Comment les fortes productions de graines se synchronisent

Une équipe internationale de chercheurs, à laquelle participe l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL, a découvert que l’oscillation nord-atlantique (ONA) synchronise la fructification des hêtres et des épicéas dans toute l’Europe.

On appelle oscillation nord-atlantique (ONA) une variation des conditions de pression sur l’Atlantique nord entre la dépression islandaise au nord, et l’anticyclone des Açores au sud. L’ONA a une grande influence sur les conditions climatiques et météorologiques en Europe – et manifestement aussi sur la fructification des arbres forestiers.

Lors de ce qu’on appelle les fainées pour le hêtre ou les paissons pleines pour les autres essences, qui reviennent à intervalles irréguliers, les arbres forestiers produisent d’énormes quantités de graines. Le phénomène est spécifique à chaque essence, et peut se produire non seulement de manière simultanée dans des peuplements, mais aussi à l’échelle régionale, voire sur de très grandes surfaces à travers toute l’Europe.

Une équipe de scientifiques sous la direction des universités de Naples et Liverpool, et avec la participation du WSL, a documenté les paissons pleines des hêtres et épicéas au cours des 190 dernières années dans toute l’Europe. Ils les ont ensuite comparées avec les données ONA des dernières décennies. Leurs calculs montrent que pendant les 60 dernières années, de telles années de forte fructification dépendent à la fois des variations annuelles, mais aussi décennales de l’ONA. Ce phénomène climatique semble exercer une influence au moment de la floraison, mais aussi en hiver, voire au cours de l’été précédant la fructification. Les facteurs sont notamment le stockage de nutriments, la formation des bourgeons l’année précédente, ou bien une pollinisation efficace par le vent au cours de l’année en cours. Ces viennent d’être publiés dans la revue spécialisée Nature Communications.

Une forte ONA synchronise donc le climat dans toute l’Europe et pourrait avoir une influence sur la fructification de certaines essences sur de grandes régions, précise l’Université de Liverpool dans un communiqué. Ainsi, les arbres d’une même essence peuvent produire d’énormes quantités de graines simultanément à grande distance, et sont donc moins tributaires des prélèvements exercés par les oiseaux et rongeurs amateurs de graines. Ces animaux, à leur tour, peuvent parfois se reproduire de manière explosive lors des paissons pleines, ce qui peut entraîner une proliférations des tiques qui les parasitent. L’ONA semble être un facteur clé de cette concurrence écologique.

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Liens et documents

  • Information complète de l’Université de Liverpool sur ce sujet (anglais)
  • Étude originale: Ascoli, D., Vacchiano, G., Turco, M., Conedera, M., Drobyshev, I., Maringer, J., Motta, R., Hacket-Pain, A., 2017. Inter-annual and decadal changes in teleconnections drive continental-scale synchronization of tree reproduction. Nature Communications. doi:10.1038/s41467-017-02348-9
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