Valais, dans la région du Gothard et dans une grande partie des Grisons, les 21 et 22.01.2012 dans certaines régions de la crête nord des Alpes, dans la région du Gothard et en Basse-Engadine, et le 16.02.2012 dans certaines régions du versant nord des Alpes et dans les Grisons.

Un danger limité d'avalanche (degré 2) a été annoncé dans 46% des cas et un fort danger d'avalanche (degré 4) dans 2% de la période couverte, ce qui correspond plus ou moins à la moyenne pluriannuelle (figure 21). Un danger limité d'avalanche (degré 3) était plus fréquent que la normale avec un taux de 38% et un faible danger d'avalanche (degré 1) a été annoncé moins fréquemment avec un taux 17%. Le degré de danger 5 (très fort) n’a jamais été utilisé. Ainsi, le degré 1 était plus rarement utilisé et le degré 3 plus fréquemment que la moyenne pluriannuelle. Comparées aux hivers précédents, les avalanches moyennes et grandes étaient plutôt fréquentes, et quelques très grandes avalanches ont été annoncées. Pour la plupart des services d’avalanche locaux, l’hiver 2011/12 était plus délicat et plus coûteux que d’autres hivers, et il y a eu davantage de dégâts matériels. Les fortes chutes de neige de décembre et janvier ainsi que la situation marquée d’avalanches de glissement ont caractérisé pour l’essentiel l’hiver 2011/12.

Lors des épisodes de fortes chutes de neige et de fort danger d'avalanche (degré 4), la situation avalancheuse était très critique tout particulièrement pour les voies de communication. En janvier, elle était temporairement favorable grâce à un manteau neigeux bien consolidé. En raison du temps froid avec peu de précipitations au cours de la première moitié de février, la situation était constamment délicate pour les adeptes des sports de neige pendant cette période avec un danger marqué d'avalanche (degré 3). Après la première humidification du manteau neigeux assortie d’une situation critique d’avalanches de neige mouillée et d’avalanches de glissement à la fin du mois de février, la situation avalancheuse en mars était souvent favorable avec un danger limité (degré 2) ou faible (degré 1). Les phases les plus favorables avec dans certaines régions un faible danger d'avalanche couvraient les périodes du 14 au 19.01.2012 et du 24.03.2012 au 07.04.2012.
Du 27 janvier au 2 février ainsi que le 05.03.2012, le SLF a diffusé en plus de l’évaluation du danger avalanche de neige sèche également une évaluation du danger d’avalanche de glissement (figure 20, graphique du bas). De fin février à début avril, la situation avalancheuse était temporairement favorable le matin avec un faible danger d'avalanche (degré 1) et une augmentation du danger d’avalanche de neige mouillée et d'avalanche de glissement en cours de journée au début encore jusqu’au niveau marqué (degré 3). En raison de l’humidification de la neige et des deux phases à activité élevée d’avalanches de neige mouillée et d’avalanches de glissement de fin février et de début mars, de nombreuses pentes avaient déjà été purgées relativement tôt. C’est la raison pour laquelle le danger d’avalanche de neige mouillée a augmenté en cours de journée au printemps généralement jusqu’au degré limité (degré 2). En avril, la situation avalancheuse était souvent hivernale aux altitudes élevées et en haute montagne avec un danger marqué (degré 3) et limité (degré 2) d’avalanches de neige sèche (figure 20, graphique du haut).

Comme le montre la répartition des degrés de danger (figures 21 et 22), l'hiver 2011/12 était un peu plus dangereux qu’un hiver correspondant aux moyennes pluriannuelles. L’hiver actuel est du point de vue de la répartition des degrés de danger comparable aux hivers 2003/04 et 2007/08. Ces hivers étaient également marqués par un enneigement important au début, des épisodes répétés de fortes chutes de neige et des hauteurs de neige supérieures aux valeurs moyennes sur une grande partie du territoire avec une bonne constitution du manteau neigeux. De ce point de vue, l’hiver 2004/05 était toutefois également similaire, mais il s’agissait alors d’un hiver avec peu de neige et une constitution défavorable du manteau neigeux. Au cours de l’hiver 2011/12, les quantités de neige fraîche étaient en décembre et janvier, de deux à trois fois plus élevées que la normale et atteignaient même à certaines stations de nouveaux records. Si les chutes de neige s’étaient poursuivies en février 2012 – ce qui heureusement ne s’est pas produit – on n’aurait plus pu exclure une situation catastrophique telle que celle que l’on a connue pendant l’hiver avalancheux de 1998/99.

Bulletins d'avalanches

Pendant l’année hydrologique 2012, 176 bulletins d’avalanches nationaux ont été diffusés (situation au 30 septembre 2012). Parmi ceux-ci, 153 étaient des bulletins d’avalanches quotidiens diffusés entre le 07.12.2011 et le 07.05.2012. Les 23 autres bulletins d’avalanches ont été diffusés sporadiquement au cours du premier et du dernier mois de l’hiver ou en fonction de la situation pendant les mois d'octobre et de novembre 2011 ainsi qu'en juin, août et septembre 2012.
Pour sept régions, 123 bulletins d’avalanches régionaux ont été diffusés entre le 14.12.2011 et le 15.04.2012.


Dates de diffusion des bulletins d’avalanches au cours de l'année hydrologique 2011/12 (situation au 30.09.2012).

Type de bulletins d'avalanches Date de diffusion
Bulletins d'avalanches en fonction de la situation – automne 2011 (9)
Du 06.10. au 08.11.2011
Bulletins d'avalanches sporadiques
en période préhivernale 2011/12 (3)
Du 02.12. au 06.12.2011
Premier bulletin d'avalanches quotidien 07.12.2011
Premier bulletin d'avalanches régional 14.12.2011
Dernier bulletin d'avalanches régional 15.04.2012
Dernier bulletin d'avalanches quotidien 07.05.2012
Bulletins d'avalanches sporadiques en fin de
saison hivernale 2011/12 (6)
Du 10.05. au 25.05.2012
Bulletins d'avalanches en fonction de la situation – Été 2012 (5)
03.06, 11.06., 30.08., 11.09. et 13.09.2012

Été (juin à septembre 2012)

Les périodes qui méritent d’être retenues en ce qui concerne la neige et les avalanches pour les mois de juin à septembre et qui sont numérotées sur la figure 23 sont brièvement décrites ci-après:

1: Début juin, de la neige jusqu’à moyenne altitude

  • La neige avait entièrement fondu aux altitudes moyennes pendant le mois de mai, et dans le sud dès le mois d’avril. Dans le nord, il y avait encore plus de neige début juin que la normale. La limite d'enneigement sur les pentes exposées au nord se situait aux alentours de 2000 m. Dans le sud, elle était un peu plus élevée et était située à 2200 à 2400 m. Sur les pentes exposées au sud, la limite de la neige était nettement plus élevée. Début juin, le manteau neigeux était humidifié jusqu’en haute montagne.
  • Le lundi 4 juin, le temps s’est nettement refroidi. De violents orages frontaux ont donné lieu à des précipitations intensives, surtout sur le versant sud des Alpes. Sur une grande partie du territoire, la limite des chutes de neige est descendue de plus de 3000 m au début à 2000 m, et temporairement jusqu’à 1600 m. De 15 à 30 cm de neige mouillée sont tombés à 2500 m d’altitude dans le sud et dans l’est des Alpes suisses.
  • Le 3 juin, un bulletin d'avalanches lié à la situation a été diffusé.

2: Exactement à la période de "froid de mouton", il a neigé jusqu’à moyenne altitude

  • Le 11 juin, le temps s’est à nouveau nettement refroidi. Entre le 10 et le 13 juin, de 20 à 30 cm supplémentaires de neige sont tombés à 2500 m dans les montagnes tessinoises et grisonnes. En haute montagne, les quantités de neige fraîche étaient nettement plus élevées et le danger d'avalanche y a augmenté quelque peu, surtout sur les pentes exposées au nord.
  • Le 11 juin, un bulletin d'avalanches lié à la situation a été diffusé.
  • Sous l’effet du réchauffement sensible à la mi-juin, il fallait surtout s’attendre à des avalanches de neige mouillée aux altitudes élevées. Quelques avalanches ont été signalées au Service des avalanches, mais la plus grande partie de l’activité avalancheuse n’a vraisemblablement pas été observée.
  • Pendant la seconde moitié du mois de juin, l'isotherme zéro degré est à nouveau montée nettement. Vers fin juin début juillet, la neige avait entièrement disparu aux altitudes élevées. La fonte totale de la neige a mis au jour de nombreux dégâts aux sols et aux forêts provoqués par des coulées de neige et des avalanches de glissement au cours de l’hiver 2011/12. Des mottes de terre avaient été arrachées, des arbustes et des arbres déracinés et le gazon présentait souvent des traces de frottement.

3 et 4: En juillet, deux incursions d'air froid avec à chaque fois de faibles chutes de neige aux altitudes élevées

  • Le mois de juillet était humide est relativement doux avec de nombreuses situations orageuses. A part deux brèves incursions d’air froid (les 16 et 22 juillet), il n’a neigé qu’au-dessus de 3500 à 4000 m.
  • Le 16 juillet, le passage d’un front froid marqué a apporté quelques centimètres de neige à partir de 2000 m environ. En haute montagne, l’apport de neige était souvent de 20 à 40 cm.
  • Le 22 juillet, la limite des chutes de neige était redescendue à 2000 m, mais l’apport de neige n’était que de quelques centimètres.

5: Après un mois d'août chaud, conditions hivernales les plus marquées de l’été 2012

  • Aux altitudes élevées, le mois d’août était d’environ 3,5 °C plus chaud que la moyenne pluriannuelle. L'isotherme zéro degré se situait généralement entre 4000 et 5000 m (figure 23) et elle n’est descendue en dessous de 3000 m qu’à la fin du mois. C’est la raison pour laquelle, avant les chutes de neige du 30 août, il n’y avait plus que très peu de neige dans les Alpes suisses, et uniquement sur les pentes exposées au nord au-dessus de 3500 m environ.
  • Le 30 août, un front froid actif a atteint la Suisse. La limite des chutes de neige est descendue le 1er septembre à 1300 m dans certaines régions. Entre le 31 août et le 2 septembre, de 30 à 50 cm de neige sont tombés au-dessus de 2000 m sur l’ouest du versant nord des Alpes, de 15 à 30 cm dans le nord du Valais, sur le centre et l’est du versant nord des Alpes, dans le nord du Prättigau et sur l’ouest et l’est de la crête principale des Alpes; ailleurs, on enregistrait jusqu’à 15 cm de neige. En haute montagne, les sommes de neige fraîche étaient encore un peu plus élevées.
  • Le 30 août, un bulletin d'avalanches lié à la situation a été diffusé, mettant en garde plus particulièrement contre des avalanches de neige mouillée aux altitudes élevées et de neige sèche en haute montagne.

6: Incursion d'air froid à la mi-septembre avec de la neige aux altitudes élevées

  • Du 12 au 13 septembre, il y a eu des précipitations sur une grande partie des Alpes suisses. La limite des chutes de neige est descendue nettement et se situait le 13 septembre brièvement à 2000 m sur le versant nord des Alpes. Au-dessus de 3500 m, de 25 à 50 cm de neige sont tombés sur le versant nord des Alpes et dans la partie la plus occidentale du Bas-Valais, et de 10 à 25 cm sur une grande partie du reste du territoire. Dans les zones d’accumulation de nuages du versant nord des Alpes, on a enregistré de 5 à 10 cm de neige à 2000 m d’altitude.
  • Le 11 septembre et le 13 septembre, un bulletin d'avalanches lié à la situation a été diffusé. Le danger d'avalanche augmentait tout particulièrement en haute montagne.

7: Après un bref réchauffement, à nouveau de la neige dans les hautes montagnes du nord

  • Au cours de la nuit du mardi au mercredi 19 septembre, un front froid a atteint les Alpes suisses et l'isotherme zéro degré a baissé de 1000 m. Aux altitudes élevées, la plupart des précipitations sont tombées sous forme de pluie. Sur le versant nord des Alpes sans la région du Gothard, on enregistrait de 30 à 50 mm de précipitations, dans les régions avoisinantes au nord de l’axe Rhin-Rhône et dans le nord des Grisons, de 10 à 30 mm, et ailleurs moins de 10 mm. Ce n’est qu’aux altitudes supérieures à 3500 m environ que ces quantités de précipitations correspondaient à des centimètres neige.

8: Fin septembre, situation marquée de foehn, temporairement fortes précipitations dans le sud

  • Avec des vents forts à tempétueux de secteur sud, il a plu du 25 au 27 septembre sur le versant sud des Alpes, les pluies étant intensives temporairement et dans certaines régions. La limite des chutes de neige se situait aux alentours de 2800 m et est descendue vers la fin des précipitations brièvement jusqu’à 2000 m dans le nord. Sur le versant sud des Alpes et sur la crête principale des Alpes, on a enregistré quelques 20 cm de neige à 3000 m. Les quantités augmentaient nettement avec l’altitude tout particulièrement dans le voisinage des sommets de la région de la Bernina. Sur le versant nord des Alpes, l’apport de neige était de 10 à 20 cm à 2500 m environ, et il était un peu plus élevé dans les hautes montagnes glaronaises.
  • Fin septembre, il y avait, sur la crête nord des Alpes, sur la crête principale des Alpes, dans le centre des Grisons et en Engadine, environ 10 à 30 cm de neige à 3000 m d’altitude. A 4000 m, il est probable que les hauteurs de neige correspondaient plus ou moins au double de ces valeurs.

Flash hiver (Edition 17 avril 2012)

Au cours de l’hiver 2011/12, les montagnes ont été enneigées relativement tard, sauf dans le sud. A l’automne a eu lieu une offensive hivernale marquée suivie de pluie jusqu’aux altitudes élevées avec des inondations dans l'Oberland bernois et en Valais. Le début de l’hiver était relativement doux et sec. Par la suite, en plein hiver, des chutes de neige exceptionnellement abondantes se sont en revanche produites avec des hauteurs de neige nettement supérieures aux valeurs moyennes dans le nord, depuis la mi-décembre jusqu’à la mi-mars. Ce n’est que sur le versant sud des Alpes, en Haute-Engadine et d’une manière générale à basse altitude qu'il y avait relativement peu de neige tout au long de l’hiver.

En raison des fortes chutes de neige répétées des mois de décembre et janvier, le danger principal résidait souvent dans les avalanches spontanées. De plus, l’activité de glissement de neige était importante dès le début de l’hiver. Ces deux éléments ont souvent donné lieu à la fermeture de voies de communication. Après le tassement des épaisses couches de neige fraîche, la constitution du manteau neigeux était à chaque fois favorable sur une grande partie du territoire. Le début du mois de février était extrêmement froid et plutôt sec. Des couches fragiles se formaient près de la surface neigeuse. C’est en février qu'ont eu lieu la plupart des accidents impliquant des personnes.

Dès la fin du mois de février, les températures ont fortement augmenté et le manteau neigeux s’est en partie humidifié aux altitudes moyennes. Deux périodes marquées avec une activité importante d’avalanches de neige mouillée et d’avalanches de glissement – la première fin février aux altitudes moyennes et la seconde début mars aux altitudes élevées – caractérisaient le passage à la situation printanière. Le mois de mars était relativement doux avec une situation avalancheuse généralement favorable et une augmentation du danger d’avalanche de neige mouillée en cours de journée. Des couches fragiles subsistaient encore sur les pentes raides exposées au nord surtout dans les régions intra-alpines. Au cours de la première moitié d’avril, des chutes de neige ont donné lieu à une augmentation du danger d'avalanche sur une grande partie du territoire. A la mi-avril, les hauteurs de neige correspondaient aux valeurs normales dans le nord et dans l’est des Alpes suisses, mais elles étaient nettement inférieures aux données moyennes dans le sud et dans l’ouest.

En moyenne 25 personnes perdent la vie chaque année dans des avalanches en Suisse. Cette année, on dénombrait à la mi-avril, 15 victimes d’avalanche. En comparaison avec d’autres années, il y a eu toutefois davantage de dégâts matériels provoqués par des avalanches.

Evolution de l'hiver

Le mois d’octobre a commencé sous le soleil et avec une chaleur estivale. Il n’y avait de la neige qu’en haute montagne. Le 7 octobre 2011 a vu la première offensive hivernale de l’année hydrologique 2011/12. Au cours d’une situation de barrage météorologique côté nord-ouest, il a neigé jusqu’au 9 octobre à partir de 1200 m sur une grande partie du territoire. La somme de neige fraîche tombée en 3 jours était de 50 à 80 cm dans le nord, et jusqu’à 110 cm dans les Alpes glaronaises. Les quantités de neige diminuaient à mesure que l’on se dirigeait vers le sud. Après une brève pause, de nouvelles précipitations les 9 et 10 octobre ont touché principalement le nord du pays avec de la pluie jusqu’à environ 2700 m. Ces conditions ont donné lieu à une activité marquée d’avalanches de neige mouillée. Une montée rapide des eaux a provoqué des dégâts considérables dans l'Oberland bernois et dans le Lötschental (VS). Par la suite, un temps automnal ensoleillé et doux a dominé. Le 24 octobre, une brève situation de foehn fort s’est installée et il a surtout neigé sur le versant sud des Alpes. Le mois d’octobre s’est terminé par un ensoleillement généreux et une isotherme zéro degré à 3000 m. A la fin du mois, sur les pentes à l’ombre du versant sud des Alpes au-dessus de 2500 m, avec une hauteur de neige de 20 à 30 cm, il y avait deux fois plus de neige que dans le nord.

Le beau temps automnal s’est poursuivi début novembre. A partir du 4 novembre, une situation de barrage météorologie côté sud s’est installée donnant lieu à des précipitations intensives. Jusqu’à 150 cm de neige sont tombés depuis la région du Monte Rosa jusque dans le nord du Tessin, et même jusqu’à 200 cm dans les vallées supérieures de la Maggia. Les quantités de neige diminuaient nettement à mesure que l’on se dirigeait vers le nord. Depuis le 9 novembre jusqu’à la fin du mois, le temps était déterminé par une situation anticyclonique stable. En montagne, le temps était ensoleillé et il faisait de 3 à 6 degrés plus chaud que la normale. Fin novembre, il n’y avait de la neige que sur les pentes à l’ombre au-dessus de 2500 m environ. Sur la crête principale des Alpes, la neige était la plus abondante et dépassait 50 cm. Dans le nord, les hauteurs de neige étaient nettement inférieures aux données moyennes. Les profils de neige indiquaient globalement une bonne stabilité. La constitution du manteau neigeux était cependant défavorable dans la perspective de nouvelles chutes de neige.

Le 3 décembre, des précipitations sont survenues et se sont prolongées jusqu’au 9 décembre. De 50 à 100 cm de neige sont ainsi tombés sur une grande partie des Alpes suisses. Le vent fort de secteur ouest a donné lieu à la formation d’importantes accumulations de neige soufflée entraînant une situation avalancheuse délicate, surtout dans les régions avec un manteau continu de neige ancienne. Il y a eu par la suite quelques journées de temps variable plutôt doux avec un vent de secteur ouest. De nombreuses petites avalanches de glissement se sont déclenchées en dessous de 2200 m environ, car sur une grande partie du territoire, le sol enneigé était chaud. Du 13 au 18 décembre, il a à nouveau neigé intensivement et la dépression cyclonale „Joachim“ a marqué le début d’une offensive hivernale jusqu’à basse altitude. Des vents soufflant en tempête et de grandes quantités de neige fraîche ont fait monter le danger d'avalanche pour la première fois cette saison dans l'ouest jusqu’au degré 4 ou „fort“. De nombreuses avalanches spontanées se sont déclenchées. Globalement, quelque 200 cm de neige sont tombés dans l'ouest au cours de cet épisode de précipitations, de 100 à 150 cm sur une grande partie du territoire du versant nord des Alpes et dans le sud du Bas-Valais, et de 50 à 100 cm dans le Haut-Valais, dans le nord du Tessin et dans le nord des Grisons; ailleurs, l’apport de neige était plus faible. Après une brève pause, il a à nouveau commencé à neiger le 20 décembre. Dans le nord, l’apport de neige atteignait près de 100 cm le 23 décembre et le danger d'avalanche avait de nouveau augmenté jusqu’au degré 4 ou „fort“ le 23 décembre. Un nombre relativement élevé d’avalanches ayant provoqué des dégâts et de nombreuses avalanches déclenchées par des personnes ont été signalées. Par la suite, le temps s’est sensiblement réchauffé avec comme conséquence une activité accrue d’avalanches de glissement. Aux basses altitudes, dans le nord, la pluie du 22 décembre a fait fondre le mince manteau neigeux. C’est ainsi qu’en 2012, il n’y a pas eu de Noël blanc sur le Plateau central. Le réchauffement a été brièvement interrompu la veille de Noël par un front froid qui a apporté un peu de neige dans l’ouest et dans le nord. Vers la fin du mois, les températures ont brièvement chuté et il y a encore eu jusqu’à 100 cm de neige fraîche dans le nord. au cours de la nuit de la Saint-Sylvestre, il a plu jusqu’à moyenne altitude. Dans l'ouest et le nord, le danger atteignait à nouveau le degré 4 ou „fort“ et il y a eu de nombreuses avalanches surtout mixtes et mouillées. Dans l'ouest et dans le nord, la somme de neige fraîche du mois de décembre était environ deux à trois fois plus élevée que la moyenne pluriannuelle. Au nouvel an, les hauteurs de neige à 2000 m y étaient nettement supérieures aux données moyennes avec de 120 à 200 cm sur une grande partie du territoire, et jusqu’à 300 cm depuis l’est des Alpes bernoises jusque dans les Alpes glaronaises. Les hauteurs de neige diminuaient nettement à mesure que l’on se dirigeait vers le sud.

Début janvier, le temps variable s’est poursuivi. Le 5 janvier, la dépression cyclonale „Andrea“ a atteint les Alpes suisses et un nouvel épisode de fortes chutes de neige a commencé dans le nord. Dans les régions du nord et de l’est, l’apport de neige dépassait 100 cm le 9 janvier; les chutes de neige étaient accompagnées de vents tempétueux de secteur nord soufflant même temporairement avec la force d’un ouragan. Dans les autres régions, on a enregistré sur une grande partie du territoire de 60 à 80 cm de neige, et des quantités nettement plus faibles dans le sud. D’importantes accumulations de neige soufflée se sont formées. Plusieurs avalanches déclenchées par des personnes ont été enregistrées, mais il y a eu également des avalanches provoquant des dégâts aux bâtiments et aux remontées mécaniques. Les 6 et 7 janvier, le danger d'avalanche augmentait jusqu’au degré 4 ou „fort“ dans de grandes parties des Alpes suisses. A partir du 10 janvier, le temps est devenu ensoleillé partout et l'isotherme zéro degré est montée à 2300 m environ. La première période avec une activité élevée d’avalanches de glissement a commencé. De nombreuses avalanches de glissement souvent de taille moyenne se sont déclenchées. Par la suite, le temps est resté ensoleillé avec un vent faible jusqu’au 18 janvier, sauf le 13 janvier. Avec un danger „limité“ d'avalanche (degré 2), les conditions étaient idéales pour la pratique des sports d'hiver. Le 19 janvier, une nouvelle période de précipitations a commencé et elle a persisté jusqu’au 25 janvier avec une brève pause le 23 janvier. Plus de 100 cm de neige sont tombés sur le versant nord des Alpes, dans le Bas-Valais et dans les Grisons, et environ 50 cm dans les régions situées plus au sud. Dans les régions touchées par les précipitations les plus abondantes, les chutes de neige intensives ont donné lieu à des avalanches spontanées de neige sèche d’ampleur moyenne, mais parfois aussi de grande ampleur. Le danger d'avalanche a atteint le degré 4 ou „fort“ dans certaines parties du nord ainsi qu'en Basse-Engadine. Le 26 janvier, le temps est redevenu ensoleillé et plus doux. Le 27 janvier a marqué le retour des précipitations et il a neigé surtout sur le centre du versant sud des Alpes. Vers la fin du mois, de plus en plus d’air froid en provenance de Sibérie a été acheminé sur les Alpes suisses entraînant une forte baisse des températures. Au début, les basses températures de l'air avaient cependant peu d’influence sur l’activité de glissement. Aux altitudes moyennes, les avalanches de glissement ont provoqué de nombreux dégâts aux bâtiments et aux infrastructures. De plus, des pistes et des routes ont dû être fermées temporairement. A l’exception du centre du versant sud des Alpes, de la Haute-Engadine et de la vallée de Poschiavo, les hauteurs de neige à 2000 m à la fin du mois de janvier étaient, avec plus de 200 cm, nettement supérieures aux valeurs moyennes.

Jusqu’au 6 février, le temps était généralement ensoleillé dans les Alpes suisses avec un vent modéré à fort de secteur nord-est, mais il faisait exceptionnellement froid. La température à la mi-journée à 2000 m était descendue à environ moins 18 degrés. Sur le Plateau central, la température moyenne de la première moitié du mois de février était comprise entre moins 6,5 et moins 10 degrés. La température de la surface neigeuse descendait en dessous de moins 30 degrés au cours des nuits claires. Sur une grande partie du territoire, ces conditions ont provoqué une métamorphose constructive des couches superficielles du manteau neigeux avec la formation de grains anguleux et de neige meuble pouvant être transportée par le vent. Le danger principal résidait dans les accumulations fraîches de neige soufflée. Pratiquement tous les jours, des avalanches déclenchées par des personnes ont été signalées, tandis que les avalanches de glissement étaient moins fréquentes qu’à la fin du moins de janvier. Le 8 février, les températures ont brièvement augmenté nettement de près de 10 degrés. Du 9 au 14 février, il faisait à nouveau froid, mais le temps était généralement ensoleillé au-dessus du brouillard élevé. Une bise soufflant en tempête transportait la neige ancienne meuble ayant subi une métamorphose constructive. De plus, il y a eu un peu de neige fraîche les 13 et 14 février dans le nord-est. Sur une grande partie du territoire, le danger d'avalanche était évalué au degré 3 ou „marqué“. Les 15 et 16 février, une tempête de secteur nord-ouest a apporté quelque 50 cm de neige, surtout dans le nord, ce qui s'est traduit dans certaines régions par un degré de danger 4 ou „fort“. En dépit de la persistance d’un froid glacial, il y avait en de nombreux endroits de la neige de glissement en mouvement et localement encore des avalanches de glissement d’ampleur moyenne. A partir du 17 février, le temps est devenu ensoleillé dans toutes les régions. Comme première journée de beau temps après un épisode important de chute de neige, le 17 février était particulièrement risqué. Le risque de déclenchement d’avalanches était élevé et la situation était très dangereuse pour les adeptes des sports d'hiver. De nombreux déclenchements à distance ainsi que des avalanches spontanées ont été signalés. Le 19 février, la neige est tombée en abondance et a recouvert les accumulations encore délicates de neige soufflée des jours précédents. A partir du 20 février, le temps en montagne était ensoleillé et nettement plus doux. Les températures à la mi-journée à 2000 m sont devenues positives. Le danger d’avalanche de neige sèche a diminué, mais l’activité d’avalanches de glissement s’est à nouveau accrue. Le 24 février, l'isotherme zéro degré atteignait une altitude de 2800 m. Par la suite, les températures ont baissé sensiblement et il a neigé abondamment dans le nord et dans l’est. A la fin du mois, le temps est redevenu beau et très doux. L'isotherme zéro degré se situait à 3300 m. En montagne, les deux épisodes de temps doux ont donné lieu à une première humidification du manteau neigeux sur les pentes exposées à l’est, au sud et à l’ouest, et à la fonte de la neige aux altitudes moyennes. Ces conditions marquaient le début de la première situation de neige mouillée du printemps. Le danger d'avalanche augmentait à chaque fois en cours de journée jusqu’au degré 3 ou „marqué“. Fin février, les hauteurs de neige à 2000 m étaient nettement supérieures aux valeurs moyennes dans le nord et inférieures aux moyennes dans le sud. Sur le versant nord des Alpes, il y avait à 2000 m de 300 à 400 cm de neige dans certaines régions.

Le mois de mars a commencé par des températures vraiment douces et une activité élevée d’avalanches de neige mouillée et d’avalanches de glissement. Au début, le danger d’avalanche de neige sèche était évalué au degré 1 ou „faible“ sur une grande partie du territoire. Le danger d’avalanche de neige mouillée augmentait à chaque fois en cours de journée jusqu’au degré 3 ou „marqué“ et concernait essentiellement les pentes aux expositions est, sud et ouest. A partir du 4 mars, le temps s’est nettement rafraîchi. Le 5 mars, de 30 à 50 cm de neige sont tombés sur la crête principale des Alpes depuis le Cervin (VS) jusqu’au col de Maloja (GR) et dans les régions situées plus au sud, tandis que les quantités de neige fraîche diminuaient nettement à mesure que l’on se dirigeait vers le nord. Le 6 mars, le ciel s’est dégagé à partir de l’ouest et le temps est redevenu plus doux avant de nouvelles faibles chutes de neige dans le nord, du 7 au 9 mars. Le danger d’avalanche de neige sèche a augmenté sur une grande partie du territoire jusqu’au degré 3 ou „marqué“. A partir du 10 mars, le temps était ensoleillé et le danger d’avalanche de neige sèche a lentement diminué, tandis que le danger d'avalanche de neige mouillée et d’avalanche de glissement augmentait à nouveau, quoique moins nettement qu’au début du moins. L'isotherme zéro degré avait grimpé à environ 3000 m. L’activité d’avalanches de neige mouillée et d’avalanches de glissement était cependant faible, d’une part, parce que les températures étaient inférieures à celles de début mars, et d’autre part, parce que la première humidification significative du manteau de neige sèche sur les pentes exposées à l’est, au sud et l’ouest avait déjà eu lieu. Le 16 mars, le danger d’avalanche de neige sèche était, pour la première fois au cours de cet hiver, estimé au degré 1 ou „faible“ dans l’ensemble de l’espace alpin suisse. Peu de temps après, les températures ont diminué le 18 mars et des précipitations ont eu lieu à partir du sud. Sur une grande partie du territoire, il a neigé à partir de 1000 m d’altitude. Dans le sud, on a enregistré de 50 à 90 cm de neige fraîche, les quantités diminuant à mesure que l'on se dirigeait vers le nord. Sur une grande partie du territoire, le danger d'avalanche augmentait jusqu’au degré 3 ou „marqué“. Ces conditions combinées à un vent modéré à fort ont donné lieu à une situation avalancheuse délicate. Les endroits faiblement enneigés dans le sud du Valais et dans les Grisons étaient particulièrement critiques, car des ruptures y étaient encore possibles dans la partie supérieure du manteau de neige ancienne. A partir du 20 mars, le temps est redevenu ensoleillé et à nouveau plus doux. Le danger d'avalanche a diminué et était davantage soumis à une légère augmentation en cours de journée jusqu’à la fin du mois de mars. Les endroits dangereux pouvant faire l’objet d’avalanches de neige sèche se situaient localement encore sur les pentes très raides exposées au nord dans les régions intra-alpines.

Au cours de la première moitié d’avril, le temps était variable. A Pâques, il a neigé jusqu’à basse altitude. Sur une grande partie du territoire, des chutes de neige répétées ont donné lieu à une augmentation du danger d’avalanche de neige sèche, surtout aux altitudes supérieures à 2500 m environ. En raison des températures fraîches, la fonte de la neige s’est ralentie. Avec souvent de 1 à 2 m et localement aussi de 3 à 4 m de neige dans le nord et dans l’est des Alpes suisses, les hauteurs de neige à 2000 m à la mi-avril correspondaient aux valeurs moyennes ou étaient supérieures à ces valeurs. Dans le sud et dans l’ouest, les hauteurs de neige étaient nettement plus faibles et parfois largement inférieures aux moyennes saisonnières.

Classification climatique

Rétrospectivement, l'hiver 2011/12 était marqué par deux extrêmes, surtout aux altitudes moyennes et élevées de la façade nord des Alpes: D’une part, en raison d’un mois de novembre et d’un début de décembre pratiquement sans précipitations, les Alpes suisses étaient encore sans neige jusqu’à nettement plus de 2000 m d’altitude. Une telle situation qui ne se reproduit qu’environ une fois tous les 30 ans est intervenue la dernière fois en 1953. Deuxièmement, le premier enneigement et les chutes de neige suivantes étaient d’autant plus intenses. L’évolution en décembre d’une situation de peu de neige à une situation de neige abondante était exceptionnelle. Jusqu’à présent, les statistiques ne comportaient aucun mois de décembre qui a commencé avec si peu de neige et s’est terminé avec autant de neige que décembre 2011. Entre début décembre et fin janvier, plus de la moitié des stations ont enregistré de deux à trois fois plus de neige fraîche que la moyenne pluriannuelle de ces deux mois. La plus grande somme de neige fraîche a été enregistrée dans le domaine skiable d’Elm avec 824 cm. Pour un petit nombre de stations effectuant des relevés depuis de nombreuses années (Ulrichen, Obersaxen, Davos, Samedan, Samnaun), on n’avait encore jamais enregistré auparavant autant de neige fraîche en 60 jours. Pour pratiquement toutes les stations, la somme de neige fraîche de ces deux mois était par ailleurs plus importante que la somme de neige fraîche de l’ensemble de l’hiver précédent (plutôt faiblement enneigé) de 2010/11. Il n’est dès lors pas étonnant que depuis le début des relevés il y a une soixantaine années, on n’ait encore jamais enregistré autant de neige fraîche pour décembre et janvier. Etant donné qu’en février et en mars, il n’a neigé que faiblement et en novembre pratiquement pas du tout, la somme de neige fraîche pour l’ensemble de l’hiver (de novembre à la mi-avril) ne peut en revanche être considérée que comme moyenne. Les grandes quantités de neige fraîche des mois de décembre et janvier ont donné lieu, dès le début de l’hiver, à de très grandes hauteurs de neige qui, dans certains cas, avoisinent même les hauteurs de neige maximales mesurées jusqu’à ce jour. Depuis la mi-décembre jusqu’à fin mars, les hauteurs de neige étaient par conséquent en de nombreux endroits largement supérieures aux valeurs moyennes, ce qui place l'hiver actuel jusqu’à ce jour en deuxième position (sur les 60 dernières années) pour ce qui concerne la hauteur moyenne de neige, après l'hiver de 1982. Le mois de mars, trop chaud de 3 à 4°C a fait fondre en de nombreux endroits les grandes quantités de neige jusqu’à un niveau normal, de sorte que cet hiver également, la fonte totale de la neige n’a pas nécessairement été retardée. L’analyse se présente différemment pour le Plateau central. En dépit d’un mois de février très froid, l'hiver a été globalement trop chaud d’environ 1 degré entre novembre et la mi-avril. Cela a donné lieu, en dessous de 700 m environ, une fois de plus à des quantités de neige fraîche et des hauteurs de neige inférieures aux valeurs moyennes. Rétrospectivement, en comparaison avec l’hiver 1998/99, on peut comparer la période de 35 jours, à partir du 5 décembre 2011, à la période de 30 jours de chutes de neige intensives du 27 janvier au 25 février de l’hiver avalancheux de 1999. Il s’est avéré que pendant la période de précipitations de 2011/12, les vents étaient très similaires, mais qu’il a fait environ 3 à 4 degrés plus chaud qu’en février 1999. Ceci a entrainé le fait qu’une partie des précipitations sont tombées sous forme de pluie jusqu’à environ 2000 m d’altitude.

Danger d'avalanche, manteau neigeux et activité avalancheuse

Au cours de l’hiver 2010/11, le danger d’avalanche a été évalué comme suit: (entre parenthèses: moyenne des 15 dernières années, à chaque fois de décembre à avril, cf. figure 1): degré de danger 1 (faible): 15% (17%), degré de danger 2 (limité): 48% (48%), degré de danger 3 (marqué): 35% (33%), degré de danger 4 (fort): 3% (2%), degré de danger 5 (très fort): 0% (0.2%).

Pour ce concerne la répartition des prévisions de degré de danger (cf. figure 1), l'hiver 2011/12 était quasiment aussi dangereux qu’un hiver correspondant à la moyenne pluriannuelle. Le degré de danger 1 ou "faible" a prévalu un peu moins, le degré de danger 2 ou "limité" a prévalu avec une fréquence moyenne, les degrés de danger 3 ou "marqué" et 4 ou "fort" ont prévalu un peu plus souvent que la moyenne des 15 dernières années. Le degré de danger "fort" (degré 4) a fait l’objet de prévisions pour 13 journées. Cela concernait le plus souvent des régions relativement grandes du versant nord des Alpes, du Valais et des Grisons. L’enneigement tardif, les périodes répétées de fortes chutes de neige en décembre et janvier, mais également la constitution favorable du manteau neigeux sur une grande partie du territoire ont eu des répercussions sur les statistiques.

La bonne constitution du manteau neigeux sur une grande partie du territoire à la suite des grandes quantités de neige fraîche et des précipitations persistantes, et la consolidation généralement bonne au niveau des couches profondes ont joué un rôle favorable. Pendant les périodes intensives d’activité avalancheuse spontanée, „seules“ les couches de neige fraîche et de neige soufflée ont par conséquent été entraînées, de sorte qu'en dépit de l’abondance de neige fraîche et de l’activité élevée, les avalanches n’ont pas atteint une ampleur exceptionnelle. Pendant la période de froid de février, l’apparition de couches superficielles fragiles recouvertes de couches relativement minces de neige fraîche et qui, pour les adeptes des sports de neige, sont restées fragiles jusqu’au printemps, surtout sur les pentes exposées au nord, a eu un effet défavorable. Un autre élément défavorable était que sur les pentes exposées à l’est, au sud et à l’ouest, un sol relativement chaud et insuffisamment gelé a été enneigé en décembre. Ceci a entrainé une activité marquée de glissements de neige. Des fissures de glissement de plusieurs mètres et des avalanches de glissement atteignant souvent une taille moyenne ont menacé les voies de communication exposées. Au cours de cet hiver, les pistes de ski étaient plus que d’habitude concernées par ce danger. Cette situation exigeait constamment une attention très élevée et une intervention importante des services de sécurité. Au cours de cet hiver, il n’y a pas eu dans les Alpes suisses d’accidents mortels dus à des avalanches de glissement sur les voies de communication ouvertes.

Accidents d'avalanche et dégâts matériels

À la mi-avril, 83 avalanches impliquant 109 personnes avaient été signalées au SLF pour l’hiver 2011/2012. 24 personnes ont été blessées dans des avalanches et 15 personnes ont perdu la vie dans 14 accidents d'avalanche. 2 personnes sont mortes par degré de danger d'avalanche 2 (limité), 1 personne par degré 2 (limité) avec une augmentation du danger d'avalanche de neige mouillée pendant la journée jusqu’au degré 3 (marqué), 11 personnes par degré 3 (marqué). 1 personne est morte dans une avalanche avant la diffusion des degrés de danger. Les victimes d’avalanches pratiquaient les activités suivantes: ski hors-piste: 3 personnes; randonnées à ski: 8 personnes; à pied en terrain non sécurisé: 2 personnes ; sur les voies de communication: 2 personnes. 3 accidents ont coûté la vie à 3 personnes sur le versant nord des Alpes, 5 accidents ont fait 5 victimes en Valais et 6 accidents 7 victimes dans les Grisons. La répartition des accidents mortels selon les expositions est la suivante: 10 accidents sur des pentes exposées au nord et à l'est, 4 accidents sur des pentes exposées à l’ouest et au sud.
Le nombre total de victimes s’élève à la mi-avril à 15; il est ainsi inférieur à la moyenne pluriannuelle. Le nombre total d'avalanches impliquant des personnes signalées au SLF est également relativement faible. Pour l’ensemble de l’année hydrologique qui se termine le 30 septembre 2012, la moyenne pluriannuelle est de 25 victimes d’avalanche. L’accident d’avalanche le plus grave de cet hiver s’est produit le 3 janvier 2012 au Juferhorn, Avers (GR). Il a coûté la vie à 2 personnes.

92 avalanches ont donné lieu à des dégâts matériels (touchant des bâtiments, des infrastructures ou la forêt) ou des opérations de recherche et d’évacuation. Le nombre d’accidents avec dégâts matériels signalés au SLF est relativement élevé. Ce sont surtout des avalanches spontanées de neige sèche ou des avalanches de glissement, mais également la pression ou la reptation de la neige qui ont provoqué des dégâts matériels aux voies de communication, aux bâtiments ainsi qu’aux superficies forestières et agricoles, tout particulièrement dans les régions du nord où la neige était abondante. Au moins une avalanche sur cinq parmi toutes les avalanches impliquant des personnes ou ayant occasionné des dégâts était une avalanche de glissement (cf. photo 2). Un inventaire complet des avalanches ayant occasionné des dégâts et l’évaluation des dommages ne peut toutefois être établi que dans le courant de cette année.

Bulletins d'avalanches

La diffusion du bulletin d’avalanches national quotidien a commencé le 6 décembre 2011 – soit à une date tardive correspondant à la situation. La diffusion des sept bulletins d’avalanche régionaux couvrait la période du 14 décembre 2011 au 15 avril 2012. Pour le Jura, une mise en garde contre un danger "marqué" d’avalanche (degré 3) a été diffusée pour cinq journées.

Le bulletin d'avalanches national avec la prévision du danger d’avalanche et des informations générales sur la situation neigeuse dans les Alpes suisses est diffusé jusqu’à nouvel ordre quotidiennement. Il peut être consulté via www.slf.ch ou avec l'application "White Risk Mobile". Il peut en outre être consulté par téléphone au numéro 187 (0.90 CHF par appel/min) ou télétexte à la page 782. Il est également possible de s’abonner au bulletin d’avalanches national par RSS. Il existe par ailleurs un service d’abonnement SMS pour être averti au cours du premier et du dernier mois de la saison hivernale ainsi que pendant l’été de la diffusion d’un bulletin d'avalanches (activation par envoi d’un SMS avec comme texte START SLF SOMMER au numéro 9234; désactivation par envoi d'un SMS avec comme texte STOP SLF SOMMER au numéro 9234; coût Fr. 0,20 par SMS). Nous renvoyons par ailleurs au bulletin spécifique pour les Alpes de MétéoSuisse (www.meteosuisse.ch, fax 0900 162 338 (2.00 CHF/min) ou téléphone 0900 162 138 (1.20 CHF/min).