Écroulement, chute de pierres, etc. : FAQ et dossier

Depuis plusieurs jours, le SLF reçoit de nombreuses demandes concernant les écroulements, les laves torrentielles et les chutes de pierres. Dans cette FAQ, les personnes intéressées trouveront les questions les plus fréquentes ainsi que les réponses de nos experts.

 

Chutes de pierres, laves torrentielles, éboulements, glissements de terrain – quelle est la différence ?

  • Lave torrentielle : mélange d’eau et de matériaux solides tels que des pierres et du bois. Les laves torrentielles peuvent atteindre des vitesses relativement élevées et parcourir plusieurs kilomètres.
  • Chute de pierres : lorsqu’il s’agit de pierres isolées d’un diamètre inférieur à 50 centimètres, on parle de chutes de pierres.
  • Chute de blocs : les pierres de plus grande taille sont appelées blocs.
  • Glissement de terrain: également appelé glissement, ce phénomène se réfère à un mouvement de masse de terre, de roches ou de débris le long d'une pente. Certains peuvent être lents et imperceptibles, se déplaçant de manière progressive sur plusieurs siècles, tandis que d'autres peuvent être rapides et cataclysmiques.
  • Éboulement : si des pierres et des blocs d’un volume total d’au moins 100 mètres cubes – ce qui correspond en moyenne à la contenance de 500 à 600 baignoires – s’effondrent, il s’agit d’un éboulement.
  • Écroulement : à partir d’un million de mètres cubes de roche, l’éboulement devient un écroulement. Cela correspond au volume de 1000 à 2000 maisons individuelles.

Quelle est leur dangerosité respective ?

Les laves torrentielles

détruisent les bâtiments, les lignes électriques et tout ce qu’elles rencontrent sur leur chemin. La proportion souvent élevée de gros blocs de roche, combinée à la vitesse, fait des laves torrentielles l’un des trois phénomènes qui causent le plus de dégâts en Suisse. Elles sont particulièrement dangereuses pour la population, car les délais de préalerte sont extrêmement courts. Il ne s’écoule souvent que quelques minutes entre le déclenchement et l’arrivée sur un point critique.

Il en va autrement

des glissements de terrain

. Ceux-ci peuvent se produire spontanément et rapidement ou durer des siècles. Certains versants se déplacent de quelques millimètres ou centimètres par an, rarement plus, mais des départs spontanés peuvent atteindre des vitesses de plusieurs mètres par seconde, emportant tout sur leur passage. Les événements spontanés peuvent aussi être dangereux pour les êtres vivants.

En plein air, même une petite pierre peut provoquer de grosses blessures si sa chute est assez rapide. Heureusement, les bâtiments protègent les personnes contre les chutes de pierres. Par contre, les éboulements et les écroulements ont souvent un effet destructeur et provoquent des dégâts considérables.

Qu’est-ce qui déclenche de tels événements ?

Les laves torrentielles sont principalement déclenchées par de fortes pluies et la fonte de la neige. Les glissements de terrain peuvent être provoqués par de grandes quantités d’eau dans le sol, mais il existe d’autres effets déclencheurs, par exemple le poids des constructions. Les chutes de pierres peuvent être déclenchées par une seule personne faisant un pas inconsidéré, ou par des animaux comme les chamois, par exemple lorsqu’ils traversent un éboulis. Les racines brisent la roche et, en cas de vent fort, les arbres fonctionnent comme des leviers. Les intempéries, les orages et les tremblements de terre sont d’autres facteurs. L’eau qui s’infiltre dans les fissures des rochers et y gèle fait progressivement éclater la roche. La même chose se produit lorsque la pression de l’eau dans la roche devient trop importante. Cela peut alors aller jusqu’à l’éboulement, voire l’écroulement. Les conditions géologiques locales jouent également un rôle important. En effet, ce sont elles qui déterminent si un événement peut se produire.

En haute montagne, le dégel du pergélisol peut en outre faire en sorte que la roche laisse passer plus d’eau qu’auparavant. À court terme, cela rend la roche plus vulnérable aux éboulements et aux écroulements.

 

Pourquoi n’y a-t-il pas un service d’alerte aux éboulements à l'instar du service de prévisions d’avalanches, ou un bulletin sur les chutes de pierres et éboulements analogue au bulletin d’avalanches ?

Les avalanches naturelles sont généralement la conséquence directe d’événements météorologiques tels que les chutes de neige ou l’ensoleillement. Le danger d’avalanches peut donc en principe être prévu et son degré est souvent relativement le même dans une région donnée. Sur des pentes voisines ayant la même orientation et la même inclinaison, les conditions sont en effet similaires. C’est pourquoi le service de prévision des avalanches peut publier des bulletins actualisés quotidiennement. En revanche, les laves torrentielles, les éboulements et autres phénomènes similaires sont des événements locaux. Une pente ou une barre rocheuse peuvent être instables tandis que la pente voisine ne le sera pas. Il est tout simplement impossible de prévoir une situation générale.

 

Quelles sont les mesures de protection efficaces ?

Certains ouvrages de protection, comme les digues et les galeries, dévient les laves torrentielles et les chutes de pierres vers des trajectoires prédéfinies qui les éloignent des infrastructures. Les filets de protection sont également utiles contre les chutes de pierres et de blocs. Les responsables peuvent aussi ancrer solidement au sol certains rochers. En cas de glissement de terrain, le drainage du sous-sol peut, dans certains cas, ralentir le processus. En cas d’éboulement ou d’écroulement, la seule solution est généralement d’évacuer les zones concernées.

 

Comment reconnaître à temps si l’un des dangers mentionnés est imminent ?

Aujourd’hui, les satellites fournissent des images radar des Alpes suisses à grande échelle. C’est sur cette base que les experts et les expertes identifient les mouvements de versants. Il existe toutefois des zones blanches en raison de la géométrie des montagnes et des orbites des satellites. Si des chutes de pierres se multiplient localement, cela peut également indiquer une plus grande instabilité du versant. Il en va de même pour les fissures dans le sol, la roche et les bâtiments. Lorsqu’il est clair qu’un versant bouge, il s’agit de l’examiner en détail et de le surveiller (voir ci-dessous.).

 

Et quels sont les signes avant-coureurs à court terme ?

Les éboulements et écroulements s’annoncent par des chutes de pierres et des fissures dans le sol, la roche et les bâtiments. En règle générale, plus le volume est important, plus le délai avant déclenchement est long. Mais ces signaux passent souvent inaperçus, en particulier dans les régions reculées. Personne ne s’y attend donc et l’éboulement est une surprise.

Prévoir le moment des laves torrentielles est nettement plus difficile. Mais la plupart du temps, on connaît les ravins dans lesquels elles s’écoulent. En principe, il faut s’attendre à des laves torrentielles lors de chaque forte pluie. La probabilité d’une lave torrentielle lors de la prochaine pluie est plus élevée lorsque notamment de nombreux débris se sont accumulés dans les ravins ou que ceux-ci sont bloqués par des troncs d’arbres.

Il n'est guère possible de prévoir les chutes de pierres. Dans ce cas, seules des mesures de protection permettent de réduire les risques.

 

Comment les experts et expertes surveillent-ils les pentes instables ?

Il existe

diverses méthodes

, par exemple le RADAR ou le balayage du versant avec un laser, appelé LiDAR. Les drones équipés de caméras et d’autres capteurs permettent de surveiller depuis le ciel des endroits inaccessibles et dangereux. Ponctuellement, des dispositifs GPS fixes peuvent détecter les mouvements. Des réflecteurs peuvent être installés, dont le mouvement est alors déterminé depuis la vallée.

 

À quoi les randonneurs doivent-ils faire attention ? Comment doivent-ils se comporter ?

En temps normal, le risque lié aux dangers naturels est faible sur les sentiers de randonnée des Alpes. Certes, il y a toujours un risque résiduel, mais statistiquement, il est nettement plus probable de faire une chute ou de subir d’autres dommages par inadvertance en randonnée que d’être touché par une pierre. Des signes d’alarme tels que des traces d’impact récentes, des dépôts de rochers et des zones d’érosion indiquent en outre le danger. En général, plus le sentier passe en haute montagne et plus il est exposé, plus le risque est élevé. Pendant une randonnée, vous prenez donc ce risque sous votre propre responsabilité. Si un passage est exposé, ne vous y arrêtez surtout pas, mais continuez à avancer rapidement.

La météo joue également un rôle. En cas de fortes pluies et lorsque la neige fond, il faut éviter les flancs abrupts et les sentiers exposés, où le risque de chutes de pierres est plus élevé.

Dans les éboulis, il est également utile de regarder vers l'amont. Si des chamois ou d'autres animaux s’y trouvent, la prudence est de mise. En effet, ils peuvent faire tomber des pierres isolées et déclencher une chute de pierres.

 

Pourra-t-on encore aller en montagne à l’avenir ?

Oui, parfaitement. Sur la plupart des sentiers de randonnée, le danger reste le même que par le passé.

 

Quel est l’impact du changement climatique sur les dangers mentionnés ?

Les effets du changement climatique en haute montagne sont multiples. Les glaciers fondent et le pergélisol dégèle. Par contre, en dehors des régions concernées par le pergélisol, les changements attendus sont moins importants. Dans les régions de haute montagne avec pergélisol, les éboulements et les écroulements risquent d’être plus fréquents à l’avenir. Les chercheurs du SLF ont publié ici une vue d’ensemble interactive des éboulements et des écroulements passés. Il faut également s’attendre à ce que les chutes de pierres soient plus fréquentes dans les régions de haute montagne.

Si les fortes pluies s’intensifient, les laves torrentielles pourraient être plus fréquentes. Mais cela n’a pas été définitivement établi. En effet, une lave torrentielle se constitue en entraînant beaucoup de matériaux. Si l’eau n’en trouve plus sur son chemin vers la vallée, par exemple parce que les laves précédentes ont déjà balayé les ravins, aucune nouvelle lave torrentielle ne peut se former.

 

Y a-t-il une différence entre les éboulements dans le pergélisol et en dessous des zones à permafrost ?

Non.

 

Existe-t-il des cartes de dangers dans le pergélisol ?

Le pergélisol n’est pas un danger naturel, mais indique uniquement la température régnant dans la roche. Celle-ci influence la stabilité de la roche. Il existe cependant des analyses de risques qui prennent en compte le pergélisol comme un facteur parmi d’autres. Nos

cartes indicatives

montrent où le pergélisol peut être présent.

 

Que peuvent simuler et prédire les chercheurs avec un logiciel comme

RAMMS

 ?

Ce logiciel simule le trajet de laves torrentielles et d’éboulements ou d’écroulements. Il montre l’ampleur de tels événements ainsi que la zone et donc les infrastructures touchées en cas de déclenchement.

Contact

Les journalistes ayant des questions sur l’éboulement/écroulement de Brienz/Brinzauls sont priés de s’adresser à Christian Gartmann.

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